Les transfemmes sont des femmes, compris ?!

Par Cherry Smiley, membre des nations Nlaka’pamux et Dine’ (NDN), texte d’abord publié sur Medium, le 16 juin 2020

Quand j’étais plus jeune, ma grand-mère ne m’a pas appris toutes les choses que je n’étais pas censée faire sous prétexte que j’étais une femme. Par exemple, elle ne m’a pas enseigné ce que je n’étais pas censée faire aux moments de mes règles. Quand j’ai appris ces protocoles en tant que jeune femme à l’université, je me suis sentie trahie et confuse. Pourquoi ma grand-mère ne m’avait-elle pas appris ça ? Est-ce que ça voulait dire qu’elle n’était pas une vraie NDN? Et cela voulait-il dire que je n’étais pas une vraie NDN moi non plus? Ce fut tout à fait la crise existentielle du début de ma vingtaine et je me sentais gênée de ne pas avoir appris à me limiter parce que j’étais une femme.

En essayant d’être la meilleure NDN que je pouvais être, j’ai facilement accepté l’idée que les femmes qui étaient menstruées ne pouvaient pas aller certains endroits ou faire certaines choses parce que nous étions trop puissantes à ces moments-là. Aujourd’hui, j’interprète ces règles comme des mécanismes visant à faire honte aux femmes, à nous contrôler et à nous enfumer (gaslighting) – on nous dit que nous sommes puissantes aux moments de nos règles mais on nous traite comme si nous étions sales et notre saleté, contagieuse; comme si nous faisions quelque chose de mal du simple fait d’exister en tant que femmes.

Ma grand-mère ne m’a pas appris à me limiter parce que je suis une femme. Elle refusait les traditions et protocoles culturels qui limitaient les femmes et les filles, autant dans les enseignements qu’elle nous transmettait que par l’exemple dans sa façon de vivre. Tout le temps où j’ai connu ma grand-mère, elle n’a jamais participé aux cérémonies, aux traditions ou aux rituels auxquels elle ne croyait pas. Aujourd’hui, je suis très fière de l’avoir connue et d’avoir appris d’elle comment être NDN. Ma grand-mère est Nlaka’pamux et moi aussi. Elle ne m’a pas enseigné de limites et elle ne m’a pas appris à participer aux traditions parce qu’elles étaient traditionnelles si je n’en avais pas envie.

J’ai appris de ma grand-mère que je ne suis pas moins Nlaka’pamux parce que je trouve idiot d’imposer des limites aux femmes quand nous sommes menstruées. J’ai appris que les protocoles, les cérémonies et les rituels sont des moyens d’exprimer une vision du monde et que je peux choisir de participer ou non à ces protocoles, cérémonies et rituels ou que je peux inventer le mien, mais quoi que je choisisse de faire ou de ne pas faire, croire ou ne pas croire, je suis toujours qui je suis et j’ai toujours le sentiment du monde et de la place que j’y occupe, un sentiment qu’on m’a enseigné dès ma naissance.

Mise à jour et extrait de mon essai « 98 et un jour« 

Les femmes et les filles du monde entier sont humiliées, limitées, restreintes, punies, bannies, battues et tuées parce que nous sommes des femmes. Seules les femmes, qui sont des êtres femelles avec des systèmes reproducteurs femelles, ont des règles. Même si ce n’est qu’un seul élément de notre cycle, nous nous débarrassons de notre muqueuse utérine chaque mois où nous ne sommes pas enceintes par nos vagins avec le sang menstruel. Cela commence lorsque nous atteignons la puberté et dure jusqu’à ce que nous passions par la ménopause, des processus par lesquels les femmes sont seules à passer. Pour différentes raisons, certaines femmes ne sont jamais menstruées, d’autres ont des cycles irréguliers, certaines femmes ont des règles puis s’arrêtent, certaines femmes commencent la puberté plus tard ou plus tôt, et certaines femmes commencent la ménopause plus tard ou plus tôt.

Je trouve inquiétant d’avoir ressenti le besoin d’expliquer clairement, bien que de façon trop simpliste, ce que sont les menstruations pour le bénéfice d’universitaires, de décideurs et de dirigeants qui ne semblent pas comprendre leur propre corps et qui ne connaissent pas les différences de sexe qui existent entre les femmes et les hommes. Il est également inquiétant pour moi que j’aie ressenti le besoin d’affirmer clairement que je connais réellement la réponse à la question-piège largement diffusée censée prouver, sans l’ombre d’un doute, que les arguments que je suis sur le point de formuler sont absolument cent pour cent faux et complètement hors de propos. Cette question est: Oui mais qu’en est-il des femmes qui ne sont pas menstruées, sont-elles encore des femmes? La réponse est oui, les femmes qui ne sont pas menstruées sont encore des femmes. Il est malheureux de constater que c’est le niveau d’engagement auquel nous devons faire face.

Quelles choses complexes et incroyables le corps des femmes fait et est capable de faire, mais ce n’est pas ce qu’on nous apprend à croire. Le patriarcat nous enseigne plutôt que nos corps féminins sont sales et mauvais et que nous grandissons en apprenant à nous haïr pour toutes les raisons imaginables : trop grosses, trop poilues, trop ridées, trop malodorantes, trop émotionnelles, trop irrationnelles ; nous avons tort, quelle que soit la marque d’huile de serpent que l’on nous vend pour nous corriger. Toujours femmes, toujours en tort.

Aujourd’hui, on rééduque les filles et les femmes pour leur apprendre que ce sont des gens qui sont menstrués et qui peuvent devenir enceints, pas seulement les femmes; des gens qui ont des trous avant, pas des vagins; que le sexe biologique n’est pas réel, mais que les sentiments de genre le sont, eux. On nous enseigne que l’utilisation de termes inclusifs, comme les menstruateurs ou les gens, font en sorte que personne n’est exclu et que les sentiments de personne ne sont blessés. N’importe qui peut être menstrué s’il en a la conviction intime.

Peut-être que les questions qui n’ont d’incidences que sur les femmes, comme les menstruations et la grossesse, semblent sans importance et même agaçantes pour certains qui sont si instruits et si intelligents que la question est déjà résolue pour eux et qu’ils sont déjà passés à des sujets plus importants. Certaines gens peuvent penser que ces questions sont une distraction et sont déconnectées des vrais problèmes qui comptent vraiment, comme les gens qui meurent à cause du racisme et de la pauvreté et les prisons et les policiers qui tuent des hommes noirs et surtout des femmes noires transsexuelles qui constituent le groupe le plus marginalisé de toute l’histoire de l’humanité. Si nous décidons, comme les féministes l’ont déjà fait, que les femmes sont importantes, alors les questions de menstruations, de grossesse, de sexe et de genre sont importantes ; en fait, elles font partie intégrante de toute lutte de libération. Il est également important de savoir comment ces termes sont définis et par qui, et comment ils s’appliquent dans les lois, les politiques et les pratiques qui nous touchent toutes, certaines plus que d’autres. J’aborderai brièvement deux façons dont les femmes autochtones en particulier subissent un préjudice disproportionné du fait de l’acceptation incontestée de l’identité de genre comme vérité et du sexe biologique comme mensonge, ainsi que des lois, politiques et pratiques qui découlent de cette croyance.

D’où viennent les bébés.

Tout d’abord, il est courant au Canada d’entendre dire que la binarité de sexe / genre (le fait d’être femelle / femme ou mâle / homme) est une idée imposée par les colons blancs qui a servi à décimer le statut, la culture et les populations autochtones trans, non binaires, d’autres genres et non masculins. On dit souvent que les nations autochtones d’avant l’invasion avaient de nombreux genres différents, au-delà de la femme et de l’homme. D’où peut bien provenir cette idée étrange? « C’est stupide », dirait ma grand-mère si elle était à côté de moi en ce moment, et je sais qu’elle le dirait parce que c’est ce qu’elle a dit quand je le lui ai dit ! ! Décoloniser le genre ! ! « les hommes peuvent avoir des règles et donner naissance et certaines femmes ont des pénis féminins qui ne sont pas vraiment des pénis mais des ladydicks… »

Les femmes savent comment l’on fait les bébés et d’où ils viennent. Étonnamment, les femmes autochtones savent aussi comment l’on fait les bébés et d’où ils viennent. Comme aujourd’hui, il est logique que les femmes autochtones de l’époque précoloniale aient eu besoin d’avoir autant de contrôle que possible sur leur propre reproduction.

Bien que les contextes sociaux et environnementaux dans lesquels elles vivaient soient différents de ceux d’aujourd’hui, les femmes autochtones auraient probablement pris en compte une foule de différents facteurs avant de décider de de devenir enceintes et de tenter de le faire. Par exemple, les femmes pouvaient considérer que la grossesse pouvait réorganiser temporairement leur travail et leurs responsabilités quotidiennes, que la grossesse nécessitait l’aide d’autres personnes avant, pendant et après l’accouchement, et que la grossesse, comme aujourd’hui, s’accompagnait toujours de complications potentiellement graves et mortelles qui pouvaient causer des blessures graves ou la mort.

Pour devenir enceintes ou non, les femmes autochtones pouvaient s’efforcer activement de concevoir, s’abstenir totalement de relations sexuelles, n’avoir de relations sexuelles qu’avec d’autres femmes, utiliser une méthode de contrôle des naissances, avorter un fœtus ou recourir à un certain nombre d’autres stratégies en fonction du résultat souhaité. Cela signifie que les femmes autochtones de l’époque précoloniale devaient avoir des connaissances ancrées dans les réalités matérielles de leur corps biologiquement femelle, sur le fonctionnement de leur cycle de reproduction, et sur la possibilité pour une femme de tomber enceinte ou non et à quels moments. Elles devaient connaître les cycles de la puberté, des menstruations et de la ménopause et savoir comment ces processus sont liés à la fertilité et à l’infertilité ainsi qu’à de nombreux autres aspects de la santé des femmes. Elles devaient savoir que seules les femmes ont des règles, car seules les femmes sont femelles et seules les femmes ont un système de reproduction femelle. Quelqu’un pense-t-il vraiment que les femmes autochtones de l’époque précoloniale croyaient que les hommes étaient réellement des femmes s’ils disaient l’être, que les femmes étaient réellement des hommes si elles disaient l’être, et que certains individus n’étaient réellement ni l’un ni l’autre ou les deux parfois ou tout le temps ?

Pour avoir le plus de contrôle possible sur leur reproduction, les femmes autochtones devaient être conscientes des différences biologiques immuables entre les hommes et les femmes. Elles devaient savoir comment on faisait les bébés et d’où ils venaient afin de devenir enceintes ou d’éviter de l’être et comment prendre soin de leur santé en tant que femmes. Je suis certaine que les femmes autochtones savaient que les bébés n’étaient pas amenés sur terre par une cigogne et que les êtres humains ne peuvent pas changer de sexe, quel que soit le sexe auquel une femme ou un homme a l’impression d’appartenir intérieurement. Il est risible (et, en fait, choquant) de penser qu’une femme autochtone de l’époque précoloniale ait pu croire que le sexe biologique n’existait pas, que les gens sont de n’importe quel sexe et que lorsque les gens ont des relations sexuelles, l’un d’entre eux, peut-être les deux, peut tomber enceinte, mais il est difficile de dire qui le fera et qui ne le fera pas et qui peut et ne peut pas le faire parce que l’identité de genre est sacrée et vraie et qu’être biologiquement femme ou homme n’est pas réel et constitue en fait une forme de violence coloniale, nous savons cela parce que Judith Butler nous l’a dit.

Les prisons.

Deuxièmement, les femmes et les jeunes filles autochtones subissent un préjudice disproportionné du fait des lois, des politiques et des pratiques qui acceptent l’identité de genre comme une vérité et le sexe biologique comme un mensonge, en raison de notre surreprésentation dans les maisons de transition pour femmes battues et leurs enfants, les centres d’aide aux victimes de viol et les prisons au Canada. Les femmes et les filles autochtones ont une longue et violente histoire de colonisation qui se poursuit dans notre culture contemporaine de haine des femmes, de racisme et de capitalisme. Des recherches montrent que nombreuses sont les femmes et jeunes filles emprisonnées au Canada qui ont survécu à de la violence masculine, sont pauvres et sont souvent incarcérées pour des délits non violents liés à la pauvreté.

Les hommes qui s’identifient comme femmes pensent qu’ils devraient être placés dans des prisons pour femmes et des dirigeants et d’autres intervenants le pensent aussi. L’une des raisons pour lesquelles je pense que les décideurs politiques permettent aux hommes qui se considèrent comme femmes de purger leur peine dans des prisons pour femmes et d’avoir accès aux maisons de transition pour femmes et aux centres d’aide aux victimes de viol est que ces lieux sont peuplés de manière disproportionnée par des femmes autochtones et d’autres femmes marginalisées.

Voyons comment cela se passe, je n’ai jamais été moi-même dans un refuge ou une prison pour femmes, mais je suis convaincue que ces endroits sont bien et que les femmes qui y ont leurs règles accueilleront leurs courageuses sœurs transsexuelles à bras ouverts et avec amour, et si elles ne le font pas, nous les éduquerons de force ou nous punirons ces TERF détestables parce que les transsexuelles sont des femmes, compris?!

En ce moment, des hommes violents sont hébergés dans des prisons pour femmes parce que ces hommes se sentent femmes. Il y a des hommes qui ne sont peut-être pas violents dans les prisons pour femmes en ce moment parce que ces hommes se sentent comme des femmes. Il ne s’agit pas seulement de la sécurité des femmes (qui est déjà compromise par le système carcéral), mais aussi de la validité des expériences, des connaissances et de l’expertise des femmes et du droit des femmes à rejeter les hommes dans leur vie ou leur espace, qu’il soit personnel, politique ou autre. Placer des hommes dans les prisons pour femmes, c’est dire aux femmes que vous n’êtes rien, que ce que vous voulez n’a pas d’importance parce que vous n’avez pas d’importance. Le fait est que ces femmes comptent ; elles comptent beaucoup.

L’idée de sexe et de genre a un impact sur tout le monde. Le sexe importe parce que les femmes sont opprimées, en tant que classe, sur la base de notre sexe biologique et immuable de femme par ceux qui appartiennent à la classe biologique et immuable de sexe masculin. Les termes « féminin » et « masculin » doivent être considérés comme des catégories neutres qui ne dictent pas les personnalités ou les préférences, ni ne nous désavantagent ou ne nous avantagent en aucune façon. Mais ils le font, en raison du patriarcat et du sexe. Le genre est important pour les femmes parce qu’il contrôle et ruine nos vies. Le genre dicte ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire, ce que nous pouvons et ne pouvons pas dire, ce à quoi nous devons ressembler, sentir, sonner, quels doivent être nos ainsi que notre silure, notre odeur, notre voix, comment nous devons être traitées, tout – le genre est, en fin de compte, un ensemble de règles, de limites et d’attentes inventées de toutes pièces sur la façon dont les femmes doivent être , des règles utilisées pour nous opprimer, en tant que classe, dans un patriarcat. Le genre invente également des règles et impose des limites et des attentes aux hommes, mais ces règles profitent aux hommes au détriment des femmes, imaginez cela.

Le féminisme

Je suis féministe parce que le féminisme est le seul mouvement politique qui me dit, à moi, une femme autochtone, que je compte toujours. Le féminisme est le seul mouvement politique qui dit aux femmes que nous comptons toujours. Le féminisme est un mouvement politique pour la libération des femmes qui a un contexte et une hystoire ; ce n’est pas un style de vie, une marque ou une chose qui peut être revendiquée et démontée par n’importe quel individu et réassemblée en quelque chose d’entièrement différent qui finit souvent par ressembler de façon suspecte au patriarcat.

Le mouvement de libération des femmes est-il parfait ? Absolument pas et je ne connais personne qui ait prétendu pareille chose ou qui ait prétendu cela de quelque autre mouvement politique. Ai-je rencontré du racisme au sein du mouvement de libération des femmes ? Absolument. De façon constante ? Absolument. Récemment ? Absolument. Il y a de nombreuses questions importantes dont nous devons discuter en tant que féministes. Je parlerai brièvement de l’alliance entre certaines féministes et la droite conservatrice et de l’idée de la liberté d’expression comme stratégies qui ne profitent pas à toutes les femmes.

Problèmes féministes

En tant que féministes, nous devons parler entre nous des femmes individuelles et des organisations féministes qui s’alignent sur la droite conservatrice raciste qui déteste les femmes. Il y a peut-être des sœurs qui ont cette possibilité de s’adresser à l’autre côté de l’allée parce qu’elles sont blanches, minces, non handicapées et désireuses de mettre de côté les questions d’indigénat, de racisme, de frontières et de pauvreté, juste pour le moment parce que la gauche nous a abandonnées et que personne d’autre ne nous donnera de tribune. Les sœurs qui ne sont pas blanches, pas minces, et qui ne peuvent pas mettre de côté les questions d’indigénat, de racisme, de frontières et de pauvreté, juste pour l’instant, ou qui refusent de le faire pourraient avoir moins de mains qui attendent de tenir les leurs de l’autre côté de l’allée. Je comprends que nous puissions nous sentir seules et abandonnées par ceux que nous pensions être nos alliés (ils ne l’ont jamais été), mais coopérer avec la droite conservatrice n’est pas la solution, en partie parce qu’ils nous détestent autant que la gauche et que leur combat, comme celui de la gauche, imagine un monde très différent de celui que nous envisageons lorsque notre lutte sera remportée.

Une autre question dont nous devons discuter en tant que féministes est l’idée de la liberté d’expression. La liberté d’expression est un mensonge. La liberté d’expression ne s’applique qu’aux hommes, car on encourage les hommes à parler toute leur vie parce qu’on leur enseigne constamment que ce qu’ils ont à dire est important. Les femmes, comme l’a expliqué Andrea Dworkin, sont découragées de parler. Se faire constamment dire que l’on ne vaut rien, que l’on est inutile et sans importance; la violence masculine et la menace de violence masculine peuvent rendre incroyablement difficile pour les femmes de se fier suffisamment à elles-mêmes et à leur propre perception de la réalité pour s’exprimer. Je plaide en faveur d’une « parole féministe » et j’en dirai plus à ce sujet tantôt.

Autres problèmes féministes

Le féminisme blanc m’a exclue, m’a réduite au silence, a fait appel à la police, m’a expulsée de conférences et m’a fait retirer de leur table féministe. J’entends souvent cela et j’ai déjà dit la même chose dans le passé. Je sais maintenant que nous, femmes autochtones, Noires et autres sœurs de couleur, ne pouvons pas être exclues, mises à la porte, réduites au silence, écartées ou chassées de tous les sièges (sauf un si nous nous comportons bien) de cette table féministe. Elles peuvent appeler des flics à leur rescousse, mais j’espère qu’elles ne le feront pas.

Nous ne pouvons pas être ignorées, écartées ou réduites au silence parce que nous sommes déjà ici à notre propre table féministe ! Prenez place, sœurs blanches, et rejoignez-nous dans notre lutte pour la libération des femmes ! Et si vous ne le voulez pas, alors nous allons continuer à faire ce que nous faisons depuis le début : faire passer les femmes en premier, nous battre pour toutes les femmes et dire ce que nous avons à dire, quel qu’en soit le prix. Le manque de soutien, d’accord et de ressources ne nous a pas encore arrêtées et ne nous arrêtera certainement pas maintenant.

Le féminisme n’a pas besoin de nous inclure et le féminisme ne peut pas nous exclure parce que nous sommes déjà ici à une table féministe avec beaucoup de sièges pour beaucoup de sœurs et nous n’allons nulle part.

Ce sont les femmes qui sont menstruées.

« Les personnes menstruées… je suis certaine que l’on avait un nom pour ça avant. Aidez-moi, fomes ? fames ? fimales ? »-J.K. Rowling

Aujourd’hui, les femmes lesbiennes subissent des pressions, sont humiliées, menacées et accusées de commettre des violences transphobes en refusant d’être pénétrées par les girldicks d’hommes qui se sentent lesbiennes. Les sœurs lesbiennes sont importantes et elles sont particulièrement ciblées et affectées par l’idéologie transgenriste. Les réactions haineuses, menaçantes et violentes des hommes à l’égard de nos sœurs lesbiennes qui affirment leurs frontières en tant que femmes attirées par le même sexe nous donnent une idée de la façon dont le patriarcat et la haine des femmes sont ancrées dans l’idéologie transgenriste ; c’est-à-dire si nous prenons la peine d’écouter, de croire les femmes lorsqu’elles disent qu’elles sont lésées, et si nous prenons la peine d’imaginer que peut-être, juste peut-être, les femmes sont importantes.

Il est important qu’aujourd’hui, les militantes féministes dévouées de longue date qui travaillent à la libération des femmes depuis des décennies soient traitées de fanatiques et de marginales, ignorées et punies pour s’être organisées pour la libération des femmes sans les hommes et surtout sans les hommes qui se prennent  pour des femmes. Les réponses haineuses, menaçantes et violentes à ces féministes nous donnent une idée de la façon dont le patriarcat et la haine des femmes sont ancrés dans l’idéologie transgenriste ; c’est-à-dire si nous prenons la peine d’écouter, de croire les femmes lorsqu’elles disent qu’on leur fait du mal, et si nous prenons la peine d’imaginer que peut-être, juste peut-être, les femmes comptent.

Il est important qu’aujourd’hui, une femme qui dit « ce sont les femmes qui sont menstruées » se heurte à une condamnation publique écrasante et à un assaut de menaces de viol, de coups, de coups de couteau, de meurtre, de mettre le feu à cette ignoble TERF blanche privilégiée, transphobe et remplie de haine. Vous ne savez pas que les transsexuels sont des femmes et que les transhommes sont des hommes et que certains hommes ont leurs règles, alors crevez, espèce de TERF mais d’abord étouffez-vous avec mon ladydick.

Désolé, tout le monde, nous avons déjà entendu tout ce refrain et nous sommes toujours là.

Les questions de sexe, de genre et d’idéologie transgenriste sont importantes, mais seulement et toujours dans le contexte de la libération des femmes. Elles ont un impact sur notre capacité à nous voir, à nous reconnaître et à nous organiser les unes avec les autres. Aborder ces questions, de même que la race ou la classe sociale, comme une question unique est une erreur, mais seulement si l’on croit que les femmes sont importantes. Je ne suis pas « critique du genre », je suis une féministe qui fait partie du mouvement de libération des femmes et c’est à cela que je travaille avec d’autres femmes : à notre libération collective. L’abolition (et non la réforme) du genre n’est pas l’objectif final, cela fait partie du travail de la révolution féministe et il y a beaucoup d’autres travaux très importants à faire également.

Aucune femme ne doit à quiconque une justification quant à la raison pour laquelle elle ose dire, en public rien de moins, qu’elle et d’autres femmes comptent. Aucune femme ne devrait jamais être invitée, contrainte ou se sentir obligée de révéler à quiconque le mal que les hommes lui ont fait pour justifier son analyse des questions qui la concernent. Si et quand nous décidons de partager les récits de l’horrible violence masculine que tant d’entre nous ont avons vécue, nous le faisons à nos conditions et à nos propres fins.

Mes sœurs, nous sommes responsables les unes envers les autres en tant que communauté de femmes qui s’organisent ensemble pour la libération des femmes. Nous ne devons à personne des excuses, une explication ou une justification pour avoir dit que nous ne sommes pas des menstruatrices, que nous sommes des femmes et que nous comptons. Nous allons continuer à décrire nos corps et nos réalités telles que nous les connaissons.

Et comme toujours, merci aux courageuses sœurs qui sont venues avant nous et qui ont pris la défense de chacune d’entre nous : pour les femmes qu’elles connaissaient, ne connaissaient pas, les femmes qui étaient d’accord avec elles, les femmes qui n’étaient pas du tout d’accord avec elles, et pour les femmes qui devaient encore entrer dans ce monde par le vagin de leur mère, imaginez cela!

photo smiley tuque air ironique

Cherry Smiley n’est pas très douée pour faire ce qu’on lui dit de faire. C’est une féministe qui n’entend pas à rire. Issue des nations Nlaka’pamux et Dine’, elle est fondatrice de la ressource Women’s Studies Online.

Version originale: « Transwomen are women or else »  

Traduit par TRADFEM. Tous droits réservés à Cherry Smiley.

 

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