Le mot « TERF » est une appellation haineuse et il est temps de s’en débarrasser.

Cette expression est surtout utilisée comme arme dans les réseaux sociaux.

Version française d’un article d’AMY DYESS, publié le 25 octobre 2018 sur la plateforme MEDIUM.

 

Pour la plupart, les médias grand public et les soi-disant organisations LGBT ont choisi d’ignorer une catégorie démographique particulière du mouvement #MeToo. « TERF » est une insulte utilisée pour harceler sexuellement, menacer et faire taire les lesbiennes. Au lieu de défendre les homosexuelles, les organisations et les médias « LGBT » persécutent les lesbiennes et déguisent cette haine en justice sociale. L’actuel gaslighting (enfumage) est plus subtil, mais la majorité des gens commence à s’éveiller à cette injustice. Ça suffit !

TERF a débuté comme un acronyme qui signifiait « féministe radicale excluant les personnes trans » (Trans-Exclusionary Radical Feminist), mais cette expression a toujours été utilisée pour empêcher les femmes de lutter pour leurs droits. Depuis un an et demi, le mot TERF est largement utilisé comme propos haineux homophobe visant TOUTES les lesbiennes. Oui… TOUTES les lesbiennes.

Il n’est pas nécessaire d’être une féministe radicale pour être qualifiée de TERF. Une lesbienne peut dire clairement qu’elle croit que les personnes transsexuelles méritent les droits humains et le respect, mais elle reste une « TERF » parce que son orientation sexuelle comprend une frontière innée. Cette frontière est l’attraction du même sexe anatomique pour d’autres femmes femelles adultes. Les lesbiennes sont la seule orientation sexuelle à exclure le pénis, ce qui fait de noues l’adversaire le plus dangereux du patriarcat.

(Psst! sais-tu qu’on en viendra un jour à dire adieu à des termes comme « gay » et « straight »,  tout comme on cessera de parler d’utiliser les mots « homme » et « femme »? Et sais-tu que ce fait n’invalide l’identité actuelle de personne? C’est la vérité!)

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RÉPONSE: En réalité tu invalides les identités de beaucoup de gens, et notamment les identités gays et lesbiennes, quand tu affirmes que nos sexualités devraient être inclusives de corps que nous ne trouvons pas (et souvent ne pouvons pas trouver) sexy. Tu invalides notre lutte historique pour les droits et l’acceptation.

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Aujourd’hui, fais quelque chose pour l’environnement en tuant ta terf locale.

 

Les extrémistes ne croient pas que les femmes, et surtout les lesbiennes, ont le droit d’avoir des frontières. C’est l’essentiel du problème. Ils/elles déguisent leur misogynie et leur homophobie en justice sociale afin d’obtenir le soutien de personnes mal informées. De soi-disant « progressistes » oppriment ouvertement et condamnent la communauté homosexuelle, à commencer par la communauté lesbienne.

Le journal The Economist a banni pour cette raison le mot « TERF » dans ses articles et les commentaires de son public, parce que « ce terme a peut-être commencé comme un terme descriptif, mais il est maintenant utilisé pour tenter de bâillonner un vaste éventail d’opinions sur les questions transgenre, et parfois d’inciter à la violence à l’égard des femmes ». Malheureusement, trop de journalistes et de sites web ont décidé d’aller dans le sens contraire. Certains rédacteurs redoublent de misogynie et d’homophobie.

Le Daily Dot a récemment publié un article où l’on demandait pourquoi des utilisatrices.teurs violent.e.s du réseau Twitter se faisaient supprimer des messages et fermer leurs comptes. Alex Dalbey, rédacteur au Daily Dot, affirme que Twitter est injuste envers les utilisateurs qui publient des tweets haineux fondés sur l’insulte TERF. En fait, comme le démontrent es exemples suivants, Twitter est loin d’avoir fait suffisamment d’efforts pour protéger les femmes femelles, et surtout les lesbiennes femelles, sur sa plate-forme.

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Juste parce que tu ne peux plus dire « démolis une “t*rf” » sur twitter, ça ne veut pas dire que tu ne peux pas le faire dans la vraie vie.

 

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Le bulletin Pink News a honteusement tenté de défendre l’utilisation du mot « TERF », mais ils ont quand même fini par admettre que c’était une insulte. « Il est difficile d’être en désaccord avec l’affirmation selon laquelle TERF a une connotation négative », a concédé Pink News, « mais cela dépend plus de la nature des convictions définies par le mot que du mot lui-même. »

Le mot TERF est plus qu’une insulte. Ce sont des propos haineux, définis comme « un discours ou des écrits agressifs ou menaçants exprimant des préjugés à l’encontre d’un groupe particulier, en particulier sur la base de la race, de la religion ou de l’orientation sexuelle ». Une lesbienne est une femme attirée par les femmes femelles et il est homophobe de dire le contraire. Noues les lesbiennes sommes attaquées pour les désirs qui nous définissent.

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Lutte contre moi si tu veux, mais si tu te considères comme lesbienne sauf que tu n’aimes que les filles avec un vagin, tu soutiens la rhétorique transphobe.
Les filles trans (« girls’  et non women est utilisé ici dans le texte) sont des filles, par défaut, alors ne devrais-tu pas aimer les filles trans, quels que soient leurs organes génitaux ?

 

Je veux être bien claire : en tant que communauté, les femmes trans ne cherchent pas à rendre les lesbiennes pansexuelles. Les personnes transgenres soutiennent et respectent la frontière de même sexe propre au désir homosexuel. Ce sont des extrémistes, pas forcément trans d’ailleurs, qui nuisent, tant aux homosexuel.les cis qu’aux transsexuel.les, quand ils.elles lancent des revendications absurdes. Il est fondamental de comprendre cela.

Les lesbiennes ont le droit à un mot qui définit qui nous sommes. Nous avons le droit d’exister et d’être fières de nos frontières. Notre existence n’invalide pas les personnes trans. Beaucoup de pansexuel.les et de personnes queer sont attirés par les personnes trans, et c’est génial. Être homosexuel n’a rien de haineux, mais les extrémistes ne veulent pas que l’homosexualité existe. C’est malheureusement une expérience courante pour les lesbiennes de recevoir des menaces de viol, des menaces de mort et de voir menacés nos moyens de subsistance simplement pour avoir résisté à l’homophobie. Il est temps de nous défendre.

Les homophobes qui haïssent les femmes affirment que les TERF sont physiquement violentes envers les femmes trans, mais il n’existe aucune indication de telles agressions. Les femmes trans sont maltraitées et tuées par des hommes, et non par des femmes cis.

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Chérie, où est le post pour dire aux mecs gays qu’ils doivent coucher avec des mecs trans ? Pourquoi est-ce seulement les lesbiennes qui écopent de cette injonction ? Encore mieux, pourquoi dit-on à des gens qu’elles doivent changer leurs préférences sexuelles et de fréquentations ?

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C’est comme appeler un.e hétéro homophobe parce qu’il.elle n’est attiré que par le sexe opposé.

De plus, bien qu’il n’y ait aucune preuve de prétendues « TERF » menaçant de violence des personnes trans, il existe de nombreux exemples d’extrémistes menaçant des TERF. Il existe également de nombreuses preuves documentées de violences physiques, et notamment de meurtres de leur part.

Certains extrémistes ont l’audace de comparer les lesbiennes et les TERF aux nazis et à l’Église baptiste de Westboro (une organisation ultra-homophobe aux USA). En tant que survivante de l’Église évangélique baptiste du Sud, je trouve ces accusations très choquantes. Tout d’abord, les fanatiques homophobes sont ceux qui harcèlent les lesbiennes avec un discours de haine anti-gays et lesbiennes, comme ceux qui  fétichisent les thérapies de conversion.  Deuxièmement, il faut rappeler que pendant la Seconde Guerre mondiale, les homosexuel.les et les personnes trans ont été raflés et envoyés dans des camps de concentration où ils.elles ont été torturés et assassinés.

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Jana Cornel : Je suis une lesbienne noire réfugiée somalienne qui a souffert de mutilation génitale à 8 ans. Allez vous faire foutre !          RÉPONSE de ssjtuxmask : Exactement. Ça doit te faire bizarre de partager des arguments avec des gens du courant alt-right et des intolérants qui ont existé à travers l’histoire. Mais quand c’est toi qui utilises ces arguments, c’est différent, c’est bien cela ? Lol.

 

Ce qui arrive à la communauté lesbienne est odieux et inexcusable. On m’a tiré dessus et on m’a lancé des insultes homophobes parce que je suis une lesbienne fière et visible. Je sais tout de l’oppression. Les faux « progressistes », soi-disant guerriers pour la justice sociale, agissent exactement comme les masculinistes, le KuKluxKlan et les « incels » (une mouvance masculiniste nord-américaine qui affirme que les « femmes » ont le devoir de coucher avec eux). Si quelqu’un est autoritaire, ce sont plutôt les gens qui hurlent : « Tuez les TERF ! »

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Les lesbiennes sont attirées par le même sexe. Pourquoi est-ce que cette affirmation est maintenant une affirmation polémique ?

 

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N’y a-t-il jamais eu un moyen plus succinct de se révéler comme étant terf que de dire « être lesbienne ce n’est pas être pénis-inclusive »?


Être un.e allié.e des trans ne signifie pas que vous devez tolérer ou promouvoir l’homophobie. Être homosexuel.le n’est pas anti-trans. Il est déraisonnable de s’attendre à ce que les lesbiennes soient pansexuelles. L’orientation sexuelle est basée sur le sexe (et pas l’identité de genre), aussi bien pour les homosexuel.les que pour les hétérosexuel.les. Les extrémistes sont incapables de gérer le fait que les mots aient un sens. Résultat: Nos frontières personnelles cessent d’être respectées.

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Tout le monde veut se considérer comme équitable. Je vois des gens bien intentionnés utiliser le mot « TERF », en croyant à tort faire une bonne chose. Je les mets au défi de rejeter la pensée de groupe qui leur demande de rabaisser les lesbiennes, une catégorie protégée contre la discrimination. Si vous avez vous-même utilisé l’insulte TERF et que vous êtes homosexuel.le, je vous exhorte à réexaminer les connotations homophobes de ce mot et le rôle que vous jouez.

J’appelle par la présente tous les médias, y compris les réseaux sociaux, à suivre l’exemple de The Economist et à bannir le mot TERF de leur vocabulaire. Il est temps d’en venir à un débat respectueux sur les droits des personnes trans et les droits des femmes, trans ou pas.  Le mot TERF est une appellation haineuse et il est temps de s’en débarrasser.

Amy DYESS

 

photo Amy Dyess dentsAmy Dyess est écrivaine, réalisatrice, lesbienne, cajun, militante, née sur le bayou, chanteuse lead pour la formation BIG DTKE ENERGY (« Get the L Out« ) et elle vit à Seattle, aux États-Unis. Elle travaille à un premier album pour BDE et s’apprête à enregistrer un single qui sera à la fois une chanson d’amour et un hymne féministe à propos du travail de résolution de problèmes en vue de s’unir entre femmes.

🎸

 

Version initiale : TERF Is Hate Speech and It’s Time to Condemn It

https://medium.com/@amydyess83/terf-is-hate-speech-and-its-time-to-condemn-it-6efc897ce407

Traduit par Typhaine Olivier

Diffusé par TRADFEM
Tous droits réservés à Amy DYESS.

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