Ce pour quoi j’ai invité Meghan Murphy en Nouvelle-Zélande – Ani O’Brien

par Ani O’Brien, STUFF, 20 octobre 2019

Ani O’Brien, du groupe de Nouvelle-Zélande Stand Up for Women


OPINION : Dès l’aube de notre conscience collective, nous avons toujours su ce qu’étaient les sexes « féminin » et « masculin » et à quel point nos réalités biologiques façonnent nos expériences de vie.   

Il est ridicule de s’attendre à ce qu’il existe soudainement plus de deux sexes, et à ce que l’on puisse adopter ou abdiquer son sexe par simple autoidentification.

Cet enjeu est au cœur de l’invitation qu’a lancée notre organisation à l’autrice féministe Meghan Murphy qui vient donner une conférence en Nouvelle-Zélande le mois prochain

Groupés derrière un bouclier de progressisme, les champions « branchés » de la politique identitaire se servent de leur bonne conscience pour dicter les places de tout un chacun dans les rapports d’oppression. Ils et elles ont inversé la célèbre hiérarchie des besoins de Maslow : l’ego y règne aujourd’hui en maître, et malheur à vous si vous pensez pouvoir contester ce nouvel ordre mondial.

Comme Meghan Murphy, que j’accompagnerai au micro en Nouvelle-Zélande, j’ai la ferme conviction que le féminisme est un mouvement créé pour les droits et la libération des femmes et des filles. Ce n’est pas une question d’ego ou d’identité ; le féminisme, ce sont les combats que nous avons dû mener du simple fait d’être nées femmes. Il explicite les défis que nous devons encore affronter en tant que sexe, du fait d’être nées femmes.

Meghan Murphy a été chassée du réseau social Twitter parce qu’elle avait osé énoncer ces faits évidents. Elle n’a pas été bannie pour avoir tenu des propos haineux, comme l’ont suggéré plusieurs personnes, mais pour avoir appelé « lui » une personne qui utilisait alors le pronom « Jonathan ». Jonathan a maintenant pris le nom de « Jessica » et a intenté des poursuites contre plusieurs esthéticiennes pour avoir refusé de lui faire une épilation « Brésilienne », c’est-à-dire, en termes clairs, de lui cirer les couilles. Mais ça, c’est une autre histoire.

Si nous invitons Meghan en Nouvelle-Zélande, c’est parce qu’elle est en première ligne du mouvement canadien des femmes et qu’elle constate les répercussions de l’autoidentification sexuelle, une perspective à laquelle les Néo-Zélandaises ont échappé de peu l’an dernier lorsque la ministre Tracey Martin a finalement reporté un projet de loi sur l’enregistrement des naissances, des décès et des mariages.

La controverse entourant Meghan est une expérience que peuvent comprendre des millions de femmes de par le monde. En fait, chacune des conférencières qui s’exprimeront lors des l’événement Feminism 2020 a subi des attaques semblables.

Un autre facteur que nous avons toutes en commun est notre refus de toute discrimination, violence ou préjudice à l’égard des personnes transgenres. Nous ne cessons jamais d’énoncer notre appui pour les personnes qui cherchent à contester les normes de genre. Le genre est une forme d’oppression. Le genre, ce sont les stéréotypes que notre société assigne aux sexes. Nous n’avons que louanges pour les personnes qui refusent de se conformer aux clichés sur la façon dont elles devraient s’habiller et s’exprimer. Mais nous ne croyons simplement pas que le fait d’adopter des stéréotypes imposés à l’autre sexe nous transforme en personnes de ce sexe.

Meghan est une vigoureuse avocate des droits des femmes. Elle a comparu devant le parlement écossais plus tôt cette année et a aidé la classe politique à comprendre que le fait de souligner les impacts négatifs de l’identité de genre pour les femmes n’est aucunement de la haine, mais plutôt de l’analyse féministe.

Ce « féminisme cool » a amené le National Council of Women (Conseil national des Néo-Zélandaises) à tourner le dos à tout son passé et à devenir plus préoccupé par l’identité de genre que par les luttes réelles des femmes de notre pays.

Meghan Murphy, Speak Up For Women, et beaucoup de femmes comme nous de par le monde sont impopulaires parce que nous avons des convictions. Nous continuons à contester la société. Comme les suffragettes qui ont tenu tête à une haine immense de la part des hommes et d’autres femmes dans leur lutte pour remporter le droit de vote, nous allons continuer à combattre pour les droits des femmes, que cela nous rende impopulaires ou non.

 

Ani O’Brien est présidente de l’organisation Speak Up for Women New Zealand, qui accueille l’événement Feminism 2020 à Auckland à la mi-novembre.

Traduction : TRADFEM

Version originale : https://www.stuff.co.nz/opinion/116499216/awhy-i-invited-meghan-murphy-to-speak-in-new-zealand?

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2 réflexions sur “Ce pour quoi j’ai invité Meghan Murphy en Nouvelle-Zélande – Ani O’Brien

  1. Une société où les ex « révolutionnaires » deviennent gauchos islamistes mais n’ont toujours pas remis en question leur statut d’oppresseurs , on peut comprendre qu’ils soient séduits par un monde où les femmes sont les esclaves comme dans tout le moyen-orient et l’Afrique , tous les hommes de droite ou de gauche en rêvent, riches ou pauvres . Lorsqu’il s’agit d’intellectuels , c’est plus préoccupant . La révolution dans un lobby masculiniste ! Une société où des néos féministes bélent avec leurs hommes pour une égalité à la mode : (comme d’épurer leur corps de toutes apparences naturelles) mais n’ont toujours pas remis en question leur statut de femmes soumises et ne comprennent pas que la libération se tient coté cerveau à l’opposé des histoires de strings , où d’ailleurs elles sont le plus souvent les grandes perdantes . , elles veulent les libertés acquises au prix de nos combats ,Tout en projetant une haîne infantile envers celles de la 2eme vague ! et gardent la traditionnelle sacro sainte hètérosexualité , leur vision de l’égalité s’arrêtant à la chambre à coucher . elles pensent maîtriser le fond de commerce masculin hyper sexualisé et connoté porno autoritaire , refusant d’admettre qu’elles en sont les jouets . Enfin une société où les hommes jaloux (!)du peu d’avantage d’être femme dans leur lobby , prennent notre apparence , et le loup ainsi déguisé en agneau sort sa bite au moment opportun . Toute cette triste bouillie n’augure rien de bon surtout pour nous et nous avons raison de craindre le retour des années 30 .

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    • Tout à fait d’accord. Quand des masculinistes/queer/trans se mobilisent pour censurer et intimider des féministes qui souhaitent parler des enjeux actuels pour l’égalité des sexes dans des bibliothèques publiques et universités du monde anglo-saxon (Canada, Grande-Bretagne, Nouvelle-Zélande…), on n’est pas loin des Nazis qui chassaient les enseignants juifs des universités berlinoises, dans un climat de bonne conscience mâtinée de pogrom, au nom des théories paranoïdes imaginées par Julius Streicher…

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