par Julie Bindel, 26 juillet 2021, Mail Plus
Lorsque j’ai été prise pour cible par des transactivistes extrêmes en 2004, en réponse à une chronique dans laquelle j’affirmais que les transfemmes pré-op n’étaient pas des conseillères appropriées auprès des victimes de viol, j’ai reçu presque quotidiennement des courriels de femmes me disant à quel point elles étaient consternées par l’hostilité exprimée contre moi, qu’elles étaient d’accord avec ma position sur la question… mais qu’elles n’osaient pas parler au cas où la même chose leur arriverait.
Même si je comprenais que pour certaines femmes, être étiquetées « intolérantes » et « fascistes » pouvait sérieusement affecter leur gagne-pain, et que résister aux brimades et au harcèlement pouvait s’avérer un cauchemar, j’ai quand même eu l’impression d’une gifle.
À une exception près, cela a continué pendant plusieurs années jusqu’à ce que, à la suite des propositions du gouvernement britannique d’instaurer l’auto-identification sexuelle pour les personnes trans, des organisations se forment et beaucoup plus de femmes commencent à s’exprimer.
Mais où sont passés tous les hommes ? Pourquoi voit-on si peu d' »alliés féministes » s’exprimer également sur cette question polarisante ? Après tout, beaucoup d’entre eux proclament qu’ils sont des progressistes qui abhorrent le sexisme. Pourquoi ne se précipitent-ils pas à notre défense lorsque nous faisons l’objet de menaces de mort et de viol ?
Heureusement, certains hommes ont commencé à s’exprimer mais, dans l’ensemble, seulement depuis que les femmes ont relevé ce défi et fait le gros du travail. Par exemple, le journaliste Alex Massie a écrit hier, à propos des horribles menaces de violence physique et sexuelle proférées à l’encontre de l’auteure JK Rowling, que « beaucoup des voix les plus fortes du soi-disant mouvement pour les droits des trans ne sont pas celles de personnes trans elles-mêmes, mais plutôt celles d’hommes dont l’alliance autoproclamée avec les personnes trans semble souvent être un alibi pratique pour exprimer une misogynie extrême ».
Un autre journaliste masculin, Jonathan Haynes du Guardian, a tweeté : « Ces propos valent la peine d’être lus. Ils ont un accent de vérité… » Tant mieux pour MM. Massie et Haynes mais, comme l’a fait remarquer sur Twitter la journaliste Hadley Freeman, elle aussi du Guardian : « Il est aussi extrêmement révélateur que les quelques journalistes masculins qui s’aventurent à mentionner ces enjeux ne reçoivent qu’une fraction des agressions dont les femmes écopent régulièrement dans nos pages. »
Comme elle a raison. Certains transactivistes réclament constamment l’abolition des droits des femmes basés sur leur sexe, des droits qu’elles ont mis plus d’un siècle à mettre en place, afin d’y substituer le vague critère de « l’identité sexuelle », ç savoir que si tu t’identifies comme femme, tu peux immédiatement accéder aux espaces réservés aux femmes, sans avoir besoin de la moindre évaluation par un.e spécialiste.
Cela signifierait la fin de services cruciaux réservés aux femmes, comme les refuges contre la violence conjugale, les services d’aide aux victimes de viol, les pénitenciers féminins et les services psychiatriques dédiés.
Alors où sont les hommes qui défendent les droits des femmes ? Je suppose qu’ils font ce qu’ils ont toujours fait et restent à l’écart. Après tout, personne n’a envie d’être assailli par un tas de trolls Internet misogynes déchaînés.
Mais les alliés féministes masculins ne sont-ils pas censés soutenir les femmes ? Sinon, à quoi servent-ils ?
La guerre contre les droits des femmes fondés sur leur sexe est un véritable cadeau pour les hommes misogynes de la gauche. Il n’est évidemment pas bon pour ces hommes d’être ouvertement et extérieurement sexistes, étant donné qu’ils prétendent adhérer au principe socialiste d’égalité et qu’ils s’engagent à mettre fin à l’oppression des groupes marginalisés et défavorisés.
Mais le fait de pouvoir nous traiter de « TERF » (trans-exclusionary radical feminists) tout en étant considérés comme étant du « bon côté de l’histoire » constitue un alibi idéal. Ces hommes soutiennent les extrémistes en demandant la fin de notre protection contre les violences masculines, tout en se présentant comme des alliés du féminisme.
Si tu es un homme qui lit ceci et que tu as pris la parole pour protester, tu peux te sentir négligé et sous-apprécié. Mais comprends mon point de vue – je peux tous vous énumérer, tant vous êtes peu nombreux. Je suis ravie que tu aies dressé la tête au-dessus du parapet, mais en comparaison du traitement réservé aux femmes, tu es loin de subir autant d’agressions.
Tu n’es pas chassé de ton emploi, de tes cours à l’université ou de ton syndicat. Il est peu probable que tu reçoives des menaces de mort ou que tu sois régulièrement attaqué et calomnié sur les médias sociaux. Je doute que tu aies jamais été interdit de présence lors d’événements publics.
JK Rowling s’exprime contre les brimades misogynes infligées aux féministes et soutient les espaces réservés aux femmes parce qu’elle comprend ce que ressentent les victimes d’agressions sexuelles et conjugales. Comme d’autres féministes, elle sait que sans refuges pour femmes battues et sans centres d’aide aux victimes de viol, il sera encore plus difficile pour les femmes de faire face à la détresse causée par la violence masculine et de faire pression pour que des poursuites soient engagées contre leurs agresseurs.
Cette bataille n’est pas à propos des personnes transgenres. Il s’agit de maintenir les droits des femmes à s’organiser séparément des hommes. Je suis amèrement déçue, mais pas surprise, qu’il y ait si peu d’hommes qui se mettent dans la ligne de mire. La vie des femmes est en danger. Il est temps que les hommes qui s’identifient comme antisexistes se lèvent et soient comptés.
Journaliste d’enquête et écrivaine, Julie BINDEL s’apprête à publier FEMINISM FOR WOMEN, que nous espérons traduire et publier.

Traduction : TRADFEM
Version originale : https://www.mailplus.co.uk/edition/comment/89448/why-are-there-so-few-men-putting-themselves-in-the-firing-line-when-it-comes-to-womens-rights
En réponse à cette attente souvent réitérée des femmes, TRADFEM est une collective mixte où quelques hommes proféministes font une différence en assumant diverses tâches. Pour en faire partie, écrivez-nous…
Lecture suggérée: « Refuser d’Être un Homme – Pour en finir avec la virilité », John Stoltenberg, M Éditeur / Syllepse, 2013. https://www.syllepse.net/refuser-d-etre-un-homme-_r_62_i_567.html
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« Compromettre » n’est pas le bon mot… Il faut traduire par « s’impliquer » !
« Pourquoi y a-t-il si peu d’hommes à s’impliquer dans la défense des droits des femmes ? »
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Merci de votre commentaire.
L’autrice écrit « to put themselves in the firing line », ce qui reflète bien l’hostilité manifestée par le système envers les femmes qui le contestent. C’est cette dynamique que reflète notre choix du verbe « se compromettre » plutôt que « s’impliquer », plus tiède.
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Merci, je comprends 😉
Je n’avais pas perçu la charge volontairement ironique de ce mot.
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Il y a quand même Richard Dawkins dont l’intervention à l’Amarican Humanist Association (libres penseurs athées) a été annulée parce qu’il avait eu l’outrecuidance de twitter:
« In 2015, Rachel Dolezal, a white chapter president of NAACP, was vilified for identifying as Black. Some men choose to identify as women, and some women choose to identify as men. You will be vilified if you deny that they literally are what they identify as.
Discuss. »
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