Industrie du sexe – témoignages

patriarcat+racisme+ =prostitution

Simone Watson :

Le libre choix en matière de prostitution : Ce serait bien de l’avoir! :

« J’ai déjà été une de ces avocates du « choix personnel », tentant désespérément d’assigner le blâme des cicatrices psychiques avec lesquelles je vis sur une quelconque stigmatisation extérieure au milieu, tentant désespérément de blâmer n’importe qui sauf les hommes qui exigent des êtres humains pour leur satisfaction sexuelle. J’étais inconsciente du fait que chaque fois que je me servais du mantra « C’est mon choix », j’appuyais un système de tolérance de la torture sexuelle. Ce refus de remettre en question le droit des hommes de m’acheter et celui des proxénètes d’agir en entremetteurs avait pour effet de trahir des millions de femmes. Si je l’avais su, je me serais battue à l’époque pour le modèle nordique. J’aurais profité de son soutien pour quitter l’industrie, mais je ne savais pas qu’il existait une solution de rechange – et il n’y en avait pas à l’époque. »

Les Ellas (groupe d’action allemand pour les femmes dans et issues de la prostitution) 

Ce que nous attendons de nos allié-e-s :

« Nous nous sommes battues pour sortir de la prostitution par nous-mêmes, parce qu’il n’y avait personne pour nous aider.

Nous sommes donc traumatisées et victimes de violence – et c’est précisément ce qui nous donne d’immenses connaissances, expériences et ressources, qui doivent être prises au sérieux et méritent le respect, même de la part de ceux et celles qui préfèrent en détourner le regard. »

Rebecca MOTT:

Sur le silence imposé aux femmes sorties comme moi de la prostitution :

« Le travail du sexe a besoin de nous réduire au silence, car nous sommes les témoins de ce qu’est réellement la prostitution.

Nous témoignons de l’enfer, de la torture, des viols constants, de la perte d’un Moi, et d’un chagrin qui retient trop de sœurs et de frères prostitués dans le silence.

Nous avons survécu par hasard, mais nous pouvons utiliser cela comme une force, un pouvoir et guider le combat pour dénoncer le commerce du sexe partout et à tout moment.

Le lobby du commerce du sexe a raison de nous craindre. »

L’enfer est ici, sur Terre :

« Pour vraiment nous libérer de l’industrie du sexe et de toutes ses violences affectives, il nous faut en détruire les racines et les branches — sans nous contenter de discussions sans fin ou de lois déficientes. »

Les faux débats de l’English Collective of Prostitutes :

« Ce billet traite de la façon dont les lobbyistes de l’English Collective of Prostitutes (ECP) ne débattent pas réellement lorsqu’elles parlent du modèle nordique, mais se contentent de manipuler les auditoires et de diffuser de la propagande. »

Autres réflexions à propos des mensonges de l’English Collective of Prostitutes (ECP) :

« L’ECP prétend que la traite ne concerne que le fait d’être violemment déplacées d’un pays à un autre, ce qui inclut seulement le travail forcé ou l’asservissement pour dette, l’enlèvement, le kidnapping, le faux emprisonnement, le viol, les blessures graves et l’extorsion.Notez que cette définition exclut la traite intérieure (commise à l’échelon national), le bris du moral des femmes par des violences psychologiques et des menaces constantes, ou la destruction des résistances de la femme ou de la jeune fille prostituée en la faisant transiter par divers domaines de l’industrie du sexe. »

À propos de celles qu’on accuse de « ne pas être à la hauteur » :

« Ce lobby maquille le fait que tous les dommages causés aux femmes prostituées sont le fait des prostitueurs et des profiteurs de l’industrie du sexe. Au lieu de le reconnaître, il place tout le blâme et la culpabilité sur la prostituée, qu’il accuse d’être « faible ». C’est le truc classique de blâmer les victimes, un geste bien plus facile que de mettre l’accent sur les prostitueurs et les profiteurs de l’industrie du sexe. »

Conséquences :

« Je rage aussi contre l’inconséquence de nombreuses féministes, en particulier les féministes libérales. Je prends acte que la plupart des féministes libérales sont favorables au « travail du sexe », de sorte qu’elles refuseront de faire le lien entre la légalisation de la prostitution et la hausse de la violence sexuelle envers toutes les femmes. »

Noël etc, :

« Ce message s’adresse à tous les prostitueurs qui pensent que Noël est un bon moment pour se payer un être humain par avidité sexuelle. Ce message s’adresse à tous les proxénètes qui voient Noël comme une façon de tirer profit de la vente de personnes prostituées. »

« Putophobe ! » :

« Être qualifiée de « putophobe » équivaut en effet à passer pour quelqu’un d’irrationnel, haineux, probablement intégriste et prude, et pour un assassin. Et ce ne sont que quelques-uns des préjugés qui sous-tendent cette insulte. Son utilisation a donc pour effet de faire de toute abolitionniste ou femme sortie du milieu un monstre d’intolérance – alors que parler de putophobie confère une aura d’angélisme. »

Ceci n’est pas un débat :

« Croire en l’abolition de l’industrie du sexe, en tant que femme sortie de la prostitution, c’est savoir que nous n’avons ni le temps ni l’espace de tenir un débat intellectuel sur la prostitution. Les débats se font au sujet d’événements et de sujets stables, où toutes les personnes impliquées sont en relative sécurité. L’on peut débattre d’idées philosophiques abstraites, de réalités historiques qui sont résolues ou en tout cas ne menacent pas notre survie quotidienne. L’on peut débattre simplement pour la galerie ou pour marquer des points. Mais débattre est inconvenant en face d’un génocide, en face d’une torture généralisée et d’une déshumanisation des personnes prostituées. »

Séquelles :

« Vous nous présentez comme courageuses – mais ce discours est celui qui fait de nous des « Autres ».

Nous ne sommes pas courageuses, nous sommes seulement des témoins d’événements et d’horreurs que nous n’aurions jamais dû connaître – et aujourd’hui nous nous battons pour les éliminer de cette planète. »

Michelle Kelly:

Survivre à l’industrie du sexe :

« J’ai commencé à me prostituer – bien qu’à l’époque j’appelais cela « faire de l’escorte » – au tout début de la vingtaine, et j’ai finalement arrêté après mes trente ans. Je n’ai pas été physiquement contrainte. Bien que les « gestionnaires » des agences d’escorte et des bordels qui me prostituaient aient toujours pris 70 % de mes revenus et qu’ils étaient souvent menaçants et intimidants, ils ne se seraient pas qualifiés de « proxénètes ». Au moment de mon entrée dans ce milieu, j’étais dans une relation de violence physique, émotionnelle et sexuelle, qui me maintenait sous un contrôle financier, tout en tentant de survivre à des traumatismes causés par des agressions sexuelles subies au cours de mon enfance. Ce n’est pas un hasard s’il existe entre les violences sexuelles infligées aux enfants et l’entrée dans la prostitution, comme en témoignent la plupart des survivantes. Ma motivation à me lancer dans la prostitution était d’essayer de réunir, dans un délai aussi court que possible, assez d’argent pour trouver un logement pour moi et mon fils de deux ans, afin de pouvoir échapper à un conjoint agresseur. »

La pornographie, c’est de la prostitution filmée, et totalement dépénalisée. Cela ne la rend pas sûre :

« Considérée comme une industrie commerciale et un business légitime, on pourrait s’attendre – si les affirmations du lobby pro-porno étaient véridiques – à ce que la pornographie soit le domaine le plus sûr de l’industrie du sexe pour les femmes qui s’y trouvent. C’est faux.

D’après mon expérience, l’industrie du porno a été de loin la forme de prostitution la plus violente et toxique que j’aie vécue. Le fait qu’elle soit légale ne me donnait pas accès aux « droits du travail » en tant qu’ « actrice », mais créait plutôt un environnement non réglementé pour les proxénètes et les pornographes pour violenter et exploiter à loisir. »

Audrey Morrissey :

Mon expérience de l’industrie du sexe n’a rien eu à voir avec un choix :

« J’avais 16 ans la première fois que l’on m’a vendue pour du sexe. Mon copain m’a dit que si je l’aimais, lui et notre fille, j’accepterais de faire la rue pour que nous puissions avoir une vie meilleure. Il m’a amenée à croire qu’il n’y avait pas d’autres options. Il m’a convaincue que je ne le faisais pas pour lui, mais pour nous. Je sais qu’il y a des femmes qui disent qu’elles font cela de leur plein gré – elles se qualifient de « travailleuses du sexe ». C’est peut-être leur vérité, mais ce n’est pas la mienne.

Ce n’est pas non plus la vérité des centaines de filles à qui j’ai servi de conseillère depuis 12 ans au sein de l’organisation Ma Vie Mon Choix. »

Mickey Meji :

Vers une dépénalisation sélective du commerce du sexe :

 » Il y a vingt-deux ans, Theresa « Trish » van der Vint a dit au revoir aux autres femmes prostituées aussi exploitées à ses côtés tard dans l’après-midi, sur une partie boisée de Old Faure Road près de la rivière Eerste, au Cap.

La plupart d’entre elles étaient plus âgées et sont rentrées chez elles pour s’occuper de leurs enfants, mais Trish, 16 ans, est restée un peu plus longtemps au turbin. Au crépuscule ce samedi, un homme s’est arrêté en voiture et l’a fait monter à bord. Une fois à l’intérieur, elle ne pouvait plus lui échapper.

Quelques heures plus tard, son cadavre a été retrouvé allongé à moitié nu dans le sable, couvert de branches, près d’un sentier longeant la plage de Macassar. Ses jambes avaient été écartées, sa jupe relevée, et sa veste enroulée autour de son cou et de son visage. Elle était la 19e victime du tueur en série des femmes prostituées du Cap. Assassinée le 15 mai 1996, Trish était sa plus récente proie, et aussi la plus jeune. »

Rae Story :

La gentrification numérique de la prostitution :

« Vers la fin de mon activité d’« escorte », j’étais complètement épuisée. Le travail au bordel avait été brutal pour mon corps, mais mon boulot comme « escorte indépendante » m’avait bousillé l’esprit. Alors qu’autrefois je me contentais de décliner la gamme d’actes sexuels classiques avec, au mieux, un sourire lointain, et un « bonne journée à vous », j’étais maintenant devenue obsédée par mon apparence, mon appartement, ma publicité mais aussi mon « image ». J’avais été amenée à adopter le plus insidieux de tous les contrats, celui de la « Girlfriend Experience » : coquette, impliquée, hyper attentionnée et disponible. Assez intelligente pour comprendre le « client », mais jamais assez pour le contredire. Leur mentir au sujet de mon parcours, mes opinions et mes habitudes afin de faire étalage d’une personnalité agréable pour l’ego masculin payeur. »

Huschke Mau et huit autres femmes sorties de la prostitution :

À propos de l’amour de la gauche pour la prostitution – Lettre ouverte de femmes qui en sont sorties :

 » Vous écrivez : « Même si le travail sexuel est établi depuis longtemps comme service commercial dans notre société et qu’il est considéré comme légal en République fédérale allemande depuis 2002, les travailleuses et travailleurs du sexe demeurent gravement stigmatisés dans leur vie privée et professionnelle. »

Je suis tout simplement abasourdie que vous décriviez l’acte de prostitution comme une « profession » et un « service ». La sexualité est la sphère la plus intime de l’être humain. Pouvons-nous conserver au moins cela, s’il vous plaît, ou devons-nous laisser chaque partie de nous-mêmes être complètement réifiée et commercialisée? Depuis quand la gauche se fait-elle le champion de la vente de tout désir humain? Vous qualifiez le sexe de service, comme s’il était possible de le séparer du soi, du corps, de la personne; comme si vous pouviez simplement le peler, le mettre dans une jolie petite boîte sur le comptoir d’une boutique, et puis un type se présente, me tend 50 euros et repart avec le service sexuel. Est-ce bien la façon dont vous imaginez cela? Vraiment? Vous parlez même de « mauvaises conditions de travail »; croyez-vous réellement que les violences dont nous avons souffert et dont tant d’entre nous souffrent encore sont en quelque sorte améliorées si on nous donne un joli « lieu de travail », comme vous dites? Des « conditions de travail »? Mais de quoi parlez-vous? Dans quelles conditions la violence que nous infligent les prostitueurs est-elle acceptable à vos yeux? Ou ne la voyez-vous tout simplement pas comme une violence, en ignorant ce que vous disent les personnes sorties de la prostitution et les chercheuses et chercheurs en traumatologie? »

Trois jeunes survivantes de la prostitution :

Chers clients, (lettre ouverte aux acheteurs de sexe) :

« Lorsque nous avons appris que Robert Kraft, propriétaire des Patriots, venait d’être accusé d’avoir acheté des services sexuels (1), nous avons ressenti de la colère et du désarroi. Mais vu notre expérience en tant que survivantes de la traite, nous savons que la véritable histoire ici ne se limite pas à un seul homme. La vraie histoire, c’est vous tous qui pensez qu’il est acceptable d’acheter quelqu’un. »