L’Écosse doit tenir tête à l’idéologie oppressante du genre

Julie Bindel, dans The Spectator, 17 décembre 2022

La semaine qui vient de s’écouler a été plutôt pénible pour les femmes d’Écosse. Alors que la première ministre Nicola Sturgeon s’acharne à défendre un projet de loi qui permettra aux hommes de s’identifier comme femmes – une loi à laquelle s’oppose environ deux tiers de l’électorat – l’ONG féministe For Women Scotland vient de perdre un recours judiciaire contre le gouvernement écossais concernant sa définition de « la femme », qui inclut, surprise!, des hommes…

Il n’est pas étonnant que, dans ce monde délirant, quelqu’un ait décidé de réaliser un film portant précisément sur cet enjeu et intitulé à juste titre Adult Human Female. Ce film explore les tentatives actuelles de réduire au silence les personnes qui s’élèvent contre l’idéologie misogyne du transgenrisme. Réalisé par Deirdre O’Neill et Mike Wayne, deux activistes socialistes et universitaires, le film donne la parole à celles et ceux d’entre nous que prennent pour cibles les fondamentalistes du genre, qui détestent entendre toute dissidence à leur mantra « les transfemmes sont des femmes ». 

Dans le cauchemar orwellien que nous vivons actuellement, dire la vérité est tenu pour synonyme de sectarisme et de haine.

Sans surprise, ce film – dans lequel je suis interviewée – a suscité une vive controverse parce qu’il offre un forum à des féministes qui disent simplement la vérité. Une projection programmée à Nottingham a été annulée le mois dernier après que des transactivistes aient harcelé le lieu de projection au point qu’il ait cédé. La firme de vente de billets Eventbrite a même retiré de son site les billets pour cette projection, en déclarant qu’il s’agissait d’un « contenu potentiellement haineux ». 

Puis, cette semaine, des personnes détenant des billets sont arrivées à l’université d’Édimbourg pour une projection de ce film et ont été accueillies par un groupe de manifestants bruyants et agressifs. N’ayant pas réussi à faire céder les organisatrices de la projection et à la faire annuler, ils ont eu recours à la tactique habituelle des tyrans, qui consiste à crier au visage des femmes. Face à ces manifestants, les organisatrices ont alors décidé de déplacer la projection vers une autre salle, mais les protestataires ont eu vent de cette tactique, ont gagné de vitesse l’auditoire et ont bloqué l’entrée de la salle. L’événement a finalement été annulé. 

Ce ne sont pas seulement des étudiants qui ont imposé ce coup de force : la projection a été attaquée par l’University College Union (UCU) ainsi que par la Pride Society, une association du campus. Ces deux organisations ont condamné le film en le qualifiant de « transphobe » et en affirmant que sa projection « mettrait en danger les personnes trans sur le campus et au-delà ». 

Robyn Woof, « responsable de la libération des personnes trans et non binaires » au sein de l’association étudiante de l’université, s’est particulièrement fait entendre en qualifiant les personnes qui souhaitaient voir ce film « d’intolérantes »  et en hurlant qu’il était lui-même un « adulte de sexe féminin ».

Les étudiants protestataires ont publié une longue déclaration condamnant le film, affirmant que son contenu « repose sur la prétention que les transfemmes sont des hommes ». Oui, dans ce cauchemar orwellien où nous pataugeons actuellement, dire la vérité est tenu pour synonyme de sectarisme et de haine. 

Lors de ma dernière visite à l’université d’Édimbourg en juin 2019, où l’on m’avait invitée pour parler de la violence masculine envers les femmes et les filles, j’ai été attaquée en sortant de la salle. Parce que nous parlions de l’importance d’installations réservées aux femmes, comme les prisons et les refuges, les bébés pétulants hostiles aux femmes qui s’organisent ont essayé de faire annuler cet événement. Lorsque leur tactique a échoué, la Pride Society et divers militants des droits de l’homme ont disjoncté. Une bombe puante a été lancée dans la salle et diverses menaces ont été proférées à l’encontre des conférencières. 

En quittant l’université, j’ai été personnellement attaquée par un transactiviste, un homme qui disait s’identifier comme transsexuelle, et sans les quatre robustes agents de sécurité qui se tenaient à proximité, la situation aurait pu être bien pire pour moi. 

L’Écosse est dans un état lamentable en ce qui concerne les droits des femmes. Cela est dû en grande partie à Nicola Sturgeon, la David Cameron qui dirige le Parti national écossais, qui a fait un gâchis monumental. Bien qu’elle puisse probablement voir le désastre inévitable que sera pour les femmes et les filles vulnérables sa politique d’auto-identification sur demande, elle refuse encore de faire marche arrière. Tout comme Cameron l’a fait avec le Brexit, le gâchis actuel est entièrement de sa faute. 

Mais les féministes écossaises, comme toujours, se défendent. Malgré le tsunami de misogynie auquel elles sont confrontées pour avoir simplement affirmé leurs droits durement acquis, ces femmes continuent à se battre. Par exemple, comment pourrais-je parler des mauvaises choses qui arrivent aux femmes en Écosse sans mentionner l’une des meilleures nouvelles qui s’y soit produite depuis très, très longtemps ? 

Lundi, il a été annoncé que l’écrivaine, philanthrope et féministe hors pair JK Rowling avait fondé et financé un nouveau centre de soutien pour des femmes ayant subi des violences masculines. Il s’agit du seul centre de soutien au pays qui soit réservé aux femmes, les autres ayant pour politique d’accueillir également des hommes.  

Ce que Rowling a accompli va donner aux Écossaises la force de se rebeller contre cette idéologie sexiste oppressive et de refuser d’être étiquetées « intolérantes » parce qu’elles pensent que des hommes ne devraient pas côtoyer les femmes dans un service d’aide à des victimes de viol. L’annulation du film et l’attention qu’il a suscitée semblent avoir eu un « effet Streisand »: On parle beaucoup maintenant de Adult Human Female. Affiché en ligne, ce documentaire instructif est visionné par beaucoup plus de gens que si les nouveaux vêtements de l’empereur n’étaient pas aujourd’hui en lambeaux. 

Julie BINDEL

Version originale: https://web.archive.org/web/20221217173404/https://www.spectator.co.uk/article/scotland-must-rebel-against-this-oppressive-gender-ideology/

Traduction: TRADFEM

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