JULIE BINDEL
The Daily Mail, 8 avril 2022
C’est la semaine où la Grande-Bretagne a enfin retrouvé la raison. Nous avons atteint un point de basculement, lorsque des personnes de tous bords ont décidé que la folie devait cesser.
Mercredi, le Premier ministre a déclaré que les « mâles biologiques » ne devraient pas être autorisés à participer à des compétitions sportives féminines – et il a également osé suggérer que les parents devraient avoir leur mot à dire dans des décisions de leurs enfants concernant l’identité sexuelle, qui peuvent changer leur vie.
Par ailleurs, un important organisme de surveillance publique a annoncé mardi que les femmes devaient disposer d’espaces sûrs, y compris les prisons pour femmes et les refuges contre la violence domestique, dans lesquels ni les hommes ni les femmes transgenres ne pouvaient entrer.
Cette semaine également, un ancien ministre, Damian Green, a déclaré à un intervieweur de la BBC qui l’avait critiqué pour avoir dit « la biologie est réelle » : « Vous avez dit que j’ai affirmé que ‘la biologie est réelle’, comme si c’était quelque chose de controversé. Je pense qu’à partir du moment où l’on commence à dire que les faits scientifiques ne sont pas réels, on se trouve vraiment dans une situation difficile ».
Nombre de ces conversations auraient été impensables il y a seulement quelques semaines. Boris Johnson aurait été traité de « transphobe » par ses détracteurs, et Green aurait probablement dû démissionner pour une défense de la science qualifiée d’« intolérante ».
Pendant des années, les extrémistes transgenres ont réussi à intimider et à faire taire des opposants raisonnables et traditionnels sur toute une série de questions allant du sport à la politique, et de la science aux droits des homosexuels et lesbiennes.
Presque invariablement blancs, bien payés et de sexe masculin (même si certains disent « s’identifier comme femmes »), ils insistent sur le fait qu’ils savent mieux que n’importe quelle femme ce que signifie être une femme – et ils soumettent toute femme qui en disconvient à un infâme barrage d’agressions et de menaces.
Des femmes ont vu leurs droits supprimés et, dans de nombreux cas, leur vie détruite. Des universitaires ont été chassé·es de leur emploi, des autrices ont vu leurs livres interdits, des journalistes ont été banni·es de leurs médias.
La romancière la plus célèbre du pays, J.K. Rowling, a été pratiquement rayée de l’histoire de sa propre franchise cinématographique et doit faire face à des ricanements, lors des cérémonies de remise de prix, de la part d’acteurs médiocres qui ne sont célèbres que parce qu’ils ont joué les personnages qu’elle a créés.
Et maintenant, la patience des politiciens bien-pensants à l’égard de cette mascarade odieuse s’est soudainement effondrée.
Pourquoi cela s’est-il produit ? Le mouvement que l’on a appelé « cancel culture » s’est avéré terrifiant – mais il y a aussi eu, selon moi, un sentiment croissant de frustration parmi les électeurs qui ne comprennent pas pourquoi nos représentant·es élu·es, en particulier parmi les travaillistes, les verts et les libéraux démocrates, semblent incapables de dire « reconnaître ce qu’est une femme ».
La population britannique, bien qu’instinctivement tolérante, en a également assez de se faire assener un sinistre jargon médical sur le « parent accoucheur » et l’ « allaitement par la poitrine » de la part de médecins qui ont peur d’utiliser les mots « mère » ou « sein ».
Mais le Daily Mail a récemment apporté une contribution essentielle au débat en aidant à faire connaître la campagne « Respect My Sex ». À l’initiative de trois militantes, ce mouvement a adressé un puissant message puissant aux politicien·nes : « Respectez mon sexe si vous voulez mon vote ».
Il s’agit d’un cri de ralliement pour toutes les femmes et tous ceux qui pensent que le sexe biologique n’est pas simplement une question de choix personnel.
Les extrémistes transgenres ont eu recours à l’intimidation, à la violence et à la diffamation pour tenter de réduire au silence les personnes qui ont courageusement défendu les droits des femmes. Mais quelle que soit l’intensité de leurs slogans, ils ne parviendront pas à contraindre un pays entier à la soumission.
Si seulement les politiciens étaient plus en phase avec leur époque.
Le leader travailliste Keir Starmer a fait preuve de lâcheté sur cette question, se laissant réduire au silence par les ultra-extrémistes transgenres de son parti. On a ainsi vu le chef de l’opposition, qui n’est manifestement pas un homme stupide, incapable de donner une réponse directe à la question « Une femme peut-elle avoir un pénis? – à laquelle n’importe quel enfant pouvait répondre.
Une collègue de Starmer sur la banquette avant du Parlement, Lisa Nandy, a soutenu que les criminels se disant ‘femmes trans’ « devraient être logées dans la prison de leur choix ». Une autre députée travailliste, Dawn Butler, estime qu’ « un enfant naît sans sexe ». Et l’ancien maire Plaid Cymru de Bangor, Owen Hurcum, a eu cette phrase mémorable : « Certaines femmes ont un pénis, certains hommes ont un vagin. »
D’autres journaux ont honteusement passé sous silence la campagne « Respect My Sex ». Le Daily Mail en a fait la publicité, reconnaissant que les extrémistes transgenres avaient tenté, avec un certain succès, d’abolir des droits des femmes durement acquis depuis plus d’un siècle.
J’ai été mêlée à ce conflit, mais pas par choix, depuis 18 ans. En 2004, j’ai signé un article dénonçant « l’auto-identification » sexuelle et l’invasion des espaces des femmes. Le ciel m’est littéralement tombé sur la tête.
À l’époque, j’étais révoltée par une bataille juridique menée à Vancouver, au Canada, où un centre d’aide aux femmes victimes de viols (Vancouver Women Against Rape) faisait l’objet d’une attaque. Un homme se disant transsexuel poursuivait cette organisation caritative après avoir demandé à y devenir conseiller bénévole pour les victimes de viol. Cette demande a été rejetée – et le procès qui s’en est suivi a presque détruit l’organisation.
La définition que les activistes transgenres donnent de ce que signifie être une femme me semblait profondément misogyne. C’est toujours le cas. Ils semblaient dire que tout homme qui aimait les « choses féminines », comme le fait de tituber sur des talons hauts, était intrinsèquement une femme et avait le droit d’être traité comme tel.
Pour moi, il s’agit d’un non-sens. En même temps, je suis plus qu’heureuse de soutenir le désir de quiconque de s’habiller et de se présenter comme il ou elle le souhaite. Si un homme biologique veut porter des vêtements de femme, adopter un nom de femme, utiliser des pronoms féminins et vivre une vie aussi féminine que possible, bonne chance!
Je suis une féministe de la vieille école et une lesbienne, et les gens comme moi ont lutté contre les normes étroites de genre toute leur vie d’adulte. Les militants transgenres ne représentent pas la grande majorité des personnes transgenres qui veulent simplement vivre leur vie sans histoires.
Mais la tolérance envers les femmes transgenres ne signifie pas que nous devons accepter que des hommes biologiques s’insinuent dans les refuges contre le viol. Elle ne signifie pas non plus que nous devons supporter que des organes génitaux masculins soient exposés dans les vestiaires des femmes ou que des hommes s’identifient comme femmes pour participer à des compétitions sportives féminines.
Le spectacle de Lia Thomas, une femme trans qui a participé à des épreuves de natation féminine aux États-Unis, remportant un trophée universitaire de premier ordre, a forcé des millions de personnes à faire face à la réalité.
Il ne s’agit pas de tolérance, mais bien de tenir tête à un mensonge flagrant.
Je sais ce que c’est que de tenir tête à des tyrans. J’ai dû le faire depuis que je suis me suis affichée comme lesbienne à l’adolescence, il y a plus de 40 ans. Harcelée sexuellement à l’école, j’étais furieuse d’être obligée de porter un uniforme qui, selon moi, rabaissait les filles.
J’étais également en colère parce que, en tant que femme, je n’étais pas libre de faire tout ce que les garçons pouvaient faire. Et bien sûr, je détestais mes règles et les autres changements induits par la puberté, comme beaucoup de filles.
Mais aujourd’hui, je vois des adolescentes à qui on dit que si elles se sentent comme moi, elles sont en fait transgenres : des garçons piégés dans un corps de femme. Il s’agit d’une idéologie profondément préjudiciable, qui tente d’annuler tous les acquis que les femmes ont mis des décennies à conquérir.
Les filles qui ne se sentent pas à l’aise dans leur corps changeant d’adolescentes méritent amour et soutien. On devrait leur dire qu’elles sont formidables telles qu’elles sont, et non qu’elles ont besoin d’une hystérectomie, d’une double mastectomie et d’un traitement à vie à la testostérone pour pouvoir trouver leur « véritable identité », des traitements qui comportent des risques graves et permanents.
Elles occupent déjà leur véritable identité. Incroyablement, les extrémistes trans soutiennent que lorsque des adolescent·es se voient refuser des interventions chirurgicales de « changement de sexe », elles et ils sont en fait soumis·es à la sorte de « thérapie de conversion » qui vient d’être interdite pour les gays et lesbiennes.
(Cette semaine, le gouvernement a aboli son projet d’interdire la « thérapie de conversion » pour les trans, tout en maintenant l’interdiction d’infliger ce traitement aux homosexuels et lesbiennes.)
J’ai moi-même subi une thérapie de conversion destine aux gai.es – volontairement en tant que journaliste d’enquête. Je peux vous dire que c’est ignoble. Les thérapeutes et pasteurs véreux qui tentent de persuader des homosexuel·les de vivre leur vie en hétérosexuel·les infligent un préjudice immense à leurs sujets.
Proposer une thérapie ou des conseils professionnels à des jeunes gens confus quant à leur identité sexuelle est une chose très différente – comme le gouvernement l’a reconnu à juste titre.
Aujourd’hui, les mensonges des militants transgenres se sont effondrés. Les gens ont vu clair dans cette affreuse mascarade et ont crié : « Assez !
Boris Johnson n’est rien d’autre qu’habile, et il a parfaitement choisi le moment de son intervention. Je ne serai jamais une électrice conservatrice, mais je n’ai pas désapprouvé un mot de ce qu’il a dit, ni la manière dont il l’a dit.
Aujourd’hui, le problème a été clairement exposé. Les électeurs ordinaires peuvent constater qu’un politicien trop mou pour dire ce qu’est une femme n’aura jamais le courage de se battre pour un principe digne de ce nom.
Soit ils reconnaissent et pointent du doigt la vérité quand ils la voient, soit ils ne le font pas.
Les femmes savent tout particulièrement que de tels politiciens se défileront et cacheront également leur jeu sur les questions relatives aux femmes telles que la violence sexuelle, la sécurité dans les rues, l’égalité de salaire, les soins de santé pour des maladies telles que le cancer du col de l’utérus et la garde des enfants.
Historiquement, ces questions ont toujours été au cœur des préoccupations des travaillistes. Mais ce n’est plus le cas.
Boris est intervenu et a pris les devants. Sa déclaration était nécessaire et urgente – et a enfin commencé à balayer la folie qui s’était installée.
Julie BINDEL
Traduction : TRADFEM
Version originale : https://www.mailplus.co.uk/edition/comment/170128/the-week-britain-finally-said-enough-to-trans-extremism?

JULIE BINDEL vient de publier FEMINISM FOR WOMEN, un condensé de ses prises de position face au ressac masculiniste. https://www.chapters.indigo.ca/en-ca/books/product/9781472132628-item.html?s_campaign=goo-SmartShop_Books_EN&gclid=CjwKCAjw3cSSBhBGEiwAVII0Z8Dp_mvQC8eXQGTggH7i5OoiCLThN4rkm6i_n2nOrotR3YZbRASpeRoCJw0QAvD_BwE&gclsrc=aw.ds
Il est parfaitement logique que les politiciens « de gauche » donnent des gages aux transidentitaires : leurs revendications politiques sont économiquement faciles à satisfaire et donneront à l’homme politique qui les appuie une image de progressiste dans l’opinion publique.
Cela ne coûte rien (pour les citoyens qui comptent vraiment, les riches, les femmes, elles, qui s’en soucie), et cela donne l’impression que l’homme politique agit en matière sociale. Plutôt que de faire quelque chose d’efficace contre le capitalisme, comme améliorer la prise en charge des vieux, ou de renforcer les services publics, par exemple.
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Tout à fait d’accord: ça ne coûte rien et (sauf aux femmes surtout aux féministes radicales qui se font insulter voire molester) c’est dans l’air du temps individualiste et « libertaire ».
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