par Kara Dansky , présidente de la section américaine de la Déclaration internationale des femmes, dans le magazine Newsweek, le 22 décembre 2022
Le 22 décembre, le Parlement écossais a adopté une nouvelle loi controversée qui autorise « l’auto-identification sexuelle » (gender self-ID). Deux jours plus tôt, cette instance avait rejeté un amendement à ce projet de loi qui aurait empêché les délinquants sexuels d’avoir accès aux prisons pour femmes sur la base d’une « identité sexuelle féminine » autoproclamée. Mercredi matin, elle a voté contre un autre amendement qui aurait rétroactivement rendu frauduleuse une demande de changement de sexe si le requérant était subséquemment condamné pour viol. (NdT: Les rares violeurs poursuivis utilisent de plus en plus la prétention de changement d’identité sexuelle comme stratégie pour adoucir leur sentence ou leurs conditions d’incarcération éventuelle.)
Cela signifie que tout adulte (ou mineur à partir de 16 ans), y compris les délinquants sexuels, peut obtenir la reconnaissance légale de son appartenance au sexe opposé sur la base de sa seule déclaration. La loi a été adoptée (NdT: à 86 voix contre 39) malgré les objections d’innombrables femmes écossaises qui ont expliqué à maintes reprises que cela aurait pour conséquence de permettre à des hommes d’imposer leur présence dans des espaces dédiés aux femmes, comme les refuges pour victimes de violence conjugale et les prisons, et ce malgré le fait que deux tiers de la population écossaise s’oppose à cette réforme.
Depuis plusieurs jours, des femmes (et de nombreux hommes) se tiennent devant le parlement écossais, portant des pancartes et des banderoles, pour exprimer leur désaccord. La rapporteuse spéciale des Nations unies sur la violence à l’égard des femmes a également mis en garde les parlementaires écossais contre les dangereuses répercussions de la loi envisagée.
Le 22 décembre, le Congrès espagnol a également adopté une loi similaire, qui sera soumise au Sénat ibérique pour examen en 2023. Le parlement allemand envisage de faire quelque chose de similaire et se penchera sur la question au début de l’année prochaine.
Vous pensez que ces développements ne sont pas pertinents de ce côté-ci de la mare ? Détrompez-vous. Le Congrès étasunien étudie depuis des années un projet de loi intitulé « Equality Act » (H.R. 5). Le texte du H.R. 5 ne contient pas l’expression « auto-identification », mais il parle en fait de la même chose. Ce projet de loi redéfinirait le mot « sexe » pour inclure l’expression nébuleuse « identité de genre » (gender identity) dans toute la législation étasunienne sur les droits civils. Le président Joe Biden a promis pendant sa campagne de 2020 de faire adopter cette loi dans les 100 jours suivant son entrée en fonction, et le Sénat américain en est saisi depuis mars 2021. La section américaine de l’organisation féministe mondiale Women’s Declaration International a suggéré un projet de loi alternatif, la Loi sur l’égalité pour tous, qui protégerait les femmes et les filles sur la base du sexe ; les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles sur la base de l’orientation sexuelle ; et toutes les personnes sur la base de la non-conformité aux stéréotypes sexuels.
L’auto-identification a déjà force de loi en Californie depuis 2018. Dans cet État, toute personne peut obtenir un nouveau certificat de naissance avec l’indication du sexe opposé. La loi ne nécessite ni l’avis d’un médecin, ni de modifications chirurgicales ou hormonales du corps de la personne.
L’auto-identification sexuelle signifie que toute personne (homme ou femme) peut simplement déclarer appartenir au sexe opposé et que le gouvernement peut valider cette illusion sur demande. Personne, où que ce soit dans le monde, n’a correctement appréhendé les implications de cette situation. La plupart des personnes qui campagne contre cette mesure à l’échelle mondiale sont des féministes politiquement orientées à gauche, et la grande majorité des gens (quelle que soit leur orientation politique) sont d’accord avec nous pour la dénoncer.
Les féministes affirment depuis des années que le fait de permettre à quiconque de s’identifier à n’importe quel sexe entraînera l’entrée de force de certains hommes dans les espaces dédiés aux femmes. C’est déjà le cas aux États-Unis, au niveau des États. De nombreux États autorisent les hommes à être logés dans des prisons pour femmes sur la base de leur « identité sexuelle féminine » autoproclamée. La loi californienne SB 132 a été promulguée en 2020 et est entrée en vigueur en janvier 2021. L’État de Washington fait la même chose par le biais d’une politique administrative. Le New Jersey a mis en œuvre une politique similaire par le biais d’un accord de règlement avec l’American Civil Liberties Union (ACLU). Partout aux USA, des femmes incarcérées sont déjà agressées, violées et fécondées par des hommes qui prétendent être des femmes (dont beaucoup ont été condamnés pour des crimes très graves comme le viol et le meurtre). Ces femmes sont terrifiées. Cela devrait être un scandale national et international.
Qu’est-ce que notre société a aussi négligé de prendre en compte dans la campagne visant à redéfinir le sexe pour y substituer une vague « identité de genre » ? Les organismes nationaux de santé comme les National Institutes of Health et les Centers for Disease Control and Prevention seront-ils encore en mesure de surveiller les effets de divers médicaments sur les hommes et les femmes en tant que classes sexuelles distinctes ? Le FBI pourra-t-il continuer à comptabiliser et analyser les crimes en fonction du sexe des délinquants et des victimes ?
Tout cela est le résultat inévitable de prétendre que le sexe n’est pas réel ou qu’il peut être changé. J’ai plaidé pour que l’on s’oppose à cette dérive dans mon livre de 2021, The Abolition of Sex: How the ‘Transgender’ Agenda Harms Women and Girls (Comment le programme « transgenriste » nuit aux femmes et aux filles.)
Tous ceux qui se soucient des droits, de la vie privée et de la sécurité des femmes et des jeunes filles, tous ceux qui veulent reconnaître la réalité matérielle du sexe biologique et tous ceux qui pensent que les politiques publiques doivent être fondées sur la science doivent prendre position. C’est le bon moment. Le sexe a été aboli par la loi écossaise ce mois-ci et cela pourrait bientôt arriver en Espagne et en Allemagne. Les Étasuniens ne devraient pas être surpris quand ce sera notre tour.
Kara Dansky est la présidente de la section américaine de Women’s Declaration International et l’autrice du livre The Abolition of Sex : How the ‘Transgender’ Agenda Harms Women and Girls.
Endossements de The Abolition of Sex par Sheila Jeffreys, Lierre Keith, Jennifer Bilek et Derrick Jensen.