Quelques mots d’une survivante: Vednita Carter

« Je voulais terminer le lycée et aller directement à l’université. Nous ne pouvions pas nous le permettre, alors moi et une amie avons décidé de chercher des jobs d’été. La plupart des annonces que nous avons trouvées disaient « Dancers Needed to Make Big Money », et d’autres choses du même genre. Ces annonces disaient que nous pouvions gagner 1 000 dollars par semaine ! Nous nous sommes rendues sur place et avons été embauchées sur-le-champ.
Ils ne cherchaient pas vraiment des danseuses. C’était une annonce pour du strip-tease. Si nous essayions de vraiment danser, ils nous disaient que nous devions être plus sexy et séduisantes.
Plus les choses changent, plus elles restent les mêmes. À l’époque, la danse était le seuil d’entrée dans la prostitution. Aujourd’hui, c’est toujours la même chose. Le mannequinat, la danse – ce n’est presque jamais ce qu’ils disent aux filles au départ.
J’ai pu m’échapper au bout d’un an. Mais pendant ce temps, ma vie était devenue tellement perturbée. J’avais tellement de choses dont guérir après être sortie du milieu.
J’ai perdu le contact avec l’amie qui m’avait accompagnée. Des années plus tard, je l’ai rencontrée par hasard et je lui ai demandé quand elle était sortie. Elle m’a répondu que c’était au moment de la mort de son « petit ami » (qui était en fait son proxénète), soit environ un an plus tôt. À l’époque, nous avions toutes les deux la cinquantaine.
J’aurais pu être elle. Mais peut-être qu’avec l’aide appropriée, elle aurait pu être moi.
Il y a tant de femmes blessées et mourantes qui sont piégées dans cette vie. Ma mission consiste à les aider à prendre conscience de leur valeur et à reconnaître qu’elles méritent d’être sauvées. C’est aussi important que de leur fournir un toit.
La prostitution est un problème de justice raciale. C’est à l’époque de l’esclavage que la traite des femmes afro-américaines a commencé. Même après la libération des esclaves, les femmes et les filles noires ont continué à être achetées et vendues. Aujourd’hui, il y a trop de zones urbaines appauvries que les hommes de la classe moyenne traversent en voiture dans le seul but de trouver une femme ou une fille de couleur à acheter ou à utiliser. On ne peut pas faire abstraction de la race dans cette dynamique.
J’ai longtemps gardé ma propre histoire sous silence. Des années et des années après les faits, j’ai écrit ce qui m’était arrivé pendant cette période et je l’ai partagé avec mes enfants. Leur réaction m’a montré à quel point c’était douloureux, même si une partie de moi avait essayé de l’oublier. Leur compréhension m’a donné le sentiment que je devais continuer à partager ce vécu.
-Vednita Carter


Vednita Carter est la fondatrice et l’ancienne présidente de Breaking Free, une organisation à but non lucratif qui aide les femmes et les jeunes filles à échapper aux systèmes de prostitution et d’exploitation sexuelle par des actions de sensibilisation, des services directs, le logement et l’éducation.

Source : World Without Exploitation : Un monde sans exploitation

Mots-clic: #SurvivorStories #ListenToSurvivors #SupportSurvivors #SurvivorLed

Source: https://www.facebook.com/LivingInFreedomTogether

Traduction: TRADFEM

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