Dee Graham: Aimer pour survivre

Présentation par (Radfem Résistance 2) de leur traduction d’extraits d’un ouvrage que nous espérons voir traduit et publié en entier. Elles ont aussi publié une « traduction-lecture » plus complète de « Loving to Survive » sur leur site radfemresistance sorore. La collective TRADFEM est désolée de ne pas avoir identifié plus clairement au départ les auteures de cette traduction (que nous avons découverte sur plusieurs sites) et nous les remercions, ainsi que l’autrice Dee Graham, pour leur contribution inestimable à la réflexion sur la violence masculine.

« Le texte qui va suivre n’est pas une traduction littérale du livre « Aimer pour survivre » (« Loving to Survive: Sexual Terror, Men’s Violence, and Women’s Lives ») de Dee L. R. Graham. Notre article est une traduction lecture personnelle, comprenant donc également des réflexions et des commentaires d’une lectrice de ce précieux ouvrage. Texte et images E.E. » – publié en 2020 pour une remise en forme de ce que nous avions publié ici en 2019. » (Radfem résistante 2)

Terreur sexuelle, violence des hommes et vies de femmes

La violence masculine millénaire envers les femmes a des conséquences sociétales majeures sur leurs processus psychiques et leurs comportements. Par exemple, le syndrome de Stockholm sociétal qui se manifeste lorsque les femmes font alliance avec leurs agresseurs sociétaux et qu’elles leur vouent un amour inconditionnel. Et c’est exactement le but recherché par ces violences. En effet, le syndrome de Stockholm sociétal est le résultat de la stratégie des sociétés patriarcales : favoriser les violences masculines sociétales envers les femmes pour les terroriser dans un contexte où elles n’ont aucune échappatoire (huis clos sociétal), afin de les mettre sous l’emprise des hommes (colonisation psychique par les agresseurs sociétaux). Sans cette emprise, les femmes n’accepteraient jamais d’être dominées par les hommes.

L’emprise ou colonisation psychique du syndrome de Stockholm sociétal est la même, mais à un niveau sociétal, que celle que l’on retrouve dans les contextes de violence conjugale. D’ailleurs, aujourd’hui, lorsque l’on parle d’une femme sous emprise d’un homme violent dans le cadre d’un couple, l’on nomme souvent cette emprise : syndrome de Stockholm.

Le syndrome de Stockholm sociétal a été théorisé par Dee L. R. Graham, professeure agrégée de psychologie à l’Université de Cincinnati (USA), dans son livre : Loving to Survive : Sexual Terror, Men’s Violence, and Women’s Lives (Aimer pour survivre : la terreur sexuelle, violence des hommes et vies de femmes).

En tant que femmes, cet ouvrage est d’une importance primordiale parce qu’il nous permet de prendre conscience à quel point les violences masculines sociétales envers nous façonnent nos processus psychiques et nos comportements. Il nous donne également des outils pour nous extraire du statut d’esclave dans lequel la domination masculine nous maintient depuis des millénaires.

Le postulat de Dee L. R. Graham et des co-auteures du livre est que la psychologie actuelle des femmes est une psychologie de femmes dans des conditions de captivité, à savoir dans des conditions de terreur infligée par la violence masculine envers les femmes. Elles postulent que les réponses des femmes aux hommes et à la violence masculine ressemblent aux réponses des otages face aux ravisseurs. De même que les otages qui travaillent à apaiser leurs ravisseurs de peur que ces ravisseurs ne les tuent, les femmes travaillent à satisfaire les hommes. La féminité est un ensemble de comportements qui font plaisir aux hommes (dominants), parce que ces comportements transmettent l’acceptation de la femme de son statut de dominée. Ainsi les comportements féminins sont des stratégies de survie, comme les otages qui se lient à leurs ravisseurs.

La théorie du syndrome de Stockholm sociétal permet d’expliquer beaucoup de comportements apparemment irrationnels des femmes. Par exemple : pourquoi tant de femmes rejettent le féminisme (comment une femme peut-elle ne pas vouloir les mêmes droits que les hommes) ? Pourquoi tant de femmes font alliance avec les hommes (il serait beaucoup plus utile de faire alliance avec les femmes) ? Pourquoi tant de femmes ont des love-addictions (ressemble à l’amour inconditionnel d’un syndrome de Stockholm) ?

Le PDF du livre entier (en anglais) est disponible ici ou ici.

Loving to Survive : Sexual Terror, Men’s Violence, and Women’s Lives (théorisation du syndrome de Stockholm sociétal) par Dee L. R. Graham, professeure agrégée de psychologie à l’Université de Cincinnati (USA), avec Edna I. Rawlings et Roberta K. Rigsby

Le 3 avril 2020, le site Tradfem a publié une traduction française de la préface du livre.

Cette traduction est précieuse, car ce texte écrit par Dee L. R. Graham résume avec une grande clarté les points-clés de l’ouvrage. Je vous en recommande donc vivement la lecture : Dee Graham — Aimer pour survivre : terreur sexuelle, violence des hommes et vies de femmes

Pour vous en donner un avant-goût, voici quelques passages de cette traduction :

« En tant qu’autrices, nous faisons deux promesses à notre auditoire. La première est que la nouvelle vision des relations hommes-femmes que nous proposons ici changera à jamais votre regard sur les femmes, les hommes et leurs relations. Notre deuxième promesse est que la prise de conscience à laquelle ce livre vous invite sera émotionnellement éprouvante. (…)

Nous pensons que la psychologie actuelle des femmes est en fait une psychologie de personnes en état de captivité, c’est-à-dire dans des conditions de terreur causées par les violences masculines contre elles. (En fait, les conditions des femmes sont des conditions d’esclavage.) Nous pensons également que personne ne peut imaginer ce que serait la psychologie des femmes dans des conditions de sécurité et de liberté. Nous proposons la thèse qu’une psychologie des femmes en captivité (et en esclavage) n’est pas plus « naturelle » ou intrinsèque aux femmes, au sens génétique ou biologique, que ne serait naturelle la psychologie d’animaux sauvages maintenus en cage. (…)

Nous croyons que tant que les hommes n’auront pas cessé de terroriser les femmes — et que le souvenir de ces violences n’aura pas disparu de la mémoire collective des femmes — nous ne pouvons pas savoir si l’amour des femmes pour les hommes et l’hétérosexualité des femmes sont autre chose que des stratégies de survie expliquées par le syndrome de Stockholm. Nous nous référons à cette théorie de la psychologie actuelle des femmes comme théorie du syndrome de Stockholm sociétal. (…)

Le chapitre 3 reprend l’idée que le syndrome de Stockholm est présent dans toutes les relations de groupe entre oppresseurs et opprimé·es. Nous montrons comment évaluer la pertinence du syndrome de Stockholm sociétal à n’importe quel ensemble de relations inégales entre groupes. En particulier, nous abordons deux questions : si les quatre conditions précurseures hypothétiques du développement du syndrome de Stockholm (menace perçue pour la survie, perception d’une incapacité à s’échapper, isolement et perception d’une gentillesse) sont présentes dans les relations hommes-femmes et, le cas échéant, dans quelle mesure. (…)

Au chapitre 6, nous nous demandons comment les femmes peuvent transformer leur psychologie d’otages (syndrome de Stockholm sociétal) alors qu’elles vivent encore la violence masculine, l’isolement idéologique et physique les unes des autres, l’impossibilité de s’échapper, et la dépendance à des bribes de gentillesse masculine. Pour créer un monde où les relations soient basées sur un principe de mutualité plutôt que de domination et subordination, nous devons être capables d’imaginer un tel monde. Pour la captive ou l’esclave, imaginer est un acte subversif et révolutionnaire. Pour nous aider à développer de nouvelles visions et à sortir de l’esclavage, ce chapitre esquisse quatre thèmes à partir de la science-fiction féministe : l’empathie et le pouvoir de connexion des femmes, un langage qui articule les points de vue des femmes, apprendre à se méfier des hommes/les tenir pour responsables de leurs violences, et percevoir les femmes en tant que guerrières en honorant notre colère. Quatre méthodes de résistance sont aussi décrites : revendiquer notre espace, développer notre mémoire, prendre soin les unes des autres, et gagner en intelligence tactique. »

Voici un dernier passage que je trouve essentiel pour la reconnaissance de nos expériences communes, soit la condition sine qua non pour créer la forte solidarité entre femmes dont nous avons absolument besoin pour nous libérer de la domination masculine. Ainsi, en tant que femmes, il me paraît déjà très important de nous intégrer par le « nous » dans le groupe des femmes lorsque nous écrivons sur les femmes :

« L’autrice rompt avec la convention de style et utilise les mots « nous » et « notre » par opposition à « ils », « eux » et « leurs » quand elle se réfère aux femmes en tant que groupe. Il y a de nombreuses raisons à cela. Bien trop souvent, les femmes doivent se demander si les écrivains et conférenciers entendent inclure les femmes dans leur utilisation de termes génériques comme « homme » et « il ». Le langage utilisé ici est choisi pour assurer à son auditoire que ce livre a été adressé à des femmes par des femmes pour des femmes au sujet des femmes. Il semble grossièrement inapproprié d’être une femme qui écrit à des femmes sur les vies des femmes et les points de vue des femmes tout en utilisant des mots impliquant que le mot « femmes » désigne d’autres personnes que le public visé et l’autrice. » (Tradfem, 2020)


Résumé du livre

Dee Graham reprend les conditions dans lesquelles le syndrome de Stockholm se développe (rapport otage, les femmes – ravisseur, les hommes). Elle propose une thèse sur la dimension sociale de ce syndrome qui caractériserait les relations homme/femme. Elle montre notamment comment l’amour, l’hétéronormativité, la féminité patriarcale, le refus des liens amicaux entre femmes constituent une stratégie afin de rester proche de celui qui détient le pouvoir de vie ou de mort sur soi. Celui qui a le pouvoir de nommer, pouvoir de vivre, de valider, de reconnaître, d’honorer, d’aimer.

Les conséquences de la violence (physique et psychologique) des hommes à l’encontre des femmes impactent la psychologie de ces dernières (voir les travaux de Muriel Salmona), sur ce qu’elles vont mettre en place (gestes, attitudes, espoirs) afin de survivre. Cette psychologie n’est pas naturelle mais elle est devenue génétique quand l’histoire des femmes n’a été que celle de la captivité et de la colonisation (sous diverses formes). Dee Graham parle d’une psychologie de « réponse ». Les femmes ont répondu à la violence masculine par l’amour et l’adaptation. D’où le titre de son livre « aimer pour survivre ». La féminité, la sexualité se sont distordues en pratiques adaptatives cad comme des stratégie de survie (dans un calcul permanent du moins pire).

Dans la violence physique, ce sont les répercussions psychologiques qui sont les plus difficiles à traiter, à comprendre et à guérir. Le syndrome de Stockholm peut tout à fait naître dans la menace implicite, dans une culture qui fait la promotion permanente de l’usage qui est fait des femmes (pornographie, culture du viol au cinéma et dans la musique, injonction au couple, etc.). Le menace apparaît par indices, par strates et c’est suffisant pour que derrière les femmes mettent tout en œuvre pour enrober, accepter, adoucir la menace afin qu’elle ne devienne jamais effective. Et elle peut ne jamais se réaliser. Le menace psychologique suffit. Surtout que dans le syndrome de Stockholm ce qui est important c’est l’effet d’espoir : tant qu’il n’y a pas violence alors l’amour qui est donné fait dire que les choses peuvent changer. La violence non-réalisée c’est aussi ce qui explique que certaines femmes aillent au-devant de la violence (comportements à risques) afin justement de voir la violence réalisée, comme pour se débarrasser du poids de la menace qui est juste une torture permanente. Les abus émotionnels sont une menace à la survie physique des femmes.

La peur créée un besoin de protection et de soin. En voulant survivre les femmes vont chercher activement des expressions (moindre) de gentillesse, d’empathie et d’affection de la part de celui qui menace ou qui appartient à la classe de ceux qui menacent. Le schéma amoureux hétérosexuel se base sur cette asymétrie : l’homme devient protecteur. Même s’il n’a jamais fait de mal (ou surtout que ça ne se sait pas), il obtient un statut particulier par rapport aux autres. Ceux qui se distinguent des  » méchants épinglés  » profitent justement qu’il y a pire qu’eux. Car les femmes vont chercher à trouver du réconfort là où naît la violence. Ça créer l’espoir qu’elles peuvent survivre dans l’insurmontable. En percevant la moindre marque d’affection ou de bonté (de comportements qu’elles identifient comme étant les leurs à elles) alors elles vont nier tout sentiment et intuition de danger, de terreur et de rage. Le déni apparaît car il a une fonction : celle d’amorcer un lien avec la partie positive des hommes. Ainsi les femmes vont intensifier n’importe quelle forme d’attention et transformer les hommes en protecteurs : celui qui se soucie d’elles et les préservent du danger. Les femmes ont alors un nouveau projet de survie : rendre heureux les hommes de leur vie. Se mettre à leur place, être dans leur tête afin de ressentir les choses comme eux en espérant les prévenir, les atténuer voire les faire cesser tout acte potentiellement nuisible. Les femmes vont anticiper les besoins des hommes (ce qu’ils aiment, n’aiment pas, insultent, n’insultent pas) afin de le maintenir viable et bienveillant à leur égard.

Dans ce processus, les femmes nient leurs intégrités et subjectivités, puisque ce qu’elles sont les mettent en danger. Ainsi, vivre sans les hommes se serait vivre sans identité. Imaginer perdre cette racine identitaire accroît le sentiment de menace. De l’identification à l’abuseur on passe désormais à la disparition de soi pour ne laisser vivre que celui qui peut vivre dans un tel climat : celui qui ne pâtit pas de la douleur qu’il inflige. Les femmes voient les hommes comme des victimes qui arrêteraient d’être abusifs si on leur donnait suffisamment d’amour. L’amour devient une réponse à la violence.

L’amour est une distorsion contradictoire qui permet au syndrome de Stockholm de perdurer et de s’intensifier. Dès que les femmes identifient une expérience violente comme une expérience d’amour alors elles seront persuadées qu’il s’agit d’amour. Elles le vivront comme de l’amour. Puisque l’amour reste depuis le départ une réponse de survie et non un état naturel. La distorsion amoureuse est au service de la survie, elle permet de réduire la perception et le vécu de terreur. Les femmes ont peur des représailles si jamais elles viennent à avoir une réponse juste : cad la réponse de la colère. La colère va donc se déplacer sur elles-mêmes et sur les autres femmes et filles (rapport mère-fille par ex).

Petite aparté justement sur les mères et le syndrome de Stockholm par rapport à leurs fils. Ce sont les hommes qu’elles ont engendrés et elles pensent que ça les préserve des hommes qu’elles n’ont pas engendré. Puisque le lien mère-enfant est particulier (fait d’avoir porté, protégé et nourri un être en maturation). Elles contrebalancent en leur donnant un amour qu’elles ne donneront jamais à leur fille. Parce qu’elles n’ont pas besoin de se protéger de leurs filles.

En l’absence des hommes, les femmes ne savent plus ce qu’elles sont. Les miettes de tendresse qu’ils accordent suffisent à contrebalancer la violence quotidienne. Les hommes sont « gentils » par la courtoisie, la protection, l’affection contre le sexe. Mais aucune de ses formes de gentillesse n’est gratuite et désintéressée. Posez-vous les questgions suivantes :

– la courtoisie : est-ce que les hommes se sentent complimentés quand une femme ou un homme leur ouvre la porte ? Les hommes se tiennent-ils la porte entre eux ? Se font-ils des clins d’œil dans les escaliers, ascenseur, au secrétaire médical ? Allument-ils directement avec leur briquet la cigarette d’autres hommes ?

la protection : c’est vers les hommes que les femmes se tournent pour trouver de la protection à l’égard de la violence masculine. Un homme qui « protège » une femme est perçu comme « gentil » peu importe ce qu’il fait d’autre (ou ce qu’il a pu faire). Ce besoin de protection encourage les femmes à se mettre en couple avec les hommes. Dans la gratitude et le soulagement éphémère que nous éprouvons, nous oublions que c’est la violence même des hommes contre nous qui a créé ce besoin-là. Sans violence, menace et terreur masculine nous n’aurions pas besoin de leur secours. Nous oublions que notre couplage avec les « gentils » renforce et consolide notre dépendance et notre isolement. Nous oublions que les gentils bénéficient du fait qu’il existe des méchants. La protection a un prix (explicite ou non) : de la disponibilité sexuelle. Les femmes peuvent-elles baisser leur garde ? Sans sexe les hommes resteraient-ils proches d’elles ? Les femmes vivent avec ce contrat sexuel qui les lient à ceux qui paraissent moins pire. En réalité, la protection des hommes à l’égard des femmes est une protection de ce qu’ils perçoivent comme étant leur propre propriété.

l’amour est la forme de gentillesse la plus estimée par les femmes, pourtant comme le dit Marylin Frye : « Pour dire que les hommes sincères sont hétérosexuels c’est seulement dire qu’ils s’engagent dans le sexe exclusivement avec l’autre sexe, les femmes. Tout ce qui concerne, dépend, se rattache à l’amour, la plupart des hommes sincères le réservent exclusivement aux autres hommes. Les gens qu’ils admirent, adorent, vénèrent, honorent, qu’ils imitent, idolâtrent, et forment de profonds attachements, à qui ils veulent enseigner, et desquels ils veulent apprendre, et de la part desquels ils désirent du respect, de l’admiration, de la reconnaissance, de l’honneur, de la vénération et de l’amour…ceux-là sont, majoritairement (de manière écrasante), d’autres hommes. Dans leurs relations avec les femmes, ce qui passe pour du respect c’est la gentillesse, la générosité ou le paternalisme, ce qui passe pour de l’honneur est retiré de son piédestal. De la part des femmes, ils veulent de la dévotion, du service et du sexe. La culture hétérosexuelle des hommes est homoérotique« .

Il faut remettre en question l’idée que le sexe serait un acte de gentillesse à l’égard des femmes. Il suffit de regarder le vocabulaire employé : baiser, défoncer, niquer, bourrer, pilonner, troncher. Le langage des hommes reflète les sentiments qu’ils ont à l’égard des femmes. « Faire l’amour » est une expression qui dissimule ce qui se joue réellement dans la sexualité partagée. Le mot « baiser » est agressif car le geste et l’intention le sont. Chez les hommes, la dégradation, l’humiliation, le contrôle et infliger de la douleur aux femmes est ce qui leur permet de jouir et d’être proche de nous. Le fait que la pornographie comme industrie se compte en million de dollar soit financé et organisé par les hommes nous montre que ce n’est pas simplement une petite minorité qui cherchent la dégradation féminine pour le plaisir sexuel. Le sexe n’est pas un acte d’amour mais un acte d’hostilité.

LE LIEN QUE LES FEMMES ÉTABLISSENT AVEC LES HOMMES.

Le syndrome de Stockholm apparait dès que la menace créé par un groupe biologique et culturel met en péril la survie d’un autre groupe biologique et culturel. Le lien entre les deux groupes se fait quand le groupe des bourreaux est à la fois celui qui menace et celui qui procure le soulagement émotionnel. La gentillesse du bourreau créer de l’espoir quant à la cessation de tout abus. Cet espoir pousse les femmes à essayer de tout faire pour maintenir le positif et le bon en l’homme. C’est dans les efforts afin de maintenir l’homme heureux que la femme se lie à lui. Les femmes dépensent une énergie importante à vouloir des relations hétérosexuelles avec le but ultime de trouver un partenaire masculin fiable.

Quand les femmes se lient aux hommes c’est par un lien amoureux et/ou érotique. Pourquoi ? Car en interprétant les situations de danger et de violence comme étant de l’amour plutôt que de la violence pure, simple et factuelle on favorise un prisme amoureux qui produit moins de peur que la reconnaissance de ce que nous vivons. L’amour est une réponse dans le sens où elle permet de ne plus ressentir la peur. Comme la mémoire traumatique. Ça permet au cerveau de disjoncter pour continuer à tenir.

Souvenez-vous des contes populaires qui ont façonné notre petite enfance (pleinement ou juste par certains détails). Les héroïnes de contes de fées sont très souvent dépeintes comme très belles, attractives, vertueuses et passives. Au début de l’histoire elles peuvent être prisonnières ou bien coincées par un sort maléfique. Le prince/sauveur apparait quant à lui très souvent sous l’apparence d’une grenouille ou d’une bête symboliquement détestable. Les animaux sont aussi, dans les contes et dans la réalité, une manière de détourner la laideur masculine. Il est plus facile de trouver répugnant un animal avec qui nous ne sommes pas proches que de se rendre compte de qui est le vrai prédateur, le vrai répugnant. On rappelle aux filles et aux femmes qu’elles doivent être ouvertes à n’importe quel prétendant masculin, peu importe la manière sous laquelle il apparait, peu importe ce qu’elles ressentent de prime abord. Les fictions romantiques se focalisent sur la séduction, sur l’initiation à la relation hétérosexuelle (littéralement une relation avec l’autre sexe en utilisant la sexualité). On y apprend à réinterpréter le comportement cruel et rustre du héros comme signe d’une attirance intense. A la fin de ces histoires, la femme a conquis l’homme réservé, distant, brutal, ignare des sentiments à travers l’amour.

La dépendance amoureuse est un des facteurs qui indique la présence du syndrome de Stockholm : les femmes perçoivent leur survie comme dépendant de l’amour que leur partenaire mâle peuvent leur accorder. Penser, agir et revendiquer que l’amour vient à bout de tout est dangereux car si c’est l’amour des femmes pour les hommes qui peut atténuer et résorber leur violence, alors l’échec de ce projet est imputé aux femmes. Si la violence perdure c’est que nous n’avons pas assez bien travaillé, aimé.

LES CONSÉQUENCES DIRECTES DU SYNDROME : féminité patriarcale, amour des hommes, hétérosexualité

– La féminité telle qu’on la connait est une féminité-sociale et non une féminité-naturelle. Elle a un rôle bien précis. Elle est une stratégie de survie. Ne percevant aucune issue de secours, les femmes vont assumer le rôle que les hommes attendent d’elles. La féminité, comme l’amour, sert donc d’instrument afin de réduire et de gérer la menace (implicite ou explicite). La féminité donne lieu à des comportements plaisants pour les hommes. Les femmes ont appris à intégrer ce qui plait aux potentiels bourreaux. Elles se sont acclimatées et adaptées. C’est ça la féminité sociale. Parce que les femmes ont besoin de plaire aux hommes dans ce schéma otage-ravisseur, elles connaissent plus de choses à propos des hommes qu’à propos d’elles-mêmes (notamment sur leur féminité-naturelle).

– L’amour pour les hommes. Sans la compréhension du syndrome de Stockholm il est très compliqué de comprendre pourquoi les femmes soutiennent et aiment les hommes alors qu’ils sont ceux qui restent les plus violents à notre égard. Nous estimons plus l’approbation des hommes que celles des femmes. Le féminisme mis en avant n’est-il pas celui de l’égalité ? cad celui qui voudrait coopérer, gérer, contractualiser avec la violence masculine ? La menace à notre survie (notamment en percevant de nous des images dégradantes par la porno) permet aux hommes d’exercer une pression supplémentaire pour que nous nous lions à eux, à chercher la sécurité à travers l’intimité qu’ils nous « donnent ». L’amour des femmes pour les hommes est une tentative afin de fusionner avec le bourreau dans le but de récupérer nos pertes identitaires. Dans l’intimité des relations hétérosexuelles, les femmes et les hommes génèrent le fantasme d’une relation égalitaire. Pourquoi ? car les esclaves qui aiment leurs maitres sont plus faciles à violenter. C’est dans l’intérêt des hommes de mettre en valeur un amour extatique, noble, épanouissant, gratifiant. L’amour des femmes pour les hommes est un amour qui entretient leur situation d’otage. Elles estiment qu’elles en font le choix libre. La vie que nous connaissons (aussi indigne soit elle) nous semble plus sûre que celle que nous ne connaissons pas encore. Les enjeux sont si grands, et si profonds que nous percevons le changement comme une menace plus grande à notre survie. L’amour des femmes pour les hommes est une défense psychologique contre la reconnaissance de notre situation et de notre statut actuel. L’amour n’a rien remporté depuis tout ce temps. Aucun viol n’a cessé. L’intimité n’a pas guérie la violence dans la vie des femmes, à la place cela a donné au violent un plus grand accès à leurs victimes. La question même de cesser de donner notre amour aux hommes fait peur précisément parce que nous nous demandons si les hommes qui, jusque-là, n’ont pas été violents ne finiraient-ils pas par le devenir. L’étendue de la peur face à ces questions de détachement et de séparation révèle l’étendue et la profondeur du syndrome de Stockholm.

– l’hétérosexualité s’explique dans la reprise que certaines psychanalystes ont fait de la crise d’Œdipe. Quand les filles découvrent que l’objet de leur premier amour (leur mère) est socialement estimé comme un être inférieur, comme la possession d’un père puissant elles vont reconnaitre le père comme le seul parent ayant du pouvoir (pouvoir de reconnaissance, pouvoir du langage, pouvoir des honneurs, pouvoir du respect. Pourvoir de vie et de mort etc.). Elles vont donc essayer de développer une relation spéciale avec leurs pères afin d’espérer obtenir un certain respect et égalité afin de se protéger de lui et des autres hommes. L’intérêt que portent les filles à leurs pères est en réalité une réaction face à la découverte brutale que les mâles sont partout ailleurs préférés aux femelles, et que même leurs propres mères vont choisir les hommes plus que les femmes, le père et le frère plus que les filles et les sœurs. Les filles vont vers le père dans l’espoir que ce dernier l’accepte comme un garçon respectable. Dans l’imagination des filles, les pères ont le pouvoir de leurs conférer l’emblème de la masculinité. C’est pour cette raison qu’elles désirent séduire ou être séduite par leurs pères puis par les hommes. L’hétérosexualité est née de la prise de conscience des filles (implicite ou non) de leur statut inférieur dans la vie masculine. L’hétérosexualité est un mécanisme psychologique d’attachement traumatique autant qu’elle est une institution politique créé par la violence et la menace masculine. Les hommes basent leurs menaces et violence sur la différence des sexes, de nos organes sexuels en particulier. La plus grande menace pour la plupart des femmes est de manière récurrente celle du viol comme violence qui nous réduit à des êtres sexuels exploitables.

Pendant longtemps le viol « conjugal » semblait être un non-sens dans les termes car les femmes ont drapé d’amour les viols de leurs vies afin de ne pas reconnaitre ce qu’elles vivaient. Faire l’amour permettrait de se distancer de l’aspect contractuel (à la survie) de la sexualité. Les femmes donnent de l’amour pour ne pas subir le viol-imaginé. La représentation de la sexualité des femmes est celle d’un acte d’agression. Pourquoi la sexualité reste le terrain de négociation entre les hommes et les femmes ? Car si les femmes sont visées pour leurs organes sexuels dans les abus masculins, ce sera à travers leurs organes sexuels que les femmes vont essayer de forger un attachement ou une union avec les hommes. Parce que l’abus des hommes sur les femmes est sexualisé, les liens des femmes avec les hommes sont sexualisés. Les hommes forcent les femmes à être sexuelles avec eux (cad à pratiquer l’hétérosexualité), soit par la pression sociale, par le viol ou par les lois. Pour plaire aux hommes les femmes se maquillent, se mutilent, se mettent en compétition etc. Parce que les hommes adorent les femmes qui font ces choses, les femmes vont adorer les faire car elles anticipent les besoins des hommes en espérant que s’ils sont réalisés elles obtiendront protection.

Si le fait de fournir des services sexuels et reproducteurs aux hommes leur plait, les femmes fourniront ces services dans l’espoir de souder un lien entre elles et les hommes. Un lien qui pourrait être utilisé afin de prévenir ou repousser plus loin la violence sexuelle. Pour avoir du sexe avec un homme, une femme a besoin de sentir que l’homme est suffisamment lié à elle pour qu’il ne soit pas violent ou qu’il soit capable d’arrêter d’être violent s’il le devient (par un geste, un mot). C’est ce qui explique en partie pourquoi les expressions d’amour des hommes pendant le sexe sont hautement recherchées par les femmes. En tant que victime de la terreur masculine, la plupart des femmes feront tout ce qu’elles peuvent ou ce qu’elles doivent faire pour garder les hommes gentils avec elles.

Si la gentillesse masculine a lieu principalement pendant le sexe, la plupart des femmes voudront du sexe avec les hommes et elles le voudront souvent. Parce que la survie dépend de la gentillesse des hommes, lorsqu’il y a gentillesse au lit, les femmes seront fortement attirées par la sexualité en dépit des nombreuses manières au sein desquelles le « sexe normal » se rapproche du viol.

Le viol est une partie du sexe et le sexe une partie du viol. Les femmes sont donc moins enclines à séparer l’amour et le sexe puisque l’amour est ce qui leur permet de faire dévier la sexualité masculine de toute forme de violence. Les femmes entretiennent un lien spécial avec les hommes aussi dans le fait de communiquer à leur bourreau qu’il est particulier, à part. Il est le seul homme dont elles permettent qu’il partage du sexe avec elle. Le seul homme avec qui elle choisit d’avoir du sexe. « Je ne choisis de faire ça qu’avec toi ». De cette manière, la femme cherche à ce que l’homme la traite comme étant tout autant spéciale.

Choisir de renoncer au sexe avec les hommes ou de retirer les hommes de notre vie n’est pas considéré comme une option légitime pour les femmes. Imaginons les réponses que vous obtiendrez si vous dites aux autres que vous renoncez au sexe avec les hommes ou que vous vous désengagez d’eux car ils sont violents à l’égard des femmes en général. Choisir de se retirer simplement parce que les hommes ne se rapportent pas à nous par des voies mutuellement enrichissantes et respectables est traité comme une hérésie.

L’hétérosexualité compulsive constitue la fondation même sur laquelle perdure la violence masculine. Les femmes ont besoin de reconnaître l’étendue de leur syndrome de Stockholm. Dans des conditions sociales et biologiques de violence et de menace masculine, on remarque chez les femmes des comportements défensifs. Dans les rares espaces non mixtes qui ont pu perdurer dans le temps, on remarque de l’authenticité, de la gaieté et de la créativité.

LES QUESTIONS FACTUELLES POUR ESTIMER LE DEGRÉ DE PRÉSENCE DU SYNDROME (liste non exhaustive)

Dee Graham pose des questions afin de mesurer concrètement si nous vivons dans des conditions d’otages :

– A quel point la survie des femmes est-elle menacée par les hommes ?

– à quel point s’étend la discréditation, par les hommes, de la féminité à travers la religion, le comportement de rue, la pornographie, les lois, les pratiques médicales, l’éducation, les pratiques de recrutement ?

– à quel point, dans une culture dirigée par les hommes, on demande aux femmes de sacrifier leurs vies et bonheurs pour le bien des autres, particulièrement celui des hommes ?

– quand un infanticide se produit, à quel point les enfants et les femmes sont les premières et premiers susceptibles d’être tuées ?

– à quel point le comportement féminin est contrôlé et dégradé par les hommes par la force, la menace, l’ostracisme social ?

– à quel point les standards de beauté pour les femmes affaiblissent, diminuent, amoindrissent psychologiquement les femmes ? Dans quelle mesure ces standards engagent le pronostic vital des femmes ?

– quel pourcentage de femmes sont tuées par les hommes ?

– quel pourcentage de personnes vivant dans la pauvreté sont des femmes ? Dans quelle mesure les hommes sont-ils (à travers les lois et la politique sociale) responsable de ce pourcentage ? Comparé aux hommes combien de femmes en situation de précarité se retrouvent dans les réseaux de prostitution/pornographie/vente d’organes ?

– quels sont les taux de fréquence de viols, d’abus, d’incestes et de violence sexuelles dont sont atteintes les femmes ?

– A quel point les femmes sont-elles capables d’échapper aux hommes ?

– à quel point les femmes ont-elles besoin (et sont presque contraintes) de se tourner vers les hommes-experts pour des réparations juridiques, pour l’éducation, l’emploi et le soin médical ?

– à quel point les domaines psychiatriques et psychologiques sont contrôlés par les hommes ?

– est-ce que les descriptions et représentations des femmes échappent à la sexualisation, à l’asservissement volontaire et à la banalisation de la violence sexuelle à leur encontre (mot, geste, blagues)?

– à quel point la sexualité féminine est contrôlée par les hommes à travers l’hétérosexualité compulsive, les mutilations génitales et corporelles ?

– à quel point les hommes exercent-ils plus de contrôle que les femmes dans la création et la direction d’institutions sociales telles que la loi, la médecine, la religion, l’éducation, la psychiatrie, etc. ?

– à quelle fréquence les violeurs, ceux qui battent leurs femmes, les perpétuateurs d’incestes etc. s’en tirent sans être puni et/ou écarté de la société ?

– Quel est le pourcentage de législateurs hommes ? De dirigeants nationaux hommes ? De jurés hommes ? De policiers hommes ?

– A quel point les femmes sont-elles isolées d’autres femmes ayant des perspectives différentes de celles des hommes ?

– quel est le pourcentage de temps que les femmes passent seules ou avec les hommes comparé à celui passé avec les femmes ? Quand les femmes passent du temps entre elles, combien de fois y‑a-t-il un ou plusieurs hommes présents ou évoqués ?

– à quel point les problématiques de classe et de race divisent les femmes, les empêchant d’advenir ensemble et les faisant aller chacune encore plus vers les hommes ?

– quel est le nombre de vies féminines vécues avec une figure masculine ?

– les femmes sont-elles encouragées à être psychologiquement dépendantes des hommes ? Est-ce qu’on leur raconte qu’il existe un manque, une fêlure si elles n’entretiennent pas de relations hétérosexuelles ?

– Est-ce que la culture masculine décourage les femmes à avoir des amies femmes proches ?

– Enseigne-t-on aux femmes qu’elles doivent se sentir honteuses et moindres si elles vivent avec d’autres femmes sans hommes ? Si elles s’associent de façon primaire, première et exclusive avec d’autres femmes ?

– apprend-t-on aux femmes que ce que disent les hommes est plus important, plus juste que ce que les femmes disent ? A‑t-on appris aux femmes à croire les femmes et ce qu’elles disent ?

– les hommes sont-ils plus susceptibles d’avoir un mentor masculin que les femmes d’avoir un mentor féminin ?

INDICATEURS et PREUVES DE LA PRÉSENCE DU SYNDROME :

Indicateur : se lier à son bourreau.
Preuve : l’amour des femmes pour les hommes. Les femmes aiment les hommes peu importe ce qu’ils peuvent faire et dire (ont fait ou ont dit).

Indicateur : être intensément reconnaissante pour le peu de gentillesse démontré de la part des hommes.
Preuve : les femmes sont reconnaissantes de pouvoir partager l’argent, les biens matériels, le pouvoir et le prestige des hommes même si ce sont les hommes qui les empêchent d’avoir un accès direct à ce genre de chose (vie par procuration).

Indicateur : percevoir celles qui essaient d’obtenir notre libération comme de mauvaises personnes qui nous mettent en danger, et percevoir les hommes comme de bonnes personnes.
Preuve : une forte identification aux hommes, négation de ce qu’est une femme, décrédibilisation de la non-mixité, défense des hommes au détriment des femmes.

Indicateur : trouver difficile de quitter les hommes.
Preuve : les femmes trouvent difficile ne serait-ce qu’imaginer se désengager des hommes. Les femmes redoutent que, sans les hommes, elles se retrouvent encore plus isolées et invalidées. Elles ressentent que, sans les hommes, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue.

TRADUCTION et mise en page: Radfem Résistante 2, 2019 et 2020.

3 réflexions sur “Dee Graham: Aimer pour survivre

  1. Désolée mais je trouve cela excessif. Et tout ce qui est excessif est, non seulement, insignifiant, mais contre-productif surtout en ce qui concerne les droits des femmes et les luttes contre les violences qui leur sont faites..
    Nous sommes des mammifères, notre reproduction est sexuée sans cela la société ne se reproduirait pas. Ce qui ne signifie pas, bien sûr que la domination masculine soit acceptable. Elle n’a pas lieu d’être. Mais toutes les femmes ne sont pas des otages passives, heureusement.
    Tournons nos regards vers les bonobos, ils nous apprennent comment une société de primates peut fonctionner pacifiquement.

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  2. Je n’ai lu nulle part que Dee Graham prétendait que « toutes les femmes sont des otages passives ».
    Par contre, les conjoints agresseurs tentent effectivement de réduire à la soumission les femmes qu’ils agressent d’une foule de façons. (Lire les chapitres de l’ouvrage « Pourquoi fait-il cela? » affichés sur notre site https://tradfem.wordpress.com/tag/lundy-bancroft/, et qui doit être publié bientôt par les Éditions LIBRE)
    Mais ces femmes leur résistent, avec encore trop peu d’appuis d’une société pour qui la soumission féminine serait bien commode.

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    • Il se trouve que je suis en train de lire Heide Goettner-Abendroth qui s’intéresse aux sociétés ‘matriarcales’ ou matrilocales et matrilinéaires qui existent encore en Asie (Khasi, Muoso), en Afrique ou en Amérique du Nord. Sans être dominées par les femmes, ces sociétés sont horizontales, basées sur l’égalité de leurs membres et sur l’économie du ‘don’. Le néolibéralisme est une menace pour leur survie et notamment pour les femmes. Mais il y a des résistances.

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