Le 25 novembre, Journée internationale contre la violence envers les femmes, la collective Lastesis s’est rendue à Santiago du Chili et a convoqué des femmes et des dissidents à participer à «Un violeur sur ton chemin», une intervention qui nous a fait tomber amoureuses de cette semaine passée à Valparaiso
«Un violeur sur ton chemin»
Le patriarcat est un juge qui nous juge d’être nées
Et notre punition est la violence que vous ne voyez pas
Le patriarcat est un juge qui nous juge d’être nées
Et notre punition est la violence que vous voyez,C’est le féminicide, l’impunité pour mon meurtrier,
C’est la disparition, c’est le viol.
Et ce n’était ni ma faute, ni l’endroit où j’étais, ni comment j’étais habillée =.
LE VIOLEUR, C’ETAIT TOI!
LE VIOLEUR, C’EST TOI!Ce sont les flics, les juges, l’État, le président
L’ÉTAT OPPRESSEUR EST UN VIOLEUR (2)
LE VIOLEUR C’ETAIT TOI
LE VIOLEUR C’EST TOI« Dors paisiblement
Innocente jeune fille
Sans te soucier du bandit
Car sur ton rêve
Doux et souriant
Veille ton amant, le carabinier. »LE VIOLEUR C’ÉTAIT TOI!
LE VIOLEUR C’EST TOI!
LE VIOLEUR C’ÉTAIT TOI!
LE VIOLEUR C’EST TOI!
Version espagnole originale: https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/11/28/un-violeur-sur-ton-chemin/
Lastesis: Dafne Valdés, Paula Cometa Sibila Sotomayor et Lea Cáceres
Traduction de l’article « Ellas son las chilenas que crearon « Un violador en tu camino » », publié dans Verne.
La chanson est devenue virale durant les manifestations pour éradiquer la violence faite aux femmes au Chili : « Le violeur c’est toi! »
Quatre femmes de 31 ans ont organisé une manifestation féministe avec une centaine de voix. « Et ce n’était pas ma faute, ni où j’étais, ni comment j’étais habillée », dit le couplet le plus répété de cette intervention. « Le violeur c’est toi », accusent les paroles de cette chanson qui a été partagée par les médias au niveau international.
On parle de la collective Lastesis [« les thèses en français »
ndltrad], fondé par Dafne Valdés, Paula Cometa Sibila Sotomayor et Lea Cáceres, toutes originaires de Valparaíso au centre du Chili. « On s’appelle Lastesis parce que notre postulat est d’utiliser des thèses de théories féministes et de les mettre en scène pour que le message circule », disent trois des quatre filles de la côte à Verne, par téléphone.
Les paroles de cette chanson sont le produit d’une recherche qu’ont fait les quatre femmes sur le viol dans ce pays sud-américain. « Un violeur sur ton chemin » fait partie d’une performance féministe beaucoup plus ample qui devait avoir lieu en octobre, mais qui a été reportée à cause du contexte social du pays.
« Beaucoup de femmes arrêtées dans les manifestations ont montré comment les carabineros [équivalent des gendarmes ndltrad] et l’État utilisent la violence sexuelle pour répandre la peur et que les femmes ne s’expriment pas et n’exercent pas leur droit à manifester », signalent-elles.
Un des couplets de cette chanson est un extrait de l’hymne des carabineros chiliens. « Il est déplacé de dire que la police veille sur le sommeil des femmes, c’est pour ça que nous les citons, pour mettre en évidence la contradiction, ironiquement. », commentent les chiliennes. Il s’agit de de la cinquième strophe de l’hymne des carabineros. « Dors tranquille, petite fille innocente, sans te préoccuper des bandits, car sur ton sommeil doux et souriant veille ton aimant carabinero ». Il est possible de l’écouter à 1min33 dans cette vidéo :
Selon une enquête ,menée par l’organisation Human Rights Watch, durant les 30 premiers jours des manifestations au Chili, il y a eu 442 plaintes déposées, 71 d’entre elles correspondant à des agressions sexuelles. « Dans les manifestations il est possible qu’ils te torturent, te déshabillent ou te violent. », dénoncent-elles. Un des cas les plus récents de violence sur les femmes est celui de la mime Daniela Carrasco, qui a été retrouvée morte après avoir été arrêtée par les carabineros. L’assassinat de la photoreporter Albertina Martinez Burgos a aussi choqué, elle avait couvert les manifestations et leur répression ces derniers mois.
Selon l’enquête de Lastesis, au Chili seuls 8% des procès pour viol aboutissent sur une condamnation, c’est pour cette raison qu’elles critiquent les juges. « Le système judiciaire ne fonctionne pas, il y a une incompétence du pouvoir lorsqu’il s’agit de plaintes et de morts impliquant la police et les militaires », dénoncent-elles. « Le patriarcat est un juge qui nous juge d’être nées », dit le début de la chanson.
Cette chanson va jusqu’à critiquer le président du Chili, Sebastián Piñera, qui en 2017, alors qu’il était candidat, avait fait un commentaire misogyne à propos du viol. Mais ce n’est pas la seule fois que l’homme politique a eu ce type ce commentaires. « On se souvient de ses déclarations néfastes en 2013, durant son premier mandat, quand il parlait d’une fille violée et mise enceinte à onze ans », rappellent-elles. Bien qu’au Chili une des raisons pour avorter soit le viol, le politicien chilien avait applaudi le choix de la mineure de ne pas avorter et avait dit que ses mots faisaient preuve « de profondeur et de maturité ».
Au regard de la diffusion massive de cette vidéo sur les réseaux sociaux, les quatre Chiliennes ont décidé d’appeler à ce que le plus de femmes possible reprennent l’intervention « Un violeur sur ton chemin » que ce soit au Chili ou dans d’autres pays le vendredi 29 novembre. « On veut qu’iels l’adaptent et qu’iels en fassent leur propre version en accord avec là où iels habitent, comment iels s’habillent et qu’iels changent les paroles », ont-elles indiqué.
Le collectif Lastesis s’est formé il y a un an et cherche à transmettre la théorie féministe à travers des langages audiovisuels. Un de leurs premiers projets était fondé sur l’ouvrage Caliban et la sorcière, de l’autrice italienne Silvia Federicci. « On espère que beaucoup de femmes rejoignent le mouvement. On continuera à faire ce travail de transmission de la théorie féministe. », concluent-elles.
Source: https://came2016.wordpress.com/…/elles-sont-les…/
Traduction: TRADFEM
Reprise lors d’une manif à Nantes de l’hymne « Un violeur sur ton chemin »
Le coupable direct n’est pas désigné. Étonnante diversion.
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En quoi disconvenez-vous de l’argument des manifestantes, pour qui le coupable direct est le patriarcat avec ses incitations des hommes à violer et sa couverture des coupables? Personnellement, nous reconnaissons la justesse de cette analyse.
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