Comment expliquer que de terribles gens de droite soient les seuls à défendre le bon sens féministe ?

La position des partis de gauche sur les questions de genre fait passer leurs adversaires pour des gens rationnels.

par Hadley Freeman, le 26 mai, The Times

Il n’est pas très mature de communiquer par mèmes internet, mais lorsque j’essaie de décrire l’attitude des démocrates états-uniens en matière de protection des droits des femmes, tout ce qui me vient à l’esprit est ce clip des Simpsons où Sideshow Bob marche à plusieurs reprises sur des râteaux et se frappe lui-même au visage. Cette tendance à l’auto-destruction est si forte que la semaine dernière, les Démocrates ont réussi à faire passer le sénateur du Texas Ted Cruz – un misogyne aux proportions telles qu’il pense que l’avortement devrait être interdit même si la femme a été victime d’un viol ou d’un inceste – pour la dernière grande féministe de l’histoire des États-Unis.

Mercredi, lors d’une audition judiciaire au Sénat américain, Cruz a interrogé la juge Sarah Netburn, que le président Biden a nommée à la Cour de district des États-Unis. Mme Netburn a une longue expérience dans le traitement d’affaires complexes, mais M. Cruz s’est concentré sur une affaire en particulier : sa recommandation, en 2022, de transférer le violeur en série William McClain dans une prison pour femmes.

En 2015, alors que McClain avait 51 ans, après avoir été libéré de prison pour avoir violé deux enfants et avant d’être réincarcéré pour avoir partagé de la pornographie infantile violente, il a choisi de s’identifier en tant que femme. Il s’est alors rendu dans une prison pour femmes, avec la bénédiction de la juge Netburn. Lorsque le Bureau des prisons a suggéré que cela pourrait être traumatisant et dangereux pour les prisonnières, le juge a rejeté cette préoccupation comme étant « exagérée ».

« Les femmes de cette prison… ont-elles le droit de ne pas avoir pour compagnon de cellule un homme d’1,80 m qui est un violeur récidiviste en série ? » a tonné le sénateur Cruz.

« J’ai examiné les faits qui m’ont été présentés et j’ai pris une décision basée sur la loi », a répondu Mme Netburn d’un ton monocorde du style « l’ordinateur dit non ». Etant donné qu’elle a appelé le violeur condamné « elle » au cours de cette audience, sa connaissance des « faits » en cause n’est peut-être pas très nette. La sénatrice démocrate Mazie Hirono a déclaré que Mme Netburn serait « une sacrée bonne juge ». Un nouveau râteau s’envole…

En tant que citoyenne britannique qui a toujours voté démocrate et presque toujours travailliste (à l’exception des années Corbyn), j’ai une requête à adresser à ces partis : pourriez-vous cesser de vous donner des coups au visage ? La juge Netburn se conformait aux efforts des Démocrates pour laisser les détenus auto-déclarer leur sexe, ce qui entraîne qu’un prisonnier de sexe masculin qui s’identifie comme femme peut se voir incarcéré dans une prison pour femmes.

Le président Biden a également élargi le Titre IX – la loi sur les droits civiques interdisant la discrimination sexuelle dans les écoles – pour y inclure l’identité de genre, après que l’administration Trump l’ait limité au critère du sexe biologique.

L’équipe Biden s’est montrée hésitante quant à la manière dont cela s’appliquerait aux sports scolaires, ce qui explique les innombrables clips en ligne montrant des garçons américains aux cheveux longs en train de bousculer des filles lors de matchs de basket-ball ou de voler des médailles d’or lors de courses féminines.

Les groupes transactivistes insistent pour affirmer qu’être transgenre est analogue à être gai, amenant les administrations démocrates à abandonner toute analyse critique et endosser des droits absolus pour n’importe quel homme s’identifiant comme femme. Les Étasuniennes se trouvent désormais dans une situation absurde où la défense de leurs droits – le droit de ne pas partager une cellule de prison avec un violeur, de ne pas être battues par un grand adolescent en cours de gymnastique – les place dans le même camp que les Républicains les plus misogynes.

Avant que les lecteurs britanniques ne rient trop fort, souvenez-vous que notre propre ministre fantôme du développement international, Lisa Nandy, a déclaré en 2020 que les violeurs masculins qui « transitionnent » devraient avoir le droit d’être logés dans une prison pour femmes. Pas plus tard que lundi, un tribunal du travail a révélé que le personnel du centre d’aide aux victimes de viol d’Édimbourg (l’ERCC) pensait que « le sexe biologique n’existe pas ». Oui, même dans un centre d’aide aux victimes de viols. Son directeur général, Mridul Wadhwa, qui se prétend femme, pense que le rôle d’un tel centre de soutien aux victimes est de  » contester les préjugés [des femmes violées]  » – ces préjugés consistant à préférer confier leur agression sexuelle à une conseillère plutôt qu’à un conseiller. Lorsqu’une assistante sociale, Roz Adams, a tenté de défendre les droits des victimes – un crime impardonnable dans ce goulag de rééducation – et a fait valoir qu’elles avaient le droit de demander une conseillère, elle a été qualifiée de « sectaire ». Heureusement, le tribunal a statué que l’ERCC avait exercé une discrimination illégale à son encontre.

On pourrait penser, en toute logique, que ces rayons froids de la lumière de la réalité dissiperaient de tels fantasmes de l’idéologie du genre. Mais la logique ne s’applique pas ici. La même semaine où l’ERCC a perdu son procès, la ministre fantôme des femmes et de l’égalité, Anneliese Dodds – qui n’est pas étrangère aux râteaux – a annoncé que son parti Travailliste comptait faciliter les changements de sexe. En effet, aucun problème n’est apparu à la suite de la facilitation du changement de sexe. Sauf dans le Réseau national de la Santé, le monde du sport, les écoles, les prisons, les lieux de travail et partout ailleurs.

« Les idéologues du genre tentent de discréditer les féministes – qui soutiennent qu’il existe des différences biologiques majeures entre les hommes et les femmes – en les qualifiant de « forces de droite ». Il est vrai que la plupart des hommes politiques de droite ont tendance à comprendre l’existence du sexe biologique. Ils acceptent probablement aussi l’existence de la gravité. Le fait qu’un si grand nombre d’hommes politiques de gauche préféreraient – encore ! – abandonner les droits des femmes plutôt que d’énoncer l’évidence bien établie ne rejaillit que sur eux, et cela a laissé beaucoup de femmes politiquement sans abri, coincées entre les homophobes anti-avortement d’un côté et les sectaires négateurs de la biologie et solidaires de violeurs de l’autre.

Alors, s’il vous plaît, politiciens Démocrates et Travaillistes, pouvez-vous arrêter de faire passer les pires républicains pour les seuls adultes dans la pièce, simplement parce qu’ils savent que deux plus deux n’égalent pas une licorne ? Ou bien vous êtes-vous donné tant de coups de râteau au visage que vous en avez gardé une commotion cérébrale permanente ?

Hadley Freeman

Traduction: TRADFEM

Une réflexion sur “Comment expliquer que de terribles gens de droite soient les seuls à défendre le bon sens féministe ?

  1. Il y a deux problèmes :

    • la gauche n’existe plus politiquement dans les partis institutionnels : ceux-ci sont gangrénés de bourgeois éloignés des problèmes populaires. Comme ils ne peuvent rien faire contre le capitalisme (qui les fait vivre dans une carrière lucrative de politards), ils doivent se cantonner à des questions morales (l’homosexualité, la prostitution…), puisque en matière économique ils n’ont aucune marge de manœuvre et ne cherchent pas spécialement à en avoir, puisque ce sont des carriéristes. Parfois les évolutions apportées sont bénéfiques (le mariage gay par ex), parfois c’est n’importe quoi voire c’est néfaste (le transgenrisme). Mais peu leur importe. N’oublions pas que certains politiques font le grand écart entre leur début de carrière et la fin (Manuel Valls, pour ne citer que lui)
    • là-dessus, les médias (propriété des riches) trient ceux qui, parmi les membres des partis, auront droit à la parole, et sélectionnent les participants pour donner l’impression à la TV que seule la droite défend les femmes sur la question du transgenrisme et parfois de la GPA.

    Des femmes du parti communiste français s’opposent à l’idéologie de genre : pourquoi ne les médias ne leur donnent-ils pas la parole ? Pourquoi réservent-ils les plateaux aux partisans de l’extrême droite ?

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