Par Anita Singh, rédactrice en chef du magazine Arts and Entertainment, The Telegraph, 5 décembre 2022
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Hadley Freeman a déclaré que la direction du Guardian lui avait spécifiquement dit que « je n’étais pas autorisée à écrire sur les questions de genre, et que d’autres journalistes ne l’étaient pas non plus ».
L’ex-journaliste du Guardian a accusé ce journal d’avoir censuré ses écrits sur les droits des femmes, affirmant qu’une « atmosphère de peur » régissait la couverture des questions transgenres à ce journal.
Hadley Freeman affirme qu’on lui a interdit d’interviewer JK Rowling et Martina Navratilova, qui ont toutes deux exprimé des opinions critiques sur le genre.
Dans le même temps, le journal a publié des « portraits élogieux de militants transgenres » tels que Munroe Bergdorf, Paris Lees et Freddy McConnell, rappelle Hadley Freeman.
Elle a quitté le Guardian au début de l’année après que les rédacteurs en chef lui ont dit qu’elle ne pouvait pas assurer de suivi à l’enquête publiée par The Telegraph sur Mermaids, une organisation caritative transgenriste.
Mme Freeman a également appris qu’un groupe nommé All About Trans avait visité les bureaux du Guardian et, en son absence, avait présenté certains de ses écrits comme autant d’exemples de « transphobie ».
« On m’a dit que je ne devais pas écrire sur le genre, et qu’en fait les femmes ne devaient pas écrire sur le genre, et soudain les choses sont devenues très délicates pour moi », a-t-elle déclaré à l’émission Woman’s Hour de la BBC Radio 4.
La journaliste a déclaré que la direction lui avait « spécifiquement dit que je n’étais pas autorisée à écrire sur les questions de genre, et que les autres ne l’étaient pas non plus ».
Elle a ajouté : « Je connais plusieurs journalistes qui ont demandé la permission d’interviewer Maya Forstater et Allison Bailey [des militantes en vue pro-égalité des sexes]… J’ai moi-même demandé à interviewer JK Rowling et Martina Navratilova, et on nous a tous dit ‘non' ».

Hadley Freeman a déclaré qu’on avait dit aux journalistes qu’ils ne pouvaient pas interviewer Maya Forstater.
Mme Freeman a déclaré que les responsables lui ont dit que les femmes ne devaient pas écrire sur le genre « parce que cela suscitait trop de réactions sur les médias sociaux [et] que cela ne devrait être fait que par les reporters spécialisés masculins, comme les reporters santé ».
Elle a ajouté avoir vécu « un long mariage très satisfaisant » avec le Guardian pendant ses 15 premières années, mais « il y a environ sept ans, ce partenaire particulier a commencé à se comporter en conspirationniste, méconnaissable pour moi, et il est arrivé un point où je n’en pouvais plus ».
Freeman dit se souvenir d’une réunion au cours de laquelle le personnel a discuté d’un éditorial du Guardian qui affirmait que les féministes avaient le droit d’exprimer des doutes sur l’auto-identification sexuelle.
« J’ai défendu cet éditorial et plusieurs personnes, que je considérais comme des amis, se sont montrées assez abusives sur le plan personnel et ont qualifié mes propos de transphobes, à l’instar des gens qui affirment qu’un enseignant gay ne devrait pas enseigner aux enfants », a-t-elle affirmé.
« Je comprends que c’est un sujet qui suscite de vives réactions. J’ai essayé d’être très calme et mesurée et de jauger les deux côtés de la question. Et ce que vous obtenez de l’autre côté, si vous essayez simplement de défendre ce qui est littéralement la loi de notre pays, c’est de vous entendre dire que vous tuez des enfants, que vous êtes intolérante – cette façon très violente de parler. »
« Je peux supporter cela – ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi la direction a peur de faire face à ce ressac. Ce n’est pas seulement le Guardian. Cela s’est produit dans beaucoup d’endroits progressistes, ce sentiment de peur qui nos empêche de prendre parti contre certaines des revendications des activistes du genre. »
Un porte-parole du journal a déclaré : « Le Guardian s’est toujours engagé à représenter un large éventail d’opinions sur de nombreux sujets dans sa couverture, et il y aura toujours un débat sur les questions que nous couvrons.
« Les questions relatives aux droits des personnes transgenres et au féminisme critique du genre sont complexes et peuvent être polarisées. C’est pourquoi The Guardian s’efforce de présenter un large éventail de reportages et des perspectives multiples sur ces sujets.
« Tous les rédacteurs travaillent avec leurs éditeurs pour décider des sujets sur lesquels ils écrivent. Il s’agit d’une pratique tout à fait standard dans l’ensemble des médias. Ce n’est pas de la censure, c’est de l’édition. »
Version originale: https://archive.ph/91o95
Traduction: TRADFEM