Andrea Dworkin, “Guarda, Dick, guarda. Vedi Jane Blow It.”

Version italienne de Margherita Soixante-treize

“Le donne sono particolarmente propense a rinunciare a ciò che sanno e sentono essere giusto e vero, per il bene degli altri o per una causa ritenuta più importante di loro stesse. Ciò è dovuto al fatto che vivono in condizioni di colonizzazione perenne. Le donne sono colonizzate dagli uomini, nei loro corpi e nelle loro menti. Definite ovunque come malvage quando agiamo nel nostro interesse personale, ci sforziamo di essere buone rinunciando completamente al nostro interesse personale. Le femministe ieri e oggi sono minacciate in tutti i settori di attività perché gli uomini stanno cercando di ricolonizzare le nostre menti che hanno cercato di liberarsi dal controllo maschile. Ovunque, le donne si confrontano con l’urgenza delle richieste maschili, che dovrebbero tutte soppiantare in importanza le richieste che le donne devono fare alla propria integrità. Questa storia è così vecchia che dovrebbe essere fuori stampa e morta, ma non lo è. Le femministe lo raccontano in continuazione: come le donne abbiano contribuito a questa o quella rivoluzione solo per ritrovarsi alla fine tradite, rimandate a casa a fare pulizia dopo che la polvere rivoluzionaria si era depositata, incinte e povere; come le donne abbiano contribuito a questo o quel movimento per il cambiamento sociale solo per ritrovarsi violentate, sfruttate e aggredite, poi mandate via a fare i lavori domestici, incinte e povere.

Ma la mente colonizzata non può ricordare.

La mente colonizzata non conosce l’orgoglio e l’attivismo della memoria. La mente colonizzata rifiuta di politicizzare la rabbia o l’amarezza. La mente colonizzata deve soddisfare le richieste del colonizzatore: dedizione e buon comportamento, pensieri puri e nessuna brutta rabbia. Ma la mente che lotta per l’integrità non accetta la versione della storia della vita fornita da qualcun altro: quella mente esige che la vita stessa venga affrontata, ancora e ancora, da tutte le persone che la vivono. Lo spirito che aspira all’integrità si confronta con l’evidenza e rispetta l’esperienza. Una caratteristica definisce in particolare la mente colonizzata di una donna: anteporrà l’esperienza degli uomini alla propria; darà alla vita di un uomo più importanza della sua. La mente che lotta per l’integrità combatterà per l’importanza della propria vita e non rinuncerà a tale importanza in nessuna circostanza. Radicata nella realtà della propria esperienza – che include la necessità di affrontare apertamente tutto ciò che le è successo e tutto ciò che ha visto, sentito, imparato e fatto – una donna che capisce che l’integrità è la prima necessità troverà il coraggio di non farlo. difendersi dal dolore. Mentre la mente colonizzata utilizzerà l’ideologia per difendersi sia dal dolore che dalla conoscenza”.

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Version originale: «Look, Dick, Look. See Jane Blow It. », 1979, dans « Letters from a War Zone » (New York : Lawrence Hill Books, 1989/1993), pp. 127-129.

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“Les femmes sont particulièrement enclines à renoncer à ce qu’elles savent et ressentent comme juste et vrai pour le bien d’autrui ou pour une cause jugée plus importante qu’elles-mêmes. Cela tient au fait qu’elles vivent dans des conditions de colonisation. Les femmes sont colonisées par les hommes, dans leur corps et dans leur esprit. Définies partout comme méchantes lorsque nous agissons dans notre propre intérêt, nous nous efforçons d’être bonnes en renonçant totalement à notre intérêt personnel. Les féministes sont aujourd’hui menacées dans tous les domaines d’activité parce que les hommes tentent de recoloniser nos esprits – des esprits qui ont essayé de se libérer de l’emprise masculine. Partout, les femmes sont confrontées à l’urgence des exigences masculines, toutes censées supplanter en importance les exigences que les femmes doivent formuler à l’égard de leur propre intégrité. Cette histoire est si vieille qu’elle devrait être épuisée et morte, mais ce n’est pas le cas. Les féministes ne cessent de la raconter : comment les femmes ont contribué à telle ou telle révolution pour se retrouver trahies en fin de compte, renvoyées à la maison pour y faire le ménage une fois la poussière révolutionnaire retombée, enceintes et pauvres ; comment les femmes ont contribué à tel ou tel mouvement pour le changement social pour se retrouver violées, exploitées et agressées, puis renvoyées pour faire le ménage, enceintes et pauvres. Mais l’esprit colonisé ne peut pas se souvenir. L’esprit colonisé ne connaît pas la fierté ou le militantisme de la mémoire. L’esprit colonisé refuse de politiser la colère ou l’amertume. L’esprit colonisé doit répondre aux exigences du colonisateur : dévouement et bonne conduite, pensées pures et pas de vilaine colère. Mais l’esprit qui lutte pour l’intégrité n’accepte pas la version de quelqu’un d’autre de l’histoire de la vie : cet esprit exige que la vie elle-même soit confrontée, encore et encore, par tous les gens qui la vivent. L’esprit qui lutte pour l’intégrité affronte les faits probants et respecte l’expérience. Une caractéristique définit particulièrement l’esprit colonisé d’une femme : elle fera passer l’expérience des hommes avant la sienne ; elle accordera à la vie d’un homme plus d’importance qu’à la sienne. L’esprit qui lutte pour l’intégrité se battra au nom de l’importance de sa propre vie et ne renoncera à cette importance sous aucun prétexte. Enracinée dans la réalité de sa propre expérience – qui comprend la nécessité de faire face sans ambages à tout ce qui lui est arrivé et tout ce qu’elle a vu, entendu, appris et fait – une femme qui comprend que l’intégrité est la première nécessité trouvera le courage de ne pas se défendre contre la douleur. Alors que l’esprit colonisé se servira de l’idéologie pour se défendre à la fois de la douleur et de la connaissance ».

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