« Ceci est une expérience. »

Par Michael Biggs, dans Second Week, Trinity Term, 2018 Oxford Magazine,

Recension de l’ouvrage Transgender Children and Young People: Born in Your Own Body (Les enfants et les jeunes transgenres : nés dans votre propre corps), dir. de pub., Heather Brunskell-Evans et Michele Moore. Newcastle: Cambridge Scholars Press, 2018. pp. Xii + 232.

L’enfant transgenre est une nouvelle identité remarquable, émergente depuis le début du siècle. Les médias présentent surtout des garçons photogéniques s’identifiant-comme-filles. Jackie Green est l’enfant de la directrice générale du groupe Mermaids, un organisme britannique à but non lucratif destiné aux enfants qualifiés de trans; Jazz Jennings est la vedette d’une série de télé-réalité américaine. Ce qu’on remarque moins, c’est la croissance spectaculaire du nombre de filles s’identifiant-comme-garçons; le nombre de patientes au traitement déclaré au National Health Service (NHS) a quadruplé au cours des quatre dernières années. Le discours omniprésent dans les médias, et de plus en plus enseigné dans les écoles, en est un de célébration. « Nés dans le mauvais corps », ces enfants ne peuvent actualiser leur identité sexuelle authentique que par le biais d’une intervention médicale : des bloqueurs hormonaux à la puberté, suivis par des hormones transsexuelles et une chirurgie.

L’ouvrage que viennent de publier Brunskell-Evans et Moore conteste cette nouvelle orthodoxie, comme en témoigne son sous-titre « Nés dans votre propre corps ». Les participant·e·s émargent de disciplines universitaires variées, y compris l’histoire de la médecine, la théorie sociale et la psychologie du développement. On y trouve aussi les récits personnels du père d’une adolescente trans, et d’une femme qui s’est d’abord identifiée comme transhomme puis a inversé son processus de transition. L’ouvrage interroge les origines sociales de l’identification trans. Pour les enfants à qui l’on assigne cette identité avant la puberté, le moment révélateur est le rejet des vêtements ou des jouets sexués, comme lorsqu’un garçon veut s’habiller en rose et jouer avec des poupées. Des enquêtes longitudinales démontrent que les enfants qui adoptent des modes de jeu plus typiques du sexe opposé sont très susceptibles de devenir gais ou lesbiennes vers la fin de leur adolescence (1). La tendance actuelle à « faire transitionner » de jeunes enfants, c’est-à-dire à les traiter comme étant du sexe opposé, ce qui les engage sur la voie de l’intervention médicale, attirera inévitablement des enfants qui, autrement, deviendraient des adultes homosexuel-le-s.

La tendance actuelle à « faire transitionner » de jeunes enfants, c’est-à-dire à les traiter comme étant du sexe opposé, ce qui les engage sur la voie de l’intervention médicale, attirera inévitablement des enfants qui, autrement, deviendraient des adultes homosexuel-le-s.

Pour les adolescent-e-s qui adoptent une identité trans, leur moment de révélation survient après avoir fréquenté des médias numériques, typiquement les plateformes Tumblr pour les filles et Reddit pour les garçons. L’identité trans fournit alors un diagnostic et un remède à l’angoisse typique de l’adolescence, grâce à la confirmation reçue par le soutien d’une communauté en ligne. La puberté est particulièrement problématique pour les filles, qui doivent s’orienter dans une culture adolescente saturée de pornographie et de « selfies ». Cette pression n’est pas nouvelle, bien sûr; elle se manifestait autrefois par l’auto-mutilation et l’anorexie. Aujourd’hui, les filles se bandent la poitrine et prennent de la testostérone, en suivant la voie dont des célébrités de YouTube comme Alex Bertie font la promotion.

Le livre retrace également les conséquences de l’identification trans. Le nouveau traitement à la mode, lancé aux Pays-Bas dans les années 1990, bloque la maturation sexuelle en injectant aux enfants pubères un agoniste de la GnHR comme le Lupron. Autorisé pour le traitement de maladies graves telles que le cancer de la prostate, ce médicament est utilisé « hors étiquette » dans ce qui est en fait une expérience médicale (même si ce traitement n’a pas fait l’objet de tests randomisés ou de mesures de ses résultats). Lorsque les bloqueurs hormonaux font place à des hormones transsexuelles, le résultat est une stérilité permanente, ce qui soulève des questions troublantes d’éthique médicale.

Il existe également des ramifications sociales plus larges des identités trans. Les communautés lesbiennes sont les plus touchées. On compte moins de lesbiennes butch dans la jeune génération, parce que les filles qui sont attirées par les femmes et qui rejettent la féminité stéréotypée sont maintenant encouragées à devenir transhommes. À l’inverse, les espaces lesbiens sont envahis par un nombre croissant de transfemmes. Selon la nouvelle orthodoxie promulguée par les associations LBGTQ universitaires, les femmes homosexuelles doivent accepter les transfemmes comme partenaires sexuels, sous peine d’être stigmatisées en tant que « fétichistes du vagin » ou «TERF» (féministe radicale excluant les trans) (2).

Selon la nouvelle orthodoxie promulguée par les associations LBGTQ universitaires, les femmes homosexuelles doivent accepter les transfemmes comme partenaires sexuels, sous peine d’être stigmatisées en tant que « fétichistes du vagin » ou «TERF» (féministe radicale excluant les trans).

Un ouvrage aussi mince offre inévitablement un compte rendu sélectif. On regrette notamment l’absence d’une analyse détaillée de l’environnement que constituent les médias en ligne. Les autrices et auteurs insistent sur l’identité trans comme voie d’échappement aux pressions négatives de la société contemporaine, mais négligent son attraction positive : elle permet à des jeunes d’inverser les hiérarchies institutionnalisées, forçant par exemple les parents et les enseignant·e·s à utiliser certains pronoms. On évite également de parler de la vie de ces jeunes avant une transition.

Ce livre se fait d’emblée l’avocat du diable et ne prétend pas fournir un portrait objectif. Cette hétérodoxie exige du courage, comme le démontre l’expérience de l’une des directrices de publication. Enseignante à l’université de Leicester, Madame Brunskell-Evans a été la cible de plaintes officielles. Le Parti britannique de l’égalité des femmes lui a retiré son poste de porte-parole pour les enjeux liés aux violences contre les femmes, tandis que des étudiants du Kings College de Londres l’ont empêchée de donner une conférence sur un autre sujet.

Cependant, il est essentiel que de telles voix dissidentes soient entendues. « Nous n’avons jamais enseigné auparavant aux enfants qu’ils et elles pouvaient décider de leur sexe », fait remarquer Stephanie Davies-Arai (en page 18), « ceci est une expérience ».

Version originale: http://users.ox.ac.uk/~sfos0060/TransgenderChildren_review.pdf

Alloocution de la co-directrice de publication, Heather Brunskell-Evans: https://www.youtube.com/watch?v=DOIisaGrH5Y

Traduction : TRADFEM

Courts extraits traduits de chaque chapitre du livre : https://tradfem.wordpress.com/2017/12/10/les-enfants-et-les-jeunes-face-a-lideologie-transgenriste/ 

POST-SCRIPTUM de Nicolas CASAUX:

Voir aussi le documentaire affiché en version française sur une autre page Web (http://partage-le.com/2017/12/8516/), un film intitulé « Transgender Kids: Who knows best? » (Les enfants transgenres : qui a raison ?), a été produit par la BBC, et récemment déprogrammé par la chaîne CBC qui devait le diffuser au Canada (mais qui a cédé face au lobby trans).  De tels documentaires font l’objet de vitupérations hargneuses de la part du courant trans et queer, au nom de « cette illusion […] qui consiste à penser que nous pouvons être tout ce qui nous plaît, aller n’importe où, ou façonner la planète à notre guise », un courant qui continue malheureusement à gagner du terrain.

 

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