Les enfants abandonnés de Blackpool – Des filles maltraitées choisissent la transition.

par Julie Bindel, le 3 janvier 2023 sur Unherd

En 2007, j’ai passé du temps dans la ville de Blackpool pour enquêter sur la disparition de Charlene Downes, une adolescente de 14 ans dont le corps n’a jamais été retrouvé. Elle faisait partie des centaines de jeunes filles de la ville ciblées par des prédateurs sexuels qui conditionnaient leurs victimes, puis les violaient avant de les livrer à plusieurs hommes en échange d’alcool, de cigarettes et de nourriture.

Au cours de mon enquête, j’ai accompagné des policiers dans une salle de jeux où Charlene avait été vue pour la dernière fois. Les détectives recherchaient l’un des hommes soupçonnés d’être à l’origine de sa disparition. Au cours de cette visite de deux heures, plus de 30 délinquants sexuels masculins condamnés ont ensuite été identifiés grâce aux images de vidéosurveillance. Nous parlons d’un seul endroit, en une nuit, dans une ville.

Blackpool, l’une des régions les plus défavorisées d’Angleterre, est le théâtre de nombreux cas de maltraitance d’enfants et abrite un nombre plus élevé de délinquants sexuels condamnés que partout ailleurs au Royaume-Uni. On pense que les prédateurs s’y rendent pour trouver des enfants vulnérables. Ils n’ont pas à chercher bien loin : le nombre d’enfants placés à Blackpool est trois fois supérieur à la moyenne nationale.

Le commerce du sexe – légal et illégal – y est très répandu. La prolifération des clubs de danse-contact (lap dance) et des bars accueillant des groupes d’hommes en week-end d’enterrement de vie de garçon a donné à la ville la réputation d’être un paradis pour les touristes sexuels. Queen Street, qui est le centre de la vie nocturne de Blackpool, a également connu une augmentation de la prostitution des mineures. L’année dernière, la police et les inspecteurs des autorités locales ont effectué 87 visites dans des locaux où l’on pensait que des enfants étaient exploitées sexuellement.

Lisa* est une policière en service à Blackpool et me dit que la ville est connue comme un « repaire de prédateurs sexuels ».

« Ils sortent de prison et viennent ici », me dit Lisa. « Ils savent qu’ils bénéficieront un accueil amical dans un endroit bondé d’enfants vulnérables, avec très peu d’intervention des services sociaux. » Il serait difficile de nier que Blackpool peut être un endroit horrible où grandir pour des enfants, particulièrement ceux de familles à faibles revenus.

Mais il y a une chose que je ne savais pas à propos de Blackpool, que j’ai apprise en écoutant « Inside the Gender Clinic », un podcast sur le très décrié Gender Identity Development Service (GIDS) de l’hôpital Tavistock. La majorité des patient-es orienté-es vers cette clinique ne viennent pas, comme on pourrait le supposer, du Sud de l’Angleterre ou de Brighton, mais de Blackpool. C’est sûrement le dernier endroit où l’on s’attendrait à voir autant d’enfants trans-identifiés. Après tout, les voix que nous entendons si souvent sur cette question dans les médias ont tendance à être celles d’enfants de la classe moyenne supérieure, élevé-es dans des familles libérales.

Alors pourquoi en est-il ainsi ?

Claire* travaille pour une association qui soutient les femmes victimes de la violence masculine. Elle décrit comme évidents les liens entre l’augmentation du nombre de jeunes filles envoyées dans des cliniques d’identité sexuelle et les réalités de l’enfance dans des endroits comme Blackpool. Elle mentionne les niveaux élevés de pauvreté et la normalisation de l’exploitation des femmes et des filles dans le commerce du sexe.

Claire, qui a grandi à Blackpool, a été victime dès l’enfance de la violence masculine et a donc voulu « renoncer à être une fille ». Elle déclare : « La possibilité de se soustraire aux sévices des hommes séduirait la plupart des survivantes de ces agressions. Je suis furieuse que nous permettions à des filles qui ont besoin de soins et de soutien de s’engager dans des voies irréversibles ».

Je soutiens depuis longtemps que la majorité des filles identifiées comme souffrant de dysphorie sexuelle ont subi un traumatisme dans leur enfance. Peut-on reconnaître que la disponibilité des bandeaux de compression mammaire, des bloqueurs de puberté et de la validation instantanée du statut de trangenre constitue un moyen pratique pour les victimes traumatisées d’abus sexuels de se dissocier d’un corps violenté ?

Une étude, publiée en 1994, s’est penchée sur la question du transsexualisme et de ses liens avec la dissociation et la molestation sexuelle des enfants. Elle a révélé que sur 45 transsexuelles de sexe féminin à masculin interrogées, plus de 60 % ont fait état d’un ou plusieurs types de sévices graves infligés aux enfants. Le groupe des répondantes a également révélé des symptômes et des réactions reconnues comme effets typiques de la maltraitance infantile, tels que la peur, l’anxiété, la dépression, les troubles alimentaires, la toxicomanie, l’agressivité et les pensées suicidaires. L’auteur suggère que le transsexualisme « pourrait être une réponse de survie adaptative et associative extrême à de graves sévices infligés aux enfants ».

Kirsty Entwhistle est une ancienne employée de GIDS qui est devenue lanceuse d’alerte en 2019 lorsqu’elle a écrit une lettre ouverte à Polly Carmichael, chef de service au GIDS. Entwhistle était psychologue clinicienne à la clinique GIDS de Leeds entre 2017 et 2018 et a été frappée par les similitudes entre certaines des jeunes filles perturbées qui réclamaient des bloqueurs de puberté et celles qu’elle avait rencontrées lorsqu’elle travaillait dans un foyer pour enfants à Rochdale en 2003.

Mme Entwhistle s’est rendu compte que certaines de ces jeunes filles étaient victimes d’agressions sexuelles et de proxénétisme de la part de gangs d’hommes, dans le cadre de ce que l’on a appelé le « scandale du gang de Rochdale ». Au GIDS, elle a constaté un comportement similaire de la part de certaines filles se présentant comme trans et exigeant des bloqueurs de puberté, certaines menaçant de se mutiler si on leur refusait des hormones.

Elle raconte : « Je savais que les enfants se feraient du mal pour avoir accès à quelque chose qui leur était en fait nuisible. Ce n’est pas parce qu’un jeune donne des coups de pied, crie et essaie de brûler la maison, que c’est la bonne chose pour lui. »

Des adolescents transgenres de Blackpool interviewés pour ce podcast sur le GIDS parlent d’enseignants donnant à des jeunes filles des bandeaux mammaires à l’insu de leurs parents ; d’un médecin généraliste prescrivant de la testostérone à une adolescente qui n’avait même pas été vue par un conseiller ou ne s’était pas rendue à la clinique du genre ; et d’un travailleur de soutien scolaire qui a aidé une jeune fille à changer son nom par acte notarié pour celui d’un garçon.

À Blackpool, les services de soutien LGBT+ locaux ont reçu des fonds pour travailler spécifiquement avec les « enfants trans » dès l’âge de 10 ans. L’organisme UR Potential gère Butterfly Trans Youth pour les « jeunes LGBTQ+ et non-binaires » de Blackpool, ainsi qu’un groupe de jeunes uniquement trans.

En juin 2016, Linda Markey, PDG d’UR Potential, a déclaré : « Nous recevons de plus en plus de références concernant les jeunes transgenres de la part d’écoles, de collèges et d’organisations qui oeuvrent auprès de jeunes. Certains jeunes transgenres ont à peine 12 ans. Les écoles ont du mal à répondre à la demande de soutien et le personnel a besoin d’une formation spécifique. »

De nombreux professionnels chargés de la protection de l’enfance, tels que les enseignants, les conseillers et les travailleurs sociaux, semblent désireux d’offrir un soutien aux jeunes atteints de dysphorie sexuelle, mais qu’en est-il des filles victimes d’agressions sexuelles ? Que fait-on pour les protéger de ce tsunami de violence masculine ? Se pourrait-il que pour de nombreuses filles violentées et négligées, se présenter comme transgenre soit une forme de recherche d’attention et de validation?

Jusqu’à récemment, Norma* était enseignante dans un lycée de Blackpool. Elle me dit avoir vu l’idéologie transgenre s’insinuer chez les jeunes filles : « J’ai essayé de tirer la sonnette d’alarme sur les méfaits potentiels de cette idéologie pour des jeunes femmes et filles non conformes au genre auprès des responsables de la protection. Je me suis heurtée à leur naïveté face à la réalité de la situation et à leur insistance à utiliser les bons pronoms pour les désigner sans se soucier de leurs autres problèmes. »

Dans une école de Blackpool, plusieurs élèves de trois années consécutives ont effectué une transition à peu près en même temps ; alors que les enfants ont besoin de soutien pour faire face à la détresse de la dysphorie sexuelle, le fait de les valider immédiatement comme étant du sexe opposé ne les aide pas.

Les filles maltraitées, endommagées et traumatisées s’automutilent depuis longtemps en se tailladant ou en s’affamant pour tenter d’échapper à leur corps. Hadley Freeman a écrit avec éloquence sur les liens évidents entre les traumatismes des adolescentes et l’identification transgenre. Alors pourquoi ces agences et ces organisations caritatives sont-elles si promptes à suggérer des bloqueurs de puberté plutôt que d’examiner correctement ce qui pousse une adolescente à s’imaginer qu’elle est un garçon ?

Blackpool semble offrir un exemple clair de la façon dont des enfants vulnérables et endommagées sont attirés par l’idéologie du genre parce qu’elle offre une solution de type « panacée » à la douleur de vivre en tant que femme dans un monde infernal d’agressions. « Ces filles ont été horriblement trahies », dit Norma. « Pourquoi les orientons-nous vers un traitement irréversible et dommageable, alors que ce dont elles ont besoin, c’est d’être protégées contre les violations et les abus sexuels ? ».

Il me semble parfaitement évident qu’une fille qui grandit dans un environnement maltraitant pourrait, par désespoir, en venir à nier simplement son corps – qu’elle considère comme la raison de ces violences. La vraie raison étant, bien sûr, les mâles prédateurs.

Il ne s’agit pas tant de désirer une transition, de devenir un homme, que de vouloir cesser d’être une femme et, à chaque mois qui passe à partir de la puberté, de devenir une femme plus évidente. Mais au lieu de protéger ces filles, les autorités choisissent d’ignorer ces agressions et de choisir la solution de facilité en se pliant à l’idéologie transgenriste.

Il y aura un très petit nombre de jeunes gens dont le corps vit simplement le ressenti d’être du mauvais sexe, et des voies appropriées devraient être disponibles pour les aider. Mais je me demande également dans quelle mesure les personnes impliquées dans le transactivisme, que ce soit en tant que professionnels ou militants, repoussent sous le tapis la question de ces violences. Leur dureté pourrait bien provenir d’un désespoir subconscient envers eux-mêmes pour avoir agi ainsi.

Julie Bindel est journaliste d’investigation, autrice et militante féministe. Son dernier livre s’intitule Feminism for Women : The Real Route to Liberation. Elle écrit également sur Substack et sur Twitter: @bindelj

Version originale ici

Traduction: TRADFEM

Une réflexion sur “Les enfants abandonnés de Blackpool – Des filles maltraitées choisissent la transition.

  1. Très bon article, merci! Quand vous dites: L’auteur suggère que le transsexualisme « pourrait être une réponse de survie adaptative et associative extrême à de graves sévices infligés aux enfants ».

    Je suis a 150% d’accord et je dirais même plus c’est le problème inverse pour les garçons qui sont victime de pédophiles, je veut dire que pour un garçon qui se fait violer depuis sa petite enfance, à cause du discours patriarcal et transgenriste, ils se mettent a penser « en homme » que c’est ça d’être une femme, les violeurs les traitent comme des femmes., Et les jeunes filles se pensent homme pour fuir d’être une femme opprimée.
    Grande arnaque patriarcale que l’idéologie transgenriste.
    Je pense que tous les transgenres ont été victimes de pédophile dans leur enfance, homme comme femme et c’est ça qu’il faut dénoncer, cette machination contre les victimes d’abus sexuels dans l’enfance.
    Il faut que cesse l’exploitation sexuelle des enfants, les viols sont des crimes patriarcaux contre les enfants, peu importe leur sexe. Il faut les protéger contre la propagande, et même on pourrait les poursuivre avec une instance internationale pour torture envers les enfants.

    C’est important de pas oublier les deux faces masculine et féminine du transgenrisme, qui est une stratégie patriarcale pour éliminer les lesbiennes, et imposer des hommes qui perpétuent les agressions parmi les femmes.

    Je crois que le transgenrisme est une maladie induite par le patriarcat.

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