par Mary Harrington sur UnHerd

Yoon Ji-hye est l’une des Sud-Coréennes qui sont de plus en plus nombreuses à se rallier au Mouvement des « Quatre Non ».
Le South China Morning Post signale qu’en Corée du Sud, un mouvement de plus en plus populaire, celui des « Quatre Non », encourage les femmes à dire « Non » aux fréquentations, au sexe, au mariage et à l’éducation des enfants. Les épouses sud-coréennes, précise l’article, « sont souvent censées travailler, élever des enfants et s’occuper des beaux-parents vieillissants avec peu d’aide de l’État ou de la communauté. »
Pour empirer les choses, une culture dominante de la beauté exerce de fortes pressions sur les femmes pour qu’elles adhèrent à des normes d’élégance et de comportement très rigoureuses. Elles doivent être « passives, enfantines et pétillantes », ainsi qu’attrayantes, pour être désirées. Les mouvement des « Quatre Non » et une autre mobilisation intitulée « Échapper au corset » protestent contre ces contraintes et contre une épidémie croissante d’images tournées par des caméras cachées dans des lieux d’aisance et de pornographie rancunière (revenge porn) diffusée par des ex-partenaires.
L’article indique que le mouvement des « Quatre Nons », s’il gagne du terrain, aggravera une crise démographique déjà sévère : malgré une série croissante de mesures natalistes, le taux de fécondité de la Corée du Sud est déjà de 0,98 enfant par famille, bien en dessous des 2,1 nécessaires pour maintenir une population stable.
J’ai parlé ailleurs sur UnHerd de l’angle mort qu’occupe le care dans les valeurs du féminisme libéral. Dans sa forme dominante, ce féminisme ne semble pas tant libérer les femmes du travail de bas statut que constituent les soins aux enfants et aux personnes âgées que de fourguer ces tâches à des femmes de statut inférieur : une manœuvre d’évitement dont les coûts deviennent de plus en plus évidents en termes de taux de fécondité, de désintégration des communautés et de nombreuses autres conséquences non voulues.
Mais lorsqu’on attend des femmes qu’elles continuent à faire le travail communautaire ingrat des soins aux nourrissons et aux personnes âgées, tout en subissant en même temps des pressions pour qu’elles acceptent des carrières rémunérées et des normes de beauté consuméristes impossibles, et pour qu’elles s’auto-réalisent, on ne peut guère les blâmer de protester. Si elles choisissent d’écarter la partie communautaire de leurs obligations pour privilégier la réalisation de soi, personne ne peut critiquer leur logique.
Si la société qui, jusqu’à présent, tenait ce travail des femmes pour acquis se met à constater la bombe à retardement démographique qui en résulte, alors quelque chose devra céder. Mais en l’absence d’autres changements, le fait de sermonner les femmes sur leur « égoïsme » ou sur les besoins du reste de la société est peu susceptible de nous inciter à reprendre ce joug.
Traduction : TRADFEM
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