Par Barbara Kay
16 décembre 2021
La chanteuse Billie Eilish a déclaré que visionner du porno a « déformé » ses idées sur le sexe et les relations.
Billie Eilish a commencé à regarder du porno à 11 ans : » Cela a vraiment détruit mon cerveau « .

Lundi, la sensationnelle chanteuse Billie Eilish a dit à l’animateur télé Howard Stern qu’elle avait commencé à regarder des films pornos à la télévision alors qu’elle était encore à l’école primaire.
« J’avais l’habitude de regarder beaucoup de porno, pour être honnête. J’ai commencé à regarder quand j’avais environ 11 ans ». Eilish pense que son habitude – elle a commencé par du porno d’entrée de gamme, « normal », et s’est enfoncée dans des formes plus extrêmes – a vraiment déformé son esprit. « J’en suis arrivée à un point où je ne pouvais plus rien regarder d’autre à moins que ce ne soit violent », a-t-elle admis. En conséquence, ses idées sur le sexe et les relations sont devenues « déformées ».
Les propos d’Eilish peuvent être choquants pour de nombreux Étatsuniens. Mais ce qu’elle a décrit n’est pas extraordinaire, ni le résultat d’une mauvaise éducation parentale, ni quelque chose que leurs propres enfants ne rêveraient jamais de faire. L’exposition habituelle au porno entraînant une dépendance est une pandémie chez les jeunes. Grâce au réseau montréalais Pornhub, c’est anonyme, gratuit et facilement accessible.
Quant à l’extraordinaire portée du porno : Environ un tiers de tous les téléchargements sur le Web aux États-Unis sont liés au porno. Les sites pornographiques reçoivent chaque mois plus de visiteurs que Netflix, Amazon et Twitter réunis. Pornhub, qui se décrit comme « le premier site pornographique gratuit au monde », a reçu 42 milliards de visites en 2019.
L’expérience d’Eilish avec le porno n’est pas exceptionnelle.
Il est déjà assez grave que les enfants regardent du porno. C’est l’élément de sadisme qui fait le plus de mal aux jeunes filles. Des études montrent que 48 % des jeunes de 11 à 16 ans ont vu du porno en ligne (davantage de garçons que de filles), et beaucoup d’entre eux commencent à croire que les pratiques sadomasochistes qu’ils voient – notamment l’étranglement des femmes par les hommes – sont des normes sexuelles.
La professeure Gail Dines, autrice de Pornland : Comment le porno a envahi nos vies (Éditions LIBRE, 2021), a passé 30 ans à étudier le sujet. Elle déclare : « Toutes ces pratiques semblent extrêmes, mais c’est ce que voit un garçon de 11 ans lorsqu’il tape pour la première fois « porno » dans Google. Nous savons que la strangulation fait partie des actes les plus populaires vus dans le porno »
Les jeunes hommes considèrent que c’est normal ; les jeunes femmes se sentent obligées de suivre le mouvement. Comme l’a dit Eilish à Stern : « Les premières fois que j’ai eu des rapports sexuels, je ne disais pas non à des choses qui n’étaient pas bonnes. C’était parce que je pensais que c’était ce par quoi j’étais censée être attirée. »
Debby Herbenick, professeur à l’université d’Indiana, spécialisée dans la sexualité, est par exemple l’autrice principale d’une enquête de probabilité menée en juillet 2021 auprès d’étudiant-e-s de premier cycle, intitulée « Prévalence et caractéristiques de l’étouffement/la strangulation pendant les rapports sexuels. » L’étude indique que « 26,5 % des femmes, [et] 6,6 % des hommes […] ont déclaré avoir été étouffés au cours de leur activité sexuelle la plus récente. »
Ce n’est pas un problème uniquement américain. Une étude menée en 2015 auprès de jeunes filles par les universités de Bristol et de Central Lancashire, avec des participantes d’Angleterre mais aussi de Norvège, d’Italie, de Bulgarie et de Chypre, l’une des plus importantes jamais entreprises en Europe, a révélé que quatre adolescentes sur dix ont subi des contraintes sexuelles, y compris des viols. Environ une sur cinq (22 %) a également déclaré avoir subi des violences physiques ou des intimidations de la part d’un partenaire, notamment des gifles, des coups de poing, des étranglements et des coups avec un objet.
Comment en est-on arrivé à cette banalisation de la violence sexuelle ? Eh bien, comme Ernest Hemingway a répondu à un journaliste qui lui demandait comment il avait fait faillite, cela s’est produit « progressivement puis soudainement ». Avant la révolution sexuelle des années 1960, lorsqu’il existait une ligne de démarcation nette entre ce que les « gentilles » filles faisaient et ne faisaient pas pour plaire aux hommes, le porno était considéré comme « sale ». Il était caché. Les filles « bien » ne le voyaient jamais.
Puis sont arrivés le contrôle des naissances fiable et le féminisme, une influence libératrice dans les domaines où la libération était nécessaire – éducation, opportunités de carrière, sport – mais aussi dans les domaines où elle ne l’était pas.
Le féminisme a dit aux femmes que la pudeur sexuelle était une « construction sociale ». Bien que les femmes soient biologiquement différentes des hommes, elles sont identiques à tous égards, y compris en ce qui concerne leur sexualité. Les hommes ne se sentent pas coupables d’une sexualité déconnectée de l’affection et de l’engagement ; les femmes ne devraient pas non plus se sentir coupables.
Une théorie intéressante. Le problème est que, comme l’a dit Albert Einstein, « En théorie, la théorie et la pratique sont identiques. En pratique, elles ne le sont pas. » Les hommes étaient ravis de la drague. Il s’est avéré que les femmes ne l’étaient pas autant.
Dans son livre Unprotected (2007), la psychiatre Miriam Grossman raconte comment elle a été conseillère dans une université, avec son cortège d’étudiantes tristes, rendues malheureuses par le sexe sans amour et sans engagement qu’on les encourageait à considérer comme une source de pouvoir.
Aujourd’hui, le porno soft est complètement intégré dans notre culture. Le porno hard a dû devenir plus sombre pour éveiller les appétits blasés. Et il est imprégné de haine envers les femmes. Dans un podcast du début de l’année, Lana Rhoades (photo), une ancienne star du porno populaire qui regrette sa carrière, a décrit un incident qui révèle la profondeur inquiétante de cette haine : « En gros, ce type avait un bol et il m’a bâillonnée jusqu’à ce que je vomisse dedans… Je ne savais pas comment dire non. »
« Je ne savais pas comment dire non. » Il y a tout un monde d’histoire sociale dans ces six mots. Avant la révolution sexuelle, les filles savaient dire non, le faisaient et étaient respectées pour avoir dit non. Une fois que dire oui à ce qu’elles aimaient est devenu la norme, elles étaient sur une pente glissante. Si elles disaient oui à ceci, qu’elles aimaient, pourquoi pas à cela, qu’elles n’aimaient pas mais que certains hommes aimaient ? Il est facile de voir rétrospectivement comment « progressivement » est devenu « soudainement ».
Félicitations à Eilish pour avoir si courageusement souligné à quel point la pornographie omniprésente sur Internet est dommageable pour nos jeunes. Il est temps d’entamer une discussion nationale sur la façon dont nous pouvons retrouver au moins une partie de notre innocence.
Barbara Kay est chroniqueuse pour le National Post au Canada et co-autrice avec Linda Blade-Spenst de ANTISPORTIF (Amazon, 2021), une analyse de la colonisation du sport féminin professionnel.
Traduit par TRADFEM
Version originale: https://nypost.com/2021/12/16/billie-eilish-is-right-about-how-porn-warps-kids/
La question est dramatique.
On laisse de fait l’éducation sexuelle des enfants/ados aux mains des hommes violents, misogynes et racistes (les pornographes).
C’est la conséquence de l’absence d’éducation sexuelle, du refus des religieux de considérer que c’est un sujet essentiel pour l’humain, pour les ados.
N’ayant pas d’informations suffisantes de la part de personnes à peu près équilibrées, les plus jeunes vont forcément chercher les renseignements qui leur manquent, ce qui est naturel, et sain. Mais les seuls qui sont facilement à leur disposition sont
1° les films romantiques à l’eau de rose qui font de la pénétration la seule pratique possible (et orgasmique en 30 secondes)
2° ou les porno, qui dressent les jeunes gens à être excités (en leur présentant des images sexuelles) par la violence, le sadisme, le racisme, la domination de classe. Qui entraînent les filles à penser que subir des violence est un outil de leur plaisir sexuel. Et plus grave encore, qui entraînent les garçons à penser que leur plaisir sexuel passe par la destruction physique et/ou morale des femmes.
Si on enlève l’éjaculation dans ces vidéos (le moment où le plaisir est « visible »), on obtient une vidéo qui ne fait que représenter des actes de torture pure et simple.
Les pornographes associent les inégalités sociales à des images sexuelles. Résultat, le cerveau s’habitue à être excité sexuellement par les inégalités. Elles en sortent renforcées.
Il faut offrir de vraies sources d’information aux jeunes gens, et interdire les représentations d’acte de torture, avec sperme ou sans sperme.
Pour ce qui est de la liberté sexuelle des femmes, on peut citer Lacordaire, qui parlait en général, mais dont la pensée peut s’appliquer au cas particulier des mœurs sexuelles, et qui disait que « Dans la société inégalitaire, c’est la liberté qui opprime et la loi qui protège ».
On est dans une société inégalitaire pour les femmes. La liberté sexuelle opprime donc les femmes.
Et non, ça n’est pas la liberté le problème. C’est l’inégalité, le problème. Il faut garder la liberté, mais sans l’inégalité qui la pervertit, et la transforme en outil de sujétion supplémentaire pour les femmes.
J’aimeJ’aime
The effect of porn as the only hetsex exposition of sexual intercourse for teens is the result of the LGBTQ taking over school changing sex education to same sex gender choice
J’aimeJ’aime
Provided I understand your message (I am not bilingual in English), porn is the result of patriarchy. Nothing to do with the lgb movement, which historically seeks to fight against patriarchy (the « t » and the « q » is another question). No need to make excuses for the dominant, especially if it is to put the responsibility on the dominated. Let’s not mix things up, let’s not be fooled.
J’aimeJ’aime
C’est juste évident que quelqu’un qui veut te baffer et t’étrangler pour jouir n’a rien à faire dans ta vie et encore moins dans ton lit.
On dénature les instincts les plus sains des femmes et je ne parle pas d’instinct sexuel, juste celui de préservation.
La soi-disant libération sexuelle nous a fait passer de la honte de dire oui à la honte de dire non.
Qu’on dise oui ou non, il n’y a pas de honte à avoir et ce n’est pas la honte qui doit décider de notre choix.
J’aimeJ’aime
Personally, I don’t think it is « mixing things up » to point out the role of libertarian ideology (including trans activism) in the normalization of hard-core pornography, sadism and prostitution.
J’aimeAimé par 1 personne
Transidentitaires (not trans people, it’s different) definitely support the patriarchy.
But the Lgb movement is not historically and entirely linked to the new trans ideology.
To link the two is to make a dangerous shift. It’s condemning L, G, and B for attacks on women that they are not responsible for. LGB is not the T, and lgb is a part of feminism.
lgb is inherent in feminism because hatred of L’s is inherent to patriarchy, so is hatred of G’s.
Dworkin explains it well.
There is a shift in the message of Miacampioni.
It is the system that is the problem, not a protest movement within the system.
It is not LGB people who make porn films, it is men.
The lgb movement has been hijacked in part by the entryism of misogynist men, but not all lgb people share this drift.
J’aimeJ’aime
« To link the two is to make a dangerous shift. »
That link is the work of the lobbyists and ideologues who constantly speak of « the LBGT Movement » – a fiction, designed to appropriate a honourable history,
J’aimeAimé par 1 personne
Certainly. This does not mean that the lgb should be held responsible for this link. A link often established against their political will.
Or one accepts to say that feminism supports transactivism, and that it is responsible for the serious drifts of this sectarian movement.
J’aimeJ’aime