Par Julie Bindel, dans The Spectator, le 8 janvier 2020

Graphisme: 1011, https://1011-art.blogspot.com/p/noli-me-tangere.html
Les femmes sont-elles intrinsèquement malhonnêtes ? Nous devons l’être, surtout quand nous accusons les hommes de viol. C’est l’un des mythes les plus répandus sur le viol : les femmes n’aiment rien de plus que de loger des accusations fausses et malicieuses d’agression sexuelle contre des hommes honnêtes et respectueux des lois. Une partie de la couverture de presse consacrée à la malheureuse jeune femme agressée par 12 hommes à Chypre vous amènerait à croire que les hommes sont des cibles faciles pour des femmes mythomanes et déterminées à détruire leur vie. Ayant rencontré la jeune femme condamnée au nom de fausses allégations de viol contre 12 hommes, je suis convaincue qu’elle ne ment pas. Pourquoi donc tenons-nous tant à croire que les jeunes femmes en particulier mentent au sujet du viol ?
Examinons les chiffres récents du Royaume-Uni. Nous savons, grâce aux recherches du gouvernement lui-même et à l’expertise des centres d’aide aux victimes de viol, que seule une infime minorité d’agressions sexuelles sont prises en compte par la police. À l’heure actuelle, au Royaume-Uni, le taux de condamnations pour ces cas signalés aux autorités n’est que de 1,4 %, l’un des plus bas d’Europe et le pire du Royaume-Uni depuis que l’on a commencé à consigner ces statistiques, il y a un peu plus de dix ans.
Compte tenu de ces chiffres, est-il vraiment possible que près de 98,6 pour cent des plaignantes déposent de fausses allégations à des fins malveillantes et triviales ?
Il faudrait ainsi accepter que presque toutes les femmes qui se donnent la peine de signaler un viol soient, selon certains, des menteuses. Leurs motivations ? Certains croient qu’elles détestent les hommes et veulent les punir pour quelque transgression mineure. Le type faussement accusé de viol aurait largué et humilié la plaignante, alors elle aurait décidé de se venger ? Ou bien on aurait dit à ces femmes qu’elles pouvaient toucher une grosse somme (l’indemnité moyenne versée par la Criminal Injuries Compensation Authority est d’environ 11 000 livres sterling). Cette perspective les amènerait à courir les vacances de luxe dans des stations balnéaires pour draguer des bandes d’hommes à des fins de rapports sexuels.
Quoi qu’il en soit, la couverture médiatique disproportionnée des cas de femmes condamnées pour avoir fait de fausses allégations de viol peut donner à une bonne partie du public – et donc à ceux qui siègent dans les jurys de procès pour viol – l’impression que les femmes sont de dangereuses fabulatrices qui se font passer pour des victimes.
On voit de plus en plus les hommes accusés de viol recourir à la défense d’un consentement que la plaignante aurait donné avec joie et enthousiasme au type de sexe correspondant à un récit pornographique populaire — par exemple, celui d’une orgie avec un tas d’étrangers de sexe mâle. Si la plaignante est soumise à un examen médico-légal et que l’on constate qu’elle présente une hémorragie interne, d’importantes ecchymoses et des signes de traumatisme grave, ces indices sont rejetés comme de simples traces d’une activité sexuelle vigoureuse.
L’impression donnée par l’accent mis sur les femmes censées mentir en matière d’agressions sexuelles est que, tandis que des innocents sont innombrables à languir en prison, leurs accusatrices se délectent à écluser des shooters de vodka, tout en bécotant le moindre homme disponible dans le but d’en faire leur prochaine victime. Vraisemblablement, une partie des plaisirs vacanciers de ces femmes est de se préparer à donner une déclaration détaillée à la police alléguant une agression sexuelle grave si leur rendez-vous amoureux les a déçues. Ce doit être particulièrement jouissif pour elles d’être interrogées en public à propos de détails humiliants de leurs antécédents sexuels et de subir, dans les très rares cas où les choses vont jusque là, un procès criminel où elles se retrouvent jugées plutôt que l’accusé.
Après 40 ans de campagne pour mettre fin au viol, je suis bien consciente que la véritable injustice liée à ce crime est que l’immense majorité des hommes qui le commettent ne seront même pas signalés à la police, et encore moins incarcérés.
Pensez à n’importe quelle jeune femme de 18 ou 19 ans, qu’elle fasse partie de votre cercle d’amies ou qu’elle soit la fille ou la petite-fille d’une connaissance. Pensez-vous vraiment que ces jeunes femmes sont réellement en quête de tournantes avec plusieurs étrangers dans une chambre d’hôtel miteux, ou serait-ce plutôt là le fantasme de jeunes hommes carburant au porno ?
Imaginez, si vous avez la chance de ne pas l’avoir vécu, ce que cela doit faire d’être violée, traumatisée, blessée et terrorisée, pour ensuite être punie d’avoir eu l’audace de le divulguer. Car la réalité du viol est que les femmes qui signalent une agression sexuelle sont beaucoup plus susceptibles d’être jugées et blâmées que l’accusé lui-même.
Julie Bindel est grand reporter, chercheure, co-fondatrice de Justice for Women et autrice de quelques ouvrages sur le viol et la banalisation de la prostitution.
Version originale: https://blogs.spectator.co.uk/2020/01/why-are-some-so-keen-to-believe-women-lie-about-rape/
Traduction: TRADFEM
Tous droits réservés à Julie Bindel
hélas ! j’ai été moi même violée à 56ans par un de mes confrères , médecin, qui l’a en plus avoué !! s’il a été radié de l’Ordre, la Justice a classé ma plainte sans suite sur ses arguments « que j’ai une belle poitrine, que je suis sexologue et que j’ai dit non ce qui veut dire oui!!! »
Que dire de plus ???
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Condoléances, madame. Votre vécu confirme que la « justice » ne sanctionne pas l’agression sexuelle: elle la gère.
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