Photo by lucia sur unsplash
Ils prétendent embrasser le féminisme et soutenir l’égalité des droits mais seraient heureux de nous mettre à l’écart pour réimposer un contrôle patriarcal, explique Sian O’Connor
J’ai abouti au cours des deux dernières années à cette conclusion aussi surprenante qu’affligeante. Un nombre déprimant d’hommes de gauche sont des misogynes qui cherchent désespérément à maintenir le patriarcat…
Je sais que cette déclaration contrariera beaucoup d’hommes libéraux qui sont à toutes fins utiles des types charmants. Et croyez-moi, je connais beaucoup de femmes de gauche qui sont assez dévastées de réaliser que c’est la vérité. J’ai régulièrement le cœur brisé lorsqu’un autre gauchiste drôle et gentil est dévoilé comme le misogyne que nous n’aurions jamais imaginé qu’il puisse être.
Les gauchers embrassent le féminisme. Ils changent des couches et font la lecture à leurs enfants, ils font (en partie) leur part des tâches ménagères et de la garde des enfants. Ils laissent leur femme ou leur partenaire faire carrière et ils peuvent même travailler à domicile et faire la navette à l’école pour que madame puisse sortir et gagner du fric.
Ils endossent le slogan Black Lives Matter, ils sauvent des animaux, ils ne sont jamais homophobes, ils font des blagues branchées sur Twitter et ils soutiennent l’égalité des droits. Ils adorent la nature et recyclent leurs bouteilles de vin et leurs canettes de bière. Ils boivent du lait végétalien et veulent protéger l’environnement. Ils ne mangent de la viande que quelques fois par semaine. Ils peuvent même se joindre à des campagnes et des manifestations pour défendre ces convictions. Il est certain qu’ils publient beaucoup de choses à ce sujet sur leurs médias sociaux.
Plusieurs milliers d’hommes (s’ils lisaient ceci) seraient en train de hocher la tête en signe de reconnaissance en ce moment même. Ce texte les décrit sans aucun doute. Il semble vraiment impossible qu’ils soient misogynes.
Et pourtant ils le sont.
Voici pourquoi. Une foule déplorable de ces hommes jettent joyeusement les droits des femmes au bûcher quand il s’agit d’appuyer d’autres hommes. Oui, je parle de toi, Joe Biden. (Ainsi que toi, et toi, et toi.)
Oui, les mecs sensibilisés soutiennent les droits des trans. Ce qui est très bien, bien sûr. Je soutiens les droits des trans. Les hommes et les femmes trans ont déjà les mêmes droits que tout le monde. Les droits humains sont pour tout le monde. Le point de friction se situe au moment où les hommes qui s’identifient comme trans (les »transfemmes ») veulent en plus avoir les mêmes droits que les femmes biologiques.
En droit, le sexe est une caractéristique protégée. Les femmes, en tant que classe de sexe biologique distincte, ont toujours été discriminées. Les hommes de gauche le savent, et c’est pourquoi ils soutiennent l’égalité des droits et que 100 % d’entre eux pensent que les femmes devraient recevoir un salaire égal.
Mais les gauchistes peuvent repérer une minorité opprimée, un outsider à un kilomètre de distance. Et les femmes ne sont plus tellement opprimées, n’est-ce pas ? Les gauchistes ont besoin d’une cause, sinon comment peuvent-ils faire étalage de leur vertu à tous les autres ? Alors oui, ils sont plus qu’heureux de répéter l’affirmation selon laquelle les transfemmes sont bien sûr des femmes. Ils savent qu’il est impossible pour un être humain de changer de sexe, mais ce sont des hommes bons et inclusifs qui ne sont pas menacés par les baisers homosexuels dans les publicités télévisées et qui ont suivi leur formation sur la diversité afin de savoir à quel point chaque trans est personnellement blessé mortellement lorsque quelqu’un refuse de dire les bons mots ou de reconnaître leurs pronoms. Le silence est une forme de violence et les transfemmes sont tellement plus susceptibles d’être maltraités que les femmes*. Quant au taux de suicide chez les personnes trans, n’est-il pas très élevé?**
Qu’est-ce que cela coûterait aux femmes de se tasser et de faire de la place aux hommes intacts dans leur piscine, leurs vestiaires, leurs prix et leurs listes de leadership exclusivement féminines, leurs toilettes, leurs sports ?
Je ne vais pas argumenter ces points. Cela a effectivement un coût pour les femmes et si vous vous en souciez vraiment, il n’est pas difficile de faire une recherche rapide sur Google et de découvrir pourquoi. Mais voici pourquoi je dis que cette volonté de renoncer à la caractéristique protégée « sexe » au profit du « genre » est fondée sur la misogynie et sur un désir profond de maintenir la domination des hommes sur les femmes.
C’est parce que dans aucune autre situation un pourcentage aussi minuscule de personnes n’aurait autant d’influence pour changer les lois, revendiquer les droits d’une autre caractéristique protégée et persuader tant de gens d’ignorer la réalité biologique objective qu’iels peuvent voir de leurs propres yeux. Et je peux tester cette théorie.
Le gouvernement britannique estime qu’il y a entre 200 000 et 500 000 personnes vivant en tant que trans au Royaume-Uni. Nous pourrions donc prendre un point central de 350 000 personnes.
C’est moins de 0,6 % de la population que des organisations et des entreprises traditionnelles et un grand pourcentage de personnes soutiennent dans leur lutte pour un changement fondamental dans la manière dont une caractéristique protégée est reconnue. Si nous disons que les hommes peuvent être appelés des femmes parce que c’est ainsi qu’ils s’identifient, alors bien sûr les droits liés au sexe sont minés. Les femmes vulnérables ne peuvent plus s’attendre à trouver un refuge unisexe contre la violence domestique ou le viol, elles doivent admettre des violeurs en perruque dans leurs prisons, elles doivent anticiper des pénis dans le lit voisin de leur chambre d’hôpital.
Considérons un autre groupe de personnes vulnérables qui sont souvent victimes d’abus, de préjugés et de représentations péjoratives dans les médias.
L’Observatoire des migrations estime que 388 000 personnes nées à l’étranger et vivant au Royaume-Uni sont à l’origine venues dans ce pays pour demander l’asile. Ce chiffre équivaut à 0,6 % de la population totale du Royaume-Uni en 2019, soit environ 67 millions de personnes. Il s’agit donc de chiffres généralement similaires.
Ce groupe de personnes a sans aucun doute connu collectivement beaucoup de difficultés. Beaucoup ont fui des pays déchirés par la guerre. Iels risquent d’être victimes de tortures et d’agressions qui menacent leur vie dans leur propre pays. Iels peuvent être persécutés pour leurs différences. Même dans ce pays, il est probable qu’iels soient en difficulté, qu’iels aient des problèmes psychologiques comme le SSPT, qu’iels aient moins de chances d’avoir un emploi, qu’iels soient plus susceptibles d’être pauvres.
Que dirait-on si, en raison de leur vie difficile, ces gens – peut-être représentés par une organisation de défense comme le Conseil des réfugiés – disaient vouloir être reconnues comme handicapées ? Automatiquement, en raison de leur statut de réfugiés et de demandeurs d’asile, en raison de leur traumatisme, être reconnus comme ayant un handicap.
Ils pourraient utiliser des installations pour handicapés, ce qui pourrait empêcher les personnes souffrant d’un handicap physique d’y accéder. Ils pourraient prétendre à des droits et prestations spécifiques. Ils pourraient participer aux Jeux paralympiques. Ils pourraient s’inscrire sur les listes des personnes handicapées les plus respectées et les plus puissantes. Être mis en avant pour les prix destinés aux personnes handicapées. Combien cela coûterait-il aux personnes handicapées de faire de la place à ce groupe de personnes les plus vulnérables ?
Pensez-vous que c’est un mouvement que des gens appuieraient ? Sinon, pourquoi pas ?
Je peux vous dire dès à présent que personne – quel que soit son niveau de conscientisation – ne soutiendrait un changement de la caractéristique protégée du handicap pour y inclure ce 0,6 % de la population, quelle que soit leur situation défavorisée.
Je sais qu’au cœur de leur acceptation d’un tel changement au bénéfice des transfemmes se trouvent la misogynie et le contrôle patriarcal du sexe féminin.
Désolée, les gauchistes, on a compris votre jeu.
* C’est un mensonge.
** C’est la triste vérité.
Sian O’Connor
Sian O’Connor est un pseudonyme. Sian est une féministe critique et une écrivaine indépendante qui doit protéger sa carrière. Comme beaucoup de femmes, elle se sent donc incapable de s’exprimer sur ces questions sous son propre nom.
Version originale : http://www.uncancelled.co.uk/tie-world/gender/left-wing-men-womens-rights-patriarchal-control/?fbclid=IwAR2AfdOQa5BukjRqJHyDGUc8QvOn3dv0ViXpxFHO6yPR7qGLQVfAYLaEDAs
Traduction: TRADFEM
Je ne suis pas convaincue par cet angle d’approche, parce que la droite et la gauche ne se ressemblent pas d’un pays à l’autre. Ce que les États-uniens appellent la « gauche » ne ressemble pas du tout à ce que des Français appellent la « gauche ».
L’autrice prend Joe Biden en exemple, pour expliquer qu’il n’est pas féministe. L’une de ses premières décisions a été de permettre aux hommes transidentifiés femmes de concourir dans la catégorie de l’autre sexe. Ce qui est tout sauf féministe, bien sûr, là-dessus je suis pleinement d’accord avec l’article.
Mais Joe Biden n’est pas de gauche, d’un point de vue français (et je dirais objectivement, si on prend les idéaux de gauche et qu’on compare avec ceux des démocrates). Il serait même plutôt à classer dans la droite dure. Pour le dire autrement, je ne comprends par l’intérêt de taper sur la gauche particulièrement, en utilisant l’exemple de Biden, qui n’est de « gauche » que dans le pays du capitalisme poussé à son paroxysme.
Pour le reste, je ne suis pas fondamentalement en désaccord : la misogynie, l’anti-féminisme, ce n’est pas une question de bord politique. Mais comme à droite les hommes professent sans fards leur attachement à l’exploitation des femmes, la découverte de leur violence est moins surprenante. Les hommes de gauche ont au moins une tendance à critiquer les inégalités qui peut les amener, à terme, à être féministes. Les hommes de droite n’ont rien contre les inégalités.
Sans faire l’apologie d’un régime totalitaire (il n’est pas question de nier les goulags), on pourrait aussi rappeler que les pays de l’URSS était moins misogynes que les pays capitalistes : IVG, crèches collectives…disons que c’était « moins pire » pour les femmes qu’en pays capitaliste : le projet communiste permettait aux femmes ne moins dépendre des hommes économiquement.
Apparemment cela influençait visiblement les rapports humains
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2020/12/23/sexe-communisme-ghodsee/
J’aimeJ’aime
L’article donne un argument intéressant (pour moi), c’est celui de la non-mixité à l’hôpital qu’impliquerait l’application de l’idéologie trans.
Si les libfem favorables à la réduction des droits des femmes ne peuvent s’imaginer elles-mêmes en prison ou en foyer pour femmes en détresse, elles n’auront sans doute pas de mal à s’imaginer à l’hôpital un jour. On évite avec cet argument les barrières morales qui empêchent l’empathie (les femmes en prison l’auraient « bien mérité », et les femmes en détresse sont si loin de la réalité sociologique des libfem qu’elles ne suscitent guère d’empathie chez elles).
J’aimeJ’aime