La Norvège fait un pas en avant pour mettre fin à l’ « expérience » de la médecine du genre chez les jeunes (GENSPECT)

Par Rose Kelleher / 22 mars 2023

Un organisme indépendant estime que l’approche affirmative adoptée par la Norvège en matière de soins liés au genre s’avère risquée, irréversible et fondée sur des recherches triées de façon biaisée.

Un organisme d’enquête indépendant norvégien a qualifié d’ « expérimentale » l’utilisation de bloqueurs de puberté, d’hormones de sexe opposé et de chirurgies chez les jeunes, et a recommandé aux autorités de limiter ces traitements à des contextes de recherche jusqu’à ce que l’on dispose de plus de preuves de leur efficacité et de leur sécurité.

Le rapport, intitulé Patient safety for children and young people with gender incongruence (La sécurité des enfants et des jeunes patient-es souffrant d’incongruence de genre), a été publié le 9 mars par un organisme intitulé UKOM (Commission d’enquête sur les soins de santé en Norvège), dont le mandat est d’enquêter sur les « événements indésirables graves et autres préoccupations sérieuses » dans le système de santé norvégien.

L’UKOM a mené des entretiens avec des jeunes vivant de la détresse liée au genre ainsi qu’avec leurs parents, à la suite de plaintes concernant les soins reçus par certain-es jeunes patient-es. Le rapport souligne plusieurs problèmes liés à l’état actuel des soins de santé pour les personnes dites transgenres au pays, qu’il s’agisse du manque de données sur la sécurité et l’efficacité des traitements, des tensions sociétales qui interfèrent avec la capacité à prendre des décisions judicieuses ou de l’importance excessive accordée aux droits (plutôt qu’aux éléments de preuve) dans les lignes directrices actuelles.

Selon les auteurs, divers intervenants norvégiens effectuent des traitements de confirmation du sexe, bien qu’il n’existe aucun registre national de données de quelque nature que ce soit. En classant les traitements comme devant être limités à des contextes expérimentaux, ceux-ci seront soumis à des règles plus strictes concernant le consentement éclairé, l’admissibilité aux traitements et l’évaluation des résultats. « Cela contribuera à des services plus sûrs et plus prévisibles », selon le rapport, ainsi qu’à une base de données probantes sur laquelle les décisions futures pourront s’appuyer.

Les soins liés au genre en Norvège jusqu’à présent

Le Rikshospitalet, ou hôpital universitaire d’Oslo, abrite le service centralisé de prise en charge des questions de genre du pays. Comme d’autres pays occidentaux, la Norvège a vu le nombre de jeunes gens cherchant de l’aide liée au genre augmenter considérablement depuis 2012, passant de 5 à 10 par an à près de 200 aujourd’hui. Les jeunes filles représentent la majeure partie de cette augmentation.

Depuis 2015, un guide publié par la direction de la santé, intitulé « Le droit au bon genre », qui fait étroitement écho au modèle de soins affirmant le genre étiqueté « SOC7 » de l’organisation WPATH (World Professional Association for Transgender Health), constitue le schéma directeur des décisions cliniques des praticiens. Les jeunes ont eu un accès relativement facile aux soins d’affirmation du genre, avec des bloqueurs de puberté prescrits à partir du stade Tanner 2 de la puberté, des hormones de sexe opposé à partir de 16 ans et des opérations chirurgicales à partir de 18 ans, le tout sans évaluation psychologique.

Les lignes directrices de 2015 ont été rédigées dans le contexte des nouvelles conditions de changement de statut sexuel légal en Norvège, la nouvelle législation supprimant l’obligation pour les personnes transgenres de se faire amputer de leurs organes reproducteurs comme condition préalable à la modification du marqueur de sexe sur leurs documents officiels.

En juin 2020, la Direction norvégienne de la santé a publié de nouvelles lignes directrices, rédigées avec l’aide d’activistes tels que la Patient Organisation for Gender Incongruence (PKI). (Bernard Lane, qui s’est entretenu avec une personne consultée dans le cadre de l’enquête de l’UKOM, a déclaré que les politiciens et le service national de santé du pays avaient été fortement influencés par des transactivistes).

Un groupe de cinq professionnels vient de publier un article d’opinion dans le journal Aftenposten, tirant la sonnette d’alarme sur le manque de preuves justifiant les traitements recommandés dans l’édition 2020 de ce guide. « Les nouvelles lignes directrices donnent l’impression que les traitements hormonaux et chirurgicaux d’affirmation du sexe ont fait leurs preuves. Ce n’est pas le cas. Ces méthodes de traitement, qui ont des conséquences irréversibles et importantes, reposent sur une base de connaissances insuffisante », ont-ils déclaré au journal.

La pédopsychiatre Anne Waehre, qui a été interviewée dans le documentaire suédois Trans Train, est l’un des médecins qui ont cosigné l’article. Elle a ensuite déclaré à la chaîne de télévision TV2 en 2022 qu’il est courant que les jeunes éprouvent des sentiments d’incongruité de genre, « mais qu’ils ne devraient pas tous être soumis-es à un traitement médical ». La Dre Waehre, qui travaille au Rikshospitalet, a déclaré qu’elle craignait que certain-es enfants et adolescent-es regrettent leur traitement et soient confronté-es à des conséquences irréversibles.

Des services parallèles pour les femmes – le HKS à Oslo

Les plaintes concernant l’état actuel des soins en Norvège émanent de « plusieurs intervenants », selon le rapport de l’UKOM, « des autorités et du personnel de santé, ainsi que des organisations de patients et de familles, qui remettent en question le bien-fondé et l’organisation de l’offre de traitement ». En effet, des activistes et des organisations de défense des patients se plaignent depuis longtemps de ce qu’elles considèrent comme la fonction de sélection exercée par le service centralisé du Rikshospitalet.

Il est de notoriété publique qu’un service médical financé par la municipalité d’Oslo, le Centre de santé pour le genre et la sexualité (HKS), propose une autre option, moins contrôlée, aux jeunes souffrant de troubles du genre. HKS se présente comme un centre de traitement « pour toutes les personnes d’Oslo âgées de 0 à 30 ans qui souhaitent parler de sujets liés aux LGBTIQ+ », avec une « expertise particulière en matière de trans*, d’identité de genre et de sexualité ». Sur son site web, HKS affirme fournir « un soutien et un traitement affirmant le genre à un niveau de seuil réduit ».

En avril 2022, les autorités ont ouvert une enquête sur HKS et le service a ensuite reçu l’ordre de cesser de traiter les mineurs avec des bloqueurs de puberté et des hormones transsexuelles. L’un des membres de son personnel est une femme transgenre appelée Esben Esther Pirelli Benestad. Mme Benestad, sexologue et personnalité de la télévision, s’est vu retirer son autorisation d’exercer la médecine en février de cette année à la suite de plaintes pour violation des normes professionnelles.

Les infractions présumées de Mme Benestad comprennent le fait de ne pas avoir orienté vers le Rikshospitalet des jeunes souffrant de troubles du genre et de leur avoir prescrit des traitements hormonaux sur la base de ses propres évaluations, ainsi que la prescription irresponsable de médicaments entraînant une dépendance. L’un des patients de Mme Benestad s’est suicidé après avoir été traité avec des bloqueurs de puberté, alors que le Rikshospitalet lui avait déjà prescrit des hormones sexospécifiques.

Cependant, malgré la radiation de Benestad et la nature sans ambiguïté du rapport de l’UKOM, il reste à vérifier, tout comme en Suède, comment les nouvelles recommandations seront mises en œuvre sur le terrain. La Society for Evidence-Based Medicine a indiqué qu’elle allait examiner en profondeur le rapport de l’UKOM, en déclarant : « Actuellement, nous estimons que le rapport de l’UKOM s’apparente au rapport d’enquête rédigé par la Dre Hilary Cass du Royaume-Uni en ce qu’il formule des recommandations pour la restructuration des services destinés aux jeunes hommes et femmes. »

Il reste à vérifier comment le ministère norvégien de la Santé appliquera ces recommandations.

Source: https://genspect.org/norway-takes-a-step-forward-in-ending-experiment-in-youth-gender-medicine/

Traduction: TRADFEM

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