par Meghan Murphy, le 27 décembre, sur Feminist Current
Pendant des années, les Terfs (trans-exclusive radical feminists) ont travaillé dur, la plupart du temps seules, isolées à travers le monde, ostracisées par leurs proches, ignorées par les médias et le gouvernement et vilipendées par les activistes et la gauche. Jusqu’à tout récemment, les femmes (et quelques hommes de qualité) qui disaient que les hommes ne pouvaient être des femmes étaient traitées comme étant soit diaboliques, soit folles. Les progressistes nous considéraient comme cruelles et intolérantes – comparables aux racistes et aux homophobes du fait d’exiger que la catégorie marginalisée des hommes qui aiment les robes soit reléguée à un échelon inférieur de la société, exclue des toilettes dédiées aux femmes et de leurs maisons d’hébergement, des compétitions sportives, des prisons et des vestiaires de femmes.
En réalité, bien sûr, les hommes qui souhaitent porter des vêtements de femme ou connaître l’objectification féminine ne sont aucunement soumis à une discrimination systémique. Surtout pas aujourd’hui, où ils sont élevés au rang de porte-parole des marginaux, dirigent des empires technologiques, ont l’oreille des présidents et des maires de tout l’Occident, et dominent les organisations et le militantisme LGBTQ+. S’il existe, j’en suis sûr, des cas de violence à l’encontre d’hommes qui choisissent de s’habiller en femme en public, aux mains d’autres hommes qui les considèrent comme des monstres et des pervers, ou qui sont furieux d’avoir été trompés dans une rencontre sexuelle avec quelqu’un qu’ils pensaient être une femme pour ensuite découvrir le contraire, ces hommes sont loin d’être aussi vulnérables dans la société que l’ensemble des femmes et des jeunes filles. De plus, les femmes et les filles n’ont pas d’autre choix que d’être des femmes et des filles. Les hommes qui s’habillent en femmes ont le choix, eux.
Cela ne veut pas dire que les hommes qui s’identifient comme femmes méritent la violence (personne ne mérite d’être violenté), mais qu’il y a une différence entre le fait d’être empêchée d’aller à l’école ou d’être autorisée à posséder des biens ou d’accéder à certaines formes d’emploi qui permettent un meilleur style de vie et une plus grande sécurité financière, et le fait d’être empêché d’accéder aux toilettes et aux refuges pour femmes parce que vous êtes un homme. Il y a une différence entre être incapable de fonctionner de manière indépendante et autonome, simplement à cause du corps dans lequel vous êtes né, et le fait de se sentir mal à l’aise. Il y a une différence entre être obligée d’avoir des relations sexuelles avec des étrangers pour de l’argent parce que vous n’avez pas d’autre choix, et être appelé « monsieur » au lieu de « madame ». Et s’il est vrai qu’il peut sembler risqué de se promener habillé en femme lorsque vous êtes un homme, imaginez seulement ce que ressentent les femmes. (Et gardez à l’esprit que les hommes en général sont régulièrement attaqués par d’autres hommes dans les lieux publics, également).
Le monde n’est pas encore une utopie, hélas, et les hommes qui s’identifient comme femmes ne sont pas les premiers à l’avoir découvert.
Si vous êtes un homme qui choisit de porter des vêtements féminins et que, de ce fait, vous vous sentez mal à l’aise dans les espaces réservés aux hommes, ce n’est pas (ou ne devrait pas être) le problème des femmes. Ce n’est pas la responsabilité des femmes de tolérer un risque supplémentaire en raison d’un choix que vous avez fait et que vous pourriez très bien ne pas faire. Ce n’est pas la responsabilité des femmes de vous dire des mensonges réconfortants, à leurs propres risques.
Je réalise qu’il y a de gens pour considérer ces propos comme controversés ou cruels, mais c’est la vérité. Nous ne pouvons pas toujours faire exactement ce que nous voulons faire et nous attendre à ce que tout le monde réponde exactement comme nous le voudrions. Et le désir d’un homme d’être considéré ou traité comme une femme ne doit pas (ou ne devrait pas) l’emporter sur la sécurité et le confort de toutes les femmes et jeunes filles du monde entier. Il ne l’emporte pas non plus sur la réalité, ni sur le droit de chacun à reconnaître la réalité, quelle que soit l’impression que cela donne à ceux qui préféreraient une réalité différente.
Ce que j’ai soutenu ci-dessus est devenu beaucoup plus accepté au cours de l’année dernière, car les gens ont été poussés au point de rupture par la brigade de l’inclusivité.
La plupart des gens éprouvent l’impression d’un monde devenu absurde lorsqu’ils voient un nageur manifestement masculin dominer la nageuse qui aurait dû remporter la première place dans une compétition réservée aux femmes.
La plupart des gens regardent un professeur d’atelier affichant des prothèses mammaires de taille caricaturale et se disent : « Non, vous ne pouvez pas vous habiller comme ça dans une salle de classe – êtes-vous fou ? »
La plupart des gens voient un spectacle de travestis dit « familial » où des enfants sont amenés à donner des « pourboires » à des hommes comme s’ils étaient des strip-teaseuses, et disent « Ça suffit ». Ou lorsqu’ils découvrent que les livres lus aux enfants lors de la « Drag Queen Story Hour » incluent des livres comme When Aidan Became a Brother, où l’histoire d' »Aidan », que « tout le monde pensait être une fille… mais qui, en grandissant, a réalisé qu’il était un garçon ». Ou encore, NiL’UnNiL’Autre, qui raconte l’histoire d’un monde peuplé de lapins bleus et d’oiseaux jaunes, jusqu’à ce qu' »un jour, un drôle d’œuf vert éclot, et une petite créature qui n’est ni tout à fait un oiseau ni tout à fait un lapin en sort. C’est NiL’UnNiL’Autre ! » Et de penser : « On dirait que de tels messages sèment la confusion chez les enfants ! »
La population générale ne va pas convenir « Oh, le pauvre, il est normal de le protéger », en apprenant qu’un pédophile, un violeur ou un nécrophile a été placé dans une prison pour femmes, parce qu’il vient de revendiquer le statut de « trans ». Surtout pas après avoir appris que ces détenus masculins agressent les détenues dans ces prisons. (Parce que bien sûr, ils le font.)
Non, le transactivisme n’a pas réussi à gagner les cœurs et les esprits en 2022.
Et ce, en dépit de l’incessant tintamarre des médias libéraux dominants, qui refusent de reconnaître la réalité de ce que pense le vrai monde et ce dont il se soucie, ou la réalité de la biologie masculine et féminine.
Les choses que les féministes radicales disent depuis des années (et pour lesquelles elles sont bannies des médias sociaux et de tout événement ou réunion qu’elles tentent d’organiser pour dire de telles choses) sont maintenant dites à voix haute par le plus grand nombre. Le problème est que nous avons perdu les institutions et, dans de nombreux pays, nous avons perdu les lois pertinentes.
Cela s’explique en partie par le fait que les progressistes ont non seulement laissé faire, mais ont également soutenu activement le transactivisme de leurs supérieurs lorsque ceux-ci ont harcelé, menacé et travaillé à détruire la vie et le travail des féministes qui exigeaient que les espaces réservés aux femmes restent non mixtes. Et parce que la gauche a permis (ou s’est assurée) que quiconque remettait en question ou critiquait l’idéologie et la politique de l’identité sexuelle soit expulsé-e et réduit-e au silence.
C’est en partie parce que des gouvernements comme le gouvernement libéral canadien, dirigé par le Premier ministre Justin Trudeau, ont refusé d’organiser un véritable débat public, où des préoccupations pouvaient être mises en lumière et discutées, avant d’adopter le projet de loi C-16 – la loi qui allait garantir que l' »identité sexuelle » remplace le « sexe » dans tous les domaines.
C’est en partie parce que les médias grand public ont refusé de refléter notre combat et nos préoccupations, laissant le public dans l’ignorance du fait qu’il existait même un combat ou des préoccupations. En effet, ceux qui ne s’identifiaient pas à la gauche marginale mais bruyante, qui s’est associée aux efforts des transactivistes pour détruire les espaces féminins, pensaient généralement que nous exagérions : Qui se soucie que quelques hommes veuillent se déguiser en femmes ? Laissez ces gens bizarres à leur propre sort – en quoi cela vous concerne-t-il, de toute façon ?
Ou alors, ils avaient le sentiment que quelque chose de mal se passait, mais refusaient de le dire.
Ce quotient de personnes « sachant que quelque chose de mal se passe mais refusant de le dire » est celui dont je veux parler aujourd’hui, parce que ce refus de dire les choses est ce qui nous a permis d’arriver là où nous sommes aujourd’hui, et plus largement ce qui nous amène à perdre en un clin d’œil des droits que nous considérions comme acquis . Ceux qui ont choisi de suivre le mouvement pour leur propre confort financier et social, en restant là les bras croisés pendant que les nouvelles sorcières – les « TERFS » – étaient expulsées, licenciées, menacées, agressées, bannies des médias sociaux, démonétisées et annulées sont ceux qui doivent aujourd’hui effectivement réfléchir à la situation où nous a conduit leur choix.
Beaucoup de ces personnes étaient des féministes. Des féministes qui, en coulisses, dans des groupes Facebook privés, ont exprimé leur inquiétude et leur peur, mais ont refusé non seulement de s’exprimer publiquement, mais même de s’exprimer en privé – d’admettre à leurs propres amis et familles qu’elles étaient elles aussi ces sorcières. Ce sont les féministes de tout le Canada qui ont regardé quelques-unes d’entre nous endurer cette mise à l’index, mais qui ont soutenu, sachant sûrement qu’elles se mentaient à elles-mêmes, que rien de vraiment mauvais ne pouvait résulter d’une telle législation. Nous étions sûrement protégées – c’était le Canada après tout ! Un endroit merveilleux où il n’y a aucun problème réel, si ce n’est le manque de diversité dans la programmation de Radio-Canada.
C’est vous qui êtes le problème. Pas les TERFS ou les camionneurs ou votre voisin qui veut conserver son fusil de chasse. Vous qui êtes assis en silence dans votre maison de la classe moyenne, à parcourir Facebook et à faire des remarques désobligeantes lorsque c’est socialement approprié, refusant de dire la vérité parce que vous pourriez être désinvité du club de lecture. C’est à vous que je m’adresse maintenant. Et pas parce que j’ai besoin que vous imploriez votre pardon ou que vous vous sentiez coupable, en soi, mais parce que j’ai besoin que vous en tiriez une leçon.
Dans un billet éditorial rédigé pour le London Times la semaine dernière, la journaliste Janice Turner a écrit que « la complaisance est le plus grand ennemi du féminisme ». Elle décrivait la situation des femmes et des filles afghanes, qui ont vu les droits pour lesquels elles se sont battues pendant des décennies être arrachés l’année dernière, suite au retrait des troupes américaines, et ne peuvent plus aller à l’école (y compris à l’université), aller au travail, ou même sortir de chez elles sans une escorte masculine. Elles n’ont plus accès aux parcs, aux gymnases et aux piscines. Elles sont véritablement devenues des citoyens de seconde zone. Et ce n’est pas à cause d’un choix qu’elles ont fait dans leur vie, pas à cause d’un sentiment interne de féminité, pas parce qu’elles sont nées avec un désir puissant de porter du rouge à lèvres ou de se faire poser des implants mammaires.
Parce qu’elles sont nées femmes, tout simplement.
« Un droit cédé est dix fois plus difficile à reconquérir », écrit Turner.
Et en effet, c’est ce sur quoi les femmes – beaucoup trop peu de femmes, mais des femmes quand même – ont essayé désespérément de mettre en garde les autres à l’époque où la législation sur l’identité sexuelle a été introduite vers 2016-17. Peu y ont prêté attention, et encore moins se sont battues contre cette réforme, par peur de représailles. Et des représailles, il y en a eu.
Mais à quoi vous attendiez-vous ?
Celles qui n’ont pas pris la parole lorsque des lois ont été adoptées en Amérique du Nord, au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande, enchâssant l' » identité sexuelle » dans le droit, annulant ainsi les protections fondées sur le sexe des femmes, ont-elles pensé qu’attendre que ce soit facile constituerait une stratégie efficace ?
Si c’était facile, ce serait déjà fait. Si nous attendons que cela devienne facile, il est trop tard.
Alors maintenant, nous faisons marche arrière. Alors que le plus grand nombre comprend aujourd’hui le délire et le danger de l’idéologie de l’identité sexuelle, nous sommes maintenant obligées de nous battre pour renverser des lois et des politiques déjà mises en œuvre, ce qui rend notre combat extrêmement difficile.
Si seulement nous nous étions battues quand c’était « trop dur », « trop risqué » ou « trop effrayant ».
Trop de gens considèrent leurs droits comme acquis, alors qu’ils peuvent leur être arrachés en un instant. Et soudain, nous nous retrouvons dans un monde absurde, issu de notre paresse et de notre peur. De nos privilèges, en fait.
Vous avez tout le confort du monde, mais vous refusez de vous lever ? Impardonnable.
La grande et regrettée féministe Magdalen Berns nous avait prévenues, en 2016, lors de la toute première conférence traitant de l’idéologie de l’identité sexuelle (organisée par des féministes radicales, et non par The Daily Wire) à Londres : « Vous êtes peut-être inquiètes pour votre travail ou vos amis, mais vos droits sont plus importants que tout le reste. »
La prochaine fois que vous serez confrontée à quelque chose que vous savez être faux, dont vous savez qu’il y aura controverse ou pire si vous vous exprimez, vous devez le faire. Les excuses ne peuvent pas mettre des droits à l’abri.
Meghan Murphy
Version originale: https://www.feministcurrent.com/2022/12/27/2022-the-year-terfing-went-mainstream/
Traduction: TRADFEM
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