Spoiler : c’est parce qu’il n’existe pas de personnes trangenres.
Par Meghan Murphy
Le 5 mars 2023, sur son blogue The Real Drugs
Voici le récapitulatif qui serait censé prouver l’adhésion croissante de J.K. Rowling à la rhétorique transphobe, voire extrémiste :
« J.K. Rowling est-elle transphobe ? Laissons-la parler d’elle-même. Une chronologie épuisante – pour ne pas dire exhaustive – de la transphobie qui lui est prêtée. »
Beaucoup d’entre nous ont été poussé-es à nous défendre sans fin contre des accusations de « transphobie ». Je comprends l’inclination à y résister : c’est une étiquette qui a tenu beaucoup d’entre nous à l’écart du discours public, a vu beaucoup d’entre nous être licencié-es, ostracisé-es, vilipendé-es et menacé-es de la plus effrayante des manières.
JK Rowling est un parfait exemple de cette diffamation, puisqu’elle est qualifiée de « transphobe » par les médias libéraux et les masses « woke » et soumise à d’incessantes menaces de mort et de viol pour avoir défendu l’existence des femmes et la nécessité de (certains) espaces réservés aux femmes.
Voici les menaces de mort et le harcèlement dont a fait l’objet JK Rowling. Y compris des agressions verbales provenant de comptes vérifiés.
Des douzaines d’articles accusateurs déplorent sur « le ressac provoqué par sa transphobie ». Mais étrangement, aucun d’entre eux ne mentionne les menaces qu’elle reçoit de ces activistes radicaux.
J’ai vécu des expériences similaires, (avec moins d’intensité et en moins grand nombre, bien sûr – je suis beaucoup moins connue que Rowling), à partir de l’année 2017, après que j’aie témoigné contre le projet de loi canadien C-16, la législation canadienne sur « l’identité de genre ». Sortir en public a commencé à m’effrayer : j’en suis venue à éviter certains quartiers et établissements de Vancouver, et je me sentais généralement anxieuse lorsque je m’aventurais seule hors de chez moi. Comme je continuais à m’exprimer publiquement, des images ont été placardées dans toute ma ville natale (comme si je n’étais pas déjà assez reconnaissable), en me qualifiant de « transphobe ».

Tous les événements auxquels j’ai pris la parole à Vancouver (ainsi que dans d’autres villes d’Amérique du Nord) ont fait l’objet de menaces de mort, ce qui a entraîné soit leur annulation, soit une présence policière massive et le recours à une équipe de sécurité privée. Le personnel des lieux avait peur, les bénévoles avaient peur, j’avais peur, les personnes qui assistaient à mes événements avaient peur… Même la police semblait parfois avoir peur.
Être étiquetée comme transphobe est terrifiant. Pour les progressistes, cela signifie non seulement que vous êtes mauvaise, mais aussi que vous êtes dangereuse, au même titre que les nazis et les suprémacistes blancs qui souhaitent éradiquer certains membres de la population. Dans la plupart des cas, ces étiquettes sont exagérées, injustifiées ou tout simplement mensongères, mais il n’en reste pas moins que le mot « transphobe » indique à ceux qui n’en savent pas plus qu’un individu est haineux au point de vouloir nuire à d’autres personnes, voire les détruire.
Il est donc logique de répliquer, de dire : « Non, je ne suis pas transphobe, je crois simplement que les droits des femmes méritent d’être protégés » ; « Non, je ne suis pas transphobe, je crois simplement que les gens ne peuvent pas changer de sexe »; « Non, je ne déteste aucunement les personnes qui se disent trans, je veux simplement m’assurer que les femmes et les filles vulnérables ne sont pas ciblées par des prédateurs. »
Le problème est que ces répliques font place à l’idée qu’une personne transphobe est une chose qui existe réellement.
Ce n’est pas le cas.
Il y a plusieurs raisons à cela :
1) Il n’existe rien de tel qu’une personne trans.
Rendez-moi le service de bien comprendre cet argument. Je réalise qu’il y a des personnes qui s’identifient comme transgenres et qu’il y a des personnes qui tentent de « transitionner » pour ressembler davantage au sexe opposé. Mais en réalité, il n’existe personne qui ne soit ni homme ni femme. Tout le monde est soit mâle, soit femelle. Même les personnes souffrant de conditions intersexuelles sont généralement clairement de sexe masculin ou féminin, bien qu’avec une certaine variation intersexuelle. Mais comme on ne peut ni changer de sexe ni se situer entre les deux – ni homme ni femme, mais quelque chose d’autre – il n’existe pas de sexe « transgenre ».
Un diagnostic de « dysphorie de genre » ne suffit pas non plus. Vous êtes toujours un homme ou une femme qui souhaite être d’un autre sexe, qui souffre de dysmorphie corporelle, qui n’adhère pas aux stéréotypes associés à votre sexe ou qui souffre de quelque autre difficulté mentale qui vous a amené-e à croire que vous êtes du « mauvais sexe », que vous avez « le mauvais corps » ou que, d’une façon ou d’une autre, vous avez un cerveau qui ne « correspond » pas à votre corps.
En tant qu’adulte, vous avez le droit de subir des opérations de chirurgie esthétique et de porter les vêtements que vous préférez (peut-être pas toujours dans un cadre professionnel, mais chez vous et en ville, à condition que vous ne vous exposiez pas de manière indécente). Vous pouvez changer de nom et adopter des comportements stéréotypés associés au sexe opposé. Mais vous ne pouvez pas réellement changer de sexe, vous ne pouvez pas forcer quelqu’un d’autre à croire que vous êtes du sexe opposé, et vous ne pouvez pas devenir une sorte d’être non sexué situé quelque part entre les deux sexes.
Vous n’êtes pas trans : vous êtes un être humain avec des sentiments, des désirs, une personnalité, et peut-être une maladie mentale.
2) La « transphobie » est le plus souvent associée à l’étiquette « TERF », qui signifie « trans-exclusionary radical feminist » (féministe radicale excluant les trans). Ironiquement, parce que les hommes de droite pensent qu’ils sont les premiers à avoir découvert que des hommes qui prétendent être des femmes s’emparent des sports féminins ou se pavanent dans les vestiaires féminins la queue à l’air, l’étiquette « TERF » existe parce que des féministes radicales ont été les premières à saisir l’absurdité du transgenrisme et à la dénoncer. Le terme « excluant » ne fait pas référence au fait que des « personnes trans » sont exclues d’où que ce soit, mais plutôt au fait que des femmes ne veulent pas d’hommes dans leurs espaces dédiés (toilettes, maisons de transition, refuges, vestiaires, etc.) En fait, la seule phobie des femmes qualifiées de « TERF » porte sur les conduites masculines. Elles ne se soucient pas de savoir si des femmes qui ne se conforment pas aux stéréotypes de genre sont dans les vestiaires des femmes ou si elles concurrencent d’autres femmes dans le monde du sport.
En fait, les féministes se sont toujours battues pour que les femmes puissent échapper aux stéréotypes sexuels limitatifs.
Les préoccupations exprimées ont toujours porté sur les hommes qui prétendent être des femmes, et maintenant sur la prescription aux enfants de bloqueurs de puberté, d’hormones et d’interventions chirurgicales qui modifient leur corps à vie et les rendent stériles, au nom d’une prétendue « identité trans ».
Il y a des gens qui se sentent mal à l’aise de voir des hommes afficher en public leurs déguisements fétichistes travestis, ce qui, à mon avis, est normal. Il y a des hommes qui sont irrités par d’autres hommes qui prétendent être des femmes pour essayer de coucher avec eux, ce qui semble également raisonnable (je veux dire, ne mentez pas sur le fait que vous avez une bite si vous essayez de coucher avec des hommes hétérosexuels…). Il y a des gens qui éprouvent une impression bizarre lorsqu’ils rencontrent quelqu’un dont l’identité sexuelle semble ambigüe ou déroutante (ce qui me semble également raisonnable, à condition que la réaction à ces personnes ne soit pas agressive). Il y a des gens qui souffrent d’homophobie. Il y a des personnes qui comprennent la réalité biologique et ne souhaitent pas valider par leur comportement l’idée absurde selon laquelle un homme peut être une femme s’il dit en être une. Il y a des gens qui pensent que faire transitioner des enfants est un tort, et c’est le cas. Il y a des gens qui pensent que les détenus masculins devraient être tenus à l’écart des prisons pour femmes, ce qui est bien sûr le cas. Et ainsi de suite.
Aucune de ces personnes n’est « transphobe ».
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La façon la plus simple de combattre l’idéologie transgenriste est de ne pas y accorder foi. N’accordez pas foi à la notion selon laquelle il faut utiliser des « pronoms préférés ». (Les pronoms sexués ne sont pas une question de préférence, ils ne sont pas une opinion ou un jugement mais une simple question de grammaire). N’accorez pas foi à l’idée qu’il est possible d’être « né-e dans le mauvais corps ». (Vous naissez avec un corps sexué, et malheureusement vous n’avez pas votre mot à dire là-dessus.) N’adhérez pas à l’idée voulant qu’il soit en quelque sorte spécial ou original de ne pas correspondre à tous les stéréotypes associés à la « masculinité » ou à la « féminité ». (Ce n’est le cas de personne. Nous avons tous notre propre personnalité et nos préférences, et si la féminité est plus souvent associée aux femmes et la masculinité aux hommes, notre opinion de ces stéréotypes ne détermine pas notre sexe. Si c’était le cas, nous changerions de sexe à tout bout de champ et nous serions tous et toutes « trans »).
La notion de « trans » n’est pas une catégorie réelle et valide dotée d’une définition cohérente, ce qui signifie que la « transphobie » n’est pas non plus un concept réel, valide ou cohérent. Je réalise que certaines personnes soutiennent que la « politesse » à propos de ces enjeux est un meilleur moyen d’amener les gens à se ranger de « notre côté » ou à écouter nos préoccupations, mais je pense en fait que cela ne fait que créer une conversation incroyablement confuse. Cela nous rend également vulnérables à des débats sur des questions comme les « droits des trans » (un concept invalide) ou quels enfants sont « vraiment trans », et donc bénéficieraient d’être médicalisés en tant qu' »enfants trans » (aucun enfant ne devrait l’être et il n’existe rien de tel qu’un « enfant trans »).
Je ne vois pas en quoi mentir est poli ou utile quand on parle de choses comme les lois et la politique. Ce n’est certainement pas poli ou utile lorsqu’il s’agit d’enfants dont le cerveau n’est pas complètement développé et qui risquent de voir leur corps détruit à vie à cause de ces mensonges.
Vous vous considérez peut-être comme une personne du genre « vivre et laisser vivre ». Vous pensez peut-être qu’il y a des questions plus importantes que le transgenrisme. Vous vous dites peut-être : « Pourquoi ne pas laisser les gens s’identifier comme ils et elles le souhaitent ? » Mais nous parlons de quelque chose de bien plus important : la vérité. Et la réalité. Nous parlons aussi des droits des femmes et de la sécurité et du bien-être des enfants.
La vérité et la réalité sont des enjeux qui méritent qu’on se batte pour les préserver.
Les activistes trans manipulent la réalité et entravent notre capacité à dire la vérité par le langage. Ne faites pas leur jeu.
Meghan Murphy
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Traduction: TRADFEM
Je suis trans selon ma définition (personne qui SOUHAITE vivre selon l’autre genre), une définition qui, avec un ensemble de points de vue (les femmes trans ne doivent pas avoir accès aux lieux réservés aux femmes, participer à des compétitions sportives dans la catégorie femme, bénéficier de mesures destinées à promouvoir les femmes, le changement de sexe juridique ne devrait pas être possible, etc.), me semble compatible avec le féminisme radical. Dans ce cas, le mot « transphobe » peut être employé, mais pas à tord et à travers. Une personne transphobe est une personne qui déteste les personnes se disant transgenres, et/ou qui leur veut du mal. Le mégenrage, ou encore l’opinion selon laquelle la transidentité n’existe pas (personnellement je n’en sais rien), ne constituent pas de la transphobie. D’après moi l’autrice de cet article n’est pas transphobe. Par contre, quand des hommes entrés dans l’immeuble où j’habite, après avoir été questionnés par le propriétaire, répondent faussement qu’ils viennent me voir, pour faire croire que je fais de mon appartement un hôtel à passe et me nuire, ou encore quand quelqu’un me menace de violence, là c’est de la transphobie.
À propos de « Il y a des gens qui se sentent mal à l’aise de voir des hommes afficher en public leurs déguisements fétichistes travestis, ce qui, à mon avis, est normal » : je suis fétichiste de la rondeur. Je trouve notamment les femmes rondes merveilleuses et qu’être une femme ronde, c’est merveilleux. Pour moi, le simple fait d’être obèse, c’est afficher en public mon fétiche (j’adorais déjà me montrer en tant qu’homme gros). Pourtant, personne ne pense à cela en me voyant : les raisons qui conduisent à l’obésité sont diverses (et cela est rarement dû à un fétiche, que très peu de gens connaissent d’ailleurs), les autres me couvrent en quelque sorte. De même, les raisons qui conduisent certains hommes à vouloir vivre en tant que femme sont diverses, même chez ceux qui aiment les femmes. Je pense que Blanchard a apporté une grosse pièce du puzzle avec l’autogynéphilie, mais il n’y a pas que cela qui pousse des hommes hétérosexuels à vouloir vivre en tant que femme. Ainsi, là encore, les personnes qui le font par fétichisme sont couvertes par les autres. Vivre en prenant l’apparence de l’autre sexe me semble donc légitime, même si cela doit s’accompagner de règles strictes dans le cas des femmes trans.
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Pour les violences dont vous expliquez être victime : peu importe vos convictions, c’est inacceptable.
Pour le reste du message : « Vivre en prenant l’apparence de l’autre sexe » : le problème est que, selon l’analyse féministe radical, l’autre sexe n’a pas d’apparence que l’on pourrait imiter.
Parce que l’autre sexe, ce sont des humains, dans toute la diversité imaginable.
Les stéréotypes de genre peuvent faire croire qu’il y a « une » apparence, que « l’autre sexe » se réduit à quelques traits. Mais les femmes savent que ça n’est pas une réalité. Ces stéréotypes ont été inventé de toutes pièces par les dominants, pour justifier et faciliter leur domination de genre. Ce sont des stigmates de genre, pas une « apparence » naturelle.
Ce n’est pas « l’apparence de l’autre sexe » que vous pouvez imiter, mais bien les traits de l’oppression patriarcale, ses stigmates.
Et la question se pose : est-ce que les dominées doivent étouffer leur colère, légitime, quand un dominant se déguise en dominée ? Quand un dominant affiche les stigmates des dominées, en affirmant qu’il s’agit du reflet de leur être profond ?
Est-ce qu’une personne blanche se grimant en « Black face » devrait être reconnue légitime à afficher les stéréotypes racistes dans la rue et est-ce que les personnes racisées devraient être obligées d’accepter sans broncher qu’on réduise leur apparence à des traits stéréotypés dégradants construits par les dominants pour les réduire à la domination, pour les réduire en esclavage ?
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Il y a des différences naturelles, notamment au niveau du visage, qui permettent en général de déterminer si une personne est un homme ou une femme. Même si moi je suis naturellement un peu entre les deux (c’est pourquoi ce qui est artificiel, notamment le maquillage, marche si bien sur moi, voir mon avatar). Concernant la partie artificielle, je trouve que c’est une immense chance d’avoir le droit de se maquiller, de mettre du vernis à ongle, des habits magnifiques, ou encore de pouvoir s’habiller sexy. Je trouve que les femmes rendent les villes occidentales magiques, tandis que les hommes vivent dans un semi-Kaboul. Les hommes devraient s’approprier ces choses merveilleuses sans même se dire trans.
Les différentes composantes du wokisme divisent dans plusieurs domaines l’humanité entre « opprimés » et « privilégiés »/« oppresseurs ». Je pense que les rapports humains sont plus compliqués et qu’une telle classification est impossible. De plus, ce sont aujourd’hui les « mesures de correction » des prétendues injustices, telles la discrimination positive, qui sont systémiques. J’ai connu ma pire situation sociale, y compris professionnelle, quand je vivais en homme, dans la catégorie sensée être la plus privilégiée. Avec un doctorat en climatologie, je n’avais pas accès au travail, qualifié ou non, dans une région d’Allemagne où il y avait le plein-emploi. Notons que dans mon domaine, le secteur public (quasi-monopoliste) indiquait systématiquement dans les offres d’emploi que les candidatures des femmes étaient privilégiées (alors que 70 % des étudiants dans ce cursus étaient des hommes). Je ne sais pas dans quelle mesure cela a joué un rôle. Pour faire vite, on m’a refusé toutes les aides sociales, on m’a refusé le caritatif, je me suis fait expulser d’Allemagne de fait. En plus quand tu es « privilégié », il n’y a aucune empathie à ton égard, si cela t’arrive c’est que tu es le dernier des cons. Quand j’ai transitionné socialement au contraire, j’ai constaté une grande empathie à mon égard alors que j’étais globalement dans une meilleure situation. Et peu de temps après ma transition, l’activité de ma micro-entreprise a beaucoup augmenté, si bien que j’ai eu la meilleure situation professionnelle de ma vie (700 € net par mois pour souvent bien 15 h de travail par jour, tout est relatif).
Le wokisme rejette ce qu’il appelle l’« appropriation culturelle ». En Allemagne, un concert a même été interrompu parce que des chanteurs blancs portaient des dreadlocks. Il rejette les personnes qui veulent être adoptées par une autre ethnie, tandis qu’il glorifie ceux qui veulent vivre en tant que membre de l’autre genre. L’auteur Richard Dawkins avait remarqué cette incohérence et a été diabolisé pour cela. Je pense que chacun devrait être libre d’apparaître comme il le souhaite. Par exemple, qu’une personne blanche qui souhaite appartenir à une culture africaine, avoir une certaine apparence, vivre d’une certaine manière, devrait pouvoir le faire. Tant que ce n’est pas pour se moquer, mais au contraire par admiration. Au sens strict, cette personne restera blanche, mais si cela lui permet d’être plus heureuse, pourquoi lui refuser ?
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La liberté d’expression par le vêtement peut rendre heureux, oui. La liberté, oui, évidemment. Mais la liberté n’est jamais sans limite, autrement ce n’est plus de la liberté, c’est autre chose. La liberté, oui, mais uniquement tant que cela n’est pas préjudiciable aux autres. Il n’est pas seulement question de la liberté d’une personne, mais de sa liberté au sein d’un groupe, groupe hiérarchisé par des rapports de classes (sociales) ou de castes (hommes/femmes).
Je ne vais pas vous citer Lacordaire : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. »
Surtout que les hommes avaient tout à fait le droit de se farder, d’avoir les cheveux longs et de se mettre des rubans partout il y a quelques siècles : changer la mode homme est une solution qui permettra aux hommes de porter des rubans, sans associer rubans et talons à un genre.
» Je trouve que les femmes rendent les villes occidentales magiques » : c’est-à-dire ? La phrase n’est pas évidente à comprendre.
Si par « magique », vous voulez dire que leurs vêtements, leur maquillage, leur manière de se présenter embellissent la ville, si c’est cela l’idée, on est pas loin d’une réification des femmes. Réification positive, mais réification quand même. Beaucoup de femmes, si ce n’est toutes, ne s’habillent « joliment » que par obligation sociale, pour survivre socialement. Ou par dressage social, subi dès l’enfance, intériorisé. Elles ne rendent le monde « magique » que contre leur gré, pour beaucoup d’entre elles, par instinct de survie. Les talons, le maquillage, ce sont des obligations sociales officieuses, sans lesquelles des portes (professionnelles, amoureuses, amicales) peuvent se fermer. Vont se fermer nécessairement. Les féministes luttent justement pour que les femmes n’aient pas l’obligation de rendre le monde « magique ».
« Les différentes composantes du wokisme divisent dans plusieurs domaines l’humanité entre « opprimés » et « privilégiés »/« oppresseurs ». Je pense que les rapports humains sont plus compliqués et qu’une telle classification est impossible » : ce n’est pas le « wokisme » qui explique le monde selon les rapports de domination, c’est la gauche (et les très riches capitalistes trouvent que c’est une analyse juste, comme Warren Buffett, qui reconnaît que la lutte des classes existe et que c’est sa classe qui est en train de la gagner). Le « wokisme » est un mot qui veut tout dire et n’importe quoi. Si pour vous le wokisme c’est analyser le monde en terme de rapports de domination, alors vous parlez en réalité de la gauche (économique ou sociale, donc le féminisme).
Si vous pensez que la gauche analyse mal le monde capitalisto-patriarcal, c’est votre droit.
Mais si l’argument est que la gauche ne prend pas en compte le monde dans toute sa complexité (« les rapports humains sont plus compliqués »), c’est tout simplement faux. Je ne rentre pas dans le détail, puisque vous ne l’avez pas fait non plus.
Mais quand même : une analyse radicale peut-être tout à fait bonne et au contraire une analyse qui se prévaut de la nuance, qui cherche à tout prix un compromis impossible entre dominants et dominés, peut-être parfaitement inapte à expliquer notre monde.
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La branche du féminisme qui dénigre les choses merveilleuses qu’il est autorisé de faire en tant que femme est appelée le « féminisme puritain » (par opposition au « féminisme pro-sexe »). Je suis issu d’une famille protestante fondamentaliste, où par ex. se maquiller en tant que femme est considéré comme immoral. Suite à une longue recherche, j’ai par la suite rejeté cette foi. Dans l’Ancien Testament de la Bible, atrocement patriarcal (lapidation des femmes qui ne saignent pas lors de la nuit de noce, etc.), les femmes qui s’habillent coquettement sont jugées dans des termes dégradants. Le Nouveau Testament plaide aussi en faveur de l’austérité de l’apparence pour les femmes. Je trouve que le féminisme puritain rejoint sans cesse le conservatisme patriarcal. Quand les féministes puritains dénigrent le maquillage, les tenues sexy, les talons hauts, etc., les conservateurs patriarcaux se réjouissent : « Bravo ! Bravo ! Vous voyez le mal que cela vous fait ? Qui est-ce qui avait raison ? »
Vous dites que les femmes sont contraintes et forcées de faire cela, contre leur volonté. Sur des blogs féministes puritains, il m’est même arrivé de lire que cela était la cause de grandes souffrances (talons hauts comparés aux pieds bandés, etc.). Cela contredit mon expérience : je ne connais pas d’amie qui vit les choses de cette manière, il y en a qui mettent des talons hauts et elles aiment ça. Quand une femme met un haut court (crop top) ou des habits moulants, c’est qu’elle adore s’exhiber, se montrer sexy, et elle a bien raison, je trouve que c’est merveilleux. Dans tous les cas il n’y a rien d’obligatoire, mais par contre cela est interdit aux hommes (et là il y a véritablement des portes qui se ferment, notamment).
Les hommes se font traîner dans la boue s’ils apprécient les femmes qui se présentent de manière sexy, on leur dit qu’ils réduisent les femmes au statut d’objet sexuel, mais si eux adoreraient se présenter de manière sexy pour les femmes (auquel cas il y aurait réciprocité), on le leur interdit. Puis on dit d’eux qu’ils seraient privilégiés pour cela. Eh bien non. Je trouve que ma démarche trans est une réponse magistrale au féminisme puritain : ce que ces féministes dénigrent de concert avec les conservateurs patriarcaux, moi c’est avec une joie immense que je me l’approprie.
Concernant la « gauche » : parler dans le contexte occidental actuel de dominants/dominés, privilégiés/opprimés, c’est être du côté de la gauche « socialiste », un courant revanchard et intolérant (dont les radFems se retrouvent aujourd’hui victimes car « hérétiques »), qui a dérivé vers le wokisme (par opposition à la gauche « libérale »). Un site Web libéral a bien résumé les idéologies qui la composent par la phrase générique : « Il y a des gens malheureux parce qu’il y a des gens heureux, il suffit d’éliminer les gens heureux pour avoir le bonheur universel. » (à remplacer selon l’idéologie par pauvre/riche, salarié/patron, femme/homme, noir/blanc, animal/humain, etc.).
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« Les hommes se font traîner dans la boue s’ils apprécient les femmes qui se présentent de manière sexy »
Hum… pas vraiment, non. Je dirais même qu’ils conservent, et de loin, le haut du pavé, et qu’ils pourrissent souvent la vie aux femmes qui se refusent à ce genre de mascarade!
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Pour tout dire, je n’avais même pas été lire votre troisième commentaire, parce que sur internet ce genre d’échange est classique : les masculinistes cherchent souvent à user les féministes, en les assommant de messages qui, s’ils demandent deux minutes à être rédigés par eux (avec un mélange confus d’arguments théorisés par ceux de leur camp qui sont les plus vifs intellectuellement, et tirés, dirait-on, au hasard d’un chapeau), exigent par contre de la part de celles qui veulent leur répondre de prendre une bonne demi heure pour décortiquer les motifs implicites et de prendre le temps de dénouer théoriquement le quoi du comment. Comme, passés les premiers commentaires, personne n’ira lire la discussion, c’est une perte d’énergie inutile : le rapport entre l’efficacité militante et l’énergie déployée à analyser vos arguments devient de plus en plus mauvais, au fur et à mesure des messages postés.
Mais comme j’ai deux minutes et que visiblement mon éducation de femme m’a marquée, malgré tous les efforts que je fais pour m’en libérer, je vous réponds (tout en jurant, une fois cette réponse rédigée, qu’on ne m’y reprendra plus) :
« Cela contredit mon expérience : : je ne connais pas d’amie qui vit les choses de cette manière »… »elle adore s’exhiber… et elle a bien raison, je trouve que c’est merveilleux ».
Cette partie de votre message m’a fait me demander : et quand elle n’est pas d’accord avec vous, elle a tort ?
Je pourrais moi aussi jouer à aligner mes propres « amies » qui, elles, voient les choses comme moi.
Le problème n’est pas là. Le problème est que votre expérience d’homme (sur le vécu des femmes) prévaut, de votre propre avis, sur la mienne. Vous soutenez qu’un homme a une meilleure perspective qu’une femme sur ce que vivent les femmes qu’une femme elle-même. C’est misogyne, c’est une négation de l’autonomie intellectuelle des femmes.
« Je trouve que ma démarche trans est une réponse magistrale au féminisme puritain : ce que ces féministes dénigrent de concert avec les conservateurs patriarcaux, moi c’est avec une joie immense que je me l’approprie » :
L’argument est ici de me dénoncer comme une féministe « puritaine » proche des « conservateurs patriarcaux ».
Pour faire vite, c’est un argument ad personam, c’est-à-dire : « une attaque personnelle portée par l’une des parties à la partie adverse sans rapport avec le fond du débat » (wikipédia), doublé d’un déshonneur par association (avec les conservateurs patriarcaux).
Les puritains n’ont pas bonne réputation, les conservateurs non plus, et ils le méritent. Donc associer votre contradictrice à un puritain et un conservateur permet de la discréditer, en lui associant tout un imaginaire social dont il est impossible de se désengluer par des arguments rationnels.
Par imaginaire collectif interposé, vous en venez aux insultes : c’est qu’il n’y a plus de débat en cours.
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« La branche du féminisme qui dénigre les choses merveilleuses qu’il est autorisé de faire en tant que femme est appelée le « féminisme puritain » (par opposition au « féminisme pro-sexe »). » Qui a décrété cela? Vous? Vos amis et amies qui font la promotion de la porno-prostitution? Vous êtes un masculiniste et employez les mêmes méthodes qu’eux en vous faisant passer pour un allié des féministes radicales, un pacifiste, dans votre premier commentaire, et en découvrant votre jeu au fur-et-à-mesure. Le site tradfem est un site abolitionniste de l’industrie du « sexe » et vous le savez fort bien. » Il est pratiquement impossible de trouver un article défendant la prostitution où ne figure pas le qualificatif de « puritaines » employé pour désigner les abolitionnistes.
Bien sûr, la plupart de ceux qui lancent ce mot dans le débat n’ont pas la moindre idée de ce qu’était le puritanisme historique et semblent croire que ce mot est synonyme de répression sexuelle et de croisade contre la prostitution.
Dans le contexte actuel où le vote de la loi Olivier a exacerbé ces accusations de puritanisme, il est important d’examiner la relation entre puritanisme et prostitution et en particulier de déterminer si les Puritains étaient aussi opposés à la prostitution et aussi « réprimés sexuellement » que semblent le croire les anti-abolitionnistes. » https://www.isabelle-alonso.com/articles-1/puritaines-vraiment-206
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« C’est ainsi qu’on en arrive au féminisme dit «pro-sexe» ou «sexe-positif» – celui qui, par son existence même, suggère que tous les autres types de féminisme sont destinés à de misérables puritaines desséchées qui n’avaient besoin que d’une bonne baise (idéalement, de modèle pénis-dans-le-vagin). Je suis certaine que l’intention de départ était excellente : ce n’est pas le sexe, mais le contexte des interactions sexuelles en régime patriarcal qui doit être remis en question, et la rhétorique féministe n’a pas toujours fait cette distinction.
Néanmoins, quelles que soient les motivations en cause, nous avons atteint un point où le féminisme «pro-sexe» fait de lui-même le sale boulot du patriarcat, Toutes ces bonnes filles qui ont grandi dans la peur d’enfreindre les règles? Elles ont découvert un moyen de faire exactement ce qui est exigé d’elles sans en reconnaître l’impact sur les autres femmes. Tous les vieux stéréotypes sont bien vivants, et en cours de remise en état par des vierges idéologiques qui se prennent pour des putains.
Il devrait être possible de critiquer la politique du genre dans la prostitution sans se voir diagnostiquée «putophobe». Il devrait être possible de remettre en question l’objectification sexuelle pratiquée en page 3 (du Daily Mail britannique) sans être accusée de «slut-shaming». Il devrait être possible de s’opposer aux sifflets des hommes sur la rue sans que l’on suggère que vous êtes classiste, naïve et réprimée sexuellement. Il devrait être possible d’avoir sa propre opinion sur le statut juridique de la prostitution sans être considérée comme pire que les clients agresseurs et les violeurs.
Malheureusement, il est devenu impossible de faire aucune de ces choses en raison d’une attitude qui n’est ni pro-sexe, ni féministe, mais qui se présente comme telle. En fait, il s’agit d’une arnaque sexiste, qui réduit les comportements sexuels à un modèle d’offre féminine et de demande masculine.
L’idéologie qui sous-tend le féminisme «pro-sexe» est conservatrice et sans imagination, terrifiée par un no man’s land sexuel si jamais le patriarcat devait dégager l’espace qu’il occupe actuellement. Et pourtant, c’est un fait que celles qui s’interrogent sur l’objectification ne craignent pas la baise. Ce ne sont pas les puritaines pâmées cramponnées à leur collier de perles qu’imaginent d’un commun accord misogynes et féministes «pro-sexe». Elles poussent simplement une étape plus loin leur soutien à la sexualité, en reconnaissant que personne n’effectue des choix dans le vide, mais que chacun-e a besoin d’être respecté-e comme être sexuel autonome. Cela vous inclut mais m’inclut aussi, ainsi que des milliards d’autres personnes. C’est là que les choses se compliquent. Tout ne se résume PAS à vous. Ou à moi non plus. Nous avons besoin d’un monde qui accueille nos différences, mais créer ce monde exige un changement fondamental de tout le contexte de choix sexuels.
Ne mâchons pas nos mots : le féminisme a pour but d’abattre le patriarcat. Il n’est pas là pour lui faire des câlins et des excuses. Il n’est pas là pour apprendre aux femmes comment s’adapter à une vie de subalternes. Il n’est pas là pour promouvoir une réaction joviale et tolérante à un sifflement, une main au cul, une langue au fond de la gorge, ou un viol. Et si vous pensez que «tout cela ressemble un peu à un jugement de valeur», je comprends tout à fait. Je sais que des mots comme «patriarcat» et «domination masculine» mettent les gens mal à l’aise (je parlerais même de «feminisme-phobie» s’il n’était pas temps d’arrêter de faire de toute dissidence une pathologie). Je sais que certaines femmes éprouvent une peur profonde de la façon dont le féminisme pourrait transformer leur paysage sexuel. Il est difficile d’appuyer quelque chose qui est en fin de compte bon pour tout le monde – mais pas spécialement pour vous. En dernière analyse, le féminisme n’a rien à faire du détournement des mots (comme l’autonomisation, le choix, la liberté) pour recouvrir les choses que nous ne voulons pas voir. Nous sommes là pour abattre tout l’édifice, pas pour repeindre les murs. » https://ressourcesprostitution.wordpress.com/2014/07/14/le-feminisme-dit-pro-sexe-fait-le-sale-boulot-du-patriarcat/
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Merci d’avoir actualisé ce texte plus pertinent que jamais!
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Je n’ai pas appliqué consciemment de stratégie consistant à me présenter d’abord comme allié pour ensuite adopter un discours anti-féministe petit à petit. Il se trouve que d’un côté, je suis opposé au féminisme « puritain » (à une époque j’avais vu cette désignation, mais on peut l’appeler autrement si les personnes concernées trouvent que ce nom est connoté négativement), et ce depuis avant de connaître la différence entre libFems et radFems. Mon reproche dans ce domaine s’adresse autant aux libFems qu’aux radFems. Et de l’autre côté, je suis d’accord avec les radFems concernant la critique de l’idéologie transgenre et la dénonciation de ses effets délétères notamment pour les femmes. Je trouve que la manière dont les radFems sont traitées par la « bien-pensance » est scandaleuse. Et ce en tant que personne qui se dit transgenre, tout comme Debbie Hayton ( https://debbiehayton.com/ ). Il me semble que ce qu’il dit, que ce que je dis, que ce que vous dites, les militants transgenres devraient être les premiers à le dire. S’ils ne le font pas, d’autres le feront à leur place, mais ce sera désavantageux pour les personnes reconnues comme transgenres, le retour de pendule sera brutal.
Masculiniste, moi ? Les masculinistes ont des points de vue que je trouve très problématiques. Par exemple, ils disent du mal des femmes elles-mêmes, dénigrent les rondes, les femmes plus âgées. Ils glorifient la virilité quand je n’aime pas le style masculin, ni sur moi ni sur les autres (je n’écoute presque que des chanteuses, etc.).
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