J K Rowling répond au chanteur Billy Bragg

Transcrit et traduit de « X », le 28 avril


« Mon problème avec des gens comme Rowling ou Julie Bindel, c’est de savoir avec qui elles s’alignent », déclare Billy Bragg. « Rowling et Bindel] sont des personnes avec lesquelles je suis d’accord sur les droits des femmes. Je suis d’accord avec elles sur l’avortement. Mais nous ne sommes pas d’accord sur ce point… » (Billy Bragg, interviewé par The Guardian le 20 avril )


Réponse de J K Rowling: « Voilà le message que les femmes de gauche reçoivent des hommes de gauche ces dernières années. Le problème n’est pas que Julie Bindel et moi ayons raison sur les enjeux, mais que certains hommes de droite soient d’accord avec nous.

« Si vous avez passé un peu de temps à gauche de l’échiquier politique, vous connaissez le guerrier de classe progressiste (GCG), généralement issu de la classe moyenne, dont l’intérêt pour les enjeux des femmes commence et se termine par la prostitution, le strip-tease et les avortements. Il peut prétendre être un allié féministe et marmonner vaguement sur l' »égalité » si le besoin s’en fait sentir, mais lorsqu’une véritable attaque contre les droits des femmes éclate sous son nez, il coupe les vivres aux femmes de gauche sans la moindre hésitation. Il s’attendait à ce que nous soyons si aveuglément tribales que nous renoncerions aux espaces réservés aux femmes, que nous abandonnerions le vocabulaire même que nous utilisons pour nous décrire, que nous renoncerions au sport équitable, que nous accepterions que des violeurs soient enfermés dans les prisons pour femmes et que les lesbiennes soient qualifiées de bigotes parce qu’elles ne veulent pas coucher avec des personnes dotées d’un pénis, tout cela parce que (horreur !) certaines personnes de droite pensaient aussi que ces choses n’étaient pas correctes.

« Au cours des dernières années, un très grand nombre de GCG sont devenus des militants masculinistes de toutes sortes de façons sans assumer cette étiquette, et il est profondément déprimant, bien que pas vraiment inattendu, de voir à quel point ils ont trouvé cela agréable. Même en attaquant les femmes pour s’être retrouvées du même côté que des gens de droite, les GCG se sont précipités pour rejoindre l’équipe qui menaçait les femmes de viol et de violence, harcelait les conférences de femmes, tentait de bloquer l’accès aux événements critiques du genre et agressait physiquement des manifestantes. Les GCG sont partout sur internet, faisant la leçon aux femmes qui dépendent des services publics parce qu’elles n’accueillent pas les hommes biologiques dans les vestiaires communs et les centres d’accueil pour victimes de viols; ils prennent pour acquis le droit de contrôler les propos et le ton des femmes, ferment les yeux sur toutes les statistiques relatives à la violence sexuelle masculine qui pourraient contredire le discours « vous êtes toutes des bigotes alarmistes » et démontrent que leur plus profonde empathie sera toujours réservée à ceux qui sont nés avec un pénis.

« La vérité, c’est que la gauche a commis une gaffe monumentale adoptant l’idéologie de l’identité de genre et que tant qu’elle n’assumera pas cette erreur, c’est elle qui continuera à donner à la droite des arguments valables. Alors que de plus en plus de GCG prennent conscience de cette erreur. on les verra se réfugier sans vergogne dans des accusations selon lesquelles ce sont nous, les femmes qui critiquons l’injustice et le délire de l’idéologie genriste, qui empouvoirons l’extrême-droite. Le fait est que c’est précisément ce qu’ont fait les GCG, en refusant d’admettre qu’il y avait quelque chose à critiquer dans un mouvement qui causait de graves préjudices à des jeunes en difficulté, qui piétinait complètement les droits des femmes et qui cherchait à supprimer les services non mixtes aux personnes les plus vulnérables.

« Le sentiment de trahison que les femmes de gauche éprouvent à l’égard d’hommes comme Bragg mettra longtemps à disparaître, si tant est qu’il disparaisse un jour. Je pense que nous tirons toutes une certaine satisfaction sombre du fait que la misogynie et la complicité des GCG soient aujourd’hui rendues publiques, tant le rétropédalage et les dénégations auxquelles on assiste sont spectaculaires. » (JK Rowling, sur « X »)

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