Ce texte a été repiqué avec permission de l’auteure du forum britannique de mères Mumsnet et du site Fairplay for Women et traduit par Néli Busch.
Dans dix, quinze ans, je vous demanderai de vous souvenir de moi.
Souvenez-vous de moi lorsque vous aurez votre premier enfant et que l’on vous appellera, tout au long de votre grossesse, une « personne donnant naissance », une « personne enceinte », et que vous vous sentirez déshumanisée et que vous souhaiterez qu’on vous appelle simplement une femme, une mère, parce que c’est ce que vous êtes.
Mais ils n’en ont pas le droit, car il est illégal de dire que seules les femmes peuvent être enceintes et accoucher.
Souvenez-vous de moi lorsque vous accoucherez et que vous vous sentirez vulnérable et exposée et que vous voudr,ez vraiment avoir une femme à vos côtés qui comprenne ce que vous vivez, et qu’au lieu de cela, votre sage-femme sera un homme d’un mètre quatre-vingt avec une barbe, en robe, et vous savez qu’il n’est pas une femme mais vous n’avez pas le droit de vous objecter, même lorsque vous devez être examinée et que vous voulez juste qu’une femme le fasse mais vous savez que vous ne pouvez rien dire parce que ce serait un discours haineux, même si votre corps crie non.
Souvenez-vous de moi lorsque votre mère âgée, qui a perdu la tête à cause de sa démence, entrera dans un EHPAD et qu’on lui dira que sa soignante, Susan, est une femme, parce que vous avez demandé qu’elle ne soit soignée que par des femmes. Et même dans son état de démence, elle sait que Susan est un homme, et vous savez que Susan est un homme, mais vous ne pouvez pas vous y opposer, et elle doit permettre à Susan de prodiguer ses soins intimes, car s’y opposer serait un discours haineux.
Souvenez-vous de moi quand votre fille rentrera de l’école en pleurant, votre fille qui a passé les cinq dernières années à s’entraîner pour être la meilleure athlète de sa classe, de son école, de sa région, elle pleure parce que Lucas de sa classe, l’un des garçons les plus rapides, a décidé qu’il s’identifie maintenant comme une fille et qu’il a donc le droit de participer à sa course, et elle sait que peu importe les efforts qu’elle fait pour s’entraîner, il la battra toujours, et elle ne peut plus espérer qu’une médaille d’argent. Ou de bronze, s’il y a un autre Lucas.
Souvenez-vous de moi quand vous irez aux toilettes tard dans la nuit, peut-être dans un bar, qu’il n’y a personne autour, et qu’un type entre, il a une barbe et porte un jean et un t-shirt, et la façon dont il vous regarde vous semble inquiétant, que vous avez peur, vous vous trouvez déstabilisée et craignez qu’il vous agresse. Mais vous ne pouvez pas le défier, car si vous le faites, il dira qu’il est une femme et qu’il a autant le droit que vous de se trouver dans ces toilettes, un endroit où, il y a de nombreuses années, vous auriez pu vous sentir en sécurité.
Pensez à moi lorsque vous vous présenterez pour une promotion, pour un poste au conseil d’administration au travail qui était réservé à une femme. Vous vous étiez investie, vous avez travaillé si dur, vous savez que vous le méritez. Et le poste est attribué à Lola, qui jusqu’à l’année dernière était un homme de 50 ans. Lola ne fera jamais rien d’inopportun, comme prendre des congés pour avoir un bébé, ou pour faire face à des problèmes de santé auxquels vous, une femme, pouvez être confrontée, comme l’endométriose, le cancer du sein, le syndrome prémenstruel. Lola est une femme tout comme vous, et votre entreprise est heureuse d’avoir rempli son quota de femmes au conseil d’administration.
Souvenez-vous de moi lorsque vous lirez dans les journaux que les statistiques criminelles concernant les viols et les meurtres commis par des femmes sont en augmentation, et que les femmes commettent aujourd’hui un nombre bien plus élevé de viols et de meurtres que lorsque vous étiez adolescente ou jeune femme. Et vous savez que ces « femmes » sont des hommes et que les statistiques sont fausses, mais contester cela serait un discours haineux.
Souvenez-vous aussi de moi lorsque ces femmes violeuses seront enfermées dans des prisons pour femmes avec des femmes vulnérables qui ne pourront pas s’enfuir, car contester la présence de femmes violeuses avec un pénis en prison avec elles, serait un discours haineux.
Souvenez-vous de moi lorsque votre fils rentre de l’école et vous dit qu’il a appris à l’école que l’on peut changer de sexe, que certaines filles ont un pénis et que certains garçons ont un vagin, et que son institutrice a dit que parce qu’il aime jouer avec des filles et des poupées, il est peut-être vraiment une fille née dans le mauvais corps. Et vous pensez, non, tu es juste mon merveilleux, unique fils, et tu es né dans ton propre corps.
Souvenez-vous de moi lorsque, quelques mois plus tard, l’institutrice vous appellera pour vous dire qu’elle craint que vous ne validiez pas l’identité de votre fils, qu’elle a remarqué que vous continuez à l’appeler par le nom que vous avez si soigneusement choisi pour lui à sa naissance, et que vous l’appelez un garçon alors qu’il est en réalité une fille, et qu’elle ne veut pas avoir à faire appel aux services sociaux, mais qu’elle craint d’y être obligée si vous continuez à vous tromper de sexe et à nier sa véritable identité. Et vous savez qu’elle le fera, car cela s’est déjà produit dans une école près de chez vous, et vous avez peur.
Dans ce nouveau monde que vous avez aidé à créer, cherchez vos amis trans-activistes, vos alliés masculins gauchistes, ceux à côté desquels vous vous teniez et avec lesquels vous aviez crié « TERF, transphobe, bigot », et vous le plus fort, parce que vous vouliez montrer à quel point vous étiez une bonne alliée, inclusive, progressiste. Où sont-ils maintenant ? Ils sont là où ils ont toujours été. Profitant du patriarcat. Ils profitent de cette nouvelle version améliorée que vous les avez aidés à construire en écrasant la résistance des femmes qui ont défendu leurs droits. Tout cela ne leur a rien coûté ; cela a fait du monde un endroit meilleur et plus facile pour les hommes. Alors qu’à vous et à vos sœurs qui ont fait campagne avec eux, juste pour l’image que vous vouliez donner de vous, cela aura coûté tout.
Et moi ? Je serai là où j’ai toujours été. Je me battrai pour vos droits. Je me battrai pour réparer les dégâts.
J’assurerai vos arrières, comme je l’ai toujours fait.
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Traduction: Néli Busch pour TRADFEM