Allocution de Meghan Murphy à la conférence inaugurale de la Campagne canadienne pour les droits humains des femmes

Merci à toutes d’être ici aujourd’hui. Je suis très enthousiaste à propos de cette campagne et du lancement de notre section canadienne.

J’ai l’impression que nous vivons toutes dans un monde bizarre ces temps-ci. Je me demande souvent comment tout cela est arrivé. Comment, en 2020, après des siècles de lutte acharnée des femmes pour le droit d’être reconnues en tant que personnes, d’être autorisées à participer à la vie politique, d’avoir leur mot à dire dans leur propre vie, de faire des choix concernant leur propre corps, d’obtenir une éducation, de travailler, d’être financièrement indépendantes, de quitter des partenaires violents, de se battre pour la justice lorsqu’elles sont violées, pour l’autonomie, nous pouvons revenir à notre point de départ : à soutenir que les femmes méritent des droits, que notre sécurité est importante, que nous avons le droit de parler de nos vies, de nos circonstances, de nos besoins et de nos réalités. Nous faisons maintenant face à une réalité où nos représentants politiques refusent de nous représenter et refusent d’entendre nos préoccupations. Nous sommes renvoyées, expulsées des partis politiques, menacées, censurées, mises sur liste noire et diffamées parce que nous sommes féministes, parce que nous disons que les femmes existent et que nous comptons.

L’ironie d’exiger des femmes qu’elles « respectent des pronoms », de leur dire que les personnes transidentifiées veulent simplement « être traitées avec respect et dignité », que « l’amour est la valeur suprême » et que nos efforts pour valider la réalité matérielle et pour protéger nos droits et nos espaces mettent en danger les personnes transidentifiées – tout cela est proprement époustouflant, si l’on considère que ce qui sous-tend ces pressions est une exigence que les femmes renoncent à leurs droits, à leurs espaces, à leur sécurité et à leur santé mentale. Considérons l’exigence que nous appelions « elle » des hommes violents, sous prétexte que c’est plus gentil, alors que l’étiquette de « cisfemme » nous est imposée, sans notre consentement – un mot qui nous renvoie au XIXe siècle, lorsque l’on disait que les femmes étaient intrinsèquement « féminines » et donc inaptes à la vie publique. Nous étions trop irrationnelles et frivoles pour prendre nos propres décisions, sans parler de nous forger des opinions pertinentes et éclairées sur la société, la législation et les politiques. On nous disait « hystériques » lorsque nous exprimions des préoccupations, des craintes, des émotions ou des opinions marquées.

Tout cela vous semble-t-il familier ?

C’est exactement comme cela que les femmes sont traitées aujourd’hui, dans le débat sur l’identité de genre.

Le terme « genre » a été utilisé contre nous à l’époque, et il l’est à nouveau aujourd’hui. On nous dit que nous ne sommes rien d’autre qu’un « genre » – défini par les notions très arriérées qui ont été utilisées pour nous faire taire dans le passé, nous priver de notre pouvoir, nous rendre invisibles, dépendantes et opprimées.

Le genre est utilisé non seulement pour nous dépeindre comme hystériques et irrationnelles de craindre les hommes dans les vestiaires, les prisons ou les refuges, mais il l’est aussi pour insister sur le fait que si nous ne nous conformons pas aux stéréotypes féminins, nous ne devons pas en fait être des femmes, car les femmes, bien sûr, ne sont des femmes que si elles « s’identifient » à la féminité. Or, dans un retournement logique assez spectaculaire, ce sont les femmes qui s’opposent à la définition des personnes en fonction des stéréotypes de genre qui seraient le problème. Pas les idéologues postmodernistes qui disent que la preuve qu’un garçon est une fille est qu’il aime les robes et les poupées. Pas non plus les activistes qui disent aux femmes de s’asseoir et de se taire, de laisser la place aux hommes qui savent ce qui est le mieux pour nous, et que nous devrions mettre nos limites de côté, une fois de plus et comme toujours, afin de ne pas mettre en colère ou blesser les hommes qui ne peuvent même pas un instant se résoudre à considérer que les femmes ont elles aussi des émotions.

Pourquoi la compassion et l’attention ne circulent-elles que dans un sens dans ce débat ? Pourquoi est-il « haineux » de parler des athlètes féminines, des détenues et des victimes d’agression affectées par la législation sur l’identité sexuelle ? Il est vraiment étonnant de voir avec quelle rapidité tant de personnes ont cédé aux exigences que les femmes se placent en dernier, une fois de plus, et se sont tournées vers nous pour nous accuser de sectarisme simplement parce que nous essayons de rappeler au monde nos droits, pour lesquels nous nous sommes tant battues.

C’est ce que nos bons amis de gauche nous ont fait. La gauche qui prétend être du bon côté de l’histoire. Qui prétend être du côté féministe du spectre politique. C’est ce que le mouvement LGBTQ a fait aux lesbiennes – le mouvement qui prétend que les gens ont le droit d’aimer les gens de leur sexe, que l’hétérosexualité n’est pas obligatoire – le mouvement qui est censé célébrer et protéger les gays et les lesbiennes. À moins qu’une femme ne refuse un homme, bien sûr. À moins qu’elle ne dise « non ». Alors on jette tout par la fenêtre, car dans le monde moderne d’aujourd’hui, refuser le pénis pour une femme est apparemment un crime haineux. Nous n’avons même pas le droit de dire que les hommes ne sont pas des femmes. Comment pouvons-nous dire que les femmes méritent des droits et des protections si un homme peut être une femme, et qu’il n’existe donc aucune définition du terme « femme » ? Comment pouvons-nous protéger les droits des lesbiennes si celles-ci n’ont pas le droit de rejeter les hommes ? Comment pouvons-nous comprendre l’histoire de l’oppression des femmes et nous assurer que nous ne reculons pas, si nous ne comprenons pas comment le sexe des femmes et les rôles de genre qui lui sont liés ont servi à nous opprimer.

Au Canada, nous avons laissé le projet de loi C-16, la loi canadienne sur l’identité de genre, être adopté avec d’opposition. C’est une femme – Jody Wilson-Raybould, alors membre du parti libéral et ministre de la Justice – qui a déposé cette loi en 2016. Elle a expliqué que ce projet de loi permettrait « aux Canadiens et aux Canadiennes de s’identifier et d’exprimer leur genre comme ils et elles le souhaitent, tout en étant protégés contre la discrimination et la haine, car en tant que Canadiens, nous devrions nous sentir libres et en sécurité d’être nous-mêmes ». Elle a ajouté : « Personne ne devrait se voir refuser un emploi, être désavantagé sur son lieu de travail, être incapable d’accéder à des services, ou être la cible de harcèlement ou de violence en raison de son identité de genre ou de son expression de genre. »

Mme Wilson-Raybould n’avait peut-être pas réalisé, à l’époque, que son « projet de loi historique » conduirait à ce que DES FEMMES se voient refuser des emplois, soient désavantagées sur leur lieu de travail, ne puissent pas accéder à des services, et soient la cible de harcèlement et de violence. Elle ne s’était peut-être pas rendu compte que l’adoption dans le  monde entier de lois sur l’identité de genre signifieraient que les femmes ne se sentiraient plus libres et en sécurité d’être elles-mêmes. Que les femmes marginalisées, en particulier, seraient désormais confrontées au partage d’espaces avec des hommes aux comportements prédateurs, sans aucun recours. Que des femmes pourraient être congédiées pour avoir parlé des droits des femmes et pour avoir refusé d’accepter l’idée que les femmes sont définies par leur expression de stéréotypes féminins ou par leur conformité à ceux-ci, plutôt que par leur sexe biologique.

Ces projets de loi ne visent PAS à « permettre la libre expression du genre », mais à dire qu’en fait, c’est votre expression du genre qui vous définit : les hommes sont définis par la masculinité, les femmes par la féminité. Les femmes qui peuvent être « masculines » doivent donc être des hommes, et vice versa.

Et ce n’est pas de l’exagération : les filles non conformes au genre, dont beaucoup sont lesbiennes, sont encouragées à « transitionner », à se faire amputer des seins en bonne santé, à prendre des bloqueurs de puberté et de la testostérone, à détruire leur corps pour la vie, à cause de cette idéologie. Il ne s’agit pas simplement de se montrer « gentille », alors que les répercussions sont si extrêmes, et je suis furieuse face à ceux qui insistent que ce sont les protestataires qui sont « haineuses », plutôt que celles qui défont des siècles de travail militant et mettant des femmes et des filles en danger, tout en prétendant que ce sont elles qui sont les bonnes, les progressistes et les gentilles.

Il s’agit ni plus ni moins que d’une chasse aux sorcières, sous des atours modernes. C’est le retour de bâton anti-femmes, déguisé en progrès. C’est de la misogynie, présentée comme un mouvement de droits humains.

La ministre Wilson-Raybould et le Parti libéral se sont félicités d’avoir fait adopter cette législation, sans véritable débat public, sans tenir compte de son impact sur la moitié de la population, et maintenant nous en payons toutes le prix, contraintes de travailler à contre-courant contre des politiques et une idéologie qui ont été adoptées par les institutions, les médias et les représentants politiques de tout le pays.

Voilà ce que notre gouvernement « progressiste » et « féministe » a fait pour nous. Et maintenant, ils voudraient faire comme si nous n’existions pas,  nous les femmes qui ne croyons pas qu’il est possible de changer de sexe, les femmes qui ne veulent pas que leurs filles soient rendues stériles et incapables de jouir de relations sexuelles avant même d’avoir pu se rendre compte de ce que cela signifie. Les femmes qui savent que le fait de placer des hommes dans des prisons pour femmes expose ces femmes – qui comptent parmi les plus marginalisées de tout le Canada – à des abus qu’elles ne contesteront peut-être pas et qui, même si elles essayaient, ne seraient pas écoutées. Les femmes qui savent que les femmes qui échappent à la torture et aux abus masculins ne souhaitent pas et ne devraient pas devoir partager une chambre avec un homme étranger, dans le seul endroit où elles peuvent aller pour leur sécurité. Les femmes qui savent qu’une lesbienne est une femme. Les femmes qui savent qu’elles sont des femmes, qu’elles s’intéressent ou non aux talons hauts, aux robes roses, à la domesticité, la passivité et l’objectivation. Nous sommes réelles, nous existons et nous comptons.

Après tout le travail accompli par nos sœurs, qui ont tant souffert pour les droits et privilèges dont nous jouissons aujourd’hui, nous ne POUVONS PAS demeurer silencieuses et laisser tout cela disparaître. Il est de notre devoir, en tant que femmes qui vivons dans un pays libre, de nous battre pour les femmes et les filles du monde entier. Il est de notre devoir de nous battre pour la liberté d’expression. Il est de notre devoir de nous battre pour la vérité et la justice.

Et je sais que c’est difficile. Je sais qu’il y a des conséquences réelles et très graves au fait de s’exprimer. Je sais que les femmes ne peuvent pas se permettre de perdre leur emploi, leur communauté, leur couverture médicale, leur sentiment de sécurité ou leurs ami˴e˴s. Je sais que ce ne sont pas des petites choses. Mais je sais aussi que nous devons faire quelque chose, et que nous avons besoin de toutes mettre l’épaule à la roue. Nous avons trop facilement permis aux médias et aux politiciens canadiens de nous invisibiliser, de faire comme si nous n’étions pas des milliers. Nous avons permis à nos partis politiques d’éviter d’intégrer à leurs programmes les droits des femmes basés sur leur sexe – et nous avons quand même voté pour ces partis ! Ces mêmes partis qui prétendent que nous n’avons pas d’importance – que nous n’existons pas ! Nous avons voté pour eux. Nous avons voté pour eux. Cela a assez duré.

L’avantage de la Déclaration sur les droits des femmes en fonction de leur sexe est qu’elle rappelle aux pays qui ont ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) qu’ils sont légalement tenus de mettre ses dispositions en pratique. La CEDAW n’est pas seulement un signal de vertu vide de sens, elle vise à responsabiliser les États pour qu’ils agissent au nom des droits humains des femmes.

La Convention définit la discrimination à l’égard des femmes comme « … toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice par les femmes, quel que soit leur état matrimonial, sur la base de l’égalité de l’homme et de la femme, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social, culturel et civil ou dans tout autre domaine ».

Le Canada a signé la CEDAW en 1980 et l’a ratifiée en 1981. Quarante ans plus tard, cette convention est toujours en vigueur. Le Canada est toujours obligé de défendre les droits des femmes en fonction de leur sexe, même si les législateurs et les décideurs politiques l’ont peut-être oublié.

Et, pour mémoire, le « sexe » est défini par les Nations unies comme « les caractéristiques physiques et biologiques qui distinguent les hommes des femmes ». Il n’est pas défini comme « un vague sentiment ou une déclaration basée sur une préférence » ou une signature « elle/il » au bas d’un courriel. Le sexe n’est pas imposé ou assigné, il est observé, et c’est un fait immuable. Ce n’est pas une opinion, un jugement, une insulte ou une préférence, et il ne se soucie pas de vos sentiments. J’imagine que la biologie n’est pas toujours « inclusive ».

Et, pour mémoire, le « genre » est défini par la CEDAW comme « les rôles, comportements, activités et attributs qu’une société donnée, à un moment donné, considère comme appropriés pour les hommes et les femmes… Ces attributs, opportunités et relations sont socialement construits et s’apprennent par des processus de socialisation ».

Les différences entre le sexe et le genre sont toutes très clairement exposées, mais beaucoup de gens éprouvent de la difficulté à faire la différence entre les deux dans ce débat. J’aimerais que ceux et celles qui élaborent des lois et des politiques dans ce domaine prennent un moment pour consulter ces définitions, mais ce n’est manifestement pas le cas, et il nous appartient donc de les rappeler à nos représentants. Car remplacer le mot « sexe » par « genre » signifie que les droits des femmes ne sont plus protégés. Et, en tant que féministes, nous ne sommes pas intéressées par la protection du « genre ». Il n’est pas nécessaire de protéger des rôles de genre stéréotypés. Il est par contre nécessaire de protéger les femmes contre la discrimination et la violence fondées sur le sexe. Et cela ne veut pas dire que tout le reste du monde ne mérite pas aussi d’être protégé – que les gens qui souffrent de ce qu’ils considèrent comme une « dysphorie de genre » ou qui ne sont pas conformes au genre ne devraient pas aussi être protégés contre la discrimination et la violence. Cela signifie simplement que cela ne devrait pas et ne doit pas se faire au détriment des femmes. Il n’est certainement pas nécessaire de prétendre qu’un homme est littéralement une femme pour protéger ses droits humains.

Les droits des femmes ne sont pas protégés en raison de leur « identité de genre », qui n’est pas une chose réelle et définissable, ces droits sont protégés parce qu’elles sont nées femmes.

On dit qu’une « identité de genre » fait référence à l’expérience personnelle d’un individu en matière de genre, ce que tout le monde ressent, car nous vivons toutes et tous dans une culture façonnée par des normes liées à la masculinité et à la féminité, et parce que nous sommes toutes et tous des individus avec des goûts et des aversions différents. Nous faisons toutes et tous « l’expérience du genre », et pourtant ce n’est pas ce qui nous définit. Bien que nos goûts et nos aversions puissent être genrés, ils ne déterminent pas, en fait, notre sexe biologique.

Définir et protéger les gens en fonction de leur « identité de genre » est tout aussi logique que de définir et protéger les gens en fonction de leur goût pour les comédies romantiques ou les films d’action.

De plus, protéger les droits des femmes à fonctionner à l’extérieur des normes de genre fait partie de la protection des droits des femmes. En d’autres termes, les droits des femmes basés sur leur sexe n’existent pas en opposition aux droits des personnes à ne pas subir de discrimination parce qu’elles n’adhèrent pas à des stéréotypes sexistes.

Je me rends compte qu’une bonne partie de ces principes ne sont peut-être pas venus à l’esprit des partisans du transactivisme trans et de la législation sur l’identité de genre, qui peuvent penser qu’ils font ce qu’il faut, en termes de protection de ce qu’on dit être une population marginalisée. Les médias, les écoles, les militants et les politiciens ont fait de l’excellent travail pour enfoncer ce clou. Dans les écoles de Colombie-Britannique, on enseigne littéralement aux enfants que « tout le monde a une identité de genre ». On enseigne aux enfants d’école primaire que « Lorsque les bébés naissent, les médecins et les parents décident généralement si le bébé est un garçon ou une fille. Cependant, tout le monde ne grandira pas en se sentant ou en s’identifiant comme un garçon ou une fille ». Les élèves se font également dire qu’ils doivent « chercher des indices » leur indiquant qu’un garçon est en réalité une fille. Les plans de cours pour les enseignants leur disent de « demander aux élèves ce que signifie se sentir comme un garçon ou se sentir comme une fille ». Une activité proposée aux élèves dans l’un des plans de cours du programme OSIG (Orientation Sexuelle et Identité de Genre) appelle les enseignants à « faire le tour de la classe, se présenter et demander à tous et toutes quels sont leurs noms et les pronoms qu’ils doivent utiliser ».

Parallèlement au projet de loi C-16, la Colombie-Britannique a également adopté un projet de loi ajoutant « l’identité et l’expression de genre » comme motif de discrimination interdit par le Code des droits de l’homme, et le programme OSIG a été instauré dans les écoles à peu près au même moment – un programme présenté comme visant à garantir que les classes sont « inclusives » et que les élèves se sentent « en sécurité, inclus et responsabilisés », mais ce n’est pas là le fond de l’histoire.

S’il ne s’agissait que de prévenir la discrimination et les brimades, ce serait une chose. Mais la réalité est que ces projets de loi et les politiques et pratiques qui sont institutionnalisées très rapidement au Canada ont préséance sur les droits des femmes et des filles, et endoctrinent les enfants dans une idéologie régressive et absurde que personne n’est autorisé à contester, de peur d’être accusés de haine et de sectarisme. Ce sont en fait les femmes et les filles qui sont victimes de discrimination et d’intimidation dans tout cela, et exclues de la conversation – leurs préoccupations sont bafouées et réduites au silence.

On enseigne aux enfants que toute remise en question de cette idéologie est une « phobie » et une forme d’ »intimidation », ce qui revient essentiellement à enseigner aux filles, dès leur plus jeune âge, qu’un homme peut en fait être une femme, et doit donc être accueilli dans un vestiaire, qu’elles ne peuvent pas participer à des compétitions sportives sur une base équitable, car elles peuvent être contraintes de se mesurer à des hommes, qui sont physiquement plus forts et plus rapides qu’elles, et que si elles préfèrent les jeux vigoureux à des jeux de « maison », elles peuvent en fait être elles-mêmes des garçons.

Nous parlons ici d’idéologie : la notion selon laquelle on peut changer de sexe ou être nés dans le mauvais corps est une croyance, qui n’est ancrée dans rien d’autre qu’une foi aveugle. Et nous voilà, dans un Canada moderne et progressiste, à enseigner aux enfants que la science n’est pas réelle, que la réalité peut être remplacée par l’imaginaire, par certains sentiments ou expressions, et que remettre en question cette foi est « de l’intimidation ».

Je pense que les gens se rendent graduellement compte du caractère insensé de l’idéologie que constitue l’identité de genre et de la façon dont elle nuit aux femmes et aux enfants, mais je pense aussi que beaucoup de gens ne savent pas vraiment quoi faire. Comment contester quelque chose quand on nous dit que cela signifie devenir un paria ?

La vérité, c’est que nous avons tout ce dont nous avons besoin à portée de main. Nous pouvons expliquer à nos représentant˴e˴s politiques ce qu’est la différence entre le sexe et le genre, et que les droits des femmes sont fondés sur leur sexe, et non sur le genre. Et nous devons réellement commencer à faire ce travail. Nous avons vu des femmes dans d’autres pays faire pression avec succès contre les lois sur l’identité de genre, en Grande-Bretagne et en Écosse, par exemple. Nous pouvons multiplier des pressions efficaces et sensibiliser celles et ceux qui ont le pouvoir d’apporter des changements institutionnels et législatifs.

Le pouvoir du mouvement féministe s’est toujours manifesté par la participation de femmes ordinaires à ses luttes. Des femmes ordinaires, qui expriment leurs idées ou qui font pression pour imposer des changements. Et il n’y a pas qu’une seule façon de le faire. La Campagne pour les Droits Humains des Femmes offre aux femmes un moyen sécuritaire de s’exprimer, en organisant des réunions privées avec leurs député˴e˴s, pour discuter de leurs préoccupations, en utilisant la déclaration de la CDHF comme cadre clair, ancré dans la législation des droits humains. Il n’y a aucun risque d’être attaquée, ou congédiée, ou ostracisée, en rencontrant vos représentants politiques locaux. Votre député˴e n’appellera pas votre patron ou n’ira pas sur Twitter pour vous dénoncer comme hérétique. Vous pouvez apporter ces arguments et cette documentation à votre député˴e et exiger qu’elle ou il vous écoute – c’est littéralement son travail de le faire : répondre aux doléances de ses commettant˴es et représenter les intérêts des gens de sa circonscription.

Et plus nous serons nombreuses à aller voir nos représentants politiques, moins ils et elles arriveront à nous ignorer en tant que bloc de votes. Plus ils seront susceptibles de se mettre à parler entre eux de ces enjeux, et de réaliser que nous ne sommes pas marginales, que nous ne sommes pas folles, que nous ne sommes pas des extrémistes radicales – nous sommes des femmes ordinaires qui connaissons nos droits et sont prêtes à se dresser pour les protéger.

Meghan Murphy

Traduction : TRADFEM

Version originale : https://www.feministcurrent.com/2020/10/26/canada-is-still-obligated-to-protect-womens-sex-based-rights/

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