Le monde de l’édition britannique face au rapport de l’enquête Cass

L’autrice travaille dans le monde de l’édition depuis plus de trente ans

JULIE BINDEL, le 12 avril 2024

Julie Bindel est une militante et autrice féministe. Le gouvernement britannique vient de publier le rapport Cass d’une enquête indépendante consacrée aux Service d’aide au développement de l’identité sexuée pour les enfants et les jeunes, qui a été commandée il y a quatre ans. Cette enquête conclut que rien ne prouve que la validation et la médicalisation des enfants malheureux et traumatisés par leur développement corporel leur soient bénéfiques, et que ces politiques risquent même de leur être préjudiciables.

Les conclusions de la pédiatre Hilary Cass seront bien sûr contestées par les idéologues transgenristes, mais comme même leur lobby Stonewall modifie légèrement sa position antérieure, il semble que le gouvernement et les partis d’opposition, en Angleterre du moins, accepteront ces conclusions.

Quelles sont les implications de cette volte-face pour le monde de l’édition ? Dans l’ensemble, les maisons d’édition – et en particulier les cinq leaders de cette industrie – sont demeurées fidèles au mantra selon lequel les transfemmes sont des femmes, les transhommes sont des hommes et les identités non binaires ont un sens. Ou du moins, elles ont fait suffisamment de gestes en ce sens pour apaiser leurs employés transactivistes les plus virulents, même si l’on peut s’interroger sur le rapport entre les convictions et l’opportunisme en cause.

La presse spécialisée s’était aussi largement ralliée à l’orthodoxie dominante. Le monde des livres pour enfants, en particulier, a été complètement capturé par l’idéologie transgenriste, au point que certaines autrices et auteurs ont vu leurs moyens de subsistance détruits tandis que leur réputation était déchiquetée sur les médias sociaux. Rachel Rooney est la victime la plus célèbre de ce type d’intimidation et de dénigrement, son crime étant d’avoir publié un charmant livre d’images en vers pour enfants, intitulé My Body Is Me, où elle les encourageait à aimer leur corps et à s’émerveiller de ses possibilités.

À l’inverse, on a vu de nouveaux livres porter aux nues ce qu’on a appelé les « enfants trans » et encourager des jeunes à croire que des sentiments de traumatisme, d’anxiété, de détresse et de haine de leur corps pouvaient être facilement résolus par un changement de prénom (qualifié de « transition sociale »), des bloqueurs de puberté, des hormones du sexe opposé et même des interventions chirurgicales.

Comme le démontre l’enquête de la Dre Cass, il s’agit d’un mensonge. Plus grave encore, ces livres promeuvent l’idée – auprès des enfants et de leurs parents – que tout ce qui n’est pas l’affirmation immédiate d’une « identité de genre » déclarée conduit à la détresse, à l’automutilation, aux idées suicidaires et à bien pire encore. Cette allégation n’est étayée par aucune preuve et elle est véritablement cruelle.

Les écrits transgenristes ne sont pas seulement dangereux, ils sont également truffés d’inexactitudes concernant la Loi sur l’égalité, les motifs protégés contre la Loi sur les formes de discrimination, la réversibilité alléguée des bloqueurs de puberté, et bien d’autres fictions encore. Mais contrairement à My Body is Me, ces livres font l’objet d’éloges, sont présélectionnés pour des prix et bénéficient d’une promotion intense de la part des éditeurs et des détaillants.

Maintenant que le rapport Cass a discrédité les arguments que ces livres diffusent avec enthousiasme, qu’est-ce que les éditeurs de livres pour enfants se proposent de faire à leur sujet ? Ces textes doivent-ils maintenant être révisés ? Il est difficile de voir comment cela pourrait se faire, étant donné qu’ils s’appuient sur un discours idéologique discrédité mais encore omniprésent. Seront-ils retirés ? Probablement pas, tant qu’ils contribuent largement à la rentabilité des entreprises.

Les personnes responsables d’avoir présenté des mensonges nuisibles à des enfants vulnérables et à des parents anxieux comme autant de solutions faciles à un problème complexe doivent lire immédiatement le rapport de l’enquête Cass et peut-être se demander si elles sont toujours convaincues d’être du bon côté de l’histoire.

Julie BINDEL

Traduction: TRADFEM

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