Écosse. La Loi sur le genre déposée par la PM Nicola Sturgeon est un nouveau coup dur pour les femmes

par Janice Turner, The London Times, vendredi 18 novembre 2022

La voie rapide du gouvernement écossais vers l’auto-identification sexuelle ne protège pas les personnes vulnérables et s’avère discordante avec notre époque.

Une scientifique d’âge moyen, qui assistait tranquillement à une commission du parlement écossais, a été abordée par un agent de sécurité. Soit elle devait retirer son écharpe violette, blanche et verte, soit elle devait quitter la pièce. (Elle est partie.) Deux autres femmes ont été forcées d’enlever des écharpes écossaises aux couleurs similaires. Une quatrième, portant une simple écharpe violette, a été invitée à ouvrir son manteau pour vérifier s’il y avait des traces de blanc et de vert dans sa tenue.

Le scientifique a interrogé un agent de sécurité qui, en se tortillant de malaise, a déclaré qu’on lui avait dit que ces couleurs étaient « politiques » et « associées au mouvement des femmes ». Ce sont en effet les couleurs du mouvement historique des Suffragettes. Après un tollé en ligne inévitablement appelé « scarfgate« , le président de séance (le président du parlement écossais) s’est solennellement excusé pour cette « erreur » de sécurité. Mais la question demeure : qui a décidé que les femmes devaient être surveillées pour détecter chez elles des signes de sédition ?

La vérité, c’est que Nicola Sturgeon, la première ministre écossaise, ne veut pas que ces satanées féministes examinent sa réforme de la Loi sur la reconnaissance du genre (GRA). Elle veut que ce projet de loi soit adopté en commission mardi, sans être modifiée par les 150 amendements déposés, puis que l’ensemble du projet de loi soit adopté avant Noël. C’était l’accord de coalition passé par son Scottish National Party (SNP) avec le Parti vert et ils comptent y procéder, quelles qu’en soient les conséquences irréfléchies.

Ce projet de loi modifie le processus d’obtention d’un certificat de reconnaissance de genre (GRC), qui permet de changer le sexe légal figurant sur un certificat de naissance. Pour obtenir ce certificat, une personne se disant transgenre doit actuellement avoir plus de 18 ans, avoir reçu un diagnostic médical de dysphorie de genre et avoir « vécu dans son genre acquis » pendant deux ans. Le SNP veut abaisser cet âge minimum à 16 ans et n’exiger que trois mois de vie dans le « genre acquis » ainsi qu’une simple déclaration statutaire appelée « auto-identification ».

Puisqu’il n’est pas nécessaire d’effectuer de transition physique et qu’il n’existe aucune définition de la « vie en tant que femme » – un ministre du SNP suggère que cela pourrait signifier changer simplement le nom figurant sur votre facture de gaz -, n’importe quel homme pourrait devenir pleinement et légalement une femme sur sa seule déclaration. Une peine de prison théorique de deux ans est prévue pour toute fausse déclaration. Mais lorsque les définitions juridiques sont aussi intangibles, qu’est-ce qui constitue une « fausse » déclaration ? L’année dernière, le gouvernement écossais a autorisé les titulaires de GRC à modifier la date et le lieu de leur mariage sur leur certificat de mariage afin de protéger leur identité. Lorsque les documents publics peuvent être falsifiés sur un coup de tête, qu’est-ce que la « vérité » ?

Les porteuses de foulards ont subi des années d’intimidation verbale et physique pour avoir souligné de telles implications du droit pour les femmes. En vertu de la Loi britannique sur l’égalité, le CRG n’a pas priorité sur le sexe biologique. Ainsi, les sports, les refuges contre la violence conjugale ou les fouilles intimes, entre autres, peuvent être réservés aux femmes. Mais le gouvernement écossais a soutenu, lors d’une récent examen judiciaire, qu’un GRC change le sexe d’une personne « à toutes fins utiles ».

C’est une catastrophe pour les quartiers non mixtes et pour les services d’aide aux victimes de viol, mais surtout pour les femmes détenues. La British Psychological Society a mis en garde contre l’augmentation des « cas où des hommes condamnés pour des crimes sexuels ont faussement prétendu être « transfemmes » pour être transférés dans les quartiers des femmes. Cela a déjà donné lieu à des agressions sexuelles. Actuellement, en Écosse, la plupart des détenus masculins transgenres restent, après évaluation des risques, dans des prisons pour hommes. Mais le gouvernement écossais refuse de préciser si l’auto-identification leur permettrait d’être automatiquement transférés dans des prisons pour femmes, comme en Irlande et dans de nombreux États américains.

Un amendement modeste proposait que les délinquants sexuels enregistrés ne soient pas autorisés à obtenir des GRC, dont la possession leur permettrait d’accéder aux espaces réservés aux femmes et pourrait, en fait, leur permettre de dissimuler leur identité antérieure et leur passé criminel. Mais le gouvernement écossais a rejeté cette proposition pour des raisons de droits de la personne. Il n’a pas répondu aux craintes exprimées que cette réforme rende également sans valeur les contrôles de dossier criminel.

L’ironie du sort veut que le gouvernement écossais fasse passer la réforme des GRA pour prouver ses références progressistes par rapport à l’Angleterre conservatrice et arriérée, au moment même où l’opinion mondiale se retourne. La crainte qu’un pic mondial d’adolescentes souffrant de troubles mentaux et s’identifiant comme des garçons soit causé par la contagion sociale a conduit à une nouvelle prudence clinique. L’étude indépendante de Cass sur les services d’aide à l’enfance en Angleterre note que la transition sociale – le changement de nom et de pronoms – n’est pas « un acte neutre », mais qu’elle pousse les enfants vers les hormones et la chirurgie. Quel acte de transition sociale plus grand et plus concret que de changer son sexe de naissance légal ! Comment les écoles sont-elles censées traiter un enfant masculin de 16 ans dont le certificat de naissance est de sexe féminin ?

Pourtant, à part exiger que les moins de 18 ans vivent pendant six mois au lieu de trois dans le « sexe requis », le gouvernement écossais n’a rien fait pour s’assurer que les jeunes – qui ne peuvent même pas se faire tatouer avant 18 ans – ne commettent pas une erreur difficile à réparer. Les demandes visant à exiger une contre-signature (comme pour un passeport) d’une personne qui les connaît ont été rejetées. Un membre de la commission SNP a décrié une telle « sauvegarde » comme étant de classe moyenne. Ses collègues Verts veulent que l’âge minimum soit encore plus bas.

La réforme de la Loi sur la reconnaissance du genre a déjà provoqué la plus grande rébellion jamais vue au sein du gouvernement SNP et la démission de la ministre Ash Regan, qui a déclaré que sa conscience ne lui permettait pas de soutenir le projet de loi car il mettait en danger les femmes et les jeunes filles. Les sondages indiquent que le public s’oppose à ces réformes radicales et précipitées. L’auto-identification ne figurait même pas dans le manifeste du SNP, alors pourquoi Sturgeon gaspille-t-elle autant de capital politique ?

Certains pensent qu’elle cherche un héritage tangible, ce qui, vu l’état déplorable du ministèere écossais de la Santé, lui fait défaut. Ou que, cyniquement, elle souhaiterait que le gouvernement de Westminster annule sa nouvelle GRA s’il estime qu’elle porte atteinte aux protections prévues par la loi du Royaume-Uni sur l’égalité. Sturgeon pourrait alors profiter d’une bataille nationaliste par procuration devant la Cour suprême : voyez comment les Anglais ne nous laissent pas rédiger nos propres lois !

Ainsi, soutenue par des députés travaillistes dociles qui dissimulent leurs nombreuses réticences, cette nouvelle loi profondément précipitée sera adoptée. La sauvegarde des jeunes, la dignité des femmes, des droits péniblement acquis et la vérité elle-même, tout cela sera mis de côté au profit de l’idéologie et de l’opportunisme politique. Malgré les efforts inlassables de femmes en écharpe de suffragette.

Janice Turner

Version originale: https://www.thetimes.co.uk/article/87c38230-677e-11ed-9c3b-2d9184d0076f?shareToken=ee0720148f74a177e74901f32c65a60a

Traduction: TRADFEM

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