« Des femmes ont été immolées par le feu en tant que « sorcières » durant 500 ans en Europe, et même si cela ne fut pas aussi méticuleusement consigné par l’Église, qui voulait leurs terres et autres possessions; elles le furent aussi dans d’autres parties du monde. Ou elles furent noyées, une autre méthode pour se débarrasser de femmes riches, instruites, dotées de connaissances médicales (notamment en herboristerie) et de capacités personnelles. Les femmes qui furent brûlées étaient souvent ligotées sur une pile d’êtres humains traités comme du bois d’allumage, des fagots – d’où est dérivée l’insulte homophobe « fag ». (Ce dernier fait est contesté dans certains comptes rendus : heureusement, nous n’étions pas sur place pour observer ces supplices.)
J’ai lu le premier roman de la série Harry Potter et je l’ai trouvé extraordinaire. J’ai ressenti qu’une perspective à la fois ancienne et sage, rafraîchissante et excitante y était offerte à l’humanité. La vie et ses vicissitudes m’ont empêchée de lire les œuvres subséquentes de Rowling
Je considère que J.K. Rowling est parfaitement en droit comme être humain clairement attentive aux besoins de l’humanité d’exprimer ses opinions sur quoi que ce soit dont elle se soucie. Ce qu’elle a fait.
Je crois aussi que le fait de nous écouter les un-e les autres avant de lancer des allumettes nous distancierait avantageusement de l’époque moyenâgeuse.
En tant qu’Aînée, (un rôle que je prends au sérieux), je dois nous rappeler qu’aucune « sorcière » ne mérite d’être brulée. Peut-être faudrait-il plutôt cibler plutôt notre inconscience d’être effacées, et ce bien avant que les « robotes femelles » de l’Intelligence Artificielle soient imposées à notre conscience collective, principalement comme esclaves, travailleuses et jouets sexuels. Je veux dire que, pour quelque sinistre raison, « la femme » a commencé à être effacée du langage bien avant qu’elle commence à disparaître des dictionnaires et de la société.
L’utilisation du terme « guys » pour désigner indistinctement des hommes et des femmes a érodé la capacité des enfants à avoir confiance en leur sexe d’appartenance. Cette confusion, apparemment jugée sans importance dans la formation des jeunes esprits, a conduit à beaucoup d’amputations et de restructuration de ressources physiques essentielles. Si de telles restructurations sont librement choisies à dix-huit ou vingt ans, on peut au moins penser que la personne en cause a peut-être vécu suffisamment longtemps pour savoir, définitivement, où la pousse son désir. Pour les enfants plus jeunes, il est à craindre qu’elles auront, plus tard, des raisons de vivre du malheur et des deuils. Après tout, le corps humain constitue un miracle, de quelque sexe qu’il soit, et altérer un miracle est peu susceptible de servir nos intérêts. »
– Alice Walker – (autrice de La Couleur Pourpre) sur son blog
Traduction: TRADFEM