Je suis ce qu’on appelle une « critique du genre ».
Si vous ne vous êtes pas impliqué·e dans le « débat » sur les droits des trans et les droits des femmes, vous pensez probablement que les personnes transgenres méritent des droits humains et que ceux qui ne sont pas d’accord sont intolérants et transphobes.
Je suis d’accord avec vous.
par Bea Jaspert
Le fait est que nous ne discutons pas pour savoir si les personnes transgenres méritent des droits.
Nous débattons de la question de savoir si les droits des personnes transgenres devraient primer sur ce qui existe comme droits et mesures de protection basés sur le sexe et chèrement acquis des femmes et des filles, et si la protection des enfants devrait être mise entre parenthèses pour accélérer le processus de transition des enfants qui se croient trans ou s’identifient comme tels.
Les gens qui soutiennent le maintien des droits et des mesures de protection des femmes fondés sur le sexe et qui contestent ou s’opposent à ce que l’on appelle désormais « l’approche positive » des enfants s’identifiant comme trans, sont maintenant appelés des critiques du genre.
Si vous n’avez suivi ce débat que de loin, vous avez sans doute l’impression que les critiques du genre sont principalement des femmes, et en particulier des féministes plus âgées, qui détestent les personnes transgenres et sont « amères » à propos de l’usurpation de leur mouvement par une génération plus jeune, plus cool, plus progressiste.
Vous avez raison de penser que la plupart d’entre nous sont des femmes. Beaucoup d’entre nous ont un certain âge et se souviennent de ce qu’était la vie avant que le féminisme des années 70 nous ait permis de remporter certains droits. Mais le reste de ce portrait est pure désinformation.
Je m’appelle Bea Jaspert et je suis une critique du genre.
Je suis une femme âgée et une féministe. J’écris cet article pour expliquer pourquoi la critique du genre est la seule position légitime que peuvent logiquement adopter des gens progressistes et de gauche soucieux de l’égalité des sexes et des droits humains.
Les critiques du genre rejettent les normes et clichés imposés par la société aux deux sexes, hommes et femmes. Nous défendons les droits et mesures de protection des femmes et des filles basés sur le sexe, et contestons la notion selon laquelle le sexe serait une série de sentiments ou une essence à laquelle on peut s’identifier ou dont on peut se détacher, plutôt qu’une réalité biologique.
Contrairement aux mythes et aux faux procès, les critiques du genre s’accordent pour dire que les personnes transgenres ont droit, comme tous les êtres humains, au respect de leurs droits humains, aux droits civils, à l’égalité des chances et à la protection contre toute discrimination.
Les critiques du genre :
– ne sont pas opposé·e·s aux droits des personnes transgenres
– ne haïssent ni ne craignent les personnes transgenres
– ne nient pas leur existence
– n’invalident pas les « identités » des personnes transgenres
Nous ne sommes ni des fascistes, des intolérants, des chrétiens fondamentalistes ou des fanatiques d’extrême droite.
Nous sommes des lanceurs d’alerte, attirant l’attention sur l’attaque idéologique concertée qui est actuellement menée contre les droits, le bien-être et la sécurité des femmes et des enfants.
En tant que critique du genre, il est vrai que je me sens plutôt amère, mais pas du genre pisse-vinaigre parce que je suis vieille et dépassée. Je suis amère de voir des personnes aux convictions libérales et progressistes permettre, voire s’associer aux vicieux attentats misogynes infligés à des femmes qui défendent les droits de leur classe de sexe. Je suis déçue de la façon dont des gens qui ne comprennent peu de choses sinon rien du tout aux problèmes en jeu se sentent compétents pour rejeter nos préoccupations comme des âneries « transphobes ». J’en ai marre des avis irréfléchis basés sur des suppositions sans fondement, je suis frustrée et fâchée contre ceux qui gobent sans aucun sens critique — et vont jusqu’à répéter — des propos diffamatoires et des insultes, et je suis scandalisée du mépris de la protection de l’enfance et des droits et protections juridiques fondés sur le sexe.
Voilà pourquoi je suis critique du genre.
J’ai créé mon compte Twitter en 2014.
Mes tweets ont pour sujet les abus de pouvoir. J’essaie de mettre en évidence le recours aux propos diffamatoires et au blâme des victimes, que l’on inflige aux membres de groupes vulnérables, notamment les personnes immigrées, les minorités ethniques et les victimes/survivantes d’agressions sexuelles d’enfants et de violences conjugales. Je lis et suis lue sur Twitter par de nombreuses survivantes et défenseurs des droits, ainsi que par des personnes et organisations progressistes et de gauche.
Il y a environ un an, j’ai commencé à recevoir de plus en plus de tweets rédigés (principalement) par des femmes qui protestaient contre ce qu’on appelle « le transactivisme » et déploraient en particulier la misogynie d’abonnés Twitter progressistes, de gauche et travaillistes.
Au début, j’ai discuté ferme avec ces femmes, pensant que des gens de gauche ne pouvaient être misogynes (quelle naïveté de ma part !). J’insistais alors sur l’absence de conflit entre les droits des personnes trans et les droits des femmes et des enfants.
Cependant, des personnes pour qui j’avais admiration et respect étaient de ces protestataires : la militante pour les droits des femmes détenues Harriet Wistrich, la journaliste féministe engagée Meghan Murphy, l’activiste lesbienne et journaliste Julie Bindel, la défenseure des victimes de violence conjugale Karen Ingala Smith, le défenseur de la réforme pénitentiaire Richard Garside et des militantes de gauche comme Pilgrim Tucker et Helen Steel, entre beaucoup d’autres.
Je n’étais pas prête à rejeter leurs préoccupations sans m’informer davantage. J’ai donc fait des recherches et lu des articles dans les médias traditionnels et alternatifs, des études scientifiques et médicales, des blogues et des sites militants, tout en veillant à examiner à chaque étape les deux faces de la controverse.
Du côté des transactivistes, j’ai lu Judith Butler, Julia Serrano, Juno Roche, Shon Faye et beaucoup d’autres, notamment les organisations StonewallUK, Pride, Pink News, Allsorts et Mermaids.
Du côté des gens critiques du genre, en plus de Julie Bindel et de Meghan Murphy, je me suis intéressée à Woman’s Place UK, Fairplay for Women, Dre Jane Clare Jones, TransgenderTrend, Dre Kathleen Stock, Rebecca Reilly Cooper, et à de nombreux autres écrits rédigés par des transfemmes critiques du genre, telles que Debbie Hayton et Kristina Harrison.
Je ne comprenais pas pourquoi des gens intelligents, progressistes, libéraux, féministes — et notamment des femmes — protestaient contre ce mouvement, mais à l’écoute de leurs avertissements, je me suis informée.
Je ne me suis pas transformée en personne intolérante qui déteste les gens non conformes et s’oppose aux droits humains. J’ai fait des recherches, j’ai étudié et me suis confrontée à cette thématique complexe et difficile. Je peux corroborer mes opinions et mes arguments avec des exemples et des preuves. Je tiens à être entendue.
Il est inacceptable de rejeter du revers de la main les voix d’organisations de lutte contre la violence conjugale, de survivantes d’agressions, de femmes incarcérées et de réformistes pénitentiaires, de sportives, d’universitaires, de scientifiques, de militantes, de personnes revenues d’une transition de genre et de personnes transgenres elles-mêmes – ainsi que les voix de milliers de femmes ordinaires : mères, filles, grands-parents.
On nous intente de faux procès et les gens ont besoin d’entendre ce que nous avons à dire.
Le mantra du militantisme trans est « les transfemmes sont des femmes » (1).
Des organisations LGBT, dont StonewallUK et Pink News, nous disent que contester cette assertion est transphobe et haineux ; et des conseils municipaux, des organismes gouvernementaux, des policiers, des associations humanitaires et des organisations comme Amnesty International et la Marche des femmes sont d’accord.
Ce que ce mantra affirme, en scandant que « les transfemmes sont des femmes », c’est qu’il n’y a pas de différence entre les transfemmes et les femmes non trans.
Pour les personnes bien intentionnées qui encouragent la diversité et qui sont fières d’être tolérantes et inclusives, cela signifie que les transfemmes n’ont pas moins de valeur humaine que les femmes (non trans) : elles sont tout aussi dignes de respect et méritoires de leurs droits humains et droits civils, leur égalité des chances et l’absence de discrimination.
Tout ceci est vrai.
Mais objectivement, dans les faits, scientifiquement et physiquement, les transfemmes diffèrent des femmes sur un point essentiel. Peu importe leur race, origine ethnique, religion, handicap, classe sociale, sexualité, etc., les femmes ont toutes un point commun : leur appartenance à la catégorie féminine de sexe biologique.
Les mêmes personnes bien intentionnées, tolérantes et inclusives qui reprennent le slogan « Les transfemmes sont des femmes » semblent oublier ce que veut dire le fait d’ignorer la différence de sexe biologique entre hommes et femmes.
Mais la différence sexuelle entre les êtres humains est d’une importance politique énorme, car les femmes, qui représentent 52 % de la population mondiale, continuent à être soumises, exploitées, asservies, victimes de la traite, d’agressions, de viols et de meurtre, en raison de leur appartenance à la catégorie féminine de sexe.
Il est impossible de se battre pour les droits et les mesures de protection des femmes si l’on nie l’existence ou l’importance de la différence entre les sexes, et plus encore si l’on insiste pour que la définition même de la femme soit réécrite pour y inclure les hommes.
Certaines personnes semblent penser que le sexisme n’est plus un problème et que les femmes ont atteint l’égalité. C’est manifestement faux.
Dans le monde occidental, l’inégalité salariale de « genre » (sic), le plafond de verre, la charge du travail des soins aux personnes, la sous-évaluation du travail féminin, non seulement en termes de rendement économique, mais aussi en termes de reconnaissance et de prestige, la sous-représentation des femmes en politique et dans les positions de pouvoir et d’influence en général — dans les médias, les entreprises, la science et la médecine — sont tous des exemples clairs de la persistance de la discrimination sexuelle.
Le mouvement #MeToo a révélé l’omniprésence des agressions sexuelles commises par des hommes sur des femmes dans toutes les couches sociales. Il en va de même pour les statistiques horribles sur les agressions sexuelles graves et les viols : les auteurs en sont masculins dans 99 % des cas et 84 % des victimes sont des femmes. Les victimes de violence conjugale sont beaucoup plus susceptibles d’être des femmes et les auteurs d’être des hommes. Les jeunes filles représentent 77 % des victimes de la traite d’enfants.
Dans les pays en voie de développement et les pays islamiques, la situation est bien pire. L’infanticide de fillettes, les mutilations génitales féminines, les mariages forcés, les grossesses forcées, les décès dus à la dot et les attaques à l’acide visent les femmes, et non pas les hommes qui s’identifient en tant que femmes. Les lois de la charia qui autorisent la lapidation à mort de femmes adultères et de victimes de viol, qui interdisent aux femmes de conduire un véhicule, qui excluent légalement les femmes de la politique, de la médecine, de l’enseignement et du droit, visent les personnes appartenant à la catégorie de sexe biologique féminine.
Cela n’a aucune importance de savoir comment ces personnes « s’identifient ». Si vous êtes une femme, vous n’êtes pas égale. Peut-être n’êtes-vous même pas (pleinement) considérée comme un être humain.
Le droit international reconnaît que les femmes sont ciblées en raison de leur sexe. C’est pourquoi le sexe est une caractéristique protégée par la loi et que les droits et les mesures de protection fondés sur le sexe sont inscrits dans les lois.
Pourtant, on les voit maintenant bafoués au nom d’une politique progressiste, au nom de la tolérance et de l’inclusion. Les prisons pour femmes hébergent des hommes qui « s’identifient en tant que femmes », même après avoir violé des femmes et des enfants. Des refuges pour victimes de violence conjugale accueillent les agresseurs conjugaux, s’ils « s’autodéclarent » femmes. Des hommes remportent des compétitions de cyclisme féminin. Des hommes dirigent la Marche des Femmes. Des hommes contrôlent l’événement Histoire des Femmes d’Amnesty.
Il faut que ça cesse.

Un tweet de Bea Jaspert qui a été censuré par Twitter.
La violence à l’égard des femmes et la discrimination sexuelle existent toujours. (2)
Les femmes ont besoin de lieux réservés à elles, d’espaces séparés et de services distincts.
Les femmes qui ont fui des relations violentes et les femmes qui ont été violées souffrent de stress post-traumatique continu et souvent invalidant.
Lorsque interrogées, les survivantes ont clairement fait savoir qu’elles ne souhaitaient pas que des hommes soient hébergés dans leurs refuges, quelle que soit la manière dont ces personnes « s’identifient ».
54 % des femmes en prison sont des survivantes de violences conjugales. Beaucoup d’autres sont des victimes d’agressions sexuelles, subies à l’âge adulte ou dans l’enfance. Presque toutes les agressions sexuelles graves (99 %) sont perpétrées par des hommes. Les détenues hébergées avec des hommes ne peuvent pas s’enfuir. Elles sont obligées de rester dans une proximité étroite avec ces hommes, y compris avec des violeurs et des pédophiles condamnés.
Ceci est une violation manifeste des droits humains des femmes.
Par ailleurs, il n’est pas possible de recueillir des données exactes sur les délits et crimes sexuels, les crimes violents et les violences conjugales si le sexe de l’agresseur n’est pas pris en compte. Pourtant on voit déjà des agences gouvernementales passer outre à la Loi britannique sur l’égalité et permettre à des condamnés de sexe masculin de s’autodéclarer femmes, et de voir ainsi leurs crimes signalés dans les médias et officiellement enregistrés comme crimes commis par des femmes.
Les données et statistiques sur la santé, l’écart salarial, l’inclusion des femmes dans la vie politique et l’égalité des chances n’auront plus aucune signification en termes de protection des femmes si elles ne tiennent pas compte de la différence entre les sexes et acceptent comme femmes les hommes qui « s’identifient comme femme ».
Permettre aux hommes de participer aux compétitions sportives féminines porte gravement atteinte aux aspirations et aux réussites des femmes. Les sports féminins sont déjà sous-financés et sous-estimés. Les femmes et les filles vivent une foule de problèmes liés à leur corps, que la culture du porno et la mode des selfies ne font qu’exacerber. Le sport offre aux jeunes filles et aux femmes la possibilité de s’émanciper et d’être fières de la force et du pouvoir de leur corps.
Tout cela est menacé parce que les hommes ont dans le sport un avantage naturel sur les femmes, mais ceux qui se disent femmes sont autorisés à concurrencer les femmes et remportent tous les honneurs.
Martina Navratilova et de nombreuses autres sportives se sont exprimées à ce sujet. Toutes ont été étiquetées de « transphobes ». Martina a été exclue du conseil d’administration de l’organisme Athlete Ally, mais Rachel McKinnon, une transfemme cycliste qui a battu ses concurrentes et tweeté qu’il voudrait voir les femmes « cis » (non trans) « brûler dans un feu de graisse » continue à y siéger.
Les listes paritaires de femmes, par exemple celles du parti travailliste britannique, ont été créées pour compenser le fait que les femmes ne représentent qu’un faible pourcentage des députés.
Cependant, des hommes peuvent s’approprier ces places s’ils « s’identifient » comme femmes. De la même façon, certains prix destinés aux femmes visent à remédier en partie au déséquilibre de pouvoir entre hommes et femmes. Ils perdent toute signification si des hommes peuvent les obtenir.
L’on note déjà de graves répercussions de cette idéologie sur les droits et les mesures de protection des personnes homosexuelles – et notamment, de façon prévisible, sur ceux des lesbiennes.
L’homosexualité est l’attirance pour les personnes de son propre sexe, mais les mêmes organisations qui se sont battues pour l’égalité des droits — droit au mariage, aux pensions, à la parentalité et à la libre expression de l’amour entre personnes de son sexe — dénoncent maintenant comme « transphobe » l’attirance de même sexe, qualifiant les femmes qui ne sont attirées que par les femmes de « gynocentriques » et d’« obsédées génitales ».
Le mois de l’Histoire des femmes organisé par Amnesty International a été piloté par une transfemme. La Woman’s March de Londres l’a également été. Les opportunités de leadership pour les femmes sont pourtant déjà assez rares. Nous avons été exclues de l’histoire depuis assez longtemps. Les femmes ont dû se battre pour le droit de voter. Nous avons dû prendre des noms d’hommes pour connaître le succès en tant qu’auteures. Même après avoir finalement obtenu le droit à l’instruction (en Occident, du moins), nos contributions à l’art et à la science ont été cachées, usurpées et niées.
Et maintenant, ce sont les libéraux progressistes et la gauche qui nous disent que nous devons céder nos places et espaces durement gagnés à des hommes, sous prétexte qu’ils « s’identifient » en tant que femmes.
Ce n’est pas acceptable. Et il n’est pas acceptable de nous appeler « transphobes » quand nous dénonçons cette injustice, de nous faire taire et nous chasser des tribunes, et de nous diffamer en nous traitant de nazis.
Ce n’est pas OK non plus de fermer les yeux sur ces injustices.
Il est parfaitement possible de défendre les droits des personnes transgenres sans leur sacrifier les droits et les mesures de protection des femmes. Il est même impossible de défendre les intérêts des personnes transgenres si les droits des trans sont placés en conflit avec les droits des femmes, et si la santé et la sécurité des enfants transgenres sont menacées par la censure des personnes, y compris des professionnels de la santé et des experts des questions de genre, qui s’inquiètent que l’on pousse vers la médicalisation les enfants qui se demandent s’ils et elles sont trans ou s’identifient comme tels.
Comme l’ont souligné plusieurs personnes transgenres (notamment des transfemmes), rien de tout cela ne favorise les intérêts de la communauté trans.
Cela favorise plutôt un programme idéologique fait d’intimidation, de misogynie, d’homophobie et de mépris des enfants.
L’Equality Act (Loi sur l’égalité) offre aux personnes une protection juridique contre la discrimination.
Elle énumère neuf caractéristiques protégées, dont l’une est le SEXE – reconnaissant le fait que les personnes de sexe féminin subissent une discrimination basée sur leur sexe biologique.
La réassignation de genre (3) est une caractéristique protégée distincte, qui fait référence à la discrimination à l’égard des personnes transgenres.
La loi reconnaît donc que la discrimination fondée sur le sexe et la discrimination fondée sur la réassignation de genre ne sont pas la même chose.
Si vous êtes victime de discrimination parce que vous êtes une personne transgenre, il s’agit d’une discrimination illégale en raison d’un changement de genre. Ce n’est pas une discrimination sexuelle. (Citizen’s Place UK)
La loi prévoit des exemptions qui permettent à des locaux, établissements et services réservés aux femmes d’exclure les hommes, quel que soit « le genre auquel ils s’identifient ».(4)
Ces exemptions ont une justification : la loi reconnaît le besoin d’espaces et de services réservés aux femmes dans certaines situations.
La loi n’a pas changé, malgré les efforts acharnés du lobby transactiviste (5) pour supprimer ces exemptions. Pourtant, défendre aujourd’hui cette Loi sur l’égalité suffit à vous faire dénoncer comme transphobe et haineuse.
De même, prendre parti pour la protection des enfants — notamment au nom du bien-être, de la santé et de la sécurité des jeunes qui s’identifient comme trans – est dénoncé par les transactivistes.
Des élèves d’école primaire se font enseigner par des organisations transactivistes (dotées d’un accès sans limites aux écoles et d’une place dans leur programme scolaire) que s’ils et elles ne cadrent pas avec des stéréotypes de genre régressifs, ils risquent fort d’être « trans ».
Les étudiantes qui sont mal à l’aise de devoir partager leurs vestiaires ou leurs activités sportives avec des garçons sont enjointes de s’y faire. Les enseignant·e·s ne peuvent remettre en question le programme transactiviste, ni même exprimer leurs préoccupations, sans risquer non seulement un blâme, mais également leur emploi et leur mode de subsistance. Les travailleuses et travailleurs de la santé subissent des pressions pour conforter dans leur impression les enfants qui se croient trans, sans évaluation ni soutien appropriés.
Les risques connus des inhibiteurs de puberté et des hormones de l’autre sexe, y compris la médicalisation à vie et la stérilité, sont passés sous silence.
Les filles se voient conseiller en matière de bandage des seins et leurs parents sont orientés vers l’achat d’un « pénis d’enfant » factice quand leurs filles s’identifient comme trans.
Malgré les horreurs qu’a connues la société britannique avec les réseaux de maltraitance enfantine, le prédateur Jimmy Savile et d’autres hommes ayant abusé de l’accès à des enfants vulnérables, l’organisation Girlguides admet désormais des garçons et des hommes adultes à se joindre aux guides à des activités de camping nocturne, pourvu que ceux-ci « s’identifient » en tant que femmes ou filles.
Les seuls groupes autorisés à conseiller les responsables sont les organisations transactivistes. On sursoit à toute évaluation de risques, et les lanceuses d’alerte sont bâillonnées ou licenciées.
Et nous devrions rester silencieuses ?
La rigueur universitaire est elle-même étouffée : on voit des universitaires harcelé·e·s pour leurs recherches sur les questions relatives aux transgenres.(6)
Dans une lettre de protestation adressée au quotidien The Guardian, 54 universitaires ont écrit ce qui suit :
Nous sommes préoccupé·e·s par la suppression d’analyses et de débats universitaires appropriés concernant le phénomène sociétal du transgenrisme et ses multiples causes et effets. Les membres de notre groupe ont fait l’expérience de manifestations sur les campus, d’appels à la démission dans la presse, de harcèlement, de complots déjoués visant à provoquer des licenciements, de tentatives d’expulsion des tribunes et de tentatives de censure de recherches et de publications universitaires.
Des travaux de recherche importants, y compris des études qui pourraient aider les personnes transgenres elles-mêmes ainsi que les enfants se disant trans, sont arrêtés net. Comme l’écrit Julian Vigo sur le site Quillette (7) :
Le transactivisme a sapé les efforts de clinicien·ne·s et de chercheur·e·s qui souhaitaient étudier le problème de la dysphorie de genre. Il n’existe peut-être aucun autre domaine du comportement humain dans lequel des acteurs motivés par une idéologie ont à ce point réussi à créer des zones interdites aux universitaires et même aux faits eux-mêmes.
Cela n’est pas progressif. C’est une forme de régression et de suppression qu’il faut appeler par son nom et qu’il faut désamorcer.
Je n’arrêterai pas de parler de cette situation, je ne me laisserai pas décourager par un manque de compréhension ou par l’indifférence, je ne serai pas intimidée par la diffamation, les insultes et les attaques personnelles. S’il y a une chose pour laquelle il vaut la peine de se battre, ce sont les droits humains. Et ces droits s’appliquent à tous les êtres humains : aucun groupe ne peut exiger, au nom de ses volontés et de ses besoins, qu’un autre groupe renonce à ses droits et à ses mesures de protection.
Et franchement, les hommes dominants, agressifs, misogynes et homophobes sont les dernières personnes que je laisserais mener le jeu en matière de droits humains.
Les droits des personnes trans sont des droits humains.
Il en va de même pour les droits fondés sur le sexe des femmes et des filles.
Et idem pour les droits des enfants.
Soit vous êtes pour les droits humains, soit vous êtes contre. Vous ne pouvez pas être les deux à la fois.
Cessez de tergiverser et joignez-vous aux protestataires. Devenez vous aussi critique du genre.
Bea Jaspert
(1) Lire à ce sujet Heather Brunskell-Evans: http://www.heather-brunskell-evans.co.uk/body-politics/neo-liberalism-patriarchy-and-the-female-body/
(2) Lire à ce sujet les données assemblées par Woman’s Place UK: https://womansplaceuk.org/
(4) https://fairplayforwomen.com/wp-content/uploads/2018/02/EA2010_womensrights_-factsheet.pdf
(5) https://womansplaceuk.org/references-to-removal-of-single-sex-exemptions/
Version originale :
https://medium.com/@BeaJaspert/im-coming-out-as-a-gender-critic-a4bf0d0cb3?fbclid=IwAR0W9ns8RU1GJzzLiMNbISZusZuZQctl3B6sxeR0PKlDuBoMxmYQZ6Dmms0
Traduction: TRADFEM, avec l’accord de l’autrice.
Tous droits réservés à Bea Jaspert
Je ne vois pas en quoi les bi seraient opprimées (!) Qu’on-t-elles ont compris à la lutte des femmes ?alors qu’elles pensent pouvoir être à la fois côté collabo ,et …? Non ! J’ai le souvenir de deux femmes au moins me disant : » maintenant que mes enfants ont grandis ( mais pas elle politiquement !)Je garde de bonnes relations avec mon mari bien que nous soyons séparés etc » J’ai envie de m’amuser .Cela signifiait pour ces hétéros classiques : avoir des rapports sexuels , aller danser avec d’autres qu’exclusivement hommes .Pour moi ce n’est pas un jeu , un loisir de bourgeoise « libérée » Le lesbianisme est un combat politique , dont nous avons déblayées les bases depuis les années 70 , les bases seulement … Quand on entend ce genre de commentaire superficiel , égoïste et assez bête on a la rage . Mais on sait qu’aujourd’hui , tout le monde se dit féministe : mon chien , mon chat , madame grosbetail et sa concierge , le garagiste et Pinot simple flic ,les sbires de Marine et Marine elle- même bien sûr ! ÇA SUFFIT !!
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Merci Madame Jaspert, j’espère que vous serez entendue et qu’ils reculeront dans cette folie… détenues canadiennes violées, étudiantes américaines spoliées de leur bourse sportive, risque de disparition de la compétition féminine, je ne comprends pas pourquoi ça « suit » en haut. Ils représentent une petite minorité… Quand on voit le temps qu’il a fallu pour les femmes, pour les noirs. Et JK Rolling qui est attaquée pour avoir oser dire que c’est les femmes qui ont leur règles. Si ils obtiennent le droit de changer de façon déclarative alors n’importe quel non trans pourra en faire autant.
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