Rebecca Mott, sur son blogue ‘Journey with Trauma and Exiting’ (Itinéraire avec traumatisme et Sortie de la prostitution)

Merde, je suis de retour

7 février 2023

J’ai gardé le silence, mais maintenant je suis de retour.

De retour et en colère.

De retour et triste.

De retour pour parler du commerce du sexe qui prospère toujours, qui tue toujours, qui viole toujours, qui détruit toujours la classe prostituée.

Je suis donc de retour pour parler, crier et hurler.

Ma voix est peut-être individuelle, mais j’espère qu’une fois jointe à celle des femmes sorties de l’industrie et de nos allié-es, elle fomentera une révolution.

Dans ce billet, je vais écrire quelques-unes de mes idées et de mes rêves sur ce que pourrait être cette révolution. Il s’agit d’une esquisse et d’un flux de conscience, car je n’ai pas de réponses, seulement des pensées.

UNE FEMME SORTIE DE L’INDUSTRIE PEUT RÊVER PLUS GRAND.

Ma révolution débute et se poursuit à l’infini avec les voix multiples des prostituées.

Ces voix incluent celles qui sont piégées dans le commerce du sexe.

Celles à qui l’on fait croire que c’est libérateur et valorisant, pour finalement découvrir que c’est une prison dorée.

Celles qui se trouvent dans le commerce du sexe lorsqu’on leur vole tous leurs choix.

Celles qui en sont sorties, mais dont l’ombre du traumatisme rend apparemment la vie impossible.

Celles qui en sont sorties en voulant exprimer leur fureur, leur chagrin et leur douleur – mais qui sont ensuite réduites au silence parce qu’elles ne correspondent pas au stéréotype que d’autres gens veulent et dont ils ont besoin.

Toute révolution contre le commerce du sexe doit être menée, centrée et réalisée par les femmes qui en sont sorties.

Ma révolution ne passe pas par un changement progressif, ni par un apaisement des gens qui pratiquent ou utilisent le commerce du sexe.

C’est ici que le langage doit être remis en question.

Il ne s’agit pas du langage ou des intérêts de ceux qui appellent les prostituées des travailleuses du sexe.

Ce langage est celui de nos oppresseurs.

Le langage du changement ne devrait pas avoir pour fonction de réconforter – il est là pour créer un mouvement et un sentiment de malaise.

Notre langage doit parler de la réalité, parler du génocide, parler du viol qui nous réduit au néant, parler de la perte de notre sentiment d’humanité.

Ce langage est la pierre d’assise de toute révolution dont le succès sera permanent.

Ma révolution parle donc de notre douleur, de notre chagrin et de notre fureur. Ma révolution doit être pratique, mais aussi ne pas avoir peur des émotions obscures.

Car sans reconnaître cette obscurité, tout changement ne sera que superficiel.

J’exige donc que nos allié-es cessent de réduire au silence ou de censurer la façon dont s’expriment les femmes sorties de l’industrie.

Nous devons être furieuses, nous devons exprimer un chagrin plus profond, et nous devons dire que nous sommes assombries par la douleur.

C’est le début de l’expression de la vérité.

Comprendre comment fonctionne l’abolition, c’est savoir que sans reconnaître cette obscurité et les émotions qui l’entourent, il ne peut y avoir de véritable changement.

Comment débarrasser le monde d’une profonde cruauté, si l’on refuse de voir et de ressentir les conditions d’où procède l’oppression.

Donc pour entamer une révolution qui pourrait détruire le commerce du sexe, il faut écouter et entendre cette obscurité qui a engendré la sagesse des prostituées.

Nos paroles et nos actions peuvent donner et donneront lieu à la libération.

Ne parlez pas pour nous, ne parlez pas à notre place.

Arrêtez de nous dire et de vous attendre à ce que notre liberté doive attendre que d’autres personnes obtiennent la leur.

Arrêtez de nous dire que nous devons toujours comparer notre réalité avec d’autres formes de réalités, celles des hommes – cela nous laisse toujours abandonnées.

Comprenez que nous décidons nous-mêmes des questions que nous pouvons considérer comme morales ou non : nous décidons comment inscrire nos réalités dans tous les dogmes ou systèmes de croyance politiques, religieux ou autres créés par l’homme.

Écoutez quand nous essayons de vous enseigner comment comprendre la violence masculine.

Merde, prenez simplement la peine d’écouter les femmes sorties de l’industrie du sexe.

Rebecca Mott

https://www.facebook.com/profile.php?id=100068267619897

Version originale : https://exited-woman-exploration-trauma.uk/2023/02/07/damned-im-back/?

Traduction: TRADFEM

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