L’auto-identification sexuelle (gender self-ID) aggraverait fortement l’épidémie actuelle d’agressions voyeuristes en Asie de l’Est

Par Jaclynn Joyce, sur le site 4W, 22 mars 2023

Les femmes de Singapour font face à une augmentation des agressions voyeuristes ; en Malaisie, des vidéos provenant d’un vestiaire pour femmes sont vendues en ligne ; et le Japon connaît une forte augmentation des délits de type « upskirting » (images captées sous les jupes) et « spycam » (caméras espionnes).

L’auto-déclaration sexuelle aggraverait l’épidémie d’agressions voyeuristes en Asie de l’Est

Alors que les crimes sexuels commis par voie numérique augmentent dans le monde entier, la Corée du Sud est devenue l’épicentre mondial du recours aux caméras espionnes (également appelées molkas dans ce pays), soit l’utilisation de minuscules caméras cachées pour filmer secrètement des personnes, principalement dans les toilettes, les hôtels et les cabines d’essayage. La plupart des victimes sont des femmes, la grande majorité de ces délinquants sont des hommes, et les images ou vidéos capturées sont régulièrement vendues à grand renfort de publicité sur divers sites web pornographiques.

Fait troublant, les images de caméras espionnes sont devenues le genre pornographique dominant en Corée du Sud. En 2018, la question des caméras espionnes a surgi en manchette de l’actualité avec le démantèlement de plusieurs réseaux de caméras espions, dont certains ciblaient des stars connues de la K-Pop. En fait, le problème était devenu si grave à l’époque que le gouvernement de Séoul a mis sur pied une équipe de 8 000 fonctionnaires chargée d’inspecter quotidiennement les toilettes publiques de la ville. Aujourd’hui encore, la police ratisse régulièrement les toilettes publiques et les hôtels. Des dizaines de milliers de femmes sont même descendues dans la rue pour protester contre le harcèlement et les violations qu’elles subissaient quotidiennement et contre l’incapacité du gouvernement à les prendre au sérieux, mais le problème demeure et la répression de ces infractions demeure très insuffisante. Aussi grave que soit le problème en Corée du Sud, il l’est encore plus si l’on considère qu’il s’agit d’un crime largement sous-déclaré ; il est difficile de détecter les caméras cachées en premier lieu, de sorte que les victimes et les autorités peuvent ne même pas savoir quand un crime a été commis.

En Asie, le problème du voyeurisme high-tech ne se limite pas à la Corée du Sud. Les Singapouriennes sont confrontées à une augmentation des agressions voyeuristes ; en Malaisie, la vente en ligne de vidéos provenant de vestiaires féminins a fait la une des médias internationaux ; et au Japon, les autorités se démènent pour faire face, sans en discuter, à une forte augmentation des délits de « upskirting » et de « spycam ». Le terme « upskirting » désigne le fait de prendre des photos ou de filmer les sous-vêtements ou les parties intimes d’une femme sans son consentement, généralement à l’aide d’une caméra cachée ou d’un Smartphone.

Ces dernières années, la question des caméras cachées et du voyeurisme, en particulier dans les toilettes publiques et les vestiaires, a aussi suscité une inquiétude croissante à Taïwan. Ces caméras cachées, dont certaines sont aussi petites que l’ongle d’un doigt, ont été utilisées pour enregistrer et diffuser des images et des vidéos de personnes, principalement des femmes et des jeunes filles, sans leur consentement. Lors de mes trajets quotidiens en train interurbain, je vois maintenant dans les gares de Taipei des avertissements sur les dangers que représentent les hommes qui prennent des photos de femmes sous leur jupe dans les escaliers roulants, ainsi que des rappels indiquant que le personnel vérifie régulièrement la présence de caméras numériques dans les salles de toilettes.

En 2020, un homme de 26 ans de Taipei a fait la une des journaux après que l’on ait découvert qu’il avait filmé secrètement plus de 160 femmes et jeunes filles à Taipei et à New Taipei. Parmi ses victimes se trouvaient des jeunes filles d’aussi peu que 13 et 14 ans. La majorité de ses caméras espionnes avaient été placées dans les toilettes des filles de diverses écoles et universités de la ville, des lieux réservés aux femmes dans lesquels il s’était introduit. Le fait qu’il ait pu se faufiler dans autant de toilettes réservées aux femmes est particulièrement alarmant puisque Taiwan envisage d’adopter un projet de loi sur l’auto-identification sexuelle qui, s’il est adopté, garantira qu’un homme n’aura qu’à déclarer un sentiment interne d’« identité de genre » pour changer légalement de sexe et pouvoir investir les espaces réservés aux femmes. Les hommes de ce type auraient librement accès aux espaces réservés aux femmes, partout et à tout moment.

Un couple de Chinois en vacances à Taïwan a découvert plusieurs caméras cachées dans la salle de bain et la chambre de leur logis AirBnb dans le sud de Taïwan. Le couple a poursuivi le propriétaire de cet AirBNB et s’est inquiété de savoir combien d’autres personnes avaient été ainsi victimisées à leur insu depuis que l’appartement avait été acheté et mis à la disposition des vacanciers en 2014.

L’année dernière, un homme du sud de Taïwan a été arrêté avec plus de 3 000 photos de femmes sur son téléphone et son ordinateur, après avoir pris des photos sous leurs jupes à l’aide de son téléphone portable et de caméras cachées. Et en 2021, dans le cadre d’une forme de harcèlement facilité par la haute technologie, un YouTubeur taïwanais de 26 ans, connu sous le nom de Xiao Yu, a été arrêté pour avoir vendu de fausses vidéos pornographiques (deepfake) de diverses personnes bien connues en Asie, allant d’influenceurs à des célébrités et même des membres élus du gouvernement. On estime qu’il a gagné plus de 325 000 dollars américains grâce à la vente de ces vidéos.

Que fait Taïwan pour contribuer à résoudre ce problème ? En décembre 2015, Taïwan a adopté une Loi sur la prévention des crimes d’agression sexuelle. L’objectif de cette loi est de prévenir les agressions sexuelles et de protéger les droits des victimes. Cette loi prévoit une éducation à la prévention des agressions sexuelles à tous les niveaux d’instruction, une autorité légalement compétente pour enquêter sur les crimes d’agression sexuelle, des mesures correctives et un traitement médical dispensé en prison aux délinquants, ainsi qu’un soutien aux victimes et des sanctions pour les délinquants.

En réponse directe au voyeurisme, y compris l’upskirting et l’utilisation de caméras cachées, Taïwan a :

  • alourdi les peines pour le voyeurisme et la distribution de matériel voyeuriste
  • augmenté le financement des enquêtes policières et des technologies de détection des caméras cachées
  • créé une base de données nationale des personnes condamnées pour voyeurisme
  • multiplié les campagnes de sensibilisation du public afin d’apprendre aux individus à détecter et à signaler les caméras cachées.

À Taïwan, le gouvernement a également créé une base de données nationale des personnes condamnées pour voyeurisme, qui est gérée par le Bureau d’enquête du ministère de la Justice. L’objectif de cette ressource est de conserver une trace des personnes condamnées pour voyeurisme et de mettre ces informations à la disposition du public.

Cette base de données contient des informations telles que le nom, la date de naissance et la photographie de l’individu, ainsi que des détails sur sa condamnation et sa peine. La base de données peut être consultée par le public et est accessible sur le site web du Bureau d’enquête. Le gouvernement dispose également d’un mécanisme de prévention de la récidive grâce à l’utilisation de cette base de données. Par exemple, les employeurs peuvent consulter la base de données avant d’embaucher un nouvel employé, et les personnes condamnées pour voyeurisme se voient interdire de travailler dans certains domaines, tels que l’éducation et la santé. La création de cette base de données s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par le gouvernement pour lutter contre le problème du voyeurisme à Taïwan et pour protéger la vie privée et la sécurité de ses citoyens. Cependant, l’efficacité de cette base de données dans la prévention de la récidive et l’effet secondaire possible de la stigmatisation des personnes qui ont purgé leur peine font toujours l’objet d’un débat.

En outre, des citoyennes et des organisations de la société civile ont déployé des efforts à l’échelle locale pour lutter contre ce problème, notamment en créant des cartes publiques des lieux connus où des caméras cachées ont été trouvées et en organisant des groupes de bénévoles pour mener des efforts de repérage et des campagnes de sensibilisation du public.

Une amie présente sur les médias sociaux m’a récemment conseillé de jeter un coup d’œil en ligne sur la prolifération des caméras espionnes vendues à Taïwan, et ce que j’ai trouvé m’a choquée. Tout d’abord, lorsque j’ai tapé « Taiwan spycam » dans Google, je n’ai trouvé que des sites pornographiques. Il semble que le genre soit incroyablement populaire parmi les consommateurs, ce qui explique pourquoi tant de victimes de voyeurisme high-tech trouvent des vidéos ou des images d’elles-mêmes sur des sites pornographiques accessibles à un public payant, ce qui entraîne des dommages émotionnels et psychologiques pour les personnes ainsi espionnées.

Sur des plateformes d’achat populaires telles que https://shopee.tw/, on voit annoncées des caméras espionnes faciles à cacher ou déguiser. Ces publicités incluent également des photos de couples au lit. La seule implication logique est que l’on peut filmer des couples ou une partenaire au moment où celle-ci est le plus vulnérable, sans son consentement.

Une autre publicité affichée sur https://shopee.tw/ présente une petite caméra facilement dissimulable et une femme en sous-vêtements. La suggestion faite par la publicité est claire et dérangeante.

Vendue pour moins de 20 USD, cette petite caméra espionne, vendue sur le même site, montre une autre femme non méfiante se penchant en sous-vêtements.

Certains ont préconisé l’interdiction de la vente de caméras cachées dans des pays comme Singapour. Dans d’autres pays, des lois ont été adoptées pour interdire spécifiquement la fabrication, la vente ou la possession de caméras cachées. En Corée du Sud, par exemple, il est illégal de produire, de distribuer ou de posséder un dispositif pouvant être utilisé à des fins de voyeurisme, comme une caméra cachée, et les contrevenants risquent jusqu’à trois ans de prison ou une amende pouvant atteindre 20 millions de wons (environ 18 000 USD).

Cette version hi-tech de la violence masculine, à savoir la violence sexuelle numérique, pourrait s’aggraver pour les femmes avec une nouvelle législation sur « l’identité sexuelle ». Un précédent a été créé en 2021 lorsque la Haute Cour administrative de Taipei a rendu une décision autorisant un homme transidentifié se faisant appeler « Xiao E (小E) » à changer de sexe légal pour devenir une femme sans avoir recours à une opération chirurgicale de réassignation sexuelle – la première du genre. Jusqu’alors, les personnes ne pouvaient pas changer d’identité sexuelle sur une carte d’identité à moins de fournir des certificats médicaux confirmant un diagnostic de dysphorie de genre et la preuve d’une opération chirurgicale de « réassignation sexuelle ». Aujourd’hui, des activistes sud-coréens font pression en faveur de l’auto-identification, c’est-à-dire d’une simple déclaration de sentiments innés de la personne, qui lui permettrait de changer légalement de sexe. Des études prouvent qu’au niveau mondial, la plupart des hommes qui s’identifient comme transgenres conservent leurs organes génitaux. Modifier la loi pour permettre à ces hommes d’accéder aux espaces réservés aux femmes signifie que n’importe quel homme pourra accéder aux espaces réservés aux femmes, les rendant ainsi mixtes, au détriment des femmes.

En 2018, dans une source thermale publique de Taïwan, une installation séparée en espaces masculins et féminins pour que les participants puissent se baigner confortablement nus, un homme déguisé en femme a tenté d’entrer dans l’espace réservé aux femmes. Effrayant les clientes, qui ont été exposées à la vue de son sexe, il a demandé à être désigné comme une femme avant d’être escorté vers la sortie. La même chose s’est produite l’année dernière, lorsqu’un homme se présentant comme une femme auto-déclarée a tenté d’accéder à la section réservée aux femmes d’un établissement thermal, muni d’une fausse carte d’identité et ayant les organes génitaux repliés entre ses jambes. Il a été rapidement arrêté.

Le risque pour la vie privée et la sécurité des femmes et des jeunes filles est réel. Ces dernières années, l’on a recensé partout dans le monde de nombreux cas d’hommes se travestissant ou prétendant être transgenres pour accéder aux salles de bains et aux vestiaires des femmes à des fins inappropriées. De nombreuses femmes craignent que des prédateurs mâles, qui se donnent déjà beaucoup de mal pour accéder à des femmes et des jeunes filles vulnérables, n’abusent de la notion d’identité sexuelle et ne profitent de l’auto-identification. Le fait est qu’ils le font déjà.

Source : https://4w.pub/voyeur-assault-asia-self-id/

Traduction : TRADFEM

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