Le transactivisme et la voie non adoptée

Le conflit actuel sur les droits des trans était entièrement évitable.

Eliza Mondegreen sur le blog Reality’s Last Stand, le 19.08.2022

Au milieu de l’émission spéciale controversée de Dave Chappelle diffusée sur Netflix, The Closer, son ton change quand il  raconte l’histoire d’un ami et collègue comédien qui s’identifie comme transgenre :

« Eh bien, Daphné, ai-je dit, Eh bien, c’était marrant. » Je lui ai dit: « Je t’aime vachement, mais je ne comprends rien à ce que tu racontes. » Toute la foule a ri sauf Daphné. Putain, il me regarde comme si je n’étais plus son ami. Comme si j’étais quelque chose de plus grand que moi, comme si j’étais le monde entier, concentré en un seul mec. Puis il me dit: « Je n’ai pas besoin que tu me comprennes. » J’ai dit « Quoi? » Il a dit: « J’ai juste besoin que tu croies … » juste comme ça, il a dit: «que tu croies que je vis une expérience humaine ». Et quand il a dit ça, toute la foule a été scotchée. Et je l’ai regardé comme dans le film The Fight Club et j’ai dit: « Je te crois, bordel. »

[rires]

Parce qu’il n’a rien dit sur les pronoms. Il ne m’a pas accusé d’avoir « un gros problème ». Il a dit: « Crois juste que je suis une personne et que je traverse ça. » Et moi, je sais que je le crois parce que je peux reconnaître son expérience vécue.  

Une chose qui me frappe à chaque fois que je parle du genre à des ami·es, des collègues ou de parfait·es inconnus, c’est à quel point on aurait pu gagner l’empathie des gens avec quelque chose comme la demande de Daphné : « J’ai juste besoin que tu croies que je vis une expérience humaine… Crois simplement que je suis une personne et je traverse cette épreuve ».

Tout cela pour dire que le conflit actuel sur les droits des trans n’était pas inévitable. En fait, il était tout à fait évitable. Il n’est pas difficile d’imaginer un mouvement trans qui se concentre sur comment procurer des aménagements spéciaux pour les personnes souffrant de dysphorie de genre, ou même pour celles qui ont des croyances extraordinaires sur la nature de « l’identité de genre ». Appelons cela la voie des aménagements raisonnables.

Nous pouvons maintenant débattre des aménagements raisonnables et des demandes qui entrent en conflit avec les droits d’autres groupes ou les compromettent, comme les femmes qui ont besoin d’une reconnaissance légale en tant que classe sexuelle et d’espaces sans hommes, et les enfants qui ont besoin de protections spéciales contre l’endoctrinement et l’expérimentation médicale. Une conversation sur les aménagements raisonnables serait une conversation nuancée. Au lieu de cela, nous avons eu un mouvement trans radical qui veut effacer le sexe de la loi et de la société, imposer des hommes dans les prisons pour femmes et des garçons dans les sports pour filles, et mener des expériences médicales non réglementées sur des enfants non conformes au genre.

 Ce que nous avons maintenant, c’est un mouvement transactiviste qui a adopté des thèses radicales en matière de biologie et, ce faisant, cherche maintenant à effacer le concept de sexe dans la loi et la société. Cela a donné lieu à une réalité absurde et dystopique où les hommes ont accès aux prisons pour femmes, à leurs sports et à d’autres espaces protégés, et où les enfants non conformes au genre sont devenus la cible d’expériences médicales non réglementées impliquant des médicaments bloquant la puberté, des hormones du sexe opposé et des interventions chirurgicales extrêmes.

Il n’était pas nécessaire d’aiguiller le mouvement trans sur une trajectoire de collision avec la réalité, l’équité, le bon sens, l’éthique médicale, la tolérance de la différence, la liberté d’expression et de conscience, et la reconnaissance fondamentale que le sexe compte, pour atteindre les objectifs déclarés du mouvement. Ce sont plutôt les objectifs non déclarés du lobby transactiviste qui nous poussent sur cette voie funeste. Nous pouvons plaider en faveur de certains aménagements raisonnables pour les personnes mal à l’aise avec leur sexe. Des revendications et demandes raisonnables peuvent résister à un examen minutieux. Mais des revendications et demandes déraisonnables nécessitent une approche différente. Il est impossible de revendiquer le placement de violeurs dans des prisons pour femmes si vous voulez utiliser un langage clair. Il est impossible de justifier l’endoctrinement puis la stérilisation d’enfants confus. Vous ne pouvez poursuivre de tels objectifs que si vous êtes prêts à casser le langage, à garder le public dans l’ignorance et à punir quiconque tente de mettre en lumière vos bouffonneries. (En d’autres termes, vous devez suivre la stratégie de Denton) [un manuel au service des militants trans écrit par le cabinet d’avocats Denton, ndt]

 Que le transactivisme ait pris cette forme nous dit quelque chose sur ce qui motive le mouvement et ce qui ne le motive pas.

Les personnes atteintes de dysphorie de genre ont besoin de recherches rigoureuses et de soins de santé de qualité et elles souffrent lorsque leurs problèmes deviennent politiques et amèrement polarisés. Les personnes qui cherchent à être acceptées telles qu’elles sont n’ont pas besoin d’effacer le sexe de la loi et de la société. Effacer le sexe efface non seulement une partie importante de qui nous sommes en tant qu’individus, mais aussi qui nous sommes en tant qu’espèce. Il n’est pas possible de comprendre l’expérience trans sans comprendre la réalité du sexe, et effacer le sexe supprime donc notre possibilité de compréhension et d’empathie.

Lorsque les dossiers médicaux mentent sur le sexe, les patients souffrent.

Lorsque beaucoup adultes transgenres d’un certain âge regardent en arrière, ils auraient voulu ne pas avoir trouvé nécessaire de transitionner. Ils auraient voulu être acceptés tels qu’ils et elles étaient, à la fois face au reste du monde et face à eux-mêmes. Ils ne veulent pas ou n’ont pas besoin de justifier la transition de jeunes enfants afin de renforcer leur estime de soi et de valider leur identité. Ce ne sont pas des gens ordinaires comme ceux-ci qui dirigent le mouvement trans, mais ce sont eux, avec les enfants, qui paient le plus cher ses excès.

Lorsque nous regardons les revendications du mouvement trans et considérons les alternatives que le mouvement méprise, il devient clair qui est aux commandes : des paraphiles qui s’amusent à piétiner les limites protectrices des droits des femmes, des individus qui ne peuvent pas s’accepter et doivent donc se lancer dans une vaine tentative de contourner la réalité, et des acteurs puissants qui considèrent l’engouement pour les transgenres de manière opportuniste, comme une nouvelle frontière vaste et profitable dans « les progrès de la médecine », qui est protégée de toute critique par des slogans très efficaces sur les « droits de la personne ». Lorsque votre objectif est de réorganiser la société de fond en comble et de transformer fondamentalement nos idées sur l’identité et l’incarnation humaines, un message comme « crois simplement que je suis une personne et que je traverse une épreuve » ne fait pas le poids.

Au cours des cinq dernières années, j’ai parlé à des gens de tout le spectre politique. Ils et elles m’ont exprimé leur immense inquiétude et leur confusion quant aux formes qu’a prises le transactivisme. Mais je n’ai jamais entendu de haine pour les personnes qui ne se conforment pas à leur sexe ou ne s’y sentent pas à l’aise. Bien au contraire. Indépendamment de leurs convictions politiques ou de leurs croyances religieuses, les gens expriment de l’empathie pour ceux et celles qui luttent contre la dysphorie de genre et cherchent des moyens de rendre leur vie plus vivable. En d’autres termes, il y a un fort potentiel de gens extrêmement favorables à trouver la voie d’« aménagements raisonnables ».

Mais l’empathie n’équivaut pas à la soumission. L’empathie ne suit pas toujours le scénario militant. L’empathie ne signe pas de chèques en blanc à un lobby. Parfois, l’empathie ressemble à « Si j’étais un enfant aujourd’hui, moi aussi j’aurais transitionné. Je suis content de ne pas l’avoir fait. » Ou : « Je comprends pourquoi tu veux cela, mais ma réponse demeure que je ne suis pas d’accord. »

Abonnez-vous au substack d’Eliza ici : https://elizamondegreen.substack.com/

Traduction: Néli Busch

Version originale: https://www.realityslaststand.com/p/trans-activism-and-the-road-not-taken?s=r&utm_campaign=post&utm_medium=web&utm_source=direct&triedSigningIn=true&fbclid=IwAR22XpvruXCCRdSUEVZ3kCNNYaTKSbQbjLuZj3HYC6GZ8pmftCcdM-8h54s

Une réflexion sur “Le transactivisme et la voie non adoptée

  1. Le dessin est très bien.
    Il manque pour être complet un personnage représentant les lobbys de l’industrie pharmaceutique et des chirurgiens en quête de pognon, derrière le personnage « Transactivism ».

    J’aime

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