Ce que je crois (et ne crois pas) à propos du sexe et du genre

Kathleen Stock facePar Kathleen Stock, le 13 mai 2018

Dans le cadre des discussions sur les changements proposés à la Loi britannique sur la reconnaissance de l’identité sexuelle, j’ai récemment publié un article qui appelait les universitaires à cesser de considérer la position « critique du genre » comme automatiquement « transphobe » et à accepter qu’il s’agit d’une position théorique méritant un examen respectueux, quand bien même elle se révèlerait fausse en dernière analyse. La position critique du genre soutient, à partir de son analyse des concepts de « statut de femme » (womanhood) et de « femme » (woman), que la classe des femmes est définie comme telle par l’occupation d’un rôle opprimé dans une société patriarcale. Ce rôle oppressif est théorisé comme étant basé sur certaines caractéristiques biologiques et reproductives, ou sur la perception de celles-ci à partir d’apparences externes (par exemple, chez les personnes intersexuées ayant des organes génitaux féminins externes). Plus explicitement, ce point de vue considère comme inhérent au statut de femme d’être une personne à qui on impose des préjudices sur la base d’une perception de caractéristiques biologiques. Selon ce point de vue, les femmes en tant que classe ont été historiquement violées, utilisées comme prostituées, victimes de traite, appelées à faire la majorité du travail domestique, payées moins que les hommes, considérées comme des « machines à bébés », exclues des universités, empêchées de voter, mariées dès l’enfance, soumises à la location d’utérus, et ainsi de suite, à cause de la perception qu’elles possédaient un utérus, un vagin, des ovaires et des seins, ainsi qu’une constitution « faible » et un cerveau inadéquat que l’on présumait associés à ces organes. Cette oppression fondée sur le sexe est, selon ce point de vue, ce qui les définit comme des « femmes ».

Ce point de vue semble impliquer clairement que les mâles biologiques – les êtres ayant des chromosomes XY et les organes génitaux associés aux mâles – ne peuvent généralement pas être considérés comme des femmes, puisqu’ils ne peuvent normalement pas subir ce genre d’oppression basée sur le sexe de façon systématique. Les personnes qui soutiennent ce point de vue sont des féministes radicales, dont beaucoup sont aussi socialistes, syndicalistes, marxistes, opposées aux changements climatiques et militantes antinucléaires. Dans la presse populaire, avec quelques exceptions honorables (ici et ici, par exemple), cette opinion est surtout traitée de manière réductrice comme automatiquement « transphobe », « irrespectueuse » et « agressive ».

On me demande si je soutiens cette position. Honnêtement, je peux dire que je ne sais pas encore si je l’entérine ou non. Je suis en train de l’évaluer. Je m’y occupe depuis un certain temps. Je ne ressens absolument aucune pression extérieure pour adopter un certain point de vue ; mon opinion à ce sujet est une question de conscience personnelle, comme elle l’est pour tout le monde. Dans une société libre, les gens ont le droit de soutenir cette position ou de la nier. Que je l’appuie ou non, cela ne changera absolument rien à la façon dont j’interagis avec les personnes trans. Je continuerai en toutes circonstances à les traiter avec respect et sensibilité et sans aucune discrimination.

On me demande aussi, plus généralement, ce que veut dire être une femme selon moi. Je suis assez certaine que ce n’est pas un sentiment subjectif, ou un ensemble de préférences et de comportements « féminisés ». Je n’ai pas particulièrement l’impression d’être une femme, et la plupart de mes préférences et de mes comportements ne sont absolument pas féminisés. Je suis néanmoins une femme. Pour le reste, j’y réfléchis encore. Je regrette beaucoup le caractère restreint des choix offerts par la littérature savante. Les philosophes qui, dans d’autres contextes, sont très créatifs dans leur théorisation de questions ontologiques tendent dans ce domaine à énoncer dogmatiquement des mantras plutôt simplistes, sans doute en partie par crainte des critiques. (De fait, il n’est pas clair que tout autre type d’assertion serait publiée.)

Voici une liste de choses dont je suis par contre plus certaine. Je crois que les échanges d’ordre philosophique et éthique perdent au change si on en omet des enjeux comme ceux-ci. Les propos qui suivent ne s’adressent donc pas aux personnes déjà engagées dans le débat : celles qui adoptent la position critique du genre, ou celles qui sont « pro-trans » (ce qui est déjà une fausse dichotomie, au moins sur le plan théorique). Contrairement à nous, ces personnes réfléchissent déjà à tout cela. Ces phrases s’adressent plutôt à mes collègues philosophes, dans une tentative de souligner certains éléments qui semblent évidemment pertinents à tout point de vue adopté sur l’identité sexuelle ou les questions appliquées connexes.

NOTA : Beaucoup de gens m’accuseront sans doute de « parler au nom des transfemmes » dans ce qui suit. Ce n’est pas ce que je tente de faire. J’ai tenté de relier chacune de mes assertions empiriques à une source pertinente, bien que celles-ci fassent rarement tout à fait autorité (voir ci-dessous quelques réflexions sur l’absence de données réelles). Puisqu’une partie de mon argument est que l’état actuel du débat est biaisé de manière misogyne en faveur des intérêts des transfemmes, à l’exclusion des voix des femmes non trans, j’ai eu tendance à mettre surtout l’accent sur les sources qui représentent d’abord les intérêts matériels de ce dernier groupe. Et je ne m’en excuse pas; je suis une féministe, après tout.

Ce que je crois

Voici donc les points que je souhaite faire valoir.

  1. Je considère ce qui suit comme axiomatique. Les transfemmes devraient être traitées comme des femmes dans presque tous les contextes sociaux (sous réserve des précisions énoncées ci-dessous concernant les espaces réservés aux femmes et les contextes médicaux). On devrait toujours les désigner du pronom « elle » si telle est leur préférence. On ne devrait jamais se servir de leur nom pré-transition. On ne devrait jamais leur infliger d’agression physique, de moquerie, de discrimination ou de mépris. Les transfemmes adultes devraient pouvoir s’habiller à leur guise et faire de leur corps ce que bon leur semble, aux plans médical et chirurgical ou non. Il est très important, et même essentiel, d’essayer de bâtir une société qui élimine toute violence physique, toute moquerie et toute discrimination (par exemple sur le lieu de travail ou en médecine) contre les personnes trans en raison de ce qu’elles sont.
  2. Il n’est pas « transphobe » d’adopter le point de vue critique du genre (encore plus clairement, il n’est pas transphobe de dire que ce point de vue doit être traité avec respect, même s’il est erroné). Qualifier cette attitude de « phobie » suggère une attitude fondée sur la peur, la haine ou le dégoût. Une « phobie » se manifeste par un comportement qui va au-delà d’une simple position théorique. En général, affirmer que quelqu’un éprouve une phobie à propos de quelque chose suggère qu’il se sent habituellement menacé par sa présence (sentiment qui se manifestera par un comportement généralisé, par exemple, la fuite ou l’expression d’une anxiété extrême en sa présence) ; ou qu’il éprouve de la haine ou du dégoût pour cette chose (qui se manifestera également dans des schémas comportementaux qui s’étendent au-delà d’un type d’expression verbale, p. ex. de la violence physique, une action motivée uniquement par le désir de nuire à l’entité en question, et ainsi de suite). Il est absolument évident que ce n’est PAS ce qui se passe quand la plupart des gens soutiennent la position critique du genre et nient l’affirmation que les transfemmes sont des femmes. Ces personnes sont irritées, c’est indéniable. Vérifiez-le vous-même, en prenant le temps de parcourir les discussions ayant lieu ici et ici. Vous lirez peut-être beaucoup d’arguments avec lesquels vous ne serez pas d’accord, mais je pense qu’il est difficile de prétendre que la seule motivation de ces personnes est la peur ou la haine. Il s’agit d’abord d’un souci en faveur des femmes biologiques et des choses qui leur arrivent (ou qui ne leur arrivent pas) sur cette base; l’affirmation que les transfemmes ne peuvent pas être des femmes n’apparaît que dans un second temps. Leur argument ne part pas d’une conclusion négative, basée sur la peur ou la haine, pour rétrograder à ce qui la justifierait.
  3. Toute cette discussion est marquée par un fort courant de misogynie, qui traite automatiquement les vécus des transfemmes comme étant plus dignes d’attention que ceux de l’autre ensemble, beaucoup plus grand, de femmes matériellement affectées par l’expansion de leur catégorie juridique et politique d’appartenance. Cette tension est alimentée par les médias populaires et la presse, qui savent qu’en général, les transfemmes sont un sujet bien plus attrayant que les vieilles et ennuyeuses femmes non-trans (qui sont, après tout, tellement nombreuses, et n’ont rien d’« exotique » ou d’« intéressant »). Si, par exemple, vous lisez cet article et que vous le terminez en pensant que les problèmes sociaux et politiques que je mentionne ci-dessous au nom des femmes non trans sont des problèmes inventés pour étayer une position ; si vous pouvez ressentir une identification empathique plus facilement à l’égard des transfemmes vulnérables dans une prison pour hommes que vous ne le pouvez à l’égard des femmes vulnérables également affectées par ce nouveau paradigme culturel (en prison et ailleurs), alors, j’avance que vous êtes susceptible d’être misogyne, peu importe comment vous vous présentez au monde extérieur. C’est OK – la plupart d’entre nous le sont. C’est ce que le patriarcat a fait de nous. Mais que cela vous plaise ou non, il y a deux types d’intérêts en jeu ici, plutôt qu’un seul (il y en a même beaucoup plus que cela). Ils doivent tous être abordés avec soin et sensibilité. De plus, si vous capitulez au sentiment facile que toutes les opinions critiques du genre sont transphobes, vous allez automatiquement exclure la possibilité de parler adéquatement de ce qui préoccupe beaucoup de femmes non trans, car cela deviendra socialement interdit.

Les philosophes préféreraient apparemment parler de tout cela dans l’abstrait absolu, sans considérer les fatras de la réalité empirique. Voici quelques faits pertinents, parmi beaucoup d’autres, que l’on pourrait envisager, au moment de décider des changements culturels qui devraient être apportés au concept de femme. Il y en a beaucoup, beaucoup d’autres. Les voici, dans le désordre :

Faits pertinents

a) Comme j’en ai discuté dans mon premier essai, les modifications proposées à la Loi britannique sur la reconnaissance de l’identité sexuelle permettront aux hommes biologiques d’être légalement reconnus comme des femmes sans aucune confirmation médicale ou psychologique de la part d’organismes professionnels. Ils pourront simplement « s’autodéclarer ». Ils seront capables de le faire sans les moindres i) intervention chirurgicale ou prise d’hormones ; ii) modification de tenue ; iii) période concrète et explicite de « vie en tant que femme » ; la loi ne couvrira plus ces questions.

b) Historiquement, les « espaces réservés aux femmes » ont été créés en présupposant que les femmes (comme on les définissait alors) étaient vulnérables à la violence des hommes biologiques (les personnes ayant un pénis, des testicules et une force largement supérieure) qui éprouvaient envers les femmes biologiques un intérêt sexuel ou autre. Ces espaces ne comprennent pas seulement les cabines d’essayage, les vestiaires des gymnases et les cabinets de toilette communs, mais aussi les dortoirs, les auberges de jeunesse, les refuges pour sans-abri, les prisons pour femmes et les refuges pour violence domestique (qui sont de toute façon gravement sous-subventionnés au Royaume-Uni). Ils comprennent des endroits où les femmes biologiques dorment et sont nues. Si la loi change, alors au fil du temps, les hommes pourront s’auto-identifier pour investir ces espaces, sous n’importe quel motif, et aucune femme ne pourra les défier en toute confiance en raison de leur apparence.

c) Il semble manquer de données de qualité, issues de sources fiables, pour nous aider à comprendre comment les intérêts des femmes non trans et ceux des transfemmes pourraient ou non se concurrencer, ou interagir autrement, en termes réels. Prenons un exemple : il y a peu de sources de statistiques sur le nombre d’hommes biologiques, habillés en femmes ou non, (pas seulement les transfemmes mais les hommes en général, certains travestis, d’autres non) qui pénètrent dans des espaces réservés aux femmes pour leur porter préjudice. Ce préjudice va au-delà des agressions physiques pour inclure du voyeurisme, de la masturbation publique, du harcèlement et de l’exhibitionnisme, surtout dans le contexte des espaces réservés aux femmes. Le sous-financement de telles recherches correspond au sous-financement endémique de certains vécus des femmes en général, comme l’endométriose ou la violence sexiste. Ce manque d’information est très probablement aggravé par la réticence des femmes à signaler les délits sexuels à leur encontre.

Dans mon premier article, j’ai cité un document relatant des cas de violence de la part d’hommes biologiques qui s’habillent en femmes (un groupe qui s’étend bien au-delà des transfemmes authentiques), commis contre des femmes dans des espaces réservés aux femmes. Il provient d’une page Web critique du genre. En tant que tel, ce texte n’est clairement pas écrit dans un style neutre. Cependant, contrairement à beaucoup d’autres sources, il offre au moins des liens vers des sources journalistiques originales. En général, cependant, les anecdotes émotives individuelles ou les articles de journaux isolés ne peuvent pas remplacer des données académiques exactes et observées de manière neutre. Généralement, ce débat semble, des deux côtés, alimenté par des anecdotes émotives et des signalements individuels, plutôt que par des données

d) La plupart des gens qui se déclarent aujourd’hui transfemmes ne subiront pas de chirurgie des organes génitaux ; si elles subissent quelque intervention, cette dernière sera plus susceptible de concerner leur physionomie faciale ou le haut de leur corps, et une proportion substantielle des transfemmes n’en subira même pas. Cela semble important à au moins mentionner quand on parle des conséquences qui menacent les femmes non trans.

e) Il existe diverses motivations pour se déclarer transfemme et vivre en tant que telle. L’une d’entre elles est ce qu’on appelle la dysphorie de genre, la sensation extrêmement forte et pénible de vivre dans le « mauvais » corps. Mais ce ne sont pas toutes les personnes trans qui vivent la dysphorie de genre. Un autre motif qui a longtemps été communément cité est l’« autogynéphilie ». Voici l’explication personnelle qu’en donne Miranda Yardley, transfemme. Voici une autre analyse personnelle, d’un point de vue différent, qui conteste vigoureusement ce diagnostic. Et voici la perspective d’une historienne de la médecine et de la science, Alice Dreger.

f) Certaines personnes affectées par une dysphorie de genre ne feront pas de transition et ne se percevront pas comme vivant réellement dans le mauvais corps. Elles rejettent ce sentiment comme artefact d’une société patriarcale qui associe le fait d’être une femme à des caractéristiques stéréotypées féminisées ou celui d’être un homme à des stéréotypes masculinisés.

g) Les philosophes aiment soulever le cas des personnes intersexuées en discutant des personnes transgenres. Les personnes intersexuées disent préférer ne pas être utilisées de cette façon.

h) D’aucuns soutiennent qu’il existe chez les jeunes un lien non coïncident entre le fait d’être autiste et celui d’être transgenre. Il me semble que c’est une information pertinente lorsqu’on discute de la manière d’aborder les enfants et les adolescents qui envisagent une transition : question exceptionnellement difficile et sensible. Cela ne règle rien ; aucun facteur ne règle rien dans ce terrain difficile. Mais il devrait également être mentionné, et non omis.

i) Être transfemme ne correspond à aucune orientation sexuelle particulière. Beaucoup de transfemmes, qui étaient autrefois « acceptées » en tant qu’hommes hétérosexuels, continuent à ressentir exclusivement de l’attirance pour les femmes (personnes ayant un vagin, etc.). Certaines de ces transfemmes se définissent comme « lesbiennes ». Certaines d’entre elles qualifient également de moralement suspecte et « transphobe » la décision de femmes lesbiennes de ne pas coucher avec elles. Elles en parlent familièrement comme le phénomène du « plafond de coton » (en analogie avec le « plafond de verre » que subissent les femmes dans leurs milieux de travail et qui les empêche d’obtenir une promotion ou un salaire égal). Dans les communautés lesbiennes, certaines jeunes lesbiennes ressentent une pression sociale et morale à considérer les transfemmes qui ont conservé pénis et testicules comme d’éventuelles partenaires sexuelles. On discute de cette dynamique sur la page sub-reddit « Gender Critical » citée ci-dessus. Un article récemment publié sur un site populaire destiné aux jeunes femmes « queer » explique comment faire l’amour avec une femme munie d’un pénis.

j) La présence de personnes transgenres au sein de la communauté LGBT et « queer » fait controverse. Je suis lesbienne. Mon avis, pour ce qu’il vaut, est qu’il devrait y avoir un mouvement politique et communautaire distinct à l’intention des personnes transgenres, qui ne soit pas rattaché aux personnes définies par des préférences sexuelles. Les deux catégories sont distinctes. Je trouve que la présence disproportionnellement visible des personnes transgenres et celle de transfemmes particulièrement bruyantes dans le mouvement LGBT a pour effet de détourner de façon misogyne l’attention et les fonds des problèmes et des préoccupations des lesbiennes et des bisexuelles de la communauté. En voici un exemple frappant au moment où j’écris ces lignes : il y a deux jours, les « LGBT Awards », commandités par les Services de sécurité britanniques (!), ont donné un prix à l’entreprise Playboy pour avoir mis en avant une mannequin transfemme.

k) Toutes les transfemmes n’ont pas les mêmes opinions. (Je sais que cela ne devrait pas être une surprise, mais ça l’est apparemment !). Voici de nouveau Miranda Yardley, ainsi que Kristina Harrison et Debbie Hayton. Toutes trois sont transfemmes et fières de l’être ; et toutes trois soutiennent que les transfemmes ne sont pas des femmes et tentent de créer un récit populaire différent.

l) Le mot « TERF » est une insulte utilisée par les gens du « lobby pro-trans » pour agresser la position critique du genre. Le site Web suivant documente les contextes hautement révélateurs de son utilisation. Il est malheureux que cette expression soit parfois reprise de façon non critique par des universitaires dans de grandes revues scientifiques au moment d’aborder ces enjeux.

m) Une grande partie de la discussion a porté sur l’accès aux cabinets de toilette en termes de violence et de danger (que ce soit pour les transfemmes ou les femmes non trans). Mais il y a beaucoup d’autres aspects sociaux entourant la « question des toilettes » qui affectent les femmes non trans et qui sont actuellement négligés dans la discussion populaire. L’article suivant, hébergé sur un site critique du genre, explore brillamment certains d’entre eux, avec beaucoup d’éléments pertinents de sources indépendantes. En réfléchissant à cette question et aux intérêts en jeu, nous devrions aussi nous rappeler le concept de « laisse urinaire » (malheureusement bien mal nommée) et de l’effet historique qu’elle a longtemps eu sur les possibilités de mobilité des femmes non trans.

n) Certaines transfemmes plaident pour une révision conceptuelle, non seulement du terme « femme », mais aussi du mot « mère ». Les implications sociales de cette proposition, si elle est adoptée, sont inconnues et sous-théorisées.

o) Il existe des indications que les transfemmes sont moins susceptibles de signaler des maladies liées à la biologie masculine. Selon l’association Cancer de la prostate Canada, « un diagnostic tardif pourrait expliquer le fait que bon nombre des cas de cancer de la prostate déclarés chez les transfemmes semblent refléter un cancer de grade supérieur (plus agressif) ».

p) Le Parti travailliste du Royaume-Uni, l’un des deux principaux partis politiques au R-U, a l’intention de permettre aux hommes biologiques de s’autodéclarer femmes sur ses listes restreintes aux femmes pour les candidatures au Parlement, une mesure d’abord introduite pour augmenter la représentation politique féminine, qui est habituellement très faible.

q) On voit de plus en plus de transfemmes briguer les postes politiques chargés de défendre les intérêts des femmes en général. Le cas actuellement le plus visible est celui de Lily Madigan, une transfemme de 19 ans. Elle est aujourd’hui responsable des femmes dans une circonscription pour le parti travailliste. Elle organise ces jours-ci une fête intitulée « Ta Ta Transmisogynes » pour célébrer la démission de 300 femmes critiques du genre qui ont quitté le Parti travailliste en raison de cet enjeu des listes restreintes (voir ci-dessus).

r) Des transfemmes parlent de plus en plus au nom des femmes biologiques dans les médias, ou les y interrompent. À l’émission « Genderquake » du Channel Four la semaine dernière, les femmes non trans se sont vu accorder proportionnellement moins de temps de parole que les deux transfemmes présentes.

s) Deux transfemmes très visibles dans les médias, Paris Lees et Karen Jones ont déjà été incarcérées pour violences. Il est très difficile de savoir si leurs récits de rédemption auraient été aussi facilement acceptés, et même célébrés, si ces personnes n’étaient pas trans, un argument efficacement exprimé dans ce tweet.

t) Le climat politique en Grande-Bretagne est maintenant tel que toute personne qui exprime un point de vue critique sur le genre risque de faire face à une forme ou une autre de sanction. Une candidate parlementaire du Parti Vert vient d’être suspendue pour avoir lancé « vous êtes un homme » lors du débat de l’émission télé Genderquake (et ce, alors même que le public avait été encouragé à se faire entendre).

u) En l’absence d’une représentation équitable dans les grands médias, une organisation populaire de femmes émerge actuellement pour essayer d’imposer ces enjeux à l’attention du public. Mais les assemblées publiques de l’organisation A Woman’s Place UK ont été accueillies par des manifestations et des annulations de dernière minute. Un autre groupe, We Need To Talk, a dû faire face à un groupuscule masqué et hostile qui a tenté d’empêcher l’auditoire de pénétrer dans le bâtiment.

Je pourrais continuer, mais vous comprenez la situation. J’ai inclus des liens pour celles et ceux qui tiennent vraiment à explorer ces enjeux à partir d’un plus large éventail de perspectives que celles que l’on entend habituellement. Je n’ai pas l’intention que cet essai soit la fin d’une conversation, mais bien son début. Les couverts sont mis pour un échange ouvert. Ce n’est pas un ensemble simple de problèmes, et je n’ai pas de réponses à tout cela. Mais prétendre que l’enjeu est simple et que tout est déjà réglé serait s’aveugler volontairement. Les philosophes ont un ensemble unique de compétences pour négocier ce terrain complexe. Elles et ils ne le feront pas de manière satisfaisante en partant du postulat que la position critique du genre est moralement répugnante. Ils ne le feront pas non plus s’ils ignorent largement, ou s’ils ne font que reconnaître du bout des lèvres la réalité matérielle, pour la moitié de la population humaine, créée par une transformation du concept public culturel et juridique du statut de femme.

Version originale : https://medium.com/@kathleenstock/what-i-believe-about-sex-and-gender-and-what-i-dont-15da1cba88c6

Traduction : TRADFEM

Kathleen Stock enseigne la philosophie à l’Université du Sussex. Ses essais brisent un silence qu’elle déplore au sein de cette communauté concernant les enjeux associés aux revendications transgenristes. Elle subit présentement une cabale du lobby trans : piquetage de ses cours, diffamations diverses, revendication qu’elle soit congédiée, etc. On peut lire d’autres textes traduits (ici et ici) détaillant sa position et sur son site medium.com/@kathleenstock et s’abonner à son fil Twitter : https://twitter.com/Docstockk.

N’hésitez pas à parcourir et interroger en Recherche le site TRADFEM pour lire d’autres textes traduits concernant ces enjeux.

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