Qu’est-ce qui excite les femmes ? Eh bien, vous ne l’apprendrez pas sur une chaîne de porno.
par Emma Lindsay

Je déteste le porno.
Je ne le déteste pas parce qu’il est immoral, ou parce qu’il explore souvent des goûts « inhabituels », ou parce qu’il a mis à jour un côté bestial des humains dont nous prétendions qu’il n’existait pas. Je déteste le porno parce que baiser des hommes qui ont regardé beaucoup de porno est vraiment ce qu’il y a de pire. Le pire absolu. Pour le bien de tes futures partenaires, vas-y mollo avec le porno. Beaucoup de jeunes hommes regarderont du porno plus souvent qu’ils ne feront l’amour avec d’autres êtres humains. Leurs croyances sur le sexe vont venir du porno et non d’interactions avec de vraies personnes.
Et les vrais humains avec qui ces hommes finiront par avoir des rapports sexuels en souffriront.
La plupart des films pornos consistent en images de femmes qui font semblant d’aimer des actes sexuels qui leur sont désagréables. Les choses n’ont pas à être comme cela, mais elles le sont. Les hommes qui regardent ce type de porno se voient essentiellement enseigner des pratiques sexuelles qui ne fonctionneront pas dans la vraie vie. Pourquoi cela est-il important ? Eh bien, si tu es un puceau de 18 ans, les seuls comportements que tu vas apprendre sont des comportements qui laisseront tes partenaires frustrées.
Mais ce qui est encore plus important, c’est que les hommes s’habituent à regarder des femmes qui font semblant d’être excitées. Être bon au lit, fondamentalement, c’est être capable de lire les émotions de quelqu’un d’autre, et les hommes apprennent à ce sujet de faux indices. Les êtres humains sont très habiles à lire les émotions des autres humains. Nous pouvons déterminer quand quelqu’un fait semblant de sourire, car il existe certains muscles involontaires qui ne peuvent être activés que lorsque quelqu’un sourit sincèrement. De même, nous pouvons déterminer quand quelqu’un est triste ou a de la peine. Les actrices porno ne sont généralement pas réellement excitées. En fait, elles sont souvent en train de souffrir. L’actrice de porno Shelly Lubben (ex actrice porno) a décrit ainsi le tournage d’un film porno :
« Pour ajouter à ce processus abrutissant, les femmes ne sont jamais en mesure d’éprouver du plaisir sexuel à cause des interruptions continuelles qui ont lieu pendant les scènes de sexe. En arrière-plan, le réalisateur crie constamment « Coupez », et le déroulement de l’action est interrompu afin d’obtenir une meilleure prise de vue, de régler l’éclairage ou d’essuyer des fluides corporels. À plusieurs reprises, les pornographes arrêtent les scènes et demandent aux acteurs de « geler » en position pendant des actes sexuels très hard, ce qui cause une grande douleur physique et émotionnelle aux actrices porno.
« Je parle d’expérience personnelle quand je dis qu’il est extrêmement douloureux et dégradant d’être au milieu d’un acte sexuel hard avec plusieurs acteurs en même temps et de se faire dire de « rester figée » en position pendant plusieurs minutes pendant que l’éclairage ou les caméras sont réglés. C’est aussi très humiliant lorsque les scènes sont arrêtées pour essuyer des fluides corporels comme du sperme, des excréments et du sang. »
Les hommes deviennent donc conditionnés à regarder des femmes souffrir en prétendant qu’elles aiment un rapport sexuel. Quelle est la qualité d’une actrice porno moyenne ? Est-elle suffisamment habile pour dissimuler tous les indices subtils qui montrent qu’elle a mal ? Suffisamment habile pour être capable de simuler un véritable plaisir sexuel ? Je ne pense pas que ce soit courant.
Cela signifie que le jeune homme moyen part de moins que zéro lorsqu’il s’agit de sexe avec des femmes. S’il fait l’amour avec une femme et qu’elle donne des signes qu’elle a mal (par son expression faciale ou les sons qu’elle émet), il va penser que c’est comme ça que le sexe devrait être parce que c’est ce qu’il a appris dans le porno. Et si elle est réellement excitée, il ne saura pas comment identifier cette émotion, car il aura regardé tellement de femmes faisant semblant d’être excitées que sa capacité à identifier du plaisir authentique a été brouillée. Et nous parlons ici du meilleur des cas, c’est-à-dire du porno où les femmes font au moins semblant de passer un bon moment.
Les productions pornos plus sadiques apprendront aux jeunes hommes à tirer du plaisir en faisant souffrir les femmes – et je ne parle pas de BDSM. Je parle du porno traditionnel où les hommes baisent les femmes d’une manière qui leur fait mal. Jenna Jameson décrit dans son autobiographie l’une de ses scènes pornographiques les plus « épiques » avec l’acteur TT Boy :
« Il a précipité les préliminaires – quelques baisers, un peu de sexe oral – puis l’enfer s’est déchaîné. Il m’a baisée si vite et si fort qu’il m’a fallu chaque once de contrôle dont je disposais pour demeurer présente et concentrée… Je pouvais sentir mes cuisses être meurtries par les siennes. Puis soudain, tout s’est arrêté. Il s’est retiré et a éjaculé directement dans ma bouche. Je ne m’attendais pas à ce qu’il éclate aussi vite.
« C’est tout ? » ai-je demandé.
« Non », a-t-il répondu. Il a attrapé mes hanches et m’a aidée à passer par-dessus ses genoux et a commencé à m’enfoncer sur sa bite. J’étais en bonne forme cardio-vasculaire, mais il a bougé avec une telle force et une telle vitesse que j’en étais essoufflée. J’avais l’impression que mes entrailles allaient tomber. Puis, il a enfin éclaté, une deuxième fois.
« Est-ce tout ? » ai-je demandé.
« Non », a-t-il grogné.
Et il m’a pénétrée de nouveau. Ce type était une machine. Il n’y avait jamais d’accalmie. Sa concentration n’a jamais faibli. Son intensité n’a jamais faibli. Il me jetait dans une position après l’autre, et jouissait dans chacune d’elles. J’étais en état de choc. Je n’avais jamais été baisée comme ça de toute ma vie.
Je n’en pouvais plus d’attendre qu’il termine. Je commençais à avoir mal. Finalement, après quatre coups tirés, il a dit : « Attends. Je dois aller manger un peu. »
« A-t-on terminé ? », ai-je osé demander.
« Absolument pas du tout », a-t-il répondu.
Je ne pensais pas pouvoir en supporter davantage, mais je n’ai rien dit. J’étais curieuse de voir ce qu’il préparait maintenant. Il est sorti du plateau, a dévoré trois boîtes de thon et est revenu avec une trique dressée qui continuait à pulser. En dedans de quelques minutes, il me pilonnait encore et encore, dans toutes les positions que j’avais jamais imaginées et d’autres encore, jusqu’à ce que finalement, avec un dernier coup épique, il ait terminé. Temps écoulé : 156 minutes.
Je me suis littéralement éloignée du plateau en boitant, léchant mes blessures… »
How to Make Love Like a Porn Star: A Cautionary Tale (Comment faire l’amour comme une pornstar – Précaution d’usage) par Jenna Jameson
De toute évidence, le « plaisir » de TT Boy était le centre d’attraction de la scène. Il avait joui – combien de fois? Cinq? Et elle était censée rester allongée et supporter la douleur. Et c’était du porno normal, standard, le type de porno que les jeunes hommes consommeront en grande quantité. C’est le type de porno face auquel des gens vont grandir en modelant leur vie personnelle sur ces scènes.
Pourquoi une femme voudrait-elle qu’on lui fasse ça ? Même Jenna Jameson, qui romantise beaucoup le porno auquel elle a participé, admet : « Je n’en pouvais plus d’attendre qu’il finisse. Je commençais à avoir mal. »
J’hésite presque à poster cette citation, car je suis sûre qu’un tas de gens vont la lire et se dire « ça a l’air vraiment chaud ». Bien sûr – Jameson est une star du porno, et comme elle voulait se présenter comme sexy dans son autobiographie, elle va écrire des choses d’une manière qu’elle sait excitante pour les gens. Mais, d’une certaine façon, cela valide mon argument. L’image d’une femme qui souffre beaucoup est une image sexy pour beaucoup de gens. Et, OK, certaines femmes aiment le sexe douloureux et elles peuvent avoir du sexe douloureux. Mais, je suis presque certaine que la plupart des femmes n’aiment pas avoir des rapports sexuels douloureux. Ou alors, elles en romantisent l’idée, mais lorsque leur vagin est réellement mis à vif, elles se rendent compte qu’elles sont malheureuses.
Nous idéalisons les femmes qui souffrent comme l’incarnation du sexe hard, puis nous nous demandons pourquoi près de la moitié des femmes souffrent de dysfonctionnement sexuel. Nous créons du porno qui s’adresse au plaisir masculin tout en érotisant la souffrance féminine, puis nous philosophons sur la faible libido féminine. Les hommes ont appris à être excités par la souffrance féminine, et les femmes s’attendent à être excitées par leur propre souffrance. Mais la souffrance, ça craint, et beaucoup de femmes finissent par décider qu’elles préfèrent ne pas avoir de relations sexuelles plutôt que de souffrir quand elles en ont.
Ensuite, lorsque leurs relations souffrent d’anorexie sexuelle, les conseils offerts aux femmes pour leur libido affaiblie portent généralement sur des façons de plaire aux hommes. Joan Sewell, dans son livre I’d Rater Eat Chocolate, décrit un livre de l’experte en relations humaines Myreah Moore intitulé Date Like a Man :
On trouve dans ce livre une section avec le titre en gras « Comment faire l’amour comme un homme ». Mais très curieusement, la majorité du chapitre traite de ce que les hommes veulent sexuellement, et non les femmes. Voici quelques-unes de ses rubriques :
Les hommes aiment les pipes
Apprends à connaître M. Joyeux
Embrasse-le, lèche-le, presse-le, taquine-le
Gorge profonde
Les hommes aiment les femmes qui avalent
Les hommes aiment le porno
Les hommes aiment les sous-vêtements érotiques
Les hommes aiment parler cochon
Les hommes aiment les femmes qui font du bruit
Les hommes aiment les femmes qui sont flexibles
Les hommes aiment les lesbiennes
I’d Rather Eat Chocolate: Learning to Love My Low Libido (Je préfère bouffer du chocolat : Apprendre à aimer ma faible libido) par Joan Sewell
Quand je pense à vouloir faire l’amour comme un homme, je pense à vouloir apprécier le sexe avec abandon et insouciance, comme les hommes en profitent. Consacrer toute mon énergie à faire plaisir à un partenaire masculin au détriment de mon propre plaisir n’est pas faire l’amour comme un homme. C’est avoir du sexe que les hommes aiment.
Nous pensons à tous ces remèdes contre la faible libido féminine – patchs de testostérone, sous-vêtements sexy, demander aux maris d’aider à faire le ménage (?) – mais aucun de ces remèdes ne consiste à faire plus de choses qui excitent les femmes. Aucune d’entre elles ne consiste à explorer le type d’érotisme que les femmes aiment. Aucune ne se penche jamais sur la racine du désir féminin, et sur la raison pour laquelle tant d’entre nous en sont coupées. Comme le dit Vera Maass dans Facing The Complexities of Women’s Sexual Desire :
« Les livres qui, tout en affirmant l’importance du sexe pour les femmes et en promettant de les guider pour qu’elles puissent s’épanouir sexuellement, n’ont consacré qu’environ 6% de leurs pages à la discussion de leur désir. »
Facing the Complexities of Women’s Sexual Desire (Faire face aux complexités du désir sexuel des femmes) par Vera Maass
Tous les conseils sur le sexe tendent généralement à revenir à la même chose : comment les femmes peuvent-elles être plus à l’aise pour faire ce que les hommes aiment ? Même les comptes rendus des femmes sur leur propre plaisir sont devenus suspects, car quelque part, les femmes ont compris que les hommes aiment qu’elles fassent semblant d’être excitées. Donc, maintenant tu as toutes ces femmes qui prétendent aimer le sexe, et aimer se faire baiser de 5 façons différentes, mais trois ans après leur mariage, elles sont genre « ne me touche pas ».
Les hommes sont confus, pensant des choses comme « Mon Dieu, elle prétendait aimer le sexe, puis une fois que j’ai épousé son cul, elle est devenue célibataire ! Elle m’a fait marcher ! », mais n’importe quel homme un tant soit peu attentif ne serait pas du tout confus. Si une femme est constamment facile à satisfaire, si elle ne requiert aucun effort, si elle veut toujours faire ce que tu veux faire, si elle ne fait jamais de demandes ou ne s’ouvre pas sur ses propres fantasmes, elle fait semblant. Il semble que 80% des femmes simulent des orgasmes la moitié du temps pendant les rapports sexuels. La moitié du temps. 80% ! Et bien sûr, les hommes ne peuvent pas s’en rendre compte, car la plupart des rapports sexuels auxquels ils ont été exposés tiennent aux gémissements simulés des actrices de porno.
Des chercheurs ont découvert que les femmes sont souvent les plus silencieuses lorsqu’elles éprouvent réellement du plaisir, comme en recevant du sexe oral ou au cours de jeux préliminaires. Par contre, elles émettent le plus de sons érotiques lorsque le sexe commence à les mettre mal à l’aise ou lorsqu’elles s’ennuient.
Elles deviennent aussi bruyantes lorsqu’elles sentent que leur partenaire est prêt à jouir, pour renforcer l’estime de soi de celui-ci, ont rapporté de nombreuses femmes.
Je ne simule jamais mes orgasmes, et faire l’amour avec des hommes qui sont conditionnés par le porno et les faux orgasmes, ça craint. Je suis la perpétuelle porteuse de mauvaises nouvelles. Non, je ne suis pas encore prête à jouir. Désolée, j’ai besoin de plus d’attention. Plus de temps. Plus de préliminaires.
Je suis désolée, mais tout ce que tu as appris sur le sexe est faux.
La culture du porno a déformé le plaisir féminin pour en faire une chose de plus que les femmes font au bénéfice des hommes. C’est pourquoi je me suis lassée du féminisme dit pro-sexe. Le sexe peut être amusant, et le plaisir peut être bon pour toi, mais d’après mon expérience, très peu de femmes sont réellement assez aventureuses pour sortir à la recherche égoïste de leur propre plaisir. Beaucoup de femmes aiment paraître sexuellement progressistes parce que c’est un moyen d’attirer les hommes, mais la meilleure stratégie pour attirer les hommes est de prétendre que tout ce qui les excite t’excite aussi. Le féminisme pro-sexe, bien que bon en théorie, devient souvent un autre moyen de justifier la satisfaction du plaisir masculin.
Je pense que la plupart des femmes s’enferment dans une ornière à propos du plaisir masculin parce qu’il est plus sûr de satisfaire le plaisir de quelqu’un d’autre que de parler ouvertement du sien. Si tu ne reçois pas réellement de plaisir dans le sexe, c’est toi qui es au pouvoir ; ton partenaire aura toujours plus envie de toi que toi de lui. Cela te donne un certain degré de contrôle. Et, universellement, si les femmes ne sont peut-être pas celles qui apprécient le sexe, elles semblent être celles qui le contrôlent. Garder un contrôle étroit sur le sexe était probablement la façon dont les femmes négociaient les choses dont elles avaient besoin lorsqu’elles dépendaient de partenaires masculins pour leur survie. Mais un tel contrôle sexuel avait un coût ; le coût de notre plaisir.
De toute façon, nous agissons maintenant comme si c’était l’état normal des choses ; les femmes ont une libido plus faible que les hommes à cause de la testostérone !… Mais, franchement, je suis surprise que les femmes aient une libido aussi élevée que la nôtre étant donné le peu de place que notre culture consacre au désir féminin. On nous sert des phrases comme « le physique n’a pas d’importance pour les femmes », auxquelles je répondrais HA HA HA HA HA. Oui, le physique n’a pas d’importance si les femmes ne s’attendent pas à tirer de plaisir sexuel de la relation. Ce qui est le cas de beaucoup d’entre elles. Mais si tu veux attirer les femmes par autre chose que ton portefeuille, fais des efforts pour améliorer ton apparence physique. L’hétéro moyen met la barre si bas sur ce point, franchement, que tu n’as probablement pas besoin d’en faire trop pour être plutôt beau. Et, même si tu ne finis pas par paraître beau, avoir l’air de t’intéresser à cet enjeu est probablement suffisant. Cela indique que tu accordes de l’importance à l’attirance physique d’une femme à ton égard.
Alors, que devons-nous faire à ce sujet ? Je n’en sais foutre rien. Sérieusement, cette situation est tellement tordue que la meilleure chose que j’aie pu penser à faire était de ne pas avoir de relations sexuelles avec des hommes pendant 5 ans. Mais, je suppose que pour commencer, il faut réaliser que lorsqu’il s’agit de ce que les femmes aiment dans le sexe, nous perpétuons beaucoup plus de mensonges que de vérités. Essaie de réapprendre ce que les femmes aiment, ou ce que tu aimes, auprès de vraies femmes ou d’expériences vécues. Ignore les médias, ignore le porno. Ignore quiconque essaie de te vendre quelque chose. Passe plus de temps à découvrir la vraie vie.
Version originale : https://emmalindsay.medium.com/porn-makes-men-terrible-in-bed-6e4df5f73200
N’hésite pas à me suivre sur twitter : https://twitter.com/SassyDotLove.
Ou sur facebook ici : https://www.facebook.com/protectingthecrushed/ si c’est plus ton truc.
Plus d’infos sur Emma Lindsay : https://www.facebook.com/protectingthecrushed/