Les philosophes universitaires face à la Loi sur la reconnaissance de l’identité sexuelle (UK Gender Recognition Act)

Par Kathleen STOCK, philosophe, Université du Sussex

Il se passe un phénomène particulier dans le monde universitaire de la philosophie. Hors des murs de l’université a lieu une discussion immense et passionnée sur le conflit apparent entre les droits et les intérêts des femmes non-transfemmes et les droits et intérêts des transfemmes. Et pourtant la quasi-totalité des philosophes universitaires – y compris, étonnamment, les philosophes féministes – reste à l’écart de ce débat.

Ce conflit est particulièrement aigu en ce moment au Royaume-Uni, où les deux principaux partis politiques soutiennent actuellement l’apport d’amendements à la Loi sur la reconnaissance de l’identité sexuelle (Gender Recognition Act), afin de faciliter le fait de « s’autodéclarer » juridiquement comme étant d’un sexe ou d’un autre, sans recours à quelque expertise de nature psychologique ou médicale. Il semble probable que cet acte d’autocertification sera tout ce qui sera nécessaire pour « devenir » légalement une femme ou un homme ; on ne jugera plus pertinents l’apport de changements au style de vie, à la tenue ou à la physionomie, ou le fait d’avoir vécu ou non « en tant que femme » durant une période donnée.

Vu le niveau élevé de controverse entourant la terminologie dans ce domaine, nous allons, aux seules fins du présent texte, raccourcir l’expression « femmes non-transfemmes » à l’acronyme « FNT » et celle de « transfemmes » à l’acronyme « TF ». Rappelant la longue histoire des violences masculines infligées aux FNT, beaucoup de gens ont fait valoir, de façon parfaitement raisonnable, que cette modification de la loi permettra à certains hommes malhonnêtes ou mal intentionnés de « changer de sexe » assez facilement – et même de façon autrement imperceptible – pour s’en prendre à des FNT dans les espaces réservés aux femmes, et peut-être aussi à des enfants, puisque des enfants y accompagnent souvent leur mère. Facteur peut-être encore plus significatif, cela permettra également à des hommes d’affirmer à tort, si on leur tient tête, qu’ils ont changé de sexe, ce qui retiendra les FNT de contester des hommes sur la base de leur apparence physique. On prévoit que des hommes sans scrupules utiliseront cette loi pour accéder à des espaces réservés aux femmes : vestiaires, refuge pour sans-abri, prisons pour femmes, piscines et gymnases de femmes, etc., afin d’y commettre des délits tels que voyeurisme, exhibitionnisme, masturbation publique et agression sexuelle. Il existe en effet des preuves que cela se produit déjà ailleurs dans le monde. Le peu d’attention accordée par ceux et celles qui revendiquent ces changements à ce risque de violences et aux inquiétudes des FNT, tant dans les médias, les universités et la classe politique, témoigne, aux yeux des féministes radicales, que leur souffrance compte relativement peu en régime patriarcal. L’attention limitée accordée à ces considérations s’avère précaire et peut facilement être éclipsée par d’autres intérêts, même s’ils ne concernent, en comparaison, qu’une infime proportion de la population.

Une autre série de préoccupations ne porte pas sur les personnes qui se feraient passer pour trans, mais plus directement sur les personnes transgenres. On s’inquiète particulièrement de la façon dont les TF en arrivent à dominer au Royaume-Uni des domaines politiques autrefois réservés aux femmes, ainsi que de la capacité des TF à représenter adéquatement les vécus et les préoccupations des FNT, étant donné leurs antécédents sociaux, biologiques et physionomiques très différents (par exemple, beaucoup de TF conservent leur pénis et n’ont pas l’intention de changer cet état de choses). Dans son choix de personnes appelées à briguer la députation dans les circonscriptions, le Parti travailliste britannique, l’un des deux principaux partis au R-U, a institué un système de parité des investitures. Ce système, conçu pour accroître la représentation politique des FNT, comprend des listes de nominations qui leur sont réservées. Mais le parti permet maintenant à des TF d’occuper ces postes. Le Parti travailliste a également élu parmi ses responsables des droits des femmes Lily Madigan, qui est TF et a 19 ans.

Enfin, bien sûr, il y a la question sous-jacente de savoir si l’on doit considérer les TF comme des femmes en bonne et due forme, au plan juridique ou autrement. (Oui, je sais qu’il existe une question symétrique à savoir si les transhommes devraient avoir ou non le statut d’hommes, mais nous semblons toujours parler uniquement des TF, et je vais à contrecœur me plier ici à cette tradition.) Si la réponse est non, alors cela affecte manifestement le traitement à accorder aux questions précédentes (bien que si la réponse est oui, cela ne rende vraiment pas les problèmes précités plus faciles à traiter, et ne les fait certainement pas disparaître). De plus, cet enjeu est actuellement très discuté en dehors du monde universitaire. La plupart des féministes radicales considèrent que l’on ne devrait pas voir les TF comme des femmes, pour diverses raisons théoriques et pratiques. Une position théorique répandue est que la catégorie femmes a toujours été définie, et continue de l’être, en vertu d’une oppression fondée sur des caractéristiques biologiques et reproductives ou, du moins, sur la perception de ces caractéristiques, et que ce facteur a pour effet de disqualifier les TF.

On pourrait penser que tous ces arguments amènent de l’eau au moulin à la communauté des philosophes, au sens de grande arène où s’exercent leurs compétences particulières. Un enjeu passionnant, riche en aspects complexes à arbitrer, y compris des questions d’identité, des conflits d’intérêts et des devoirs concurrents, une question actuellement débattue avec véhémence sur plusieurs forums, avec des implications juridiques dans la vie réelle, et un public avide de lire ce qu’en disent des philosophes – que peut-on désirer de mieux ? Où, pourriez-vous demander, sont les philosophes qui abordent ces questions ? Réponse : les philosophes n’en parlent pas, ou très peu.

Commençons par le dernier de ces enjeux, et appelons CG, pour Critique du Genre, la position voulant que l’on ne considère pas les TF comme femmes (NOTA : J’évite d’appeler ces critiques du genre des « TERF », puisque cette expression est connotée comme insulte.) Historiquement, la philosophie féministe a formulé plusieurs positions qui impliquent la critique du genre – par exemple, celle de Sally Haslanger, au moins sur la base d’une lecture cursive – mais depuis que cette question est passée au premier plan de la conscience populaire, il n’y a eu, pour autant que je sache (mais je serais heureuse d’être corrigée), aucun article philosophique publié qui ait explicitement soutenu la position CG, même si certains blogues l’ont fait (dont celui, excellent, de Rebecca Reilly-Cooper). Entre-temps, de nombreux articles de revue et livres acceptent aujourd’hui la thèse que les TF sont des femmes, et partent de là pour élaborer une théorie du genre adaptée à cet axiome. L’article suivant de la Stanford Encyclopedia of Philosophy, rédigé par Mari Mikkola, donne une idée de l’état de la discussion, en particulier aux sections 4.1.2 et 4.2.

Cette lacune n’est-elle pas étrange ? Pour la plupart des questions de philosophie, même les positions les plus obscures dans l’espace logique tendent à être occupées par quelqu’un ; c’est encore plus vrai pour les positions assez simples et évidemment disponibles. Alors, d’où provient ce silence ? Soyons charitables et commençons par des raisons philosophiques. Est-ce parce que la position CG est si ridiculement invraisemblable qu’elle ne vaut pas la peine d’être prise en considération ? Eh bien, d’abord, nous savons tous et toutes que cette raison a rarement retenu beaucoup de philosophes auparavant. Mais en second lieu, ce ne pourrait jamais être une position ridiculement invraisemblable en soi ; cela dépendrait sûrement des arguments qui l’accompagnent. Affirmer que les TF sont des femmes (ou n’en sont pas) n’est pas comme dire que l’herbe est verte ou que la pluie est humide.

Est-ce parce que les arguments avancés pour démontrer que les TF sont des femmes s’avèrent convaincants de toute évidence ? Eh bien, non, je ne le crois pas, pour une raison très simple : il y en a plusieurs, et ils diffèrent les uns des autres (encore une fois, voir l’étude de Mikkola citée ci-dessus). Si l’une d’elles était aussi convaincante, nous n’en aurions pas une telle diversité.

Est-ce parce qu’on a démontré la fausseté de tous les arguments susceptibles d’appuyer la position CG ? Je ne pense pas. Selon mon expérience (qui, encore une fois, est bien sûr partielle), les arguments mauvais et simplistes ont été rejetés assez rapidement, mais la gamme des arguments possibles est loin d’être complètement explorée. On constate également un échec apparent des opposants à chercher au moins des façons d’améliorer des arguments peu convaincants en faveur de la position CG (si ce n’était que pour les défaire). Cette lacune est inhabituelle pour la philosophie. On voit plutôt des arguments évidemment déficients être énoncés à la hâte et rejetés sommairement.

Les opinions CG sont-elles à juste titre absentes ou sous-explorées parce qu’elles sont évidemment et inévitablement « transphobes » ? Je soupçonne quelques philosophes de le penser – mais il me semble tout aussi évident que ces opinions ne le sont pas nécessairement, et que la plupart d’entre elles ne le sont pas. La transphobie, si ce concept a quelque définition, est une haine ou un préjugé contre les personnes transgenres simplement parce qu’elles sont trans, sur la base d’un dégoût, d’une honte ou de quelque autre émotion négative reliée. Or, presque toutes les analyses féministes radicales que j’ai lues sont motivées par une vive colère contre les injustices et les préjudices que vont subir, selon elles, les FNT, si des frontières sont modifiées pour inclure les TF en tant que femmes. Ce n’est pas la même chose, et il serait simpliste de suggérer d’autres motivations.

Les opinions CG sont-elles à juste titre absentes ou sous-explorées de crainte qu’elles alimentent chez leur auditoire une transphobie déjà existante ? Peut-être, et si oui, cela semble une réelle possibilité. Les détails de l’argumentation pourraient être perdus, on pourrait voir des lecteurs négligents ou ayant des motifs cachés s’emparer de conclusions et s’en servir au risque de blesser des personnes trans déjà vulnérables. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de nier ce risque, surtout compte tenu de la façon dont la presse et les médias sociaux peuvent citer certaines phrases hors contexte pour susciter l’indignation. Je note simplement que l’adoption de cette précaution a pour effet de prioriser les intérêts de TF vulnérables face à ceux de FNT vulnérables. Le fait de ne pas dire quelque chose, d’éviter entièrement ces enjeux, pourrait, par exemple, faciliter l’adoption d’une loi qui risque de causer aussi beaucoup de préjudice réel aux FNT, et peut-être sur une plus grande échelle encore. Il n’existe pas ici de scénarios où il est facile de « garder les mains propres ».

Je soupçonne qu’une raison concomitante à ce silence relatif est l’influence du climat politique étasunien actuel. Si le locuteur le plus puissant et le plus bruyant de l’assertion « les transfemmes ne sont pas des femmes » est, disons, un fondamentaliste chrétien de droite, ou Donald Trump, tous deux sur les bases les plus authentiquement transphobes, alors je peux voir comment il est vraiment tentant de bruyamment affirmer le contraire pour une foule de raisons : ne pas vouloir alimenter la transphobie et la violence qui l’accompagne ; ne pas vouloir être perçu comme étant d’accord avec des gens aussi moralement pervers, et ainsi de suite. Mais il est faux de penser que la seule réponse acceptable à cette haine est de s’opposer à la conclusion CG. Au lieu de cela, on peut formuler de façon permissive la position CG d’une manière qui démontre très clairement sa compatibilité avec une affirmation énergique des droits des personnes trans et, en général, son respect de la plupart de leurs souhaits concrets. (Et c’est bel et bien ce que certaines féministes radicales tentent de faire).

Explorons maintenant des raisons plus troubles et sociologiques du silence actuel. Les médias sociaux semblent également jouer un grand rôle ici. Les gens qui philosophent sur ces plateformes – ne leur arrive-t-il jamais de se déconnecter ? – se présentent souvent comme de sobres défenseurs de différentes opinions, mais, ce faisant, ils peuvent facilement s’éloigner des normes habituelles qui gouvernent traditionnellement les débats philosophiques, sans subir la moindre sanction de leur auditoire. Par exemple, ils peuvent s’échauffer, utiliser l’hyperbole, tenter de « culpabiliser » des opposants ou caricaturer leur position, lui chercher des motifs cachés, ironiser sur leurs adversaires, se montrer sarcastiques, rouler des yeux par émoticônes, et ainsi de suite. Ils peuvent aussi s’en prendre au choix de mots ou au mode d’expression de la personne adverse, comme si celle-ci avait passé des mois à produire et à raffiner sa prose, plutôt que cinq minutes avant le début des classes. De vagues prétentions empiriques, comme « les transfemmes comptent parmi les femmes les plus vulnérables de notre société », peuvent être proposées et reçues comme axiomatiques (et, bien sûr, applaudies – comme sur les pages citées plus bas), sans que leur auteur ait à préciser à quelle catégorie il les compare. (Sont-ce les femmes en général ? Les LBGT ? Existe-t-il des preuves de cette assertion en provenance d’une source universitaire accréditée ?) Des TF peuvent offrir des récits personnels hautement émotifs, qui en eux-mêmes sont bien sûr convaincants, mais qui ne résolvent en fin de compte aucune question (et de toute façon, il nous faut entendre une gamme complète de voix). Tous ces facteurs infléchissent les esprits de l’auditoire vers des conclusions générales, mais pas nécessairement de manières que des philosophes devraient valider. Ils empêchent également quiconque d’exprimer un désaccord sans avoir l’air agressif et mesquin.

L’effet abrutissant de tout cela sur un sain débat est ensuite aggravé par le système de « j’aime » d’un média comme Facebook. Tout message qui incarne une position éthique « positive » simple et facilement assimilée peut être assuré d’un retour positif de la part de nombreux lecteurs, ce qui renforce la perception générale de la popularité de ce point de vue (et de celui qui l’affiche), ainsi que l’inadmissibilité implicite de son antithèse et l’isolement social de tout dissident. Par exemple, une politique de genre présentée comme « inclusive » semble idéale, n’est-ce pas ? Comment pourrions-nous ne pas en vouloir ? Tout message qui tente de contredire ou d’ajouter de la complexité à un argument présenté comme simple et « positif » peut facilement être lu comme étant mal intentionné ; il s’ensuit alors une « levée de boucliers » alors que d’autres locuteurs se précipitent pour faire valoir leurs « bonnes » compétences, et peut-être surtout, pour en donner l’impression. Et quand vous ajoutez à cela le fait que plusieurs voix anti-CG sont à la fois puissantes et populaires au sein de la profession, et qu’elles n’hésitent pas à qualifier le point de vue CG de « transphobe », on s’étonne peu de la rareté des philosophes qui prennent le risque de tenter de formuler une perspective différente.

Résultat : les gens ont maintenant peur de discuter de cet enjeu dans les médias sociaux, de peur que l’échange ne devienne incontrôlable, ou de peur d’être perçus comme ayant la « mauvaise » opinion. Je le sais, parce que j’ai récemment commencé à explorer des questions connexes sur ma page Facebook, et j’ai été contactée en coulisse par d’autres philosophes qui se disent en accord mais hésitent à discuter publiquement de ces enjeux.

Et pourquoi est-ce important ? Ce l’est en partie parce que les philosophes qui participent aux médias sociaux subissent souvent l’influence, consciemment ou inconsciemment, de la façon dont des enjeux sont traités sur Facebook. Nous ne sommes qu’humains, après tout, malgré les prétentions contraires. Nous pouvons fréquenter Facebook pour y regarder des photos de chats et de bébés, mais nous pouvons en retirer une impression ferme de ce qu’est la « bonne » opinion dans un domaine particulier, sans l’avoir adéquatement explorée nous-mêmes ou sans avoir lu de textes particulièrement étoffés à ce sujet. Et nous pouvons alors amener cette vision partielle et peut-être mal fondée dans nos rôles professionnels plus puissants en tant qu’éditrices, arbitres de revues, lectrices de demandes de subventions et amies critiques.

C’est également important car, s’il est socialement inadmissible de tester une position CG en philosophie, il sera alors impossible de discuter en détail des questions plus concrètes mentionnées ci-dessus, telles que les changements à apporter à la Loi sur la reconnaissance de l’identité sexuelle et les listes de candidatures parlementaires réservées aux femmes.

Les sanctions possibles à l’encontre de celles qui proposent une position CG ne sont, bien sûr, pas seulement professionnelles. Le site web « TERF is a slur » offre un aperçu très clair des réactions de plusieurs TF à la position CG : à savoir, des menaces explicites de violence sexuelle ou autre. Dans ce genre de climat survolté, il est encore plus crucial pour les philosophes de montrer aux gens ce à quoi peut ressembler un débat raisonnable.

Que doit-on faire ? Il me semble qu’il doit exister une sorte de plate-forme où les philosophes féministes radicales et les philosophes critiques de l’idéologie du genre peuvent discuter convenablement de leurs points de vue. Il serait idéal d’inviter à la fois les CG et leurs opposants dans un dialogue public, prolongé et respectueux ; mais si cela ne peut se  faire, alors la simple expression des perspectives CG, d’un point de vue philosophique, serait elle-même un geste radical. Je ne peux pas, par exemple, trouver une seule référence à la Loi sur la reconnaissance de l’identité sexuelle, et la controverse qu’elle suscite, sur le site « Feminist Philosophers », bien que ma recherche puisse être incomplète.

Il me semble aussi que les philosophes ont besoin de s’afficher plus clairement, dans les réseaux sociaux et ailleurs, pour qu’il devienne permis d’exprimer une critique du genre, créant ainsi un espace dans lequel plus de philosophes – et surtout les jeunes, qui ont moins de pouvoir et ont plus a perdre – peuvent explorer correctement cette position si tel est leur désir, sans crainte de devenir ainsi des parias sociaux inemployables (ou pire). Les philosophes ne devraient pas nourrir un climat qui rend impossible la diffusion de ce point de vue et devraient réfléchir à l’effet de leurs interactions publiques. Par ailleurs, lorsque des philosophes expriment par écrit l’opinion que les TF sont des femmes, ils et elles devraient, comme c’est la pratique académique standard pour une position théorique, citer une référence à quelque travail antérieur soutenant ce point de vue, à moins qu’ils ne le soutiennent directement. Ils ne devraient pas, par exemple, présenter cette prétention comme s’il s’agissait d’un a priori irréfutable – parce que ce n’est pas le cas.

Reconnaître la validité de ces points ne devrait pas dépendre de l’acceptation de la position CG. Il est parfaitement possible de penser que cette position est fondamentalement déficiente sans agir comme s’il y avait une mauvaise odeur dans la pièce quand quelqu’un la soulève et que cette personne doit être dégénérée au plan moral. Les féministes critiques du genre en dehors de l’Université font un travail solide et intéressant par elles-mêmes et n’ont sans doute pas besoin de notre aide, mais ce serait bien si le climat politique permettait aux philosophes partageant de telles idées de contribuer librement au débat là où on le leur permet.

Kathleen Stock enseigne la philosophie à l’Université du Sussex. Ses essais brisent un silence qu’elle déplore au sein de cette communauté concernant les enjeux associés aux revendications transgenristes. Elle subit présentement une cabale du lobby trans : piquetage de ses cours, diffamations diverses, revendication qu’elle soit congédiée, etc. On peut lire d’autres textes (bientôt traduits) détaillant sa position sur le site medium.com/@kathleenstock et s’abonner à son fil Twitter : https://twitter.com/Docstockk

Version originale : https://medium.com/@kathleenstock/academic-philosophy-and-the-uk-gender-recognition-act-6179b315b9dd

Traduction: TRADFEM

4 réflexions sur “Les philosophes universitaires face à la Loi sur la reconnaissance de l’identité sexuelle (UK Gender Recognition Act)

  1. Quelqu’un peut m’epliquer on n’appelle pas des femmes, des femmes tout simplement et qu’on nous définie en fonction des transfemmes, c’est à dire comme des NTF ? Je trouve ça comment délirant et c’est céder au contrôle de la pensée en se conformant au langage décidé par les autres.

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    • Vous avez raison de signaler l’effacement actuel des femmes au profit de la désignation « femmes cis » inventée par les transactivistes pour faire place aux hommes dans la désignation faussement universaliste « femmes ». La quasi totalité des femmes refuse de s’identifier comme « femme cis ». Et ça va plus loin: on voit déjà des hommes s’identifiant comme femmes refuser même les appellations « transfemme » et « femme trans », pour réclamer plutôt d’être appelées « femmes » tout simplement — et ce même s’ils ne subissent aucun traitement cosmétique, hormonal ou chirurgical. Par ailleurs, certains des MtoF qui se font aménager un fourreau de chair interne dans le bas-ventre (avec de l’épiderme prélevé sur l’avant-bras ou une muqueuse prélevée dans leur intestin grêle) réclament aux USA d’appeler cette prothèse un « vagin » en tentant d’imposer pour le vagin des femmes la désignation de « trou avant » (« front hole »). Pour la même raison, ce guide propose que le pénis soit désormais appelé « strapless » pour éviter de blesser les femmes qui n’en ont pas et se servent parfois d’un godemiché (dildo) sanglé au bas-ventre dans leur imitation sexuelle des hommes

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      • Oui et il me semble même que Daniel Muscato, et d’autres soit disant MtoF qui n’ont subi aucun changement médical évoquent la suppression pure et simple du terme « femme », jugé « oppressif ». D’ailleurs je n’ai pas encore trouvé de traduction française sur le sujet, vous en avez entendu parler ou c’est moi qui ai mal compris ? Si vous aviez l’occasion de traduire quelque chose là- dessus, ça serait bienvenu 🙂

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        • J’ai lu à plusieurs reprises que 80% des hommes s’identifiant comme femmes ou comme trans ne subissent aucune chirurgie. Le recours aux hormones, quand il en est, est de plus en plus souvent gradué pour ne produire qu’une modification pareille des caractéristiques secondaires sexuelles.
          Pour ce qui est de la catégorie « femmes », il y a en effet un lobbying intense pour supprimer ce mot qualifié d' »exclusif », notamment dans les documents officiels concernant des enjeux comme la médecine, l’avortement, la violence conjugale, le sport, etc. sous prétexte de discrimination à l’égard de f-to-m qui seraient « discriminés » par la désignation d’un sexe auquel elles disent ne plus appartenir, et de discrimination à l’égard de m-to-f qui réclament l’accès à la désignation femme et aux ressources et services dédiés aux femmes. Rappelons que des Blancs ont fait la même chose aux USA pour faire tomber les programmes d’action positive en 1973 (affaire Gerald Bakke).
          Nous avons amorcé la traduction d’un livre intitulé FEMALE ERASURE (Ruth Barrett, dir. de pub.) qui documente différents aspects de cette offensive. Ce projet passe parfois par la tentative de suppression du mot « femme » (au profit d’une vague « non-binarité » présentée comme un idéal) mais plus souvent, du moins au stade actuel, par l’extension des droits des femmes à quiconque se prétend « femme » (ce qui revient bien sûr au même).
          Pour en savoir plus, consulter l’autrice Kathleen Stock ou ses collègues philosophes, très actives sur des plate-formes comme Twitter et Medium, où TRADFEM puise des textes éclairants.

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