A-t-on raison de parler de « transphobie »?

Qualifier de «transphobe» quiconque prend acte de la réalité matérielle n’aide personne, écrit MEGHAN MURPHY, sur Feminist Current, le 17 février 2019

« Nous sommes assez consternés d’apprendre que Martina Navratilova est transphobe », a déclaré par tweet le groupuscule @TransActualUk. Il l’a fait en réponse à un tweet de la légendaire joueuse de tennis qui avait déclaré qu’autoriser les sportifs qui s’identifiaient comme « transfemmes » à concourir contre des sportives serait « de la triche ».

Dans le Sunday Times du 17 février 2019, Navratilova relate les propos intimidants qui lui ont été adressés après qu’elle ait écrit sur Twitter:
« Vous ne pouvez pas simplement vous proclamer femme et être autorisés à concourir contre des femmes. Il doit y avoir certaines règles, et avoir un pénis et concourir en tant que femme n’y correspondrait pas. »

Son principal harceleur était Rachel McKinnon, un cycliste trans qui a remporté le championnat du monde Masters Track à Los Angeles en octobre dernier dans la catégorie des femmes de 35 à 44 ans. Navratilova a fait remarquer que, « mesurant 1,80 m et pesant plus de 90 kg, Mackinnon semblait avoir un avantage substantiel sur ses rivales au niveau de la masse musculaire ».

Pour la plupart des gens, les différences entre les corps masculins et féminins sont assez évidentes. Il existe bel et bien une raison pour laquelle les femmes et les hommes concourent dans des catégories sportives distinctes. Pourtant, une minuscule minorité d’activistes a réussi à forcer les instances décisionnelles à se plier à la délirante l’idéologie de l’identité de genre, selon laquelle quiconque peut changer de sexe par simple autodéclaration.

« En réponse à mon tweet, McKinnon m’a accusée d’être « transphobe », explique Navratilova, et a exigé que je supprime mon tweet et m’excuse. » En d’autres termes, constater des faits basiques est maintenant « transphobe », et celles qui ne cèdent pas aux actes de harcèlement sont elles-mêmes traitées de « harceleuses ». Le haut devient le bas, le noir est blanc, les hommes sont des femmes et les personnes saines d’esprit sont « phobiques ». Bienvenue dans l’avenir.

Comme il est devenu d’usage en ligne lorsqu’un individu ose défier le non-sens postmoderne qui de nos jours passe pour de la politique, Navratilova a reçu l’ordre d’aller « s’instruire » (ce qui n’avait rien à voir avec un processus d’éducation, mais signifiait simplement une injonction à rentrer dans le rang).

Bien que Navratilova comprenne certainement ce qu’est un corps de femme et qu’elle soit assurément une experte au sujet des femmes et du sport, elle s’est engagée à « garder le silence sur le sujet jusqu’à ce que [elle] l’ait bien étudié ».

Et c’est ce qu’elle a fait, en concluant finalement que « si quelque chose avait changé, c’est que mon point de vue s’est encore renforcé ». Navratilova a déterminé que le fait qu’un homme se déclare femme, « prenne des hormones si c’est exigé par l’organisation sportive concernée, rafle toutes les victoires et gagne peut-être une petite fortune, pour ensuite inverser sa décision et retourner engendrer des bébés s’il le souhaite » est « dément et c’est de la triche ».

Navratilova propose généreusement de « s’adresser à une femme transgenre au moyen du pronom qu’elle préfère », mais dit qu’elle « n’aimerait pas concourir contre elle », parce que « cela ne serait pas juste ». Malgré cet effort, on continue la traiter de « transphobe ».

Et voilà ce qu’a de grotesque la fonction actuelle de l’accusation de « transphobie ». Les transactivistes n’utilisent pas ce terme pour désigner une « peur ou une haine irrationnelle » des personnes s’identifiant comme trans. Ils et elles s’en servent pour diffamer toute personne qui ne se plie pas à leur discours préféré sans la moindre question, ce qui correspond grosso modo à toute personne qui tient compte du réel.

Ainsi, les hommes hétérosexuels qui ne sont pas attirés par les hommes et les lesbiennes qui ne veulent pas fréquenter d’hommes ou coucher avec eux, quelle que soit l’« identité » qu’ils affichent, sont décriés comme ayant une sorte de « phobie » irrationnelle et intolérante, au lieu d’avoir simplement leur propre orientation sexuelle. Et ce discours qui prétend que « les hommes sont littéralement des femmes dès l’instant où ils se disent femmes » me semble également faire du tort aux personnes s’identifiant comme trans. Il leur vend un avenir lourd de déceptions.

Sur le site web Broadly, un homme qui se dit transgenre, Sessi Kuwabara Blanchard, part en quête des raisons pour lesquelles les hommes qui l’intéressent n’ont pas envie de coucher avec lui. Il explique que ses amis l’ont prévenu de ne pas écrire cet article, lui disant que « les gars qui lui plaisent ne veulent pas le baiser car ils sont hétéro. Tu comprends : ils préfèrent les femmes. »

Blanchard qualifie ce comportement de « transphobe » et se demande « pourquoi la plupart des gens cis, queer ou hétéros, ne veulent pas sortir avec des trans », comme si c’était « l’identité transgenre » qui était le problème et non le fait du sexe biologique que les gens perçoivent, souvent inconsciemment, que cela leur – ou vous – plaise ou non. Blanchard voudrait que les hommes qui ne sortent qu’avec des femmes aient aussi envie de le « baiser » lui, et se sent blessé et rejeté lorsqu’un homme qui l’attire lui explique un peu vaguement, mais suffisamment clairement, puisque l’on sait tous ce que veulent dire des phrases comme :

« Je ne comprends pas bien comment fonctionne mon attirance… mais j’imagine qu’il y a en général certaines caractéristiques qui m’attirent… et que tu ne possèdes pas toutes. »

Un autre ami de Blanchard se fait moins précis, sans doute pour éviter de le blesser. « Alex » explique : « Je ne saurais pas te dire… Je pourrais te dire des choses qui me viennent en tête… mais cela ne serait pas nécessairement la raison pour laquelle je ne veux pas sortir avec toi. »

Bien qu’il ait précédemment décrit comme « transphobe » la tendance des gens à choisir leurs partenaires en fonction de leur orientation sexuelle, et non pas de mèmes sur Instagram, Blanchard semble comprendre que le désir ne se plie pas à la rectitude politique ; il explique que « l’idée selon laquelle un non-désir des transfemmes serait transphobe confond le désir avec la rationalité ». Cela dit, il continue de se questionner sur la raison pour laquelle les hommes hétéros ne le désirent pas. Ce qui est vraiment triste, parce que je ne peux qu’imaginer la quantité de personnes qui, après avoir « changé de sexe » aux termes de cette nouvelle mode, parce qu’on leur a promis qu’elles seraient alors acceptées comme étant du sexe correspondant à leur nature profonde, seront déçues et blessées en découvrant que la réalité du sexe biologique persiste, peu importe le nombre de fois que l’on répète (ou que l’on martèle, de façon robotique) que « les transfemmes sont des femmes ».

Il s’agit, de bien des manières, d’un mensonge cruel. Un mensonge que les transactivistes tentent de résoudre en tyrannisant vicieusement, pour les réduire au silence, celles et ceux qui remettent en question la validité et les buts du discours transactiviste.

Heureusement, Navratilova comprend cette dynamique. Elle écrit : « Je regrette aussi ce qui semble être une tendance croissante parmi les transactivistes, celle qui consiste à dénoncer tous ceux qui répondent à leurs arguments en les qualifiant de « transphobes ». C’est simplement une autre forme de tyrannie. Je suis relativement résistante, et j’ai donc pu me défendre dans mon échange sur Twitter avec McKinnon, mais je m’inquiète pour celles qui risquent d’être intimidées et bâillonnées. »

Les transactivistes et leurs puissants alliés parviendront-ils à nous réduire toutes au silence ? Cela reste à voir. Il nous incombe de continuer à dire la vérité, coûte que coûte, à l’instar de Navratilova. Les propos mensongers des transactivistes n’aident personne — pas même les personnes trans.

 

meghan-murphy-photo récenteMeghan Murphy

Traduit par TRADFEM

 

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