L’éthique ne devrait pas être différente de celle du sexualisme.
Traduction par Audrey Aard
« (…) Le trouble identitaire de l’intégrité corporelle (BIID) et l’apotemnophilie, par exemple, sont des troubles psychiatriques rares dans lesquels les patients vont rechercher des chirurgiens prêts à amputer leurs membres sains, dans le but de les aider à atteindre le handicap souhaité. S’ils ne parvienne pas à obtenir de telles interventions, ces patients sont connus pour menacer de se suicider et aller jusqu’à tenter de procéder eux-mêmes à des amputations. (Elliott, 2000)
Dans des situations aussi extrêmes, il est tentant d’imaginer que le patient sait mieux que quiconque et de procéder à une mutilation chirurgicale dans l’espoir d’améliorer son état mental. En effet, quelques chirurgiens ont proposé des services d’amputation de membres sains au fil des ans et, éventuellement, certains patients atteints de BIID et d’apotemnophilie ont signalé une amélioration de leur qualité de vie. Cependant, les avantages de ces chirurgies n’ont pas été prouvés scientifiquement. Les amputations électives entraînent un handicap à vie et des complications sur le long terme, elles ne résolvent pas nécessairement la détresse psychologique et peuvent même conduire à de nouveaux désirs d’amputation. Par conséquent, les dommages corporels irréversibles comme remède à la détresse psychologique sont considérés comme contraires à l’éthique et le traitement de ces affections se concentre plutôt sur des méthodes non invasives, telles que la réhabilitation neuropsychologique. (Müller, 2009 ; Sedda & Bottini, 2014).
Tout comme les patients atteints de BIID et d’apotemnophilie qui vont se lancer dans des amputations à domicile, les patient·es atteint·es de dysphorie de genre s’illustrent également en prenant les choses en main et en s’automédicamentant avec des suppresseurs de puberté et des hormones du sexe opposé achetés dans des pharmacies en ligne illégales. Contrairement à l’amputation d’un membre sain – qui n’est ni encouragée ni fournie par les services de santé classiques – les institutions médicales recommandent aux médecins généralistes de rédiger des « ordonnances de transition » pour les suppresseurs de puberté et les hormones du sexe opposé à des patient·es qui n’ont pas encore été évalué·es par des services spécialisés, sous le prétexte qu’il sera moins dangereux pour ces patient·es de se procurer ces médicaments auprès de sources légitimes. » (…)
Isidora Sanger