Le porno meurtrier n’est qu’à un clic de distance pour les hommes dépravés comme le constable britannique Wayne Couzens, qui a assassiné Sarah Everard il y a deux semaines.
Se fermer les yeux à ce sujet met des femmes en danger immédiat.
Journaliste: TANITH CAREY, mailplus.co.uk
13 octobre 2021
Cela fait à peine deux semaines que Wayne Couzens a été condamné à perpétuité pour le meurtre de Sarah Everard, a Londres. A juste titre, au cours des quinze derniers jours, d’importantes questions ont été posées.
Principalement, comment un officier de police, qui s’était exhibé devant des femmes et que ses collègues appelaient « le violeur », a-t-il pu rester en poste ?
Mais une autre question essentielle n’a pas été soulevée. Quel genre de pornographie extrême Couzens regardait-il avant d’enlever, violer et assassiner Sarah Overard, une directrice marketing, alors qu’elle rentrait chez elle en mars dernier ?
Probablement parce que Couzens a plaidé coupable, nous n’avons pas su autant que nous le devrions son historique de recherches en ligne, si ce n’est qu’il aimait la pornographie « brutale ».
Pourtant, quels qu’aient les fétiches de Couzens, on pourrait espérer que, depuis le meurtre de Sarah, les vidéos gratuites en ligne mettant en scène l’enlèvement, le viol et le meurtre de femmes ne soient plus aussi disponibles qu’elles l’étaient devenues ces dernières années.
Bien que ces clips soient techniquement illégaux, j’ai découvert cette semaine qu’il en circule encore des dizaines pour quiconque les recherche.
Une vidéo de 11 minutes montre un homme masqué ligotant une femme dans une voiture pour l’agresser sexuellement, puis l’étrangler à mort.
Ce genre de matériel a aussi beaucoup de fans. Cette seule vidéo a été visionnée plus de 28 000 fois et a été « aimée » par 60 % de ses spectateurs.
Et il y en avait beaucoup d’autres. Sur le site où est apparu ce clip, on trouve 499 autres vidéos présentant des scènes semblables d’extrême violence.
Ce matériel, présenté explicitement comme de la « pornographie meurtrière » (murder pornography), incite les utilisateurs à regarder gratuitement ces mises en scène d’attaques horribles contre des femmes.
Qu’elles soient mises en scène ou non, ces vidéos n’ont qu’un seul but : exciter. Mais ce n’est même pas la partie visible de l’iceberg.
Il est inquiétant de constater que les clips que j’ai vus n’étaient que des « avant-goûts », des teasers conçus pour attirer les spectateurs vers des contenus encore plus extrêmes pour lesquels ils paient.
Certains diront bien sûr que Couzens aurait de toute façon tué une femme, et c’est peut-être le cas.
Mais de plus en plus de recherches montrent que les garçons et les hommes qui regardent du porno, quel qu’il soit, deviennent plus violents et traitent les femmes comme des objets à utiliser pour leur satisfaction sexuelle.
Dans une étude de l’université de Middlesex, 44 % des garçons ont déclaré que la pornographie leur donnait des idées sur le type de sexe qu’ils voulaient essayer. L’étude a révélé qu’avec le temps, les jeunes deviennent « désensibilisés » à la violence.
Et il n’y a pas que les actes tels que l’étranglement des femmes pendant des rapports sexuels qui sont devenus courants, tant ils sont dépeints souvent dans le porno.
Ces dernières années, les vidéos montrant des hommes versant de la drogue dans les consommations de femmes pour pouvoir les agresser sont également devenues un fétiche, avec une augmentation des cas réels, selon la police.
Il suffit de regarder certaines des réactions à la condamnation de Couzens pour voir à quel point ce genre de matériel est devenu nuisible pour l’esprit des jeunes hommes qui le regardent.
Si vous vous aventurez sur n’importe quel forum incel – des lieux où les hommes expriment ouvertement leur haine envers les femmes qui ne leur offrent pas le genre de sexe qu’ils consomment dans le porno – vous verrez Couzens célébré comme un héros pour s’être emparé de ce à quoi ces internautes estiment que tout homme a droit.
Parmi les nombreux commentaires malsains, il y en a un qui réclame que Couzens reçoive une médaille pour le viol et le meurtre de Sarah.
Et pourtant, que faisons-nous à ce sujet ? Presque rien.
La tentative tant attendue du gouvernement de rendre Internet plus sûr, le projet de Loi sur la sécurité en ligne, ne fait qu’effleurer la menace que représente le porno extrême pour les femmes adultes.
Comme me l’a dit Vanessa Morse, directrice générale du Centre to End All Sexual Exploitation – qui appelle à un contrôle musclé: « Nous devons faire en sorte que des agresseurs comme Wayne Couzens soient forcés de répondre de leurs actes.
« Mais nous devons également nous opposer à une culture qui normalise la violence sexuelle – et c’est ce que fait la pornographie en ligne.
« Et lorsque nous parlons de l’industrie pornographique en ligne, le porno brutal et violent n’est pas une exception. C’est la norme. »
Le seul point positif dans tout cela est que nous disposons aujourd’hui d’une technologie de traçage efficace qui permet à la police d’arrêter des personnes comme Couzens beaucoup plus rapidement.
Mais pour certaines femmes, c’est encore trop tard – et je crains que l’amélioration de la détection des crimes ne fasse que masquer l’ampleur du problème.
Si nous faisons comme si la pornographie de viol et de meurtre n’existe pas, nous permettons qu’elle devienne un fétiche sexuel pour certains hommes profondément dérangés – et Sarah Everard ne sera pas la dernière victime.
Traduction: TRADFEM
Sarah Everard (1988-2021)
A reblogué ceci sur Mon petit espace persoet a ajouté:
Principalement, comment un officier de police, qui s’était exhibé devant des femmes et que ses collègues appelaient « le violeur », a-t-il pu rester en poste ?
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C’est bien là le véritable problème : les institutions ne font rien (ou si peu) pour condamner éthiquement ce genre de pratique, encore moins pour les condamner.
Il y a, il y aura toujours des personnes dangereuses socialement, ça n’est pas là-dessus qu’on peut agir. Les pulsions violentes font partie de l’humain, la question n’est pas de les réprimer mais de les canaliser pour qu’elles ne représentent plus un danger pour les autres.
La question est donc : pourquoi les autorités, les gouvernements (de France ou d’ailleurs) ne font rien pour limiter cet embrigadement idéologique pornographe, qui consiste à dresser les jeunes garçons, futurs hommes adultes, à être excités par la violence, les actes de torture envers les femmes et les enfants (vu l’âge des victimes parfois) ? Avec comme récompense pavlovienne l’orgasme.
Comme la nourriture (désir naturel du chien de manger) + le sifflet (stimuli désagréable) = le chien commence à saliver quand il entend siffler (l’agréable et un son désagréable sont associés).
Corps désirable (désir naturel de s’accoupler) + images de violence, torture (stimuli désagréable) = l’homme dressé ne distingue plus désir de s’accoupler et désir de torturer, les deux ayant été mêlés dans son vécu. Désirer sexuellement devient indissociable du désir de faire mal. Voir une femme torturée l’excitera (à des degrés divers selon le dressage).
Pourquoi les politiques laissent les pornographes faire cette propagande de leurs idées haineuses sans aucun contrôle ? C’est là le vrai problème.
L’une des conséquences est la chute du nombre de naissance. Ça n’est pas la seule explication, mais ça contribue à expliquer cette baisse.
Car la natalité chute dans tous les pays où les femmes peuvent contrôler leur grossesse : qui voudrait ce risque pour sa fille ?
Certains stigmatisent vite les Indiens ou les Chinois qui font des avortements sélectifs pour éviter les petites filles, qui sont des poids morts pour une famille, d’un point de vue strictement économique et inhumains (les nazis en auraient peut-être fait des problèmes mathématiques pour écoliers).
Mais au-delà de cette manière de pensée, formée par un environnement économique hostile, je me demande si leur choix n’est pas aussi poussé par le réalisme : les parents savent quelles sont les violences qui menacent leur future bébé, si c’était une fille qui venait à naître. Ils voient bien qu’elle risque d’être réduite en esclavage, voire pire. Qui souhaiterait ça pour son enfant ? Qui serait serein à l’idée de faire une fille dans un environnement patriarcal, et qui ne l’éviterait pas s’il en avait l’occasion ?
D’ailleurs on le voit aussi différemment dans les pays occidentaux : les femmes ne font plus d’enfants, et comme par hasard, dans les pays où le système capitalisto-patriarcal est le mieux implanté : Japon, Allemagne.
La prostitution y est admise, les bordels aussi (je ne sais pas si c’est légal au Japon mais de ce que j’ai compris c’est socialement tout à fait accepté), signe d’un patriarcat bien implanté. Quelle femme voudrait de cet avenir pour son enfant ? Quel parent voudrait prendre le risque d’éduquer une fille pour la voir finir exploitée par des hommes conditionnés à être des ordures ?
La part du patriarcat joue différemment en Inde et en France, évidemment, mais le résultat est finalement assez général : l’espèce ne se reproduit plus. Les conditions ne sont pas bonnes pour cela, partout. Et ça n’est pas près de finir, le capitalisme patriarcal mettre peut-être des siècles à disparaître.
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